Remerciez-le!

Remerciez @Admin pour avoir partagé cet document gratuitement, de la manière la plus simple, en partageant sur les réseaux sociaux.

Approches theoriques de la demande de monnaie PAR MICHEL F A U S E I^e probleme

Approches theoriques de la demande de monnaie PAR MICHEL F A U S E I^e probleme d'une demande de monnaie n'est pas toujours explicitement envisage dans les preoccupations contemporaines. II apparait cependant, sous des vocables et dans des contextes differents, comme un point fondamental des explications econo- miques. II s'accommode des presentations conceptuelles les plus diverses : equation de Cambridge, encaisse desiree, preference pour la liquidite; il n'apparait parfois que comme un simple element «irrationnel» cause des battements constates mais inexpliques, dans les effets des decisions des autorites monetaires. Cependant, il a sa place dans toute theorie des qu'elle s'axe sur Facte de 1'homme et se soucie d'inserer la monnaie dans l'unite de son systeme. Concevoir une demande effectivement agissante, c'est, en effet, donner aux reactions humaines une valeur pre- ponderate, echapper ainsi au determinisme. Porter cette demande sur la monnaie comme sur n'importe quel bien ou service, c'est inserer cette monnaie dans une synthese explicative. La conjonction de ces preoccupations conduit inevitablement a aborder le probleme. La pensee contemporaine n'y echappe pas. EUe le fait sous les approches les plus differenciees, amenant la confusion des concepts et des mots. Cette demande porte-t-elle sur une certaine quantite de signes monetaires, ou sur leur pouvoir d'achat ? Les equations qui l'expliquent, s'inscrivent-elles dans la longue ou la courte periode; marquent-elles une coherence vers laquelle on tend, ou un equilibre effectivement realise ? La preference pour la monnaie se marque-t-elle a l'egard de tous les biens ou des seules creances, a court ou long terme ? Autant de questions aux reponses parfois use, available at https://www.cambridge.org/core/terms. https://doi.org/10.1017/S1373971900068554 Downloaded from https://www.cambridge.org/core. Macquarie University, on 21 Jan 2020 at 10:02:51, subject to the Cambridge Core terms of — 554 —• contradictoires et necessaires cependant pour toute etude ulterieure. Aussi importe-t-il de les affronter d'abord. Parmi les diverses optiques, un choix s'avere necessaire. Ces quelques pages voudraient partir de l'equation des encaisses desi- rees de Walras. I^es autres systemes se situeraient ainsi, par reference a ce point de comparaison, qui pourrait utilement degager leurs avantages ou leurs lacunes. Ceci amenerait a poser le probleme de facon plus precise tout en en montrant l'environne- ment theorique; premier travail indispensable, vu l'enchevetrement des approches. Le probleme, ainsi delimite, pourrait alors etre achemine vers une solution. II s'agit d'etudier la demande de monnaie. Ceci suppose une comprehension exacte de la nature de la monnaie. Comment la definir, et quels sont, par consequent, ses elements susceptibles de fonder une demande ? Quels sont, d'autre part, dans la vie economique, les elements capables d'exercer cette demande; comment les grouper et les diff erencier ? Second travail consistant a fournir les outils necessaires a la comprehension des faits. Ceux-ci pourront ainsi utilement s'etudier. II s'agira de retrou- ver dans la structure et dans la conjoncture, les mouvements de cette demande de monnaie; preciser en meme temps son mode de reaction : en volumes monetaires ou sur le niveau des prix. Les concepts mis au point aux deux premiers stades s'insereront dans la vie economique courante. Dans la mesure ou ils pourront s'y integrer, et y apporter surtout une valeur explicative, ils justi- fieront leur elaboration. Cette note voudrait simplement degager quelques grandes lignes : situer la demande de monnaie dans les theories existantes, expliciter sa fonction par sa base conceptuelle et dans son insertion dans les faits. Une etude exhaustive aurait a approfondir les hypotheses de travail, tout en s'appuyant sur une verification statistique. Voulant uniquement poser des jalons, nous nous limiterons a un apercu theorique. * * use, available at https://www.cambridge.org/core/terms. https://doi.org/10.1017/S1373971900068554 Downloaded from https://www.cambridge.org/core. Macquarie University, on 21 Jan 2020 at 10:02:51, subject to the Cambridge Core terms of — 555 — I. — ENVIRONNEMENT THEORIQUE A. EQUATION DES ENCAISSES DESIREES DE WAXRAS I/a theorie des encaisses desirees constitue le point de com- paraison des diverses optiques envisagees. Aussi importe-t-il d'en situer le cadre et le contenu, car c'est en face de chacun de ces caracteres specifiques que se preciseront les analyses divergentes. Elle signifie fondamentalement que l'individu desire detenir une certaine proportion de sa richesse sous forme de monnaie, pour faire face a une serie de besoins (J). Cette encaisse desiree, repre- sentee par le sigle H, est egale aux quantites monetaires mul- tipliees par leur prix. Soient : H = encaisse desiree M = nombre d' unites monetaires P = prix de la monnaie en marchandises ou facteur multiplicatif : c'est-a-dire valeur de l'unite monetaire par rap- port a l'ensemble des autres biens et services. 1 p = — = prix des marchandises en monnaie, ou niveau general des prix. M I/equation des encaisses desirees se formule H = M.P = — . P Elle reunit ainsi une demande de monnaie (H) et une offre (M) qui la rencontre par le truchement d'une variation dans les prix (p). « II aura suffi de rendre tous les prix n fois plus faibles pour retablir l'equilibre avec une quantite de marchandise-monnaie n fois plus faible. II nous aurait de meme suffi de rendre tous les prix n fois plus forts, pour retablir l'equilibre avec une quantite de mar- chandise-monnaie n fois plus forte » (2). ~L,a. theorie de Walras fournit ainsi deux apports distincts : (!) Une etude ditaillee de cette notion est faite dans l'article de L. DUQUESNE DE T y A VINEIAE, Note sur la theorie monetaire et le probleme des influences monetaires sur le taux d'interet. Bulletin de VI. R. E. S. fevr. 1952. (2) h. WAlyRAS, Etudes d'iconomie politique appliquee, Paris, 1936, p. 98. use, available at https://www.cambridge.org/core/terms. https://doi.org/10.1017/S1373971900068554 Downloaded from https://www.cambridge.org/core. Macquarie University, on 21 Jan 2020 at 10:02:51, subject to the Cambridge Core terms of — 556-^ • — d'abord l'elaboration d'un concept, celui d'une demande de monnaie appelee encaisse desiree. — ensuite un rapport explicatif : l'adaptation de l'offre et de la demande de monnaie par l'intermediaire des prix. Quels sont les caracteres distinctifs de son cadre et de son contenu ? II s'agit d'une demande de monnaie, en termes de pouvoir d'achat, marquant une preference par rapport a l'ensemble des autres biens; son equation se situe sur le plan logique d'un equilibre tendanciel. Notion de demande I/encaisse desiree constitue «le montant net de tout ou partie des produits consommables et du revenu net perpetuel que les echangeurs veulent acheter et dont ils desirent avoir par devers eux la representation en monnaie de circulation et d'epargne...» (1). I,a definition de Walras degage clairement la notion de demande. Elle se situe, dans l'analyse, comme la somme des demandes individuelles. I,a monnaie remplissant certaines fonctions de circulation et d'epargne est l'objet d'un desir du public. Cette demande s'insere dans la vie economique au meme titre qu'une demande d'autres biens. En termes de pouvoir d'achat ~L,e public desire-t-il une certaine quantite de signes mone- taires, sans se poser le probleme de leur pouvoir d'achat, ou s'in- teresse-t-il simplement a la detention sous forme de monnaie de l'equivalent d'un ensemble de biens ? Walras opte pour la seconde solution : il parle d'un montant des produits consommables. II s'agit d'une demande de pouvoir d'achat. Ce que le public desire, c'est un ensemble de biens representes en monnaie. Aucune analyse de ce concept ne pourra jamais s'attarder aux volumes monetaires qu'a la condition de les ponderer par les prix, pour saisir, au dela des signes, les quantites reelles qu'ils peuvent acheter. Preference pour la monnaie par rapport aux biens Cette demande en termes de pouvoir d'achat peut se situer (x) L. WALRAS, EUments d'dconomie politique pure, 4e ed., Paris, 1952, p. 305. use, available at https://www.cambridge.org/core/terms. https://doi.org/10.1017/S1373971900068554 Downloaded from https://www.cambridge.org/core. Macquarie University, on 21 Jan 2020 at 10:02:51, subject to the Cambridge Core terms of — 557 — dans des schemas explicatifs differents. Marque-t-elle une prefe- rence par rapport a 1'ensemble des biens et services, ou seulement a l'egard de tel element precite, notamment les creances ? I/ors- qu'elle signifie une preference par rapport a l'ensemble des biens, elle reagit sur le niveau general des prix. Dans ce cas, en effet, un accroissement de la demande de pouvoir d' achat signifie une diminution de la demande de biens; on achete moins puisqu'on desire detenir plus de monnaie. Selon les lois du marche, les prix baissent; le prix de la monnaie ou facteur multiplicatif hausse. De meme, une diminution de la demande de pouvoir d'achat marque 1'accroissement de la demande de biens, avec hausse des prix et baisse de la valeur de l'unite monetaire. Dans les deux cas, l'ensemble du systeme des prix reagit. Qu'il s'agisse, au con- traire, d'une preference par rapport a un seul element du systeme, il sera seul a etre affecte directement par les changements de cette demande. Seul son prix en subira l'effet. C'est le cas de la prefe- rence pour la liquidite, telle que l'explicite le schema keynesien. Elle marque une preference pour la monnaie par rapport aux seules creances, determinant ainsi le taux d'interet sans action directe sur le niveau general des prix. L'encaisse desiree se situe, au contraire chez Walras, uploads/Litterature/ approches-theoriques-de-la-demande-de-monnaie.pdf