Bel-Ami : lecture analytique n°3 « les cauchemars de Mme Walter » Introduction
Bel-Ami : lecture analytique n°3 « les cauchemars de Mme Walter » Introduction (reprendre celle de la lecture 2) Problématique : comment est mise en scène la souffrance de Mme Walter ? 1. La douleur mise en scène Le champ lexical de la vue contamine tout le passage. Ces différentes occurrences de la vision structurent le passage et marquent les étapes de l’hallucination dont Mme Walter est victime. – 1er temps : « elle aperçut le Christ » (l. 14). Cette vision provoque le premier trouble. La vision du Christ transforme le lieu en une église, elle oublie que le tableau est une oeuvre d’art suspendue dans une serre et se met à prier. Mme Walter est dans une attitude de soumission, d’imploration (« tomba sur les genoux », « elle le pria », l. 15-16). Le champ lexical de la passion (passion = souffrance) reflète sa douleur : « éperdument », « mots d’amour », « passionnées et désespérées » (l. 16-17). Registre pathétique. – 2e temps : « Elle leva les yeux vers lui » (l. 17-18). Contre-plongée : l’image se trouble, le Christ prend les traits de Bel-Ami. – 3e temps : « Son amant qui la regardait » (l. 20). La figure de l’hallucination commence à prendre vie : le Christ a disparu, la plongée du regard de Bel-Ami (en hauteur) vers Mme Walter (en bas) renforce l’attitude de soumission et l’écrasement du personnage dans sa douleur. – 4e temps : « elle pensa » (l. 23). C’est une vision intérieure qui s’impose, où l’imagination prend la place de la réalité. 2. Une atmosphère fantastique On notera d’abord le clair-obscur du lieu : « profondeur obscure », « les ténèbres ». Une seule lueur éclaire l’espace : la « bougie ». Outre les notations visuelles, le premier paragraphe est parcouru par une multitude de notations sensitives négatives : « haleine pesante », « l’air […] entrait dans la poitrine avec peine » (l. 7-9). L’endroit devient suffocant, étouffant. Cette obscurité change la vision de la végétation. Les termes suggérant le danger et l’étrange viennent qualifier les plantes, et font naître l’imagination : « des plantes extravagantes, avec des aspects de monstres, des apparences d’êtres, des difformités bizarres » (l. 12-13). Tout un imaginaire de la peur se construit, où la végétation est personnifiée : « haleine pesante » (l. 7) pour les plantes, les plantes extravagantes qui « apparaissaient ». D’inquiétant, le lieu devient oppressant, marqué par les contrastes et les oppositions : opposition de la lumière (clair/obscur) mais aussi des sentiments, le plaisir et le malaise, dans l’expression « faisait plaisir et mal, donnait à la chair une sensation confuse de volupté énervante et de mort » (l. 9-10). On retrouve les expansions de « torpeur » (l. 40-42) : – « qui liait ses membres et ne lui laissait que sa pensée en éveil » Les expansions du mot « pensée » (l. 42-46) : – « trouble cependant » – « torturée par des images affreuses, irréelles ,fantastiques » – « perdue dans un songe malsain » Les expansions du mot « songe » (l. 46-50) : – « malsain » – « étrange et parfois mortel » – « que font entrer dans les cerveaux humains les plantes endormeuses des pays chauds, aux formes bizarres et aux parfums épais. » Les expansions des mots « torpeur », « image » et « songe » montrent d’abord, à travers le choix de ces trois mots, la progression des effets physiques puis psychiques de l’hallucination de Mme Walter. Ensuite, les expansions sont nombreuses, alternent entre mouvements longs (les relatives) et mouvements plus courts (les adjectifs). Elles mettent en relief, un peu à l’image de cette serre à la végétation dense, les images et pensées dont Mme Walter est prisonnière et qui l’enserrent comme autant de plantes carnivores. 3. Un personnage pathétique La scène prend des accents tragiques : exclamations qui montrent la violence des sentiments, jalousie, souffrance et abandon, rythme saccadé des phrases, évocation du motif du meurtre (sorte d’OEdipe inversé). Mais Mme Walter n’est pas une héroïne tragique comme Phèdre (amoureuse rejetée) ou Médée (femme trompée). Son hallucination ne mène pas à un acte tragique. « Ses mains rencontrèrent la toile. Elle heurtait les pieds du Christ » (l. 32-33) : ce détail concret la ramène à la réalité. Le point de vue interne joue tout son rôle ici : le narrateur n’intervient pas ou presque pas, laissant cette femme seule dans sa souffrance pitoyable uploads/Litterature/ bel-ami3.pdf
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- Publié le Nov 14, 2021
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