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□ P -t ♦ Page: 330 sur 665 — + Pleine largeur î TROISIEME PARTIE *JV7’ LA PHYSIONOMIE ACTUELLE DE 1’ISLAM AU SENEGAL CHAPITRE X- * V • •»* REVEIL CULTUREL ET IMPACT DU SOUFISME 10)Une Elite intellectuelle. L'une des conséquences directes de ce climat culturel aura été la formation d'une pléiade de savants lesquels ont contribué à leur tour à la diffusion de la Loi coranique et la culture arabo-mustilmane au Sénégal. Cette élite intellectuelle musulmane illustre de manière éloquente l'arabisation assez poussée au cours du siècle dernier. Grâce à l’émulation qui régnait parmi ces savants, nombre d’oeuvres littéraires, dues à des Sénégalais, virent le jour à la fin du XIXe siècle. Ces oeuvres, d’une facture élevée, constituent le meilleur témoignage de l’état des connaissances de cette langue, mis à part quelques deux ou trois vers composés à l'occasion d'une joute poétique (1) par iGfeêxgn arQ£ê - jsasêI’ M Amadou Bamba où au premier hémistiche en arabe, venait s’ajouter un autre en wolof. que l'enseignement- Aussitôt qu'il avait terminé ses études , l'étudient, regagnait son propre terroir pour diriger une école, soit pour son pro pre compte, soit pour celui de son professeur. Toutefois le programme d' ne école, loin d’être complet, ne comprenait qu'urç» discipline principale et quelques matières secondaires. En d’autres termes, chaque maître était spécialiste d’une discipline donnée. Aussi après avoir terminé le programme du second cycle, l’étudiant pour se spécialiser, se rendait- il auprès d'un grand maître et I - En guise de réponses à un poème du même genre que son anoen maître, Madiakhaté Kala, lui avait envoyé pour flétrir l'attitude que le se- rispe avait prise vis-à-vis de lui. Il lui reprochait ses distances. Dans sa réponse, celui-ci, sur un ton pitoyable, fait état de la fragilité de sa santé qui est la principal? cause de son isolement. ./• .310. En effet, à cette époque, le lettré n'avait d’autres fonctions entamait, pour ainsi dire, les études du troisième cycle qui consistaient à approfondir ses connaissances dans la discipline choisie. Ainsi on trouvait d'éminents jurisconsultes connaissant à peine les rudiments de la grammaire arabe. En pareil cas, afin de pallier a l'inconvénient qui résultait de l’ignorance totale de telle discipline, par exemple, certains maîtres s'estimaient devoir envoyer ailleurs leurs étudiants (1) qui s'avéraient capables d'en assimiler quelques notions. D’autres, pour diverses raisons, se refusaient à accorder une telle per- (1) - Ceux-ci étaient attachés à leurs maîtres depuis l'école coranique et lui devaient une obéissance absolue. Seul l’étudiant itinérant avait la liberté de choisir ses maîtres. Mais il lui fallait subvenir aux frais de ses études, ce que seuls les enfants des familles aiséespouvaient faire .311. mission (1J. Il s’agissait d’un simple cours et initiation. Car nombreux étaient les jurisconsultes notoirement connus qui ne savaient même pas eispigner 1’Ajurrûmiya (2), le premier livre de grammaire arabe. Cet état d’esprit a eu des répercussions sur le plan de la /production littéraire ?. rares sont les jurisconsultes qui ont laissé des écrits. Or jusqu’à une époque, le fiqh fut la discipline favorite des Sénégalais. Par contre, la plupart de ceux qui ont excellé en grammaire ont légué d'importants traités dans leur spécialité ou tout au moins étalé leur talent en poésie en chantant la biographie du Prophète ou sur les autres thèmes (3). Cependant â côté de ceux-ci d'autres maîtres, presque tous polyvalents, marquèrent leur époque de leur sceau ; ils constituèrent vers la fin du siècle dernier une intelligentsia qui rappelle celle de Tombouctou du XVIIe siècle (b). Ne pouvant nous livrer à une longue énumé- chantre et "biographe du Prophète, jurisconsulte, métricien, lexicologue et critique social ./ils /ont tous les deux auteurs d'innombrables manuels. / Signalons cependant que quelle què fût la variété des disciplines qu'ils étudiaient, celles-ci ne revêtaient à leurs yeux une signification que dans la mesure où elles permettaient d'accéder à l’intelligence de la Loi du Coran. Les oeuvres qu'ils laissèrent ainsi que les disciplines dites profanes auxquelles ils n'accordaient que peu d'intérêt, en sont les meilleurs témoignages. (1) - Voir Claudine GERRESCH, le livre de Métrique "Mubayyin al-Iskâl:’ du Cadi Madiakhaté Kala, Introduction historique, texte arabe, traduction et glossaire. Bull. B. n° 1, 197^, DAKAR-IRAN. Cf. Supra, p.79 ./• 2°)Deux tendances A noter que si cette variété n'a pas donné lieu à une opposi'—-x tion, elle a toutefois engendré un clivage bien net. Suivant la tendance prédominante de chacun de ces lettrés, on peut les classer en deux catégories, représentées par les deux personnalités qui ont le plus influencé la destinée du musulman sénégalais et qui, à ce titre, méritent de faire l'objet d'une étude approfondie : El Hadji Malick SY et Amadou Barnba. H ne consistera pas à établir un simple parallèle. Nous se rions incomplet, si cette analyse ne débouchait pas sur les similitudes entres les deux maîtres, El Hadji Malick SY et Amadou Bamba MBACKE, et ensuite sur une vue générale de l’Islam au Sénégal. En effet, au-delà des divergences apparentes qui ne tiennent qu'aux méthodes pédagogiques, l’oeuvre écrite d'El Hadji Malick SY et celle d'Amadou Buniba prouvent incontestablement que ces deux éminentes personnalités poursuivaient au fond le même but. Pas plus que l'approche nystique .313. du fondateur du Mouridisme, 11 afFoche scientifique d'El Hadji Me.lick SY ne constitue, selon ce maître, une fin en soi. Sous cet angle, les eXhortations à ltétude des sciences islamiques qu1 il a prônées, tout comme le soui'isme considéré comme la voie royale .314. par Amadou Bamba, lequel dénonça avec viguenr toute tentative de substitution des litanies de la confrérie aux obligations canoniques imposées par le Coran avaient le même objectif. Pour le premier, il semble que les devoirs religieux, loin de se limiter au cadre de la simple observance du culte, enalobent tous les aspects de 11existence du fidèle et que ^chacun sera jugé d I après son oeuvre11 • Le second tout en paraissant plus pointilleux sous certains aspects, nue.nce ce jugement qui procède de la rigueur coranique : ”Tout le monde ne saurait avoir la même responsabilité;’. Se rangeant du côté des jurisconsultes, El Badji Malick, en cond^amnant le taqlîd, c1est-à-dire lI imitation aveugle en matière de religion que 11 exilé du Gabon admet volontiers, estime ‘‘qu I imiter en toute chose c I est commettre un péché’’ ( 1) • Aucun musulman ne peut donc , selon lui, se dispenser de l'obligation d1upprendre à connaître ses propres devoirs religieux. Après avoir retracé leur vie et analys€ leurs oeuvres, il conviendra de mettre l'accent sur les différences et les similitudes de leurs enseignements. ( 1) - Cf. idra. 11 analvse de son oeuvre de critioues socio-religieuse, p ,J.(.1 CHAPITRE XI .315. EL HADJI MALICK SY (1053-1922) ou LA TENDANCE INTELLECTUELLE DE L'ISLAM AU SENEGAL , Il ne serait pas vain, pour étudier la personnalité d’El Hadji Malick SY, de ‘brosser le tableau de sa jeunesse afin de mieux ressortir les différents facteurs qui ont joué un rôle déterminant dans sa vie. Un pareil mode d’approche qui permettra d’éclairer la partie la plus inconnue de la vie d’El Hadji Malick SY, aura une utilité certaine. D’abord, il permettra de voir l’homme évoluer dans un milieu social qui détermina en bonne partie l’orientation de presque toute sa carrière pour déboucher ensuite sur la compréhension de sa pensée. Cette dimension sociologique est comme une arme à double tranchent. Elle démystifie tout autant qu’elle humanise. C’est cette tendance finaliste qui nous guidera dans le choix arbitraire des temps forts. A/-JEUNESSE ET ETUDES Malick SY est né à Gâya, village situé sur la rive gauche du , fleuve Sénégal, au nord de Dagana, vers 1853. Son père, Ousmane SY qui aurait été assassiné par des bergers peuls dans le Jolof, quelques mois avant la naissance de cet enfant, était un Toucouleur appartenant au clan des Sissibé souyoumma du Fouta-Toro. 1 Ses ascendants auraient quitté leur village d ’origine, s.itué .316. l’étudiant que fut Ousmane SY partit à la recherche d’un manuel de grammaire arabe presque introuvable. Ses périgrinations le conduisirent à -, Gâya qui avait, nous dit-on, la réputation d’être un des foyers de culture arabo-musulmane, ce qui pour nous est sujet à caution. Car l’appellation foyer de culture nous semble trop forte d'autant que nos informateurs s’accordent à dire que seul s’y trouvait comme lettré digne de ce nom Thierno Malice SOW auprès de qui l’étudiant itinérant étudia le manuel en question. Ce fut dans ces conditions \ju’ on donna à Ousmane SY la main d’une veuve wolof du Walo normée Fâ-wade WELE. Mais Ousmane SY ne devait pas tarder à retourner dans son village au Jol'of laissant sa ferons enceinte de quelques mois. S’estimant largement redevable à son maître, il demanda à son épouse avant son départ, de donner son nom à l'enfant qui allait naître si c’était un garçon et de lui apprendre le Coran quand il aurait l’âge de commencer à l’apprendre. Ainsi l’unique enfant issu de ce second mariage de Fâ-wade, devait porter le nom de celui qui fut le dernier maître de son père : Thiemo Malick uploads/Litterature/ camas-4-pdf.pdf

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