L'ANALOGIE SELON PLOTIN Author(s): Jean-Louis Chrétien Source: Les Études philo

L'ANALOGIE SELON PLOTIN Author(s): Jean-Louis Chrétien Source: Les Études philosophiques , JUILLET-DÉCEMBRE 1989, No. 3/4, L'ANALOGIE (JUILLET-DÉCEMBRE 1989), pp. 305-318 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41581841 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques This content downloaded from 134.21.135.160 on Thu, 20 Oct 20hu, 01 Jan 1976 12:34:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'ANALOGIE SELON PLOTIN Qu'en est-il de l'analogie pour Plotin ? Celui dont toute la pe tend à s'accomplir en se renonçant par un retour amont à l'au de l'être peut-il faire droit à une quelconque forme de l'analog l'être ? De fait, aucun traité de l'analogie ne figure parmi les Ennêa même si le mot n'en est pas absent. Etablissant avec une fermet ménagements une rapide histoire de la théorie de l'analogie, le P. Pe Descoqs, dans ses Institutiones metaphysicae generalis , affirmait q ne s'était vraiment constituée qu'au xnie siècle, Aristote n'en point considéré le véritable poids, et les autres penseurs grecs, Plotin, n'en ayant parlé que sporadiquement. Panca inveniuntur Plotinum...1. Sous le regard critique d'un Rutten, ce peu s'évan même jusqu'à ne rien laisser : « Toute analogie, qu'elle soit de portion ou d'attribution, se réduit chez Plotin à une pure homonymi La rareté de l'emploi du mot analogia par Plotin semble confirm jugements expéditifs. Le Lexicon plotinianum de Sleeman et Pollet relève, dans toutes les Ennèade s, que dix-sept fois la présence. A ti de comparaison, un mot comme ikhnos> trace, lequel n'est pas d langue grecque des plus fréquents, et n'est pas par ailleurs le titre question philosophique, est employé une soixantaine de fois par Plo Et en effet, il a pour lui force de parole majeure, si l'être n'est trace de l'Un (V, 5,5) ou si l'âme et la vie sont des traces de l'e (VI, 7, 20). Certes, la rareté de l'emploi d'un mot ne saurait d'au façon prouver qu'un concept n'est pas central ou qu'une que n'est pas présente. L'index souvent ne montre rien, pas plus qu i. Institutiones..., t. I, p. 212, Paris, 1925. 2. C. Rutten, Les catégories du monde sensible dans les « Enneades » de Plotin , Paris, 1961 Les Etudes philosophiques , n° 3-4/1989 This content downloaded from 134.21.135.160 on Thu, 20 Oct 2022 13:17:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 3o6 Jean-Louis Chrétien fournit de topographie de l'intelligi y ait une occurrence. Il demeure qu seulement le terme est rare, mais les lieux où il figure sont très dispe toujours considérables philosophiq Une comparaison avec Proclus se m Dans la centième proposition de ses que toutes les monades impartic beni analogon )> et poursuit : « Dès leur tour d'un caractère unique, à sa to hen analogian ), sous ce rappor l'Un. »3 Jamais Plotin ne parle d'un verbis sinon dans un seul passage où à propos du point et de la monade, (VI, 9, 5). Un seul des emplois qu'i toujours au pluriel, comme un m nous instruit (au sujet du Bien), c tions, les connaissances des choses q lons » (VI, 7, 36)*. Comme Pierre H sage, souvent considéré comme u et de la via negationis , distingue cl ce qui conduit vers lui (poreuous qui mène au Bien et transporte e parmi les voies5. Cette distinction le savoir s'intègre au cheminement, prement voie. Au demeurant, ces « dans une énumération ne sont ni phrase est en effet bien peu au re de force et d'équilibre, que donn chapitre décisif de la Théologie plato ment à la République et au Parmeni voie négative, qu'il définit ainsi : voir le premier principe par le m par la ressemblance avec lui de ce qu par le moyen des négations sa trans des êtres. »6 La voie négative corres met en évidence que l'Un n'est rie 3. Trad. Troni Hard, Paris, 1965, p. 120; é ouvrage d'ensemble qui soit à la mesure du gé a consacré des pages pénétrantes à sa doctrin Metaphysik, Frankfurt, 1965, p. 153 sq. 4. Pour ce traité, nous citons la traduction 1988. Nous traduisons les autres citations. 5. Cf. aussi P. Aubenque, Néoplatonisme et Trouillard, Les Cahiers de Fontenay , 1981, p. 6. II, 5, éd. P. Saffrey-Westerink, Paris, 19 This content downloaded from 134.21.135.160 on Thu, 20 Oct 2022 13:17:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms U analogie selon Pio tin 307 analogique correspond à la conversion (èp de la ressemblance avec le principe pr est venue à l'existence une monade an l'ensemble de la série qui lui est unie le r les ordres de dieux. Et cette ressembl conversion de tous les êtres vers lui. Ces êtres non seulement donc procèdent de là, mais encore retournent vers le principe premier; et la procession de tous les êtres nous a révélé la remontée vers le premier principe par le moyen des négations, leur conversion la remontée par le moyen des analogies. »7 La suite précise en quoi l'analogie sauve- garde la transcendance du premier principe, ce qu'indiquait déjà que la ressemblance fût fondée sur la conversion, et non l'inverse. Ainsi se constitue le traité des noms de l'ineffable, sans transgresser son inef- fabilité : le nom d'Un est une image (eikôn) de la procession de tous les êtres, le nom de Bien une image de leur conversion. Ils sont comme des agalmata , des images sacrées, dont chacune est solidaire d'une façon de remonter vers le premier. L'analogie est associée au Bien comme la négation à l'Un8. Sans citer expressément Proclus, Marsile Ficin reprendra la même thèse dans son commentaire sur le Philèbe de Platon9. Délivrant le nom du Bien et nous délivrant à lui, éclairée par la conversion qui assimile, la voie analogique selon Proclus est rigoureusement fondée. Y a-t-il dans les Ennéades un tel fil conducteur ? S'agissant d'un autre aspect de la pensée de l'analogie, sa portée cosmologique et cosmogonique, celle que nomme le Time en faisant de l'analogie « le plus beau des liens » (31 C), par lequel seulement le monde est monde (32 C), la même différence entre Plotin et Proclus semble aussi s'imposer. Plotin évoque librement cette page du Timée dans un traité où l'analogie est surtout étudiée comme fondement de la mantique pour conclure d'une manière curieusement hypothétique : « Peut-être est-ce le sens de cette parole : l'analogie maintient toutes choses ensemble » (III, 3, 6). Proclus, dans son commentaire du Timée , livre un véritable traité de l'analogie cosmique, où il définit rigoureu- sement les divers sens mathématiques et physiques de V analogia, médite son rôle et sa portée10. Comment comprendre que l'analogie, promise à un tel destin dans le platonisme ultérieur11, semble ne briller dans les Ennéades que par son absence ? Faut-il en chercher la cause dans l'insistance de Plotin sur l'apophase et le retranchement comme accès à l'Un ? S'il s'agit en 7. Ibid ., p. 38. 8. II, 6, p. 42. 9. Cf. Marsilio ricino, The Philebus commentary , éd. M. Allen, London, 1975, p. 107 : « Quod quidem unum dicitur ut super eminet omnia ; bonum ut se per omnia porrigit. Ut ergo unum esty per negationes a Platone in Parmenide investigatur ; ut bonum est , per comparationes ab eodem in libro de Kepublica sexto. » 10. Cf. la trad, du P. Festugière, t. III, p. 36-86. Paris, 1067. il. Cf. p. ex. sur Denys les travaux du P. Roques ou de V. Lossky. This content downloaded from 134.21.135.160 on Thu, 20 Oct 2022 13:17:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms }o8 Jean-Louis Chrétien effet de « voir le principe par le p le dernier chapitre des Ennéades se à l'Un est au-delà de toute analog l'entende comme ressemblance à tr ou comme rapport et proportion lumière même? « Comment cela dit une conclusion célèbre (V, 3, analogique : « Mais évite surtout tu verras sa trace, et non lui-mêm admirablement dans le traité sur le le bien est une avec le dépouillem cente, comme ceux qui montent v quitter leurs défroques, et faire voit seul à seul, selon le même mot A cette apophase radicale s'ajou est une pensée de la médiation, d Plotin ne leur accorde pas du tout que ses successeurs. « Rien n'est loin et cela vaut en tout ordre, comm rapports de l'idée et de la matière, P un mot vide de sens, et que la mat khothen) en contact avec l'idée, s (VI, 5, 8). Ce n'est pas du tout loi les intermédiaires ne sont pas nom Tout débat semble clos lorsqu'o fois entre analogie et homonymie Plotin, se demandant s'ils sont les m uploads/Litterature/ analogie-selon-plotin.pdf

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