Histoire des Arts, « arts du langage », 3 ème F Robert Desnos Le poème : « Ce c
Histoire des Arts, « arts du langage », 3 ème F Robert Desnos Le poème : « Ce cœur qui haïssait la guerre» Le poème : Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent, Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne, Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat. Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre : Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées,du jour et de la nuit. 1.Biographie du poète et contexte historique. Fils d’un banquier, Desnos grandit dans un quartier populaire de Paris. Il débute sa carrière de poète en se faisant publier dans la revue d’avant-garde « Trait d’union ». Il rejoint les surréalistes en 1922, empruntant la voie de l’écriture automatique. Il écrit notamment Rrose Sélavy. Mais dès 1927, il s'éloigne d'André Breton après que ce dernier a rejoint le Parti communiste. Il participe d’ailleurs au pamphlet "Un cadavre". Sans renier les innovations auxquelles il a participé, Desnos adopte une écriture plus classique et rédige parallèlement des scénarios pour le cinéma. Engagé contre le gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, il est déporté en 1944 et meurt au camp de concentration de Térézin, en Tchécoslovaquie, la veille de sa libération. De nombreux textes, à l’image de Chantefables et Chantefleurs seront publiés après sa mort. B. Eléments pour l’analyse du poème. 1. Le thème du cœur qui bat A. Sens propre et sens figuré de « cœur ». -Les sens propre et figuré du mot « cœur » sont entrelacés tout au long du poème. Cœur, sens propre= organe vital Cœur, sens figuré= siège abstrait des émotions, de l’âme humaine. L’élève doit relever certaines occurrences du mot en les expliquant. Par exemple, les citations« ce cœur qui bat », « rythme », « se gonfle » renvoient avant tout au sens propre, tandis que les expressions « ce cœur qui haïssait », « il bat pour le combat » renvoient au sens figuré. -Le verbe « battre » participe à cette double lecture par sa polysémie (battre un rythme, ou se battre contre). -La lecture de ce poème doit se faire à plusieurs niveaux. B. Le rythme binaire du cœur. -L’élève doit expliquer ce qu’est un poème en vers libres. -L’élève doit mettre en évidence le rythme binaire qui domine l’écriture. Quelques exemples : l’anaphore* vers 1 et 3 « ce cœur qui » répété en début de vers. Les parallélismes de constructions comme « à celui » vers 3 et 4. C. Le cœur et la raison Ce poème installe une sorte de hiérarchie : c’est le cœur qui commande à la raison. Nous le voyons dans les vers 2,3 et 4. La raison est ici désignée par le mot « cervelle ». Le poème insiste sur le fait que les sentiments doivent mener l’action. Il s’agit de susciter chez le lecteur des sentiments de révolte pour qu’il passe à l’action, à l’engagement. Le poète attend un « écho » chez le lecteur comme nous allons le voir dans la partie suivante. 2. Le passage du cœur au choeur -Le début du poème (vers 1 à 7) n’évoque qu’un seul cœur : celui du poète. A partir du vers 8, il y a une rectification avec l’expression « Mais non », qui introduit un élargissement : « c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France ». -Ce mouvement d’amplification est accompagné par des figures de style* : il y a des répétitions : « tous ces cœurs », « tout ce sang ». Ce « tout » insiste sur l’universalité. il y a des hyperboles* : « à travers la France », « des millions d’autres cœurs (…) des millions d’autres cervelles ». -L’unité entre ces cœurs est marquée par certains mots ou expressions : « le bruit d’autres cœurs battant comme le mien », et surtout la répétition du mot même qui souligne l’unisson : « au même rythme », « la même besogne », « un même mot d’ordre ». Le « je » s’élargit au « nous ». La révolte individuelle est renforcée , soutenue par la révolte de tous. Cette unisson fait la force de cette révolte. 3.Le paradoxe de la guerre pour la paix. -Si le début du texte reste vague, cette révolte est, vers le milieu, contextualisée. L’élève doit relever les mots qui situent le poème dans un contexte précis de révolte : « France « (8) « Révolte contre Hitler et mort à ses partisans » (12) Ce poème renvoie à l’Occupation de la France par les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Desnos s’était engagé dans la Résistance. -Ce poème évoque très largement la guerre et la violence. L’élève pourra relever les champ lexicaux*. -Paradoxalement , le titre et le premier vers affirment le côté pacifiste du poète : « ce cœur qui haïssait la guerre ». Les mots « besogne » (15) et « imposera » soulignent également que ce côté belliciste n’est pas premier chez le poète. « Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube leur imposera ». Dans ce vers, de façon cryptée, nous comprenons que les « Français qui se préparent dans l’ombre » sont les Résistants, et que « l’aube » est une métaphore* pour le jour de la libération. -Ce paradoxe du pacifiste devenu belliciste se résout dans la valeur qui le porte : c’est le mot « Liberté » (14) qui le pousse à s’engager dans ce combat. Dans tous les cas, c’est la liberté que le poète défend : en étant pacifiste en temps de paix, et en cherchant à la restaurer en temps de guerre. Eléments de conclusion Il s’agit bien d’un poème engagé : il défend une valeur (la Liberté) et il cherche à convaincre les autres. L’élève doit être capable de définir tous les mots suivis d’une astérisque. uploads/Litterature/ ce-coeur-qui-haissait-la-guerre.pdf
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- Publié le Mar 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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