Siegfried André Membre de l'Académie française. (1950) L’ÂME DES PEUPLES Un doc
Siegfried André Membre de l'Académie française. (1950) L’ÂME DES PEUPLES Un document produit en version numérique par Mme Marcelle Bergeron, bénévole Professeure à la retraite de l’École Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec Courriel: mabergeron@videotron.ca Page web Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation formelle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean- Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 3 Un document produit en version numérique par Mme Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l’École Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec. Courriels : marcelle_bergeron@uqac.ca; mabergeron@videotron.ca André SIEGFRIED L’âme des peuples. Paris : Librairie Hachette, 1950, 222 pp. Polices de caractères utilisée : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 4 décembre 2011 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 4 André Siegfried (1950) Paris : Librairie Hachette, 1950, 222 pp. André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 5 REMARQUE Siegfried André [1985-1959] Ce livre est du domaine public au Canada parce qu’une œuvre passe au domaine public 50 ans après la mort de l’auteur(e). Cette œuvre n’est pas dans le domaine public dans les pays où il faut attendre 70 ans après la mort de l’auteur(e). Respectez la loi des droits d’auteur de votre pays. André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 6 [p. 222] TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE I. LE VISAGE NOUVEAU DU MONDE CHAPITRE II. LE RÉALISME LATIN CHAPITRE III. L'INGÉNIOSITÉ FRANÇAISE CHAPITRE IV. LA TÉNACITÉ ANGLAISE CHAPITRE V. LA DISCIPLINE ALLEMANDE CHAPITRE VI. LE MYSTICISME RUSSE CHAPITRE VII. LE DYNAMISME AMÉRICAIN CONCLUSION DÉFINITION ET DESTIN DE LA CIVILISATION OCCIDENTALE André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 7 [p. 5] Chapitre I LE VISAGE NOUVEAU DU MONDE Retour à la table des matières Il y a, dans la psychologie des peuples, un fond de permanence qui se retrouve toujours. Nous sommes encore, par combien de traits, semblables aux Gaulois nos ancêtres, et les caractéristiques que Tacite notait chez les Barbares ou les juifs de son temps sont encore reconnaissables dans les Allemands, les Israéliens d'aujourd'hui. Il faut cependant qu'il y ait des adaptations. Nous nous demanderons, dans les pages qui suivent, ce qui constitue le fondement solide des peuples occidentaux, et dans quelles mesures ils sont actuellement à même de s'adapter aux circonstances révolutionnaires dans lesquelles il leur faut vivre. Deux guerres, et quelles guerres, ont, en trente ans, changé la face et l'équilibre du monde. Nous avons conscience qu'il s'agit, non d'une simple évolution, mais, au sens exact et fort du terme, d'une révolution : rien n'est plus à sa place, la valeur des choses n'est plus la même, les rapports [p. 6] des hommes entre eux sont bouleversés ; l’idée même qu'ils se font de l'Univers et de ses lois a subi des détours si brusques qu'il n'est pas jusqu'aux fondements de la morale et des méthodes du raisonnement qui ne soient ébranlés. Cette crise, à vrai dire, couvait depuis longtemps. Dès la fin du siècle dernier, les conséquences profondes de la Révolution industrielle se faisaient sentir : le machinisme, pénétrant partout, pénétrait tout, faisant craquer les cadres multiséculaires d'une société toute marquée encore d'influences néolithiques. Rendons-nous compte que les deux guerres mondiales n'ont pas été, en elles-mêmes, des causes ; elles ont seulement accéléré, mais dans des proportions fantastiques, un mouvement de fond qui se fût vraisemblablement produit de toute façon. André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 8 Nous sommes donc en présence de quelque chose de nouveau, à quoi rien, ou à peu près rien, dans le passé, ne nous préparait. Quand nous regardons autour de nous, avec angoisse mais aussi non sans curiosité, nous éprouvons l'étonnement élémentaire de l'homme qui sort de son refuge après un bombardement, se demandant ce qu'il va retrouver de l'environnement familier antérieurement connu de lui. Le monde qui nous entoure est en effet pour nous géographiquement inédit : désormais extra-européen plus qu'européen, son centre de gravité n'est plus le même. Et, dans le temps, nous avons enfin conscience de vivre dans ce XXe siècle auquel il nous a fallu tant d'années pour nous accoutumer, je dirais presque nous résigner : sa personnalité nous apparaît maintenant, faisant un saisissant contraste [p. 7] avec celle de son prédécesseur, le « stupide » mais peut- être regretté XIXe siècle. Chose impressionnante, ces catastrophes ont enseigné au vieux monde un pessimisme qui n'était pas son fait : nos pères (nous-mêmes, dans notre jeunesse) croyaient d'une foi inébranlable au progrès et n'eussent pas songé à concevoir la terre promise ailleurs que dans l'avenir. Il nous arrive de nous demander si elle n'aurait pas par hasard été dans le passé. I Le XIXe siècle se croyait de bonne foi nationaliste et impérialiste : c'était, et il ne l'ignorait pas, le siècle de Bismarck et de McKinley. En réalité il était internationaliste et libéral. La race blanche occidentale, disons européenne, avait réalisé sous sa direction une forme d'unité mondiale qui rappelait celle de l'Empire romain. Dès qu'on sortait d'Europe, on entrait de plain-pied dans une sorte de république mercantile internationale (le terme est d'Elie Halévy), fonctionnant sous l'égide britannique et dans laquelle tous les Blancs, quels qu'ils fussent, bénéficiaient en fait des mêmes droits. On se heurtait sans doute au nationalisme et au protectionnisme, mais leurs effets demeuraient limités, toujours contrôlés, l'atmosphère étant celle de l'échange et presque du libre-échange. Quand, revenant en arrière, nous essayons de nous représenter les caractéristiques de cet âge si complètement périmé, nous sommes frappés [p. 8] surtout de sa facilité : facilité des échanges, aisance des communications, encore que sa technique des transports nous paraisse enfantine en comparaison des réalisations merveilleuses d'aujourd'hui, facilité surtout des voyages, dans un monde, hélas ! disparu où les hommes circulaient librement, sans barrières, sans quotas, sans passeports ! La stabilité de ces temps révolus nous émerveille presque davantage encore : les tarifs douaniers, les traités de commerce fondés sur leur demi-permanence constituaient une base sur laquelle il était possible de calculer ; le crédit des États reposait sur une armature financière que les contemporains estimaient devoir durer toujours ; la solidité monétaire, appuyée sur l'or, permettait, à cinquante, presque à cent ans de distance, des comparaisons de prix raisonnables ; il y avait enfin, dans un milieu où les prévisions étaient André Siegfried, L’âme des peuples (1950] 9 possibles, une remarquable stabilité contractuelle : les signatures étaient respectées (elles le sont souvent encore, mais on ne songeait pas alors à féliciter comme des héros ceux qui tenaient leur parole). Cette stabilité se reflétait enfin dans la structure sociale, car l'homme occidental avait encore, ce qui n'est plus le cas, des racines dans son milieu : le paysan tenait à sa terre, un peu comme l'arbre tient au sol, et vous ne l'eussiez pas déplacé sans le désaxer totalement ; l'artisan vivait de sa tradition, et toute l'industrie, même mécanisée, était encore pénétrée d'un esprit de métier dont la source demeurait au fond artisanale ; le bourgeois lui- même semblait inséparable de son cadre, soutenu et borné par son sens de [p. 9] l'épargne, sa religion de l'ordre, sa volonté de transmettre à ses héritiers un niveau de vie sans cesse accru. Les contemporains croyaient de bonne foi ce régime normal, statutaire, voulu de Dieu et ils ne doutaient pas qu'il ne dût être permanent. Les réalisations, déjà splendides, de la science les remplissaient d'admiration et de confiance et ils associaient, comme allant de soi, le progrès et la liberté. Ils n'eussent pas imaginé qu'il pût y avoir un recul, même temporaire, sur ce chemin montant de l'humanité. Et pourtant les germes de la crise étaient là. On eût pu en discerner uploads/Litterature/ andre-siegfried-l-x27-ame-des-peuples-1950-pdf.pdf
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- Publié le Mar 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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