Jean Rouaud évoque, dans Sur la Scène comme au ciel, la façon dont ses premiers

Jean Rouaud évoque, dans Sur la Scène comme au ciel, la façon dont ses premiers romans ont dépeint son père et la réaction des lecteurs qui avaient connu l’homme de son vivant : "Ils ont été déçus, les camarades de Joseph, du portrait que j’avais fait de cet homme. Ils ne l’ont pas reconnu. […] Celui-là était une création romanesque, une statue taillée à grands éclats, pour les besoins d’une démonstration, pour combler un manque, une fresque endommagée par le temps et restaurée à larges traits approximatifs de manière à relier entre elles les parties pleines, mais celui-là qui se dressait devant l’enfant n’avait rien à voir avec le modèle." En quoi cette évocation vous semble-t-elle révélatrice de la façon dont Jean Rouaud écrit son passé familial? Les champs d’honneur : CH Des hommes illustres : HI Le monde à peu près : LMAP I Le passé familial, une « fresque endommagée par le temps » 1° Un tableau réaliste ? - Malgré les changements onomastiques (Annick Brégeau – Anne Burgaud… etc) affectant les personnages, le cadre de l’action (Loire-Inférieure) et la ténuité (voire la trivialité) des actions racontées contribuent à une forme d’illusion réaliste, qui explique la déception des camarades de Joseph ne « reconnaissant » pas leur ami - J.R. renforce cette illusion réaliste en menant apparemment sa petite enquête sur son père : HI : « De lui on disait que c’était « quelqu’un »… » ; P 36 « puisqu’on découvre sa signature au bas d’un document… » ; p 107 « maintenant que vous le traquez sur les photos » …ce qui ne l’empêche pas de plaisanter ailleurs sur son peu de précision à l’égard des sources ; cf. quand il prend ses distances avec Zola l’enquêteur (L’imitation du bonheur). 2° Trous de mémoire - Joseph, le disparu trop tôt dans la vie de l’enfant : bien entendu, mémoire réduite par le jeune âge, du moins mémoire affective des événements. Ce qui reste du père : quelques traits (idéalisés ?) : « sa force de caractère, sa bonne humeur, son sens de la parole » (HI) (un « père épisodique » comme la « tante approximative » des CH) - Mais le passé est aussi marqué par la mort d’un autre Joseph, à une génération au-dessus, et celle du million de français qui font comme un « trou » historique. II Le grenier de la mémoire : un modèle d’écriture 1° Reconstruction de la mémoire - CH : le champ de bataille…du grenier : P 133 : le nouveau rangement du grenier comme une « redistribution de la mémoire » - CH : la tante Marie retrouve la mémoire…en la perdant Commenter la composition des CH ou du LMPA, le travail sur la chronologie 2° Poétique de la digression - l’association d’idées comme principe créatif : pour le narrateur, il s’agit de « relier entre elles les parties pleines », d’organiser le récit par le travail de la mémoire involontaire et des associations d’idées : LMAP - La phrase elle-même porte cette liberté : cf début de l’Invention de l’auteur. => voix unique, prisme narratorial à travers lequel toute l’histoire est relue ; cf. l’absence voulue de discours direct. Le parti pris du LYRISME. III La vérité poétique du récit 1° La forme du manque LMPA p 70 « La raison ? se moulant dans le vide laissé par l’absent, il représente, ce corps glorieux, très précisément la figure du manque. » - Le fil rouge des CH est la mort, l’absence. Pas seulement celle du père ou de la tante, mais aussi le million de morts français de la 1ère mondiale ; et les 5 volumes forment selon J.R. le « roman des morts », décrivant aussi la mort d’une certain France. Le roman = le tombeau pour ceux qui n’en ont pas. - LMAP, le thème de la myopie : plus encore qu’un art de l’écriture et du style (impressionniste, « composition tachiste du paysage »), c’est un art de vivre en tenant le monde à distance – primauté de l’intériorité et de l’imagination, qui vient « combler un manque ». 2° Une « statue taillée à grands éclats » - des personnages qui sont de véritables créations poétiques : Joseph, bien sûr, puisque ce personnage traverse 5 romans (et davantage), prenant une stature quasi mythique, mais aussi Gyf (LMAP) ou la petite tante Marie – personnages hauts en couleur, qui touchent à l’universel - Une vision poétique de l’histoire : cf. la description subjective des « champs d’honneur » ; HI, image poétique du remembrement de la Bretagne uploads/Litterature/ corrige-de-l-x27-examen-blanc.pdf

  • 23
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager