UNIVERSITÉ DE LILLE CHARLES-DE-GAULLE - LILLE III UFR ANGELLIER CONSTRUCTION ET
UNIVERSITÉ DE LILLE CHARLES-DE-GAULLE - LILLE III UFR ANGELLIER CONSTRUCTION ET TROUBLE DE L’IDENTITE DANS PETER PAN Mémoire présenté en vue de la validation de la deuxième année de Master Arts, Lettres, Langues et Communication, Mention Langues et Sociétés Spécialité Études Anglo-américaines Héloïse DANNA Septembre 2017 Sous la direction de M. Thomas DUTOIT 2 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ................................................................................................................................ 5 RACONTER ET FAIRE EXISTER .......................................................................................................... 8 Stratégies narratives, stratégies créatrices ................................................................................. 8 Maîtrise du récit et de l’histoire ................................................................................................. 8 Exceptionnel et ordinaire ......................................................................................................... 14 Nommer pour identifier ............................................................................................................. 17 Un nom pour chaque chose ? ................................................................................................... 18 Champs lexicaux et identité ..................................................................................................... 22 Mythes et réalités ........................................................................................................................ 27 Réalité et littéralité du merveilleux .......................................................................................... 28 Identités mythiques et réelles ................................................................................................... 33 L’IDENTITE EN REPRESENTATION ................................................................................................... 40 Théâtralité et représentation ..................................................................................................... 40 Théâtralité du récit ................................................................................................................... 40 Visibilité et représentation de soi ............................................................................................. 50 Faire croire, faire semblant ....................................................................................................... 51 Imitations et jeux de miroir ...................................................................................................... 52 Le simulacre (make-believe) .................................................................................................... 60 Jeu(x) de rôle(s) .......................................................................................................................... 67 Jouer un rôle, jouer son rôle ..................................................................................................... 67 Autorité des rôles attribués ....................................................................................................... 71 ECHAPPER A L’IDENTITE ................................................................................................................. 79 Naturel et construit .................................................................................................................... 79 Construction des figures parentales .......................................................................................... 79 Construction du langage, langage qui construit ....................................................................... 84 Opposés et identiques ................................................................................................................. 88 De l’humanité à l’animalité ...................................................................................................... 89 De l’humanité à la chosité ........................................................................................................ 93 Entre ambiguïtés et stéréotypes ................................................................................................ 97 Genre et rapports sociaux ......................................................................................................... 98 Représentation de la race et consciences de classe ................................................................ 106 CONCLUSION .................................................................................................................................117 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ........................................................................................................118 3 TABLE DES ILLUSTRATIONS This man is Mine, F. D. Bedford, 1911 ……………………………………………........ 54 Peter meets Solomon Caw, Arthur Rackham, 1906 ……………………………………. 61 4 5 INTRODUCTION Du conte oral à la scène, de la représentation au texte littéraire, l’histoire de Peter Pan a connu bien des formes entre les mains seules de James Matthew Barrie, son créateur, avant d’être fixé dans l’imaginaire collection par le dessin animé Disney ou les diverses productions et reproductions théâtrales ou cinématographiques. Le texte du roman Peter and Wendy, qui constitue notre objet d’étude, paraît tel que nous le lisons aujourd’hui en 1911, plus d’une décennie avant que le texte définitif de la pièce dont il s’inspire, Peter or The Boy Who Wouldn’t Grow Up se soit publié, en 1928. Les aventures de Peter débutent cependant bien avant la scène, bien avant Kensington Gardens (1906) même, avec la rencontre avec les frères Llewelyn-Davies, avec lesquels Barrie entretient une relation paternelle, amicale, conflictuelle parois, toute sa vie durant. Les éventuelles connections biographiques avec la bibliographie de Barrie sont souvent mises en avant dans les commentaires sur son œuvre et rejoignent la plupart du temps une analyse plutôt psychologique de Barrie, de ses textes et de ses personnages. Mais enfants ou adultes, les personnages de Peter Pan sont aussi des êtres socialement déterminés, notamment par une certaine conscience de classe et par des stéréotypes de genre forts - tout comme le lecteur. Avec le sujet « Construction et Trouble de l’identité dans Peter Pan », nous allons étudier les éléments que l’auteur introduit pour construire l’identité de ses personnages ainsi que la relation parfois sereine, parfois antagonique, que les personnages entretiennent avec leurs propres déterminants sociaux et avec leur propre personnalité comme avec ceux et celle des autres. La configuration spatiale décrite dans le roman - Londres, d’une part, et Neverland, d’autre part - est cruciale pour l’histoire et pour les personnages. C’est le changement d’espace qui permet aux enfants de vivre des aventures merveilleuses (c’est-à-dire que leurs aventures sont intéressantes, enthousiasmantes et belles, mais aussi qu’il est difficile de faire la différence entre ce qui est réel et ce qui est imaginaire dans leurs aventures), et le passage d’un espace à l’autre est déjà une aventure en soi. Nous sommes intéressés par la question des caractéristiques sociales et psychologiques attribuées aux personnages ; il semble donc pertinent de se poser la question suivante : en changeant d’espace social, les personnages changent-ils aussi d’identité sociale ? Plus précisément, échappent-ils à leur condition sociale originale ? On entend par là, la condition sociale qui correspond à leur 6 milieu d’origine, soit le Neverland merveilleux pour Peter et le Londres réaliste des enfants. Leur identité sociale se trouve-t-elle renforcée ou bien fragilisée par ce changement d’espace ? Dans Peter Pan, le lecteur est confronté en même temps que les personnages à deux espaces sociaux distingués l’un de l’autre par leur nom, leur appellation, par un gouffre spatial et temporel, mais aussi par des traditions et des pratiques culturelles. Or, on rattache l’identité d’un individu à des circonstances sociales, culturelles et économiques qui dépendent de l’espace - social, donc - dans lequel il évolue. Il semble donc pertinent, pour faire état de la façon dont les personnages voient leur identité être construite, de les étudier dans leur “milieu naturel”. Ce “milieu naturel” comprend plusieurs niveaux à analyser. Ce sont d’abord les espaces sociaux décrits plus hauts qui sont construits par la fiction, mais c’est aussi la fiction elle-même. Nous nous demanderons ainsi quels sont les mécanismes qui, dans le roman, régissent l’identité des personnages. Nous verrons d’abord comment les caractéristiques du roman font exister les personnages et quelles stratégies littéraires permettent de créer et de mettre en orme leur identité. Mais un personnage n’existe pas en soi, pour lui-même uniquement ; il existe à l’intérieur du système de représentations que constituent le texte et l’histoire que le texte raconte. Les liens entre identité et représentation composent donc notre second point d’étude. Enfin, les personnages, bien déterminés à la fois par l’auteur et par nos commentaires, nous verrons s’ils peuvent se soustraire à leur identité, et quels mécanismes narratifs peuvent les y pousser. L’enjeu ici est de montrer si le microcosme décrit dans Peter and Wendy se plie aux mêmes règles que celles de la société occidentale, dans la culture de laquelle il s’inscrit, et notamment en terme de représentation des personnages ou si, au contraire, le cadre du récit d’aventure et du roman merveilleux permet d’esquisser le rêve et la possibilité d’une alternative. 7 8 RACONTER ET FAIRE EXISTER En terme de recherche sur l’identité des personnages dans l’univers de Peter Pan, la psychologie et la psychanalyse nous ont déjà renseigné, notamment sur le sujet de Peter et la mort ou de l’ambiguïté oedipienne de la relation entre Peter et Wendy. Les personnages deviennent alors des archétypes, modèles ou exemples qui permettent d’illustrer un problème spécifique que l’on rencontre régulièrement dans la psyche de l’homme. Nous parlerons plus tard de l’approche sociologique qu’il est aussi possible d’avoir pour appréhender les personnages et leur vie à Londres et à Neverland. Mais il faut d’abord revenir sur la nature de l’oeuvre que nous étudions : c’est un texte littéraire, avec ses avantages mais aussi ses contraintes, et un texte de fiction. C’est ce cadre qui permet de faire exister les personnages que nous nous plaisons à côtoyer ou à critiquer, les espaces qui nous font rêver, et il semble donc impossible de passer à côté d’une étude du texte comme objet littéraire. D’une part, parce que les stratégies narratives employées par l’auteur sont porteuses de sens et créent une dynamique dans le récit qui illustre un mécanisme important au sein de l’histoire. D’autre part, parce que le langage même utilisé pour raconter l’histoire vient nuancer l’idée commune qu’un nom permet d’identifier une chose. Enfin, le texte est parsemé de références inter et auto textuelles qui laissent peu de doutes quant au statut de l’auteur au sein de l’oeuvre. Stratégies narratives, stratégies créatrices Maîtrise du récit et de l’histoire Le lecteur quelque peu attentif se rend rapidement compte - dès les premières pages du roman - de l’omniprésence du narrateur dans l’histoire. Dans Peter Pan, le narrateur a une grande emprise sur l’histoire, mais il est aussi construit comme une figure auctoriale qui aurait une forme d’autorité sur le récit. Le contrôle dont jouit le narrateur sur le récit et sur l’histoire fait écho à ce qu’on pourra qualifier de politique interventionniste des adultes dans l’histoire, et peut être illustré par de nombreux exemples dans le texte. Il est clair dès le chapitre I que le narrateur de notre histoire est un narrateur omniscient. Il sait ce qu’il se passe au moment et à l’endroit où l’histoire se déroule (dans la nursery quand les enfants s’envolent, sur Neverland pendant qu’ils y vivent), mais il connaît aussi le passé des personnages (“The way Mr. Darling won [Mrs. Darling] was this” 5), leur futur (l’anticipation dans le récit est motrice de l’histoire), mais aussi ce qu’il se passe 9 simultanément à d’autres endroits (“Instead of watching the ship, however, we must now return to that desolate home from which three of our characters had taken heartless flight so long ago”, par exemple, 135), ainsi que la vie intérieure des personnages. Ce narrateur n’est jamais discret, et nombreuses sont ses interventions dans le texte. A la page 5, le narrateur apparaît déjà au travers d’un commentaire sur l’apparence de la jeune Wendy (“I suppose she must uploads/Litterature/ construction-et-trouble-de-lidentite-dan-pdf.pdf
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- Publié le Nov 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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