Plan de l'analyse linéaire I. La montée de la crise - Vers 1 à 12 1. Une atmosp
Plan de l'analyse linéaire I. La montée de la crise - Vers 1 à 12 1. Une atmosphère macabre 2. Une lente progression vers l'inexorable 3. Une défaite prévisible 4. L'image de l'enfermement II. Le paroxysme de la crise et la défaite de l'esprit en proie au spleen - Vers 13 à 20 1. Les hallucinations sonores - Vers 13 à 16 2. Dès lors la défaite de l'esprit est consommée - Vers 17 à 20 Analyse linéaire I. La montée de la crise - Vers 1 à 12 1. Une atmosphère macabre - Dès le vers 1, le climat est pesant, avec le champ lexical de l'écrasement ("bas", "lourd", "pèse", "couvercle"), un accent irrégulier tombe sur "pèse". - Les impressions que ressent la victime du spleen sont pesantes, douloureuses, de plus en plus malsaines et de plus en plus inquiétantes. - Le climat est douloureux (vers 1-16) => les sonorités dominantes sont douloureuses, nasales en "en", sifflantes en "s", l'assonance en "i" est très souvent à la rime, comme dans les vers 2 et 4. L'ensemble ramène à "l'esprit gémissant" (vers 2). - Le climat est de plus en plus malsain : "jour noir" (vers 4) oxymore inquiétante ; la nuit est pire, la terre devient un "cachot humide" (vers 5), l'eau se fait pourriture. 2. Une lente progression vers l'inexorable - Les quatre premiers quatrains développent une seule phrase qui progresse avec trois subordonnées (3 quand) et aboutit à un paroxysme dans la proposition principale. - L'anaphore, avec le mot "quand", répété au début des 3 premiers quatrains, rythme cette progression. - Par ailleurs, les coordinations "et qu" (vers 3 et 11), les enjambements continuels, tout cela donne l'impression d'un mouvement lent et enchaîné inexorablement. - Le climat est de plus en plus menaçant, le poète est hanté par des présences menaçantes, "peuple muet d'infâmes araignées" (vers 11) => son cerveau n'est plus qu'une toile d'araignée. 3. Une défaite prévisible - "L'Espérance" (vers 6) avec une majuscule est une allégorie (= notion abstraite personnifiée) dévalorise l'anéantissement. - L'Espérance est déjà condamnée, puisqu'elle "s'en va" (vers 7), avant que la crise n'ait atteint son paroxysme. 4. L'image de l'enfermement - Le ciel est un couvercle qui enferme l'esprit à la manière d'un cercle. - Champ lexical de l'enfermenet (vers 10 à 12) : "prison", "barreaux", "filets". - La pluie du vers 9 dessine une immense prison, vaste (vers 10) mais extérieure. - La prison finit par s'installer à l'intérieur de l'homme (vers 12 et 13 : "au fond de nos cerveaux"). De physique, la prison devient psychique ; filet dans le cerveau => délire intérieur. => Tous ces éléments de plus en plus inquiétants permettent une montée de la crise avant son paroxysme et la défaite finale de l'esprit. II. Le paroxysme de la crise et la défaite de l'esprit en proie au spleen - Vers 13 à 20 1. Les hallucinations sonores - Vers 13 à 16 - Au vers 13, "tout à coup" montre une rupture, la crise est là désormais . - Le paroxysme de la crise se manifeste par des hallucinations sonores, plus violentes, car elle vient après la menace sourde des mouches : sonorités violentes en "que" et en "te" (vers 13- 14). - Les cloches lancent un appel vers le ciel, un "hurlement" (vers 14). Cet appel au ciel est opiniâtre (= obstiné), c'est un gémissement d'esprit condamné à l'exil, les cloches implorent le ciel de demander pardon. - L'assonance en "an", très présente dans le poème comme au vers 17, 18 et 19, imitent un gémissement. 2. Dès lors la défaite de l'esprit est consommée - Vers 17 à 20 - Après les hallucinations sonores, il y a les hallucinations visuelles, "sans tambours ni musique" (vers 17). La défaite s'exprime à travers la vision d'un convoi funéraire interminable marqué par un rythme régulier et solennel. - L'enjambement des vers 17 et 18 étire la vision du défilé, de la défaite de l'esprit, l'angoisse a pris possession de l'esprit en plantant son drapeau noir. - L'espoir (vers 17) est en contre rejet, l'espoir est hors-jeu. - Le drapeau noir du vers 20 symbolise soit le drap noir du corbillard, soit le drapeau de pirate. Ce "drapeau noir" qui clôt le poème, montre que le poète a perdu tout espoir. Conclusion Spleen LXXVIII est un poème dramatique qui dépeint la montée de la crise (vers 1 à 12), puis son paroxysme (vers 13 à 16) et la défaite finale (vers 17 à 20), le tout de manière de plus en plus malsaine, démente. Ici le spleen s'exprime à trois niveaux : - le mauvais temps, - moral et psychologique, - métaphysique (strophe quatre). Introduction : Le texte que nous étudions a été écrit par Charles Baudelaire en 1857, poète inclassable, au carrefour de différents genres littéraires, comme le Romantisme, le Parnasse, le Réalisme ou encore le Symbolisme. Baudelaire faisait de plus partie de la génération des Poètes maudits, c'est-à-dire non compris par la société de leur époque... On retrouvera cette solitude dans beaucoup de poèmes de la section "Spleen et Idéal". "Spleen et Idéal", section d'où est tiré le poème intitulé lui-même "Spleen". Cette partie évoque l'Homme, déchiré entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute, le déchirement, traduit chez Baudelaire comme le Spleen. Le poème étudié est l'un des premiers de la section, avec trois autres poèmes du même nom. Il appartient donc à un ensemble de poèmes qui se complètent entre eux. Problématique : comment la structure du poème nous montre-t-elle les différentes étapes de la crise ? Nous verrons donc tout d'abord la montée de la crise, puis le déchaînement des sentiments et enfin, une descente vertigineuse. Poème étudié : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Baudelaire, Les Fleurs du Mal Commentaire : I) La montée de la crise A. L'ambiance angoissante On peut remarquer plusieurs champs lexicaux, comme par exemple celui de l'obscurité avec « noir » (v4), « nuits » (v4) , « chauve-souris » (v6), ainsi que celui de l'enfermement avec « couvercle » (v1), « cachot » (v5), « prison » (v10), « barreaux » (v10), mais aussi celui qui relève du bestiaire animal : « infâmes araignées » (v11), « chauves-souris » (v6), « geindre » (v16). = Ces champs lexicaux se complètent pour donner l'impression d'une ambiance angoissante. La métamorphose des éléments météorologiques, renforce cette ambiance angoissante, avec, le fait que le ciel est qualifié comme étant « bas et lourd » = sentiment d'écrasement. De plus la terre est associée à un « cachot », ce qui accentue le sentiment d'écrasement. Il y a aussi une impression de claustration horizontale avec me ciel, le terme de couvercle = écrasement. Claustration verticale avec la comparaison de la pluie en barreaux, mouvement verticale = écrasement, renfermement. L'ambiance angoissante est aussi renforcée par l'oxymore du vers 4, avec « jour noir », ou la seule image de lumière « jour » est anéantie par l'adjectif qualificatif « noir ». B. La gradation de la crise L'expression de la plainte avec « gémissant » (v2), « peuple muet » (v11), en un bruit à peine balbutié avec « timide » (v7) qui donne une impression de monotonie, accentuée par un rythme binaire : rythme lent et régulier ainsi qu'avec une coupe à la césure. Cette monotonie est également ressentie avec les sonorités : assonances en nasales = « battant », « cognant », « gémissant », « embrassant », « changer », qui créent un bruit assourdissant. La personnification des araignées au vers 11 « infâmes araignées », donne une impression d'invasion, de sentiments de plus en plus angoissants, avec l'association à « peuple muet » (v11), qui symbolise, la folie qui gagne Baudelaire. De plus l'utilisation du mot « ennui », fort chez Baudelaire, est synonyme de désespoir. La gradation de la crise est accentuée par l'anaphore en « quand » à chaque début de strophe, correspond à une proposition subordonnée circonstancielle de temps introduite par une conjonction de subordination « quand », ce qui produit un effet de retardement de la proposition principale, uploads/Litterature/ charles-baudelaire-spleen.pdf
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- Publié le Jul 12, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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