TFM - Notion théorique : Lecture à voix haute Notion théorique : Lecture à voix
TFM - Notion théorique : Lecture à voix haute Notion théorique : Lecture à voix haute Est-ce bien de la lecture ? Une telle fiche, à vrai dire, (et en dépit de croyances coriaces) n’a guère sa place dans un ensemble consacré à la lecture. Lire à haute voix consiste, on le sait, à transmettre oralement à des auditeurs qui en ont manifesté le désir sa propre lecture d’un écrit. C’est donc est une situation de communication orale, qui porte sur la lecture, mais qui n’en est point. Il faut bien admettre, pourtant, que ce terme de lecture à haute voix évoque, pour pas mal de gens, une classe de lecture, (d’où la présence de cette fiche ici !) où des enfants sagement assis à leur place, avec un livre ouvert devant eux à la même page pour tous, suivent des yeux sur leur livre le texte que l'un d'entre eux lit à voix haute ; sur un geste de l'instituteur, un autre enfant prend la suite de la lecture, et lorsqu'on arrive à la fin du texte, l'élève reprend au début, et ainsi de suite jusqu'à ce que toute la classe soit passée. Pour y voir plus clair, essayons d’analyser la pratique sociale de cette activité : ce sont alors des situations bien différentes qui s'imposent à l'esprit. On observe que la lecture à haute voix s’adresse par exemple à un petit enfant qui ne sait pas encore lire, à une personne âgée qui ne peut plus le faire elle- même. On la retrouve dans les commissions de jurys d'examens, où quelques copies sont lues à haute voix pour permettre une harmonisation des critères de notation ; on la retrouve aussi dans la vie des Entreprises, par exemple, lorsqu’un délégué du personnel revient auprès de ses collègues, après négociations avec la Direction, communiquer les contenus de l'accord signé. Elle apparaît aux oraux d'examens, où les candidats doivent en général commencer par lire à haute voix le texte qu'ils ont à expliquer. Lire à haute voix, ce peut être enfin répondre à un désir d'entendre, et de faire entendre, l'image sonore d'un texte, écrit ou non pour cela, situation de plaisir, qui fait passer le grain de la voix dans le grain du texte, plaisir d'autant plus grand qu'il est en général partagé avec des auditeurs qui le souhaitent . Si l'on analyse ces pratiques sociales, on s'aperçoit que, toutes ces situations se caractérisent d'abord par la présence d'auditeurs qui reçoivent une traduction sonore du texte lu ; de plus, dans un certain nombre de cas, il s'agit d'auditeurs qui ne peuvent, pour des raisons diverses, lire eux-mêmes : ils ne savent ou ne peuvent pas lire, ils n'ont pas le texte... Ce sont alors des situations d'information, au cours desquelles les contenus d'un texte sont communiqués TFM - Notion théorique : Lecture à voix haute à d'autres personnes. Quant aux deux dernières situations évoquées, elles ont une autre fonction, car l'examinateur connaît bien évidemment le texte qu'il fait lire mais s’il le fait lire à haute voix, c’est que la lecture à haute voix lui sert d'indicateur de l'intelligence et de la culture du candidat. Pour la situation de diction, même si le texte est présent, le lire à haute voix ne sert pas à le comprendre (du reste, la lecture proprement dite a eu lieu, dans tous ces cas avant) ; cette mastication du texte permet d'ajouter à la compréhension, un autre type de vécu, un vécu sonore, par la transformation des indices visuels en indices sonores, transformation qui lui confère une autre dimension et d'autres pouvoirs. Dans tous les cas, il s'agit donc d'une activité autre que la lecture. Du reste, si l'on approfondit l'analyse, on découvre qu'en réalité, celui qui lit à haute voix n'est pas celui qui «lit» : lire, c'est comprendre, et, dans les situations évoquées, ceux qui ont à comprendre, ce sont ceux qui écoutent. Celui qui dit le texte communique aux autres, de façon orale, la lecture qu'il a faite auparavant, et les auditeurs construisent des significations, en fonction de leurs attentes, sur les indices sonores que le «lecteur» leur envoie . Cette activité de communication orale se trouve donc être seconde par rapport à la lecture, puisqu'elle utilise la signification construite dans la lecture comme référent d'une communication, et dont les enjeux sont des enjeux de communication. Il s’agit d’informer du contenu d'un texte (mais aussi de la manière dont ce texte a été reçu par le lecteur : la lecture à haute voix ne sera pas la même s'il a été apprécié ou non...), provoquer des réactions de refus, d'enthousiasme ou d'action, susciter des émotions, du plaisir, convaincre de sa propre culture, etc. C'est une activité qui implique à la fois une grande maîtrise de la lecture, mais aussi une capacité d'analyse de cette lecture pour élaborer un projet d'action sur les auditeurs, des compétences de parole orale, la capacité enfin d'utiliser ces compétences pour réaliser le projet. Il est intéressant de souligner que les pratiques traditionnelles d'enseignement ne prévoient d'enseignement ni pour les unes ni pour les autres : il n'est qu'à se reporter aux textes officiels pour en être convaincu. Eveline Charmeux uploads/Litterature/ artigo-charmeux-la-lecture-a-voix-haute-est-ce-bien-de-la-lecture.pdf
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- Publié le Oct 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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