Bertolt Brecht Pour les articles homonymes, voir Brecht. Bertolt Brecht Bertolt
Bertolt Brecht Pour les articles homonymes, voir Brecht. Bertolt Brecht Bertolt Brecht en 1948. Bertolt Brecht et Hanns Eisler en 1950. Le Brecht-Denkmal de Fritz Cremer devant le Berliner En- semble. Bertolt Brecht, né le 10 février 1898 à Augsbourg, en Bavière et mort le 14 août 1956 à Berlin-Est, est un dramaturge, metteur en scène, critique théâtral, écrivain auteur de romans[1] et récits en prose[2] et poète allemand du XXe siècle (naturalisé autrichien en 1950). 1 Biographie 1.1 Jeunesse Bertolt Brecht, Eugen Berthold Friedrich Brecht de son nom complet, est d'origine bourgeoise, fils d'un père ca- tholique, dirigeant d'une fabrique de papier, et d'une mère protestante[n 1]. Il commence à écrire très tôt (son pre- mier texte est publié en 1914) et entame des études de philosophie, puis de médecine à Munich. En 1918, à vingt ans, il est mobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale comme infirmier. L'horreur de la guerre aura comme pour les surréalistes français, une importante in- fluence sur lui. La même année, il écrit sa première pièce, Baal, dans un style lyrique qu'il délaissera par la suite. Il chante des écrits pacifistes à Augsbourg, puis à Munich et rompt les liens qui l'attachaient encore à sa famille. Suivent les pièces Tambours dans la nuit en 1919 qui lui vaut le prix Kleist en 1922 et Dans la jungle des villes. On découvre dans ses premières œuvres, telle que Baal, des traits de caractère anarchiste. Il est alors très influen- cé par Erwin Piscator ou Max Reinhardt. Il est engagé comme conseiller littéraire en 1923 à Munich, puis, à Berlin en 1924, il rejoint le Deutsches Theater de Max Reinhardt, avec l'actrice Hélène Weigel, qui monte ses pièces. La même année, Elisabeth Hauptmann devient sa maîtresse et sa collaboratrice. Viennent ensuite Homme pour homme (1927) et Grandeur et décadence de la ville de Mahagony. Ces pièces provoquent une polémique, jus- qu'en 1928 où il crée L'Opéra de quat’sous (musique de Kurt Weill), un des plus grands succès théâtraux de la république de Weimar qui, grâce à un malentendu[3], lui assure le succès. 1.2 La montée du nazisme À partir de 1930, les nationaux socialistes commencent à interrompre avec véhémence les représentations des pièces de Brecht. Il épouse alors Hélène Weigel, et de- vient marxiste. L'arrivée au pouvoir des nazis les force à quitter l'Allemagne en février 1933, après que leur domi- cile fut perquisitionné[4]. L'œuvre de Brecht est interdite et brûlée lors de l'autodafé du 10 mai de cette même an- née. Il parcourt l'Europe, et en juin 1933 il s’installe au Danemark (à Svendborg à partir d'août 1933). Il écrit et 1 2 1 BIOGRAPHIE rencontre des amis, dont Hanns Eisler, Karl Korsch, et Walter Benjamin. 1.3 L'exil En 1935, le régime nazi le déchoit de sa nationalité allemande[5]. Il participe la même année au Congrès in- ternational des écrivains pour la défense de la culture, à Paris, et dirige conjointement avec Lion Feuchtwanger et Willi Bredel, la rédaction d'une revue intitulée Das Wort dont le premier numéro paraît en 1936. Le but avoué de cette revue est d'unir l'intelligentsia antifasciste d'Allemagne autour d'un idéal prôné par l'Internationale communiste. Forcé à la fuite en 1939, il s’installe en Suède, puis en Finlande, puis, après une traversée en ba- teau au départ de Vladivostok, il s’installe en Californie en 1941. Durant cette période, il écrit une grande partie de son œuvre dont La Vie de Galilée, Mère Courage et ses en- fants, La Bonne Âme du Se-Tchouan, La Résistible Ascen- sion d'Arturo Ui (attaque contre Hitler), Le Cercle de craie caucasien et Petit Organon pour le théâtre, dans laquelle il exprime sa théorie du théâtre épique et de la distanciation. Parallèlement, il travaille à Hollywood, ce qui le conduit notamment à l'écriture du scénario du film antinazi Les bourreaux meurent aussi (Hangmen Also Die), qui sera réalisé par Fritz Lang en 1943. 1.4 Bertolt Brecht en RDA Chassé des États-Unis en 1947 en raison du maccarthysme, il se rend alors en Suisse. Les Alliés lui refusant le visa qui lui aurait permis de s’installer en RFA, c'est grâce aux Tchèques qu'il peut rejoindre la RDA. En 1949, il s’installe définitivement à Berlin-Est et fonde avec sa femme le Berliner Ensemble où il exprime ses prises de position socialistes. Il reprend et précise le théâtre épique fondé par Piscator qu'il oriente autour de l'effet de distanciation (Verfremdungseffekt) et qui s’oppose à la tradition d'un théâtre dramatique d'identification. Son théâtre n'étant pas assez conforme aux dogmes du réalisme socialiste, les autorités de la RDA se méfiaient beaucoup de lui. Les communistes lui reprochaient d'être trop « formaliste », trop « cosmopolite » et trop « pacifiste ». Ses pièces péchaient par l'absence de héros ouvriers positifs. De plus, il ne fut jamais membre du Parti socialiste unifié d'Allemagne, le parti unique[6]. En 1950 il obtient la nationalité autrichienne (il était apatride depuis 1935). 1.4.1 Réaction de Brecht aux événements du 17 juin 1953 Quand le 17 juin 1953 les ouvriers en RDA en vinrent à protester en masse à Berlin (contre la médiocrité de leur niveau de vie, la majoration massive des objectifs de travail et le mauvais fonctionnement des infrastruc- tures, et plus globalement contre le régime), Brecht s’em- pressa le même jour de faire parvenir à Walter Ulbricht une lettre où il exprimait sa « solidarité avec le Parti socialiste unifié d'Allemagne » ; il ajouta tout de même qu'il attendait « qu'on discutât avec les masses sur la vi- tesse avec laquelle il fallait construire le socialisme ». Le même jour il adressa d'autres messages brefs de solidari- té à Vladimir Semionovitsch Semionov (« l'amitié indes- tructible avec l'Union Soviétique ») et à Otto Grotewohl ainsi qu'à Gustav Just, proposant également d'apporter sa contribution au programme radiophonique actuel. En même temps, dans un texte dactylographié non publié, Brecht analysait ainsi la situation : « Les manifestations du 17 juin ont montré le mécontentement d'une partie considérable des ouvriers de Berlin à la suite d'une série de mesures économiques manquées. Des éléments fascistes organisés ont essayé d'abuser de ce mécontentement pour arriver à leurs fins meurtrières. Pendant plusieurs heures Berlin s’est trouvé au bord d'une troisième guerre mondiale. Seule l'intervention rapide et décisive des troupes soviétiques a permis de déjouer cette tentative Il allait de soi que cette intervention des troupes soviétiques n'était nullement dirigée contre les manifestations ouvrières. Elle visait exclusivement ceux qui essayaient d'allumer dans le monde un nouvel incendie. Il appartient maintenant, à chacun de son côté, d'aider le gouvernement à éliminer les er- reurs qui sont à l'origine du mécontentement et qui mettent gravement en péril nos importants acquis sociaux, qui sont indubitables. » Brecht voyait la cause des grèves dans la tentative du gou- vernement « d'accroître la production en augmentant les normes de rendement sans contrepartie appropriée ». On a instrumentalisé les artistes pour en faire des propagan- distes de ce projet : « On a accordé aux artistes un niveau de vie élevé et aux ouvriers on l'a seulement promis ». Brecht voyait comme solution alternative un changement réel de la sphère de production. Brecht concluait sa lettre à Ulbricht par un message de solidarité envers le parti, dans lequel certains biographes voient une simple formule de politesse. Cependant, c'est seulement ce message de solidarité que le gouvernement publia dans le Neues Deutschland du 21 juin 1953, contre son gré, ce qui discrédita Brecht. Il essaya de rectifier l'impression qu'avait donnée la partie publiée de sa lettre. Dans un texte titré « Urgence d'un grand débat », il prit position à côté d'autres auteurs dans le Neues Deutschland du 23 juin 1953. Après avoir proclamé son orthodoxie dans une introduction où il dénonçait l'abus des manifes- tations « à des fins bellicistes », il réclamait une nouvelle 3 fois une « grande discussion » avec les ouvriers, « qui ont fait savoir un mécontentement légitime ». En octobre 1953, Brecht communiqua aux journalistes de RFA la lettre complète envoyée à Walter Ulbricht, et y fit publier « Urgence d'un grand débat »[7]. Par ailleurs, il écrivit un poème, La Solution, qui disait : « J'apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre[8] ? » Devenu une figure quasi-officielle du régime de la RDA, il obtient le prix Staline international pour la paix en 1955 et meurt à Berlin, un an plus tard d'un infarctus. « À l'époque, c'était pour Brecht l'écroulement de tout un monde. Le coup l'avait bouleversé. Des témoins oculaires nous rapportent qu'à ce moment, à l'époque ils l'auraient vu vraiment désemparé ; longtemps, il porta sur lui une copie de la lettre fatale et il la montrait à des amis et à des connaissances pour essayer de se justifier. Mais il était trop uploads/Litterature/ bertolt-brecht.pdf
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- Publié le Fev 26, 2022
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