1 S8) Axes d’étude du recueil dans son ensemble : entraînement à la dissertatio

1 S8) Axes d’étude du recueil dans son ensemble : entraînement à la dissertation. Choisir un axe, l'étudier et préparer une synthèse : - relever les poèmes les plus pertinents - relever des exemples et les analyser ; dégager des idées sur l'ensemble du recueil - ordonner vos idées en 2 ou 3 grands ensembles puis détailler 3 ou 4 arguments dans chaque grand ensemble (vous précisez l'idée) Axes possibles (mais vous pouvez en choisir d'autres) : 3 groupes de 3, 4 groupes de 4. 1) Une "autobiographie cachée". Certains poèmes d’Alcools ont une dimension autobiographique évidente. Le poème « À la Santé » (38) a clairement été inspiré par une expérience du poète, comme l’indiquent le titre et l’indication temporelle à la fin du poème (« Septembre 1911 ») : ce poème fait référence à l’emprisonnement d’Apollinaire dans la prison parisienne du même nom, en 1911. Des poèmes semblent également inspirés par ses histoires d’amours, notamment ceux dédiées à des femmes, comme le suggère leur titre ou leur dédicace : « Annie » (8) peut renvoyer à Annie Playden, de même que les poèmes rhénans inspirés par l’amour malheureux du poète pour cette jeune gouvernante anglaise («Rhénanes», 31), ou encore « L’émigrant de Landor Road » (28), inspiré par le second voyage d’Apollinaire à Londres et le départ d’Annie pour l’Amérique. On peut relever aussi les poèmes liés à Marie, comme le poème « Crépuscule », dédicacé « À Mademoiselle Marie Laurencin » (7), mais aussi « Marie » (14), qui peuvent renvoyer à la peintre, amante et muse du poète. L’ensemble du poème « La Chanson du Mal-Aimé » (3) est nourri de ces deux expériences. Plusieurs autres poèmes évoquent le mal d’amour, par exemple « Le Pont Mirabeau » (2) ou « Zone » (1) : «Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans» (v. 117). D’autres poèmes font référence à la vie réelle du poète par les dédicaces à des artistes de l’époque: « Palais », « À Max Jacob » (5), « Les fiançailles », « À Picasso » (35), ou encore, par son titre, le « Poème lu au mariage d’André Salmon » (16), avec son indication de date précise : « le 13 juillet 1909 ». Enfin, certains poèmes renvoient à des périodes précises de la vie d’Apollinaire, par exemple son séjour en Allemagne en 1901 (« Rhénanes », 31), quand les poèmes qui encadrent le recueil semblent avoir été inspirés par sa vie parisienne : « Zone » (1) et « Vendémiaire » (42), lorsqu’il évoque Paris ou Auteuil, la ville de banlieue parisienne où il habitait. 2) Les personnages, comme des doubles du poète : le voleur, le migrant, le voyageur, l'ermite, l'enchanteur (Merlin), le saltimbanque, le paysan. Dans certains poèmes, Apollinaire semble se dédoubler, notamment par l’énonciation. Dans le poème « Cortège » (11) par exemple, on trouve le pronom sujet de première personne « je », le pronom complément « me » et le sujet de la deuxième personne du singulier « tu » : « Un jour je m’attendais moi-même / Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes / Pour que je sache enfin celui-là que je suis » (v. 20-22). On retrouve ce procédé de dédoublement dans le poème « Les fiançailles » (35), dans lequel le poète s’adresse à son «ouïe» (v. 12-14): « Monstre de mon ouïe tu rugis et tu pleures / Le tonnerre te sert de chevelure / Et tes griffes répètent le chant des oiseaux ». Des figures d’alter ego apparaissent également dans le recueil : le voyageur dans le poème du même nom (« Le voyageur », 13), mais aussi dans « L’émigrant de Landor Road » (28), qui est à la fois l’étranger, l’émigrant et le voyageur solitaire, ou encore, indirectement, dans « Hôtels » (40). Dans « Lul de Faltenin » (24), le protagoniste est un navigateur, comme le montre le champ lexical de la mer et du lointain, un Ulysse (« Sirènes j’ai rampé vers vos / Grottes […]», v. 1-2) — figure qui apparaît aussi dans « La Chanson du Mal-Aimé » (3, v. 27). On retrouve aussi le navigateur dans certains poèmes de « Rhénanes » (31), avec le batelier (« Nuit rhénane »). Dans « Le larron » (22), le voyageur réapparaît, associée à l’étranger ou l’errant (« Qui donc es-tu toi qui nous vins […]? » v. 53). La forme dialogique de ce poème favorise d’ailleurs un questionnement sur l’identité, l’autre ou le double : le larron est un interlocuteur, parmi « l’acteur », « le vieillard » et « le chœur »; il est tantôt sujet, tantôt objet. 2 « L’ermite » (26) est un autre alter ego du poète, en ce qu’il incarne le solitaire et le pénitent, comme l’est aussi l’errant ou le noctambule, que l’on rencontre dans « Zone » (1), dans « La chanson du Mal-Aimé » (3) et dans «Vendémiaire» (42). Enfin, on peut évoquer le magicien, dans le poème « Merlin et la vieille femme » (20) ou encore, de manière plus indirecte, dans « La Loreley » (dans « Rhénanes », 31, v. 6). La figure qui incarne particulièrement le poète est celle du saltimbanque, véritable double ou alter ego d’Apollinaire, tant elle est présente dans Alcools, notamment dans «Crépuscule» (7), «Saltimbanques» (21), «La tzigane» (25) ou «Mai» (dans la suite «Rhénanes», 31). Le saltimbanque incarne l’artiste de la modernité, à mi-chemin entre le corps et l’esprit. Il peut être vu comme un clown, un pitre, dont la pantomime ou les tours sont destinés à divertir le public. Le saltimbanque incarne aussi l’errance, de même que le vagabond; il interpelle le passant. Il rend présent l’univers des arts « populaires », l’art de rue, le spectacle forain, le cirque, et fait de la poésie un espace d’inspiration et de création ouvert sur les autres arts. Conclusion : dans sa poésie, le poète Apollinaire exprime une quête de soi et tente une renaissance, à travers des figures de doubles. 3) Les figures féminines dans le recueil : femmes réelles et femmes imaginaires : femme-fée, femme-fleur, femme- sorcière... Le recueil Alcools est traversé de références à des femmes réelles de la vie d’Apollinaire, notamment Annie Playden et Marie Laurencin, que le poète a aimées. C’est le cas des poèmes suivants, comme le suggèrent les titres ou dédicaces: « Annie » (8), « Crépuscule » (7), dédicacé « À Mademoiselle Marie Laurencin », mais aussi « Marie » (14). Des figures féminines imaginaires ou symboliques, empruntées au merveilleux des contes ou plus largement à la littérature, peuplent également le recueil. Renouvelant un topos, Apollinaire associe la féminité à la fleur (« Colchiques », 4). On trouve également, de manière récurrente, les figures de la sirène (dans « Zone », v. 67, ou encore « Lul de Faltenin », 24, v. 1), de la fée (dans « Merlin et la vieille femme » : Morgane, v. 32, et Viviane, v. 57) ou de la sorcière (Carabosse dans « Les sept épées », dans « La Chanson du Mal-Aimé », 3, v. 10). Le poème « La Loreley » (31) réunit même ces différentes figures (« une sorcière blonde », v. 1; « Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries / De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie », v. 5-6). Le double féminin du saltimbanque apparaît également à plusieurs reprises, à travers l’arlequine, dans « Crépuscule » (7, v. 3), et la tzigane, dans le poème du même titre (25, v. 1). Enfin, on trouve des figures féminines à mi-chemin entre l’Histoire et la légende, telles que Rosemonde, maîtresse du roi d’Angleterre qui lui aurait fait édifier un vaste palais labyrinthique (« Rosemonde », 29, et « Palais », 5). Une dernière figure féminine de l’œuvre est celle de la prostituée, par exemple dans « Zone » : « Ferdine la fausse ou Léa l’attentive » (v. 147) ou dans « Marizibill » (12), qui peut évoquer la vie nocturne et l’errance du désir. 4) Alcools, un recueil qui est tout entier une "chanson du mal-aimé" ? Les poèmes qui évoquent l'amour (l'échec amoureux et la désillusion), la mélancolie, la complainte. Plusieurs poèmes d’Alcools évoquent l’amour, en particulier l’échec amoureux ou le mal d’amour. D’abord, les suites de poèmes que sont « La Chanson du Mal-Aimé » (3) et « Rhénanes » (31) sont inspirées par l’amour malheureux pour la jeune gouvernante Annie Playden. Plus précisément, l’épigraphe de « La Chanson du Mal-Aimé » évoque par la métaphore du phénix la renaissance de l’amour et peut ainsi faire discrètement référence à l’échec amoureux avec Annie Playden et à la rencontre, ensuite, avec Marie Laurencin en 1907. Le poète évoque l’amour non réciproque et le mal d’amour dans « Marie »: « Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine » (v. 9). Il suggère l’idée de séparation amoureuse dans «Le Pont Mirabeau» (2), avec la répétition de «L’amour s’en va» (v. 13-14), uploads/Litterature/ s8-axes-d-x27-etude-de-l-x27-ensemble-du-recueil.pdf

  • 15
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager