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^i i i i i i i 1 1 i I i iiiniiiiiii eiiiii i i ^ CLASSIQUES LATINS EXTRAITS DE LUCRECE i ïtàS > ^' ^yf/. ^<*A*^<- u.--t(t^ / »>Mrf.4.»A4> i LIBRARY ^^ îorontP EXTRAITS DE LUCRÈCE Tout exemplaire de cet ouvrage non 7'evêtu de ma griffe sera réputé contrefait. 6465-83. — CoRBEiL. Typ. et stér. Crété, EXTRAITS DE LUCRÈCE AVEC UN COMMENTAIRE, DES NOTES ET UNE ÉTUDE SUR LA POÉSIE, LA PHILOSOPHIE, LA PHYSIQUE, LE TEXTE ET LA LANGUE DE LUCRÈCE PAR Henri BERGSON Ancien élève de l'École Normale supérieure, Professeur agrégé de philosophie au Lycée de Clermont-Ferrand. PAR 1.6; LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE 15, RUE SOUPFLOT, 15 1884 JAN 1 1970 AVANT-PROPOS Lucrèce est peut-être, de tous les auteurs qu^on ex- plique en rhétorique, celui dont il est le plus difficile de publier des morceaux choisis. Se bornera-t-on à extraire du poème de la Nature^ comme on le fait quelquefois, les descriptions à effet? on risque de donner à Télève une idée singulièrement fausse de Tauteur qu'il traduit. Il se représentera Lucrèce comme un poète qui a décrit la vie des premiers hommes, ou les effets de la foudre, ou la peste d'A- thènes, pour le plaisir de les décrire. Au contraire, Lucrèce n'a jamais décrit que pour prouver; ses peintures les plus saisissantes sont uniquement des- tinées à nous faire comprendre, à nous faire accepter quelque grand principe philosophique. Si on les en détache, elles vivent moins ; les vers de Lucrèce sont beaux encore, assurément, mais ils n'ont plus cette force oratoire qui en faisait la principale originalité. C'est pour donner aux élèves une idée juste, sinon complète, du génie de Lucrèce, que nous avons cru VI . AVANT-PROPOS. devoir rattacher chacun de nos extraits à l'ensemble du poème. Nous nous sommes astreint à ne citer que les pages purement littéraires ; mais nous essayons, par des sommaires placés en tête de chaque livre^ par des commentaires placés en tête de chaque morceau, par le titre même que nous lui donnons^ de faire comprendre au lecteur l'intention philosophique du poète, et ce qu'il a voulu prouver. Nos explications n'ont rien qui ne puisse être facilement entendu d'un élève de rhétorique. Nous nous sommes d'ailleurs abstenu de critiquer les idées émises par Lucrèce, sauf dans le cas d'erreur matérielle ; il n'y a pas de système philosophique qui ne se réfute aisément. L'essentiel est de le bien comprendre. Dans la première partie de notre introduction, qui comprend une étude sur la poésie, la philosophie et la physique de Lucrèce, nous essayons de mettre en lumière l'originalité des idées du poète, trop souvent confondues avec celles d'Épicure ou de Démocrite. Dans la seconde, nous nous sommes efforcé, en fai- sant l'histoire du texte de Lucrèce, de montrer aux élèves la grande influence exercée par ce poète sur la littérature classique. La langue de Lucrèce est parfois embarrassante : nous donnons quelques éclaircisse- ments sur les principales difficultés. Pour établir le texte, nous avons continuellement confronté Munro avec Lachmann et Bernays. Deux ou trois fois nous nous permettons de revenir à la leçon des manuscrits, un peu sacrifiée par les édi- AVANT-PROPOS. Vil teurs ^. Nous avons conservé Torlhographe des édi- 1. Citons quelques exemples. Liv. 111, v. 14, les mss. donnent : Nam simul ac ratio tua cœpit vociferari Naturam rerum, divina mente coortam Les éditeurs changent invariablement coortam en coorta» Ils ne pa- raissent pas avoir remarqué que Naturam rercm n^estpas autre chose que le titre de rouvrago d'Épicure imité par Lucrèce. Coortam s'ex- plique ainsi tout naturellement, et nous maintenons la leçon des mss. Un peu plus loin, v. 22, les mss. portent : . . . semperque innuhilus sether Integit, et large diffaso lumine ridet. Les éditeurs, depuis Lachmann, écrivent rident. Nous pensons que ridet convient au moins aussi bien au sens. Liv. I, Y. 189^ les mss. donnent : Omnia quando Paulatim crescunt, ut par est, semine certo, Crescentesque genus servant. La leçon crescentesque est assurément inintelligible; mais n'est-ce pas s'écarter beaucoup des mss. que d'écrire avec Lachmann crescere res- que? Nous proposons crescentisque. Liv. II, V. 1169, nous croyons qu'on peut s'abstenir de changer nomen en momen, et séecluyn en céelum. Liv. II, V. 1034, les mss. donnent : Omnia qus nunc si primum mortalibus essent Ex improvisa si sint subjecta repente Pour si sint, M. Munro propose ingénieusement si nunc. Mais nous croyons qu'on s'écarterait moins du ms. en lisant si essent. Liv. III, V. 83, on lit dans les mss. : Obliti fontem curaruni hune esse timorem. Hune vexare pudoreni, hune vincula amicitiai Rumpere, et in summa pietateni. evertere suadet. Lachmann remplace suadet par fraude^ Bernays par clade; mais, même ainsi corrigée, la phrase n'offre pas grand sens. Il nous semble que suadet est tout à fait dans le mouvement du morceau, et que timor doit en être le sujet. En conséquence nous écrivons : Obliti fontem curarum hune esse timorem. Hic vexare pudorem, hic vincula amicitiai Rumpere, et in summa pietatem evertere suadet. Ce sont les mots hune timorem du vers précédent qui ont dû amener hune pudorem. YÎII AVANT-PROPOS. tions savantes quand elle nous a paru ne pas devoir trop embarrasser les élèves. Est-il besoin d'ajouter que nous avons consulté la plupart des travaux publiés sur Lucrèce, depuis le commencement de ce siècle, en Allemagne, en An- gleterre et en France ? On s'apercevra en parcourant les notes que nous avons largement mis à contribu- tion le commentaire de M. Munro *, travail admi- rable, fait pour décourager les futurs éditeurs de Lucrèce. Nous avons eu recours, pour le^ cinquième livre, aux notes de M. Benoist ^ ; nous avons em- prunté plus d'un rapprochement à Wakefîeld ^. Nous osons espérer que les élèves prendront goût à la lecture de Lucrèce ainsi facilitée, et que le désir leur viendra de connaître le poème autrement que par des extraits. H. B. 1. 3« édition, Cambridge, 1873. 2. Commentaire sur Lucrèce (Liv. V, 1-111; 678-1455). Paris, 1872. 3. Nous nous sommes plus d'une fois servi de la traduction de M. Crouslé (Charpentier, 1881). INTRODUCTION I. — LA POESIE DE LUCRECE. La vie de Lucrèce (T. Lucretius Carus) ne nous est guère connue que par un passage très discuté de saint Jérôme. Le poète est probablement né en Italie ^ vers l'an 99 ou 98 av. J.-C. ; il appartenait peut-être à une famille équestre. Selon saint Jérôme, un philtre qu'on lui fit boire le rendit fou ; il composa son poème en six livres, De Rerum Natura, dans les intervalles de ses accès de fureur, et se tua vers l'an 55. Cette sombre histoire atout Tair d'un roman. Dans les temps anciens l'imagination populaire se plaisait à faire punir ainsi l'athée, dès cette vie, par les dieux qu'il avait bravés. Il est plus probable que Lucrèce vécut en philosophe, ignoré du monde, et mettant en pratique la maxime de son maître Épicure: (( cache ta vie » (Xaôe ptoxjaç). Conformément à un autre précepte d'Épicure, il paraît avoir eu des amis. C'est à l'un d'eux, Memmius ^, qu'il dédie son poème. 1 . Cela paraît résulter des vers I, 831 : nec nostra dicere lingua^ et III, 260 : « pATRii sevmonis egestas ». 2. C. Memmius (Gemellus?)^ fils de L. Memmius, paraît avoir été tout autre chose qu'un philosophe. Ses mœurs passaient pour mau- vaises. Dans sa vie politique, il fit preuve d'une rare inconstance. Après avoir été tribun en G6 av. J.-C, et préteur en l'an 58, il fit une opposition violante à César, puis se réconcilia avec lui, pour rompre encore. Il mourut en Grèce où il s'était exilé. — Cicéron {Brutus, 70, 247) nous apprend que Memmius était éloquent et imbu des lettres grecques, mais qu'il affichait un profond mépris pour la littérature de son pays. Devenu possesseur, en Grèce, du terrain où l'on voyait en- core les ruines de la maison d'Épicure, il fut sur le point de les faire Lucrèce. CL II • INTRODUCTION. Sur le caractère du poêle, sur sa personne et sa ma- nière de vivre, les auteurs anciens ne nous apprennent rien. Ils l'imitent et le copient, comme nous verrons, mais ne parlent guère de lui. Il faut croire qu'après la chute de la République, lorsque la politique des empereurs eut remis le paganisme à la mode, Lucrèce, adversaire de la religion, devint un ami dangereux, dont il était prudent de ne pas trop s'entretenir. Contentons-nous donc de con- naître le poète par son œuvre : elle paraît assez sincère pour qu'on puisse l'interroger en toute sécurité. Ce qui frappe le plus dans l'œuvre de Lucrèce, c'est une mélancolie profonde. Le Poème de la Nature est triste et décourageant. A quoi bon vivre? la vie est monotone; c'est un mouvement sur place, un désir toujours inassouvi. Les plaisirs sont trompeurs, nulle joie n'est sans mélange, et de la source même des voluptés s'élève une espèce d'amertume qui nous saisit à la gorge au milieu des parfunis et des fleurs. Aussi voyez comme uploads/Litterature/ bergson-sobre-lucrecio-extractos-curso-1883-fr.pdf

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