Texte à résumer, donnez un titre à votre résumé [...] L´analphabétisme tend à d
Texte à résumer, donnez un titre à votre résumé [...] L´analphabétisme tend à disparaître. En 1946, les statistiques donnaient pour l ´époque, un taux de 3,6%. Plus d´un million de personnes, étaient, alors, incapables de signer de leur nom et de déchiffrer un mot. Depuis cette date, aucune enquête officielle n´a été entreprise. On peut, toutefois, mesurer ce déclin grâce aux services de l´armée. En 1973, par exemple, ils ont constaté que sur 400 000 appelés la proportion des analphabètes se réduisaient à 0,6%. Mais voici qu´au moment où cette population d´analphabètes s´amenuise, une autre grandit, pareillement mutilée : celle des “illettrés fonctionnels”, qui savent lire et écrire mais ne maîtrisent pas suffisamment bien l´écriture ou la lecture pour circuler à l´aise dans le monde contemporain. Une multitude de millions. Le phénomène n´est pas particulier à la France. Il s´observe dans l´ensemble de l ´Europe industrialisée et jusqu´aux États-Unis. [...] Ils savaient, pourtant. Du moins peut-on le supposer. Pourquoi alors ont-ils désappris ? Comment expliquer cette désalphabétisation ? Qui en est responsable ? D´instinct on incriminera l´enseignement. Mais la réflexion amène à s´interroger aussi sur les effets d´une civilisation urbaine fondée sur l´image et la parole. C´est vrai, l´enseignement a sa part de responsabilité. Longtemps, l´enfant a été à un puits dans lequel il suffisait d´empiler des connaissances. Tête bien faite, tête bien pleine. Certes, on prévoyait des érosions, mais elle n´affecterait que la surface, le fond, pensait-on, resterait intact. Erreur, il est apparu que la base n´était pas épargnée. Ce qui subsistait, c´était le savoir-faire. On en a conclu avec René Couanau, directeur des écoles au ministère de l ´Éducation nationale, que “l’aptitude devait l´emporter sur les connaissances”. Cette analyse a conduit à concevoir une pédagogie nouvelle, encourageant la démarche personnelle de l ´enfant: la “pédagogie de l´éveil”. Bon principe, mais l´application n´en a pas toujours été heureuse. Il s´est produit des excès dont l´écriture notamment a souffert. Certains maîtres, beaucoup même, en sont venus que l´essentiel étant de s´exprimer, peu importait la forme. D ´où l’abandon progressif de l´exercice de la langue écrite, dont quelques linguistes s´étaient d ´ailleurs employés à casser les règles. D´où ces élèves de sixième ou de cinquième incapables d´écrire correctement une seule phrase en français. Dommages irréparables par la suite, puisque la primauté serait accordée aux mathématiques. L´homme atteint sa saturité logique à 17 ans. Passé cet âge, sa capacité d´acquisition commence à décliner. En conséquence, un travail qui n´enrichit pas, le renoncement à la pratique de l´écriture et de la lecture accélèrent ce déclin, jusqu´à provoquer la perte de l ´acquis. Car l´acquis ne se maintient pas de lui-même. Ainsi, une secrétaire reconnaît avoir peiné pour composer une phrase après une interruption de plusieurs années. […] Aucun apprentissage n´est donc jamais terminé. Ni celui de l´écriture ni celui de la lecture. Mais, pour le poursuivre, il faut en avoir le goût. Et ce goût, comment l´avoir, si l´école ne l´a pas donné ? Et comment le développer, si la civilisation le contrarie ? Cette société présente des caractéristiques curieuses. Elle désalphabétise tout en facilitant la vie élémentaire de l´illettré fonctionnel. Prenons le téléphone. À cause de lui, on a cessé d´écrire. Le courrier se réduit, maintenant, à une carte postale, et la carte postale à un bref : “Bon souvenir de...”, pensum d´ailleurs abandonné à une seule personne : la femme. Mais grâce au téléphone, cependant, la communication demeure possible. Autre exemple : la télévision, à cause de laquelle on lit moins, mais grâce à laquelle il y a moins d´ignorants. Enfin, quand l´écriture et la lecture sont perdues, il se trouve des idéogrammes pour assurer la relève de la lettre : panneaux de signalisation divers, symboles dessinés sur les tableaux de commandes des appareils ménagers, de la voiture, etc. Oui, la civilisation de l´audiovisuel désalphabétise, parce qu´elle abîme l´attention et limite l´effort. Aucun outil ne mobilise les facultés intellectuelles aussi bien que l´écrit. Aucun autre n´offre autant d´informations. De la bouche d´un orateur, nous recevons deux mille mots à l´heure : c´est la vitesse ordinaire d´expression. Or un lecteur lit vingt-sept mille mots dans le même temps. Vingt minutes d´un journal télévisé, cela paraît très long. Cela ne représente pourtant que trois colonnes du quotidien Le Monde. Ni l´image, donc, ni la parole ne nous permettent de maintenir nos connaissances ; à plus forte raison si ces dernières sont fragiles. Dans ces conditions et l´enseignement aidant, il n´est pas étonnant que la langue écrite se soit dégradée. Cette détérioration s´observe à tous les échelons de la société. Chez l´ingénieur comme chez l´ouvrier. Chez l’apprenti comme chez les élèves de l’enseignement supérieur. […] Aujourd´hui, les cadres ont des difficultés à s´exprimer. C´est un effet de la dégradation générale de la langue écrite. [...] En définitive, tout ramène à la langue, cet outil indispensable. Même l´ordinateur, car la machine électronique exige la connaisssance non pas d´un seul langage, mais de deux. Et l ´on ne possèdera pas l´un si l´on ne maîtrise pas l´autre. C´est pourquoi des millions de Français, aujourd´hui illettrés fonctionnels plus ou moins capables de s´arranger dans la vie, risquent de devenir, demain, les analphabètes de la société de l´informatique. Des citoyens perdus. C. Bonjean (avec J. Lécrivain et A. Amar) uploads/Litterature/ texte-a-resumer.pdf
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- Publié le Mai 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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