17e : Boileau : 1 INTRODUCTION AU 17E : LES RÈGLES DU JEU BOILEAU ET ARISTOTE E

17e : Boileau : 1 INTRODUCTION AU 17E : LES RÈGLES DU JEU BOILEAU ET ARISTOTE EN ABRÉGÉ I. Boileau, L’Art poétique (1674) Dans Satires, Épîtres, Art poétique, éd. Jean-Pierre Collinet (Paris : Gallimard, 1985) : 227-58. NB relations avec Racine ; « |’affaire des sonnets » / l’affaire de Phèdre (1677) ; et tous les deux nommés historiographes du Roi quelques mois après. Épîtres VII, À M. Racine : Que tu sais bien, Racine, à l’aide d’un acteur, Émouvoir, étonner, ravir un spectateur ! (1-2) Structure de l’Art poétique : 4 « chants » Chant I Besoin de génie – bon sens Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime, Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime (27-28) Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix. (37-38) Prenez mieux votre ton, Soyez simple avec art, Sublime sans orgeuil, agréable sans fard. (100-01) Il est de certains esprits dont les sombres pensées Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ; Le jour de la raison de le saurait percer. Avant donc que d’écrire apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l’on conçoit bien s’énone clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. (147-54) + attention aux flatteurs : Et, pour finir enfin par un trait de satire, Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. (231-32) 17e : Boileau : 2 Chant II Début à la Virgile ; histoire brève et satirique de la poésie française … Telle qu’une bergère, au plus beau jour de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête, Et, sans mêler à l’or l’´clat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements ; Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle. Son tour simple et naïf n’a rien de fastueux, Et n’aime point l’orgueil d’un vers présomptueux. Il faut que sa douceur flatte, chatouille, éveille, Et jamais de grands mots n’épouvante l’oreille. Mais souvent dans ce style un rimeur aux abois Jette là, de dépit, la flûte et le hautbois ; Et, follement pompeux, dans sa verve indiscrète, Au milieu d’une églogue entonne la trompette. De peur de l’écouter, Pan fuit dans les roseaux, Et les nymphes, d’effroi, se cachent sous les eaux. Au contraire cet autre, abject en son langage, Fait parler les bergers comme on parle au village. Ses vers plats et grossiers, dépouillés d’agrément, Toujours baisent la terre, et rampent tristement : On dirait que Ronsard, sur « ses pipeaux rustiques », Vient encor fredonner ses idylles gothiques, Et changer, sans respect de l’oreille et du son, Lycidas en Pierrot, et Philis en Toinon. Entre ces deux excès le route est difficile. Suivez, pour la trouver, Théocrite et Virgile : Que leurs tendres écrits, par la Grâce dictés, Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés. Seuls, dans leurs doctes vers, ils pourront vous apprendre Par quel art sans bassesse un auteur peut descendre ; (1-30) … etc. sur l’églogue … L’élégie : « d’un ton plus haut, mais pourtant sans audace / la plaintive élégie, en longs habits de deuil… » (38-39) Mais, pour bien exprimer ces caprices heureux, C’est peu d’être poète, il faut être amoureux. Je hais ces vains auteurs, dont la muse forcée M’entretient de ses feux, toujours froide et glacée ; Qui s’affligent par art, et, fous de sens rassis, S’érigent, pour rimer, en amoureux transis. (43-48) 17e : Boileau : 3 « L’ode, avec plus d’éclat, et non moins d’énergie » (58), … Continuation de l’histoire critique/satirique de la poésie française (73-102) ; commentaire de son état contemporain. « L’épigramme, plus libre en son tour plus borné …» (103-38) Tout poème est brillant de sa propre beauté (139) … qui introduit les autres formes poétiques : le rondeau « gaulois » , la ballade, le madrigal – pour en revenir, de par la satire, à la poésie et au public français : Mais le lecteur français veut être respecté : Du moindre sens impur la liberté l’outrage, Si la pudeur des mots n’en adoucit l’image. Je veux dans la satire un esprit de candeur, Et fuis un effronté qui prêche la pudeur. D’un trait de ce poème en bons mots si fertile, Le Français, némalin, forma le vaudeville, Agréavle indiscret, qui, conduit par le chant, Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant. La liberté française en ses vers se déploie. Cet enfant du plaisir veut naître dans la joie. Toutefois n’allez pas, goguenard dangereux, Faire Dieu le sujet d’un badinage affreux. À la fin tous ces jeux que l’athéisme élève Conduisent tristement le plainsant à la Grève. Il faut, même en chansons, du bon sens et de l’art. (176-91) Prendre garde, et rechercher la modération ; connaître ses propres limites – « gardez qu’un sot orgueil ne vous vienne enfumer » (196), «… prend droit de se croire poète » (198), « vagues furies » (201), « sottes rêveries » (202) Chant III Il n’est point de serpent ni de monstre odieux, Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux : D’un pinceau délicat l’artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. Ainsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs D’Œdipe tout sanglant fit parler les douleurs, D’Oreste parricide exprima les alarmes, Et, pour nous divertir, nous arracha des larmes. Vous donc, qui d’un beau feu pour le théâtre épris, Venez en vers pompeux y disputer le prix, 17e : Boileau : 4 Voulez-vous sur la scène étaler les ouvrages Où tout Paris en foule apporte ses suffrages, Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés, Soient au bout de vingt ans encor redemandés ? (1-14) En vain vous étalez une scène savante : Vos froids raisonnements ne feront qu’attiédir Un spectateur toujours paresseux d’applaudir, Et qui, des vains efforts de votre rhétorique, Justement fatigué, s’endort ou vous critique. Le secret est d’abord de plaire et de toucher : Inventez des ressorts qui puissent m’attacher. (20-26) L’action + le sujet n’est jamais assez tôt expliqué (37) Le lieu de la scène : le fixer Mais nous, que la raison à ses règles engage, Nous voulons qu’avec art l’action se ménage : Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. (43-46) Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable : Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Une merveille absurde est pour moi sans appas : L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. (47-50) L’histoire brève de la tragédie … le roman [on y reviendra plus tard dans ce cours, avec La Princesse de Clèves] … le théâtre : champ périlleux … la poésie épique : pire encore … la fable (cf La Fontaine) Retour aux généralités : Voulez-vous longtemps plaire, et jamais ne lasser ? Faites choix d’un héros propre à m’intéresser, En valeur éclatant, en vertus magnifique : Qu’en lui, jusqu’aux défauts, tout se montre héroïque ; Que ses faits surprenants soient dignes d’être ouïs ; (245-49) On s’ennuie aux exploits d’un conquérant vulgaire. N’offrez point un sujet d’incidents trop chargé. (252-53) Souvent trop d’abondance appauvrit la matière. Soyez vif et pressé dans vos narrations ; Soyez riche et pompeux dans vos descriptions. C’est là qu’il faut des vers étaler l’élégance. 17e : Boileau : 5 N’y présentez jamais de basse circonstance. (256-60) [on reverra ceci avec Molière et la comédie…] Sur de trop vains objets c’est arrêter la vue. Donnez à votre ouvrage une juste étendue. Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté. (267-69) … d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux (277) De figures sans nombre égayez votre ouvrage ; Que tout y fasse aux yeux une riante image : On ne peut être à la fois et pompeux et plaisant ; Et je hais un sublime ennuyeux et pesant. J’aime mieux Arioste et ses fables comiques, Que ces auteurs toujours froids et mélancoliques, Que dans leur sombre humeur se croiraient faire affront Si les Grâces jamais leur déridaient le front. (287-96) Homère… puis un retour au généralités utiles : Aimez donc vos écrits, mais d’un amour sincère ; C’est avoir profité que de savoir s’y plaire. Un poème excellent, où tout marche et se suit, N’est pas de ces travaux qu’un caprice produit : Il veut du temps, des soins ; et ce pénible ouvrage Jamais d’un écolier ne fut l’apprentissage. Mais souvent parmi nous un poète sans art, Qu’un beau feu quelquefois échauffa par hasard, Enflant d’un vain orgueil son esprit chimérique, Fièrement prend en main la trompette héroïque : Sa muse déréglée, en ses vers vagabonds, Ne s’élève jamais que par sauts et par bonds : Et son feu, dépourvu de sens et de lecture, S’éteint à chaque pas faute de nourriture. Mais en vain le public, prompt à le mépriser, De son mérite faux le veut désabuser ; (307-22) uploads/Litterature/ boileau-et-aristote.pdf

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