Écrivains et photographes: Zola, Simenon Georges Barthel universaar Universität

Écrivains et photographes: Zola, Simenon Georges Barthel universaar Universitätsverlag des Saarlandes Saarland University Press Presses Universitaires de la Sarre Dissertationen aus der Philosophischen Fakultät II der Universität des Saarlandes Georges Barthel Écrivains et photographes: Zola, Simenon universaar Universitätsverlag des Saarlandes Saarland University Press Presses Universitaires de la Sarre D 291 © 2011 universaar Universitätsverlag des Saarlandes Saarland University Press Presses Universitaires de la Sarre Postfach 151150, 66041 Saarbrücken ISBN 978-3-86223-043-3 gedruckte-Ausgabe ISBN 978-3-86223-042-6 Online-Ausgabe URN urn:nbn:de:bsz:291-universaar-315 zugl.: Dissertation, Universität des Saarlandes, 2009 Projektbetreuung universaar: Isolde Teufel Satz: Georges Barthel Umschlaggestaltung: Julian Wichert Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek: Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über <http://dnb.d-nb.de> abrufbar. Écrivains et photographes: Zola, Simenon 1 « A mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose à fond si vous n'en avez pas pris une photographie, révélant un tas de détails qui, autrement, ne pourraient même pas être discernés »1. Émile Zola « Je me suis juré de ne pas m’intéresser aux idées, d’être un opérateur, rien d’autre, un fabricant d’instantanés »2. Georges Simenon 1 Extrait d’une interview accordée par Émile Zola à la revue anglaise The King, en 1900. Cité par Danielle Coussot dans « Zola photographe et son temps », in Michèle Sacquin (dir.), Zola, Paris, BNF / Fayard, 2002, p. 221. 2 Cité dans Tristan Bourlard, Simenon photographe, Arles, Actes Sud, 2000, n.p. Écrivains et photographes : Zola, Simenon 2 Écrivains et photographes: Zola, Simenon 3 Table des matières Introduction 5 I. Le contexte culturel 11 1. Réalisme et réalité 11 Définition de la réalité 13 Deux exemples de passages réalistes 20 2. Photographie, société et esthétique réaliste 34 Implications sociales de la photographie 35 Impact de la photographie sur la littérature 37 Mimésis et sémiosis 42 II. La photographie dans la vie de Zola et de Simenon : Pratiques et fonctions 47 1. L’influence de la peinture 47 2. La photographie 48 Le matériel de Zola 48 La découverte du « violon d’Ingres » 49 Le corpus photographique de Zola 49 - Les personnages 50 - Le naturalisme 56 - Paris 57 - L’exil anglais 60 L’œil de Simenon 64 - La photographie nomade 66 - Les motifs 66 - Les séries 67 - L’expérimentation 67 3. L’intermédialité 68 Approche théorique 68 L’intermédialité dans la photographie 71 - L’intermédialité dans les photographies de Zola 71 - L’intermédialité dans les photographies de Simenon 85 Écrivains et photographes : Zola, Simenon 4 III. La photographie comme objet romanesque : modes de représentation et de fonctionnement de cet objet 87 1. La photographie comme actant intervenant dans l’intrigue 87 Le rôle chez Zola 87 Le rôle chez Simenon 88 2. La photographie comme élément structurant 109 Le cadre de référence : changement de paradigme 109 - Les chambres noires 111 - La photographie spirite, le spectre et l’empreinte 122 - La reproduction 126 IV. Regard, mémoire et écriture 139 1. Imagerie mentale et mémoire 139 Souvenir et enfance chez Zola 145 Photographie et mémoire chez Simenon 147 2. Le mouvement et le temps 152 Le train, la photographie et le temps chez Zola 152 La navigation fluviale, la photographie et le temps chez Simenon 161 3. Corps et décors 166 Détails techniques 166 Le regard de l’écrivain photographe 171 - Zola : « Tout voir, tout savoir » et le panorama 171 - Zola et la perspective 180 - Simenon : le regard spéculaire et le regard ubiquitaire 182 Sémiotique du regard 187 - Le regard des personnages zoliens 188 - Le regard des personnages simenoniens 193 Les corps 199 - L’image du corps chez Zola 199 - Les corps nus chez Simenon 207 Conclusion 217 Bibliographie 227 Écrivains et photographes: Zola, Simenon 5 Introduction Au siècle où l’image est omniprésente, où même un enfant peut utiliser son téléphone portable pour diffuser en direct par internet, et à l’échelle planétaire, une scène quelconque filmée aux antipodes, à l’ère que Régis Debray définit comme « vidéosphère »3, où l’on peut, grâce aux millions de « webcams » installées un peu partout, visionner simultanément et en temps réel ce qui se passe sur la plage d’Ipanema, au sommet de l’Empire State Building et dans les rues de Sydney, il paraît intéressant de se pencher sur l’archéologie de l’image, et sur l’impact qu’a pu avoir l’invention de la photographie sur l’art, et tout particulièrement sur la création littéraire. Certes l’homme produit des images depuis le paléolithique, et la littérature a très tôt été accompagnée d’illustrations, et elle génère depuis toujours ce que Philippe Hamon nomme des « images à lire »4: métaphores, hypotyposes et autres ekphrasis. Toutefois, l’innovation qu’a apportée la photographie réside dans sa capacité à réaliser une mimésis parfaite, une réplique exacte des « choses vues », et de surcroît reproductible à l’infini, contrairement aux différents types d’images produites avant elle. Le terme de photographie – littéralement « écriture par la lumière » – comporte un double aspect : à la fois visuel et scriptural. Par là même, il possède un caractère « intermédial », au sens où il constitue un amalgame de ces deux domaines de la création humaine. Après les peintres et les dessinateurs, les écrivains ont commencé très tôt à se positionner par rapport au nouveau média, dont l’invention « officielle » se situe en 1839, donc en plein romantisme, et peu avant l’émergence du réalisme. Les peintres et les graveurs voyaient dans la photographie une rivale qui risquait de leur soustraire leur gagne-pain. La plupart des écrivains leur emboîtèrent le pas et la critiquèrent violemment au début. L’un des principaux détracteurs en fut Baudelaire. Flaubert aussi passe pour avoir été « photophobe ». Mais peu à peu, certains poètes et romanciers se laissèrent « apprivoiser » par elle, et commencèrent à changer d’avis, tel Lamartine qui très vite changea de camp. Hugo s’est beaucoup intéressé à elle, ainsi que Maxime Du Camp, Théophile Gautier, et plus tard Rimbaud, Loti et Proust. Rodenbach et Breton allaient même l’utiliser pour illustrer certaines de leurs œuvres : Bruges-La-Morte et Nadja. Deux écrivains réalistes ont pratiqué la photographie : Émile Zola et Georges Simenon ; le premier se situe vers le début du mouvement réaliste, le second tout à fait à la fin. Les deux romanciers se ressemblent non seulement 3 Régis Debray, Vie et mort de l’image, Paris, Gallimard, 1992, p. 409. 4 Philippe Hamon, Imageries. Littérature et image au XIXe siècle, Paris, Corti, 2001, p. 41. Écrivains et photographes : Zola, Simenon 6 par l’important volume de leur création littéraire, mais également par le grand nombre de photographies prises : Zola aurait réalisé plusieurs milliers de clichés, et Simenon à peu près trois mille, sans compter ses nombreuses photographies de famille, non accessibles au public. Il est significatif que la photographie apparaît, chez ces deux écrivains, en tant qu’objet romanesque et qu’elle fonctionne parfois comme un actant qui intervient dans l’intrigue. En analysant certaines œuvres littéraires et certaines photographies de ces deux auteurs, nous allons essayer de répondre à plusieurs questions qui s’imposent, et que nous présentons brièvement. La première idée qui vient à l’esprit est celle de l’usage documentaire de la photographie. On peut imaginer qu’un écrivain réaliste qui prend un nombre important de clichés le fait dans le but de créer une sorte de réservoir iconique dans lequel il pourra puiser pour décrire des personnes et des lieux qu’il a réellement vus, ou encore pour stimuler et alimenter son imagination. Dans cette thèse, nous allons essayer de déterminer dans quelle mesure cette idée se confirme. Une deuxième question que l’on peut se poser est celle de savoir si les photographies que prend un écrivain sont différentes de celles d’un autre opérateur, qu’il soit amateur ou photographe professionnel. En d’autres termes, nous allons tâcher de préciser si les photographies de Zola et de Simenon sont inspirées par un « regard d’écrivain ». De cette question découle un corollaire : en retournant le problème, on peut aussi se demander si la pratique photographique a exercé une influence sur la manière de voir les choses et de les représenter par l’écriture ; en d’autres termes, s’il existe, dans le roman, un « regard de photographe ». Cette question peut être approfondie : en effet, on peut se demander s’il est possible de distinguer différents degrés dans l’influence que peut avoir eue la photographie sur l’écriture, chez un écrivain. Nous nous efforcerons de déterminer s’il existe une différence, au niveau de l’écriture, entre le début et la fin de la pratique photographique, ou, en d’autres termes, si l’on peut constater une évolution du « regard photographique » dans l’écriture, en fonction de la durée de l’activité photographique. En même temps nous tenterons d’analyser la qualité et l’intensité de l’impact de la photographie sur l’écriture, et dans quelle mesure la photographie intervient explicitement ou implicitement dans la façon d’écrire. La recherche dans ce domaine a évolué différemment, selon qu’elle concerne Zola ou Simenon. Les photographies de Simenon ont été relativement uploads/Litterature/ barthel-2011-ecrivains-et-photographes-zola-simenon.pdf

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