Andrée Fortin sociologue, Département de sociologie, Université Laval 1992 “Bra
Andrée Fortin sociologue, Département de sociologie, Université Laval 1992 “Braconnages” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.ca/Classiques_des_sciences_sociales Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, profes- seur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Andrée Fortin, sociologue Professeure au département de sociologie, Université Laval “Braconnages” Un article publié dans l'ouvrage collectif Hommage à Marcel Rioux. So- ciologie critique, création artistique et société contemporaine, pp. 95-120. Montréal: Les Éditions Albert Saint-Martin, 1992, 228 pp. [Autorisation ac- cordée par l'auteure le 10 décembre 2004.] [Autorisation accordée par l’auteure le 10 décembre 2004] Courriel : andree.fortin@soc.ulaval.ca Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 13 décembre 2004 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 3 Andrée Fortin Université Laval “Braconnages”. Un article publié dans l'ouvrage collectif Hommage à Marcel Rioux. So- ciologie critique, création artistique et société contemporaine, pp. 95-120. Montréal : Les Éditions Albert Saint-Martin, 1992, 228 pp. [Autorisation ac- cordée par l'auteure le 10 décembre 2004.] Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 4 Table des matières Introduction 1. Où l'auteure pose une hypothèse et se révèle fondamentalement popu- liste ou optimiste, au choix 2. Où l'auteure dispose cavalièrement de quelques théories 3. Où tout s'embrouille alors que le lecteur aurait pu espérer, enfin, com- mencer à y voir clair 4. Où renonçant provisoirement à la théorie, l'auteure se tourne vers l'empi- rie et fait preuve d'impertinence 5. Où l'auteure cherche désespérément, mais en vain, une définition de l'art 6. Où comme Alice, l'auteure traverse le miroir et le reflet 7. Où l'auteure se permet des comparaisons irrévérencieuses 8. Où l'auteure ne recule devant aucun cliché 9. Où l'auteure, après avoir mis à mal l'essence de l'art, s'en prend à celle de l'émancipatoire 10. Où l'auteure s'emporte 11. Mots de la fin 12. Où l'auteure révèle ses sources Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 5 Introduction Retour à la table des matières Quand on parle « d'art », la plupart du temps, on fait référence aux Beaux- Arts, c'est-à-dire, ce qu'on peut voir dans les musées, dans les galeries ; à ce dont traitent les revues spécialisées et les cours d'histoire de l'art à l'Université. Ce faisant, on oublie facilement que le marché de l'art (environ 55 000 personnes au Québec 1 ) ne regroupe qu'un peu moins de 1% de la population. Bien sûr, le public des musées et galeries est beaucoup plus considérable ; cependant c'est moins de 25% de la population qui fréquente ces établisse- ments au moins une fois l'an (Baillargeon, 1985), et ce, toutes catégories confondues : art moderne, contemporain ou traditionnel. De plus, quand on avance des chiffres sur la fréquentation des musées, désormais il faut compter avec la nouvelle vague des expositions estivales, alors que le musée d'art se transmute en musée des sciences ou ethnographique. De Tintin à Léonard de Vinci, on y attire des « clients » sous de « faux prétextes », au sens où ils n'y viennent pas d'abord pour l'art. 1 Voir l'étude de Couture, Gauthier et Robillard, 1984. Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 6 1. Où l'auteure pose une hypothèse et se révèle fondamentalement populiste ou optimiste, au choix Retour à la table des matières Les Beaux-Arts ne rejoignent donc pas la majorité de la population. Qu'en est-il alors « des autres », les 77% qui ne vont jamais au musée 2 ? Il serait surprenant qu'ils soient insensibles à l'art, au beau, que toute expérience es- thétique leur soit refusée. D'où peut bien leur venir l'expérience esthétique? De l'art de masse, du bricolage, de l'artisanat?! Toutes choses facilement amalgamées sous la rubrique fourre-tout « d'art populaire ». C'est ainsi, soit dit en passant, qu'on oppose l'art populaire, dont l'épithète plutôt que de révé- ler un surplus reflète ici un manque, à l'art-tout-court, celui qui n'a a pas be- soin de qualificatif, sous-entendu « le vrai ». Mon pari, ici, c'est de me pencher sur l'art populaire, jusque et y compris l'art de masse, et d'y repérer une dimension émancipatoire. Je poserai l'hypo- thèse que non seulement cet art peut être émancipatoire, mais qu'il peut par- fois l'être autant sinon davantage que l'art d'avant-garde. Pour défendre cette hypothèse, il faudra d'abord réfléchir sur la notion d'art populaire, ses diffé- rences, ses ressemblances et ses liens avec l'art d'avant-garde, puis en un deuxième temps, se pencher sur la définition de l'art et de l'émancipation. Pourquoi ce souci ? Pour trois raisons. Tout d'abord, mon populisme inné m'empêche de croire que la majorité de la population, insensible aux charmes des Beaux-Arts institutionnels, soit privée de l'accès à de nouvelles visions du monde, à de nouvelles images, au nouveau, au pas-encore-pensé, bref à l'ima- ginaire radical pour parler comme Castoriadis. Deuxièmement, le foisonne- ment des travaux sur l'institution artistique, dans la lignée des Bourdieu et Dubois, a bien mis en évidence les rouages de « la tradition du nouveau », comme la qualifiait déjà Rosenberg en 1959. La rupture formelle et discursive 2 Les statistiques culturelles compilées à I'IQRC (Baillargeon, 1985) révèlent que pour l'année 1982-1983, parmi les Québécois de 15 ans et plus, 77% ne sont pas allés au mu- sée et 80% ne sont pas allés dans des galeries d'art. De plus, 71% n'ont pas acheté d'œu- vre d'art ni d'artisanat ; parmi les acquéreurs, seulement 26% ont acheté une œuvre dans une galerie d'art. On peut remarquer cependant que C'est seulement 54% qui n'a visité ni exposition d'art, ni salon d'artisanat, et que 50% ne lit jamais. Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 7 de l'avant-garde fait système, s'enfle, mais ne s'accompagne pas nécessaire- ment d'un renouvellement de la vision du monde 3. Troisièmement enfin, en ce qui concerne l'imaginaire radical, il ne loge pas toujours où l'on pense ; rien ne l'exclut a priori d'aucun lieu. Si, en particulier, on ne prête plus automati- quement foi au discours des artistes et des critiques, et si on ne croit plus que l'art d'avant-garde soit forcément porteur de nouveau, d'imaginaire radical, il reste à se demander à quelles conditions cet imaginaire radical peut être véhi- culé dans une œuvre. Bref rien ne garantit que l'art d'avant-garde soit émanci- patoire ni que l'art populaire ne le soit pas. 2. Où l'auteure dispose cavalièrement de quelques théories Retour à la table des matières Tout d'abord, de quels outils dispose-t-on pour parler de l'art populaire ? En fait pour en parler véritablement, de bien peu (Durand, 1976 ; de Grosbois et al., 1978) ; la plupart servent plutôt à « disposer » de cet art, à l'évacuer! Précisons tout d'abord que sous la rubrique art populaire, ce sont essentielle- ment trois choses que l'on range, chacune assortie de sa théorie privilégiée, de son analyse. Ainsi l'art des « patenteux », qualifié sous d'autres cieux « d'art naïf », est assimilé au folklore ou au bricolage ; les analystes y voient une prise de parole mais qui relève davantage de l'artisanat ou de la décoration que de l'Art (avec un grand A) qui lui, serait création de formes et d'imaginaire radical. Ils insis- tent sur l'a-historicité de cet art naïf, sur la répétitivité de ses thèmes et de ses formes, ce qui implicitement, dans notre société obsédée par le nouveau (souf- frant de néopathie pour employer un néologisme), est l'insulte suprême. Comment une « authentique » démarche créatrice peut-elle rester à l'écart de l'évolution artistique, de Lascaux à Buren ou Penck en passant par Picasso ? Comment ne converge-t-elle pas vers l'avant-garde ? C'est sympathique, dira- t-on, mais... Au moins c'est sympathique ! N'aura pas droit à cet épithète l'art de masse, péjorativement qualifié d'« art commercial », parfois amalgamé sans autre 3 Ce système qui fonctionne à la rupture systématique a été analysé par Ellul (1980) d'une façon qui curieusement enchante les sociologues alors qu'elle fait rager les artistes et historiens de l'art. Andrée Fortin, “ Braconnages. ” (1992) 8 forme de procès au kitsch, au quétaine 4. Ce système qui fonctionne à la rup- ture systématique a été analysé par Ellul (1980) d'une façon qui curieusement enchante les sociologues alors qu'elle fait rager les artistes et historiens de l'art.. Les travaux de Bourdieu et de ses émules - nombreux par les temps qui courent - sur les deux sphères de la production, ont mis en évidence le carac- tère mercantile de cet uploads/Litterature/ andree-fortin-quot-braconnages-quot-1992-pdf.pdf
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- Publié le Mai 09, 2022
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