1 « Est-ce que la jouissance féminine primaire existe ? » Matériaux pour « l’ho

1 « Est-ce que la jouissance féminine primaire existe ? » Matériaux pour « l’homme aux loups » Assemblée de Paris, « L’homme entre loup et rat », le 15 janvier 2011 Lors de la première séance en décembre, Pierre Bruno a déplié la cure de l’homme aux rats. Mon propos sera de cerner les remarques de Freud à la fin de ses recherches sur l’homme aux loups, le « reste » pour relancer le travail. Vous trouvez ci-joint le résumé librement traduit du cas. Les titres des chapitres renvoient aux chapitres du texte freudien cité sur la base de l’édition pour étudiants, la Studienausgabe. Est-ce que la pulsion féminine primaire existe ? Les éditeurs de la Studienausgabe, Alexander Mitscherlich, Angela Richards, James Strachey, résument ainsi l’état des recherches de Freud : „die kausale Rolle, welche die primären weiblichen Triebregungen für die Neurose dieses Patienten spielen“ (Studienausgabe, p.128 ), « Le rôle causal que jouent les mouvements pulsionnels féminins primaires dans la névrose de ce patient ». Quel moteur fait que cette névrose se forme ? Y-a-t-il un refoulement « inaccessible » sous le refoulement ? Existe-t-il une pulsion féminine primaire contre laquelle le sujet se défend ? Avons- nous à faire à un « équipement d’origine » bisexuel chez cet enfant ? Ce questionnement sur la bisexualité en tant que phénomène général amène Freud à l’hypothèse d’un complexe d’oedipe inversé ou négatif (umgekehrt oder negatif), comme il le mentionnera ultérieurement dans « Das Ich und das Es »(1923b, Kapitel III). Dans le cas « d’inversion », la fille resterait fixée à sa mère, et le garçon pourrait vivre un attachement incestueux à son père. Sur le plan clinique, Freud se demande à la fin de l’exploration du cas, comment cerner « la viscosité de la fixation » (die Zähigkeit der Fixierung), la tendance extraordinaire à l’ambivalence et la capacité à garder en fonction parallèlement et à la fois plusieurs investissements libidinaux contradictoires . De toute façon, les analyses des cas difficiles nous enseignent, dit Freud. Le contexte de travail et l’état de ses échanges avec ses collègues apparaît en filigrane : ce cas livre des arguments à Freud contre Adler et Jung. Pour le cas et dans le contexte de l’époque, Freud cherche à différencier : - les traces de l’inné, de l‘instinct (des Ererbten, das instinktive Wissen, die phylogenetisch mitgebrachten Schemata, die Spuren des Ererbten unter dem individuell Erworbenen) - de l’acquis individuel (des individuel Erworbenen) et de - l’acquis collectif(?), les précipités/dépôts de l’histoire culturelle humaine qui ont une existence autonome (die Niederschläge der menschlichen Kulturgeschichte, ihre selbstständige Existenz , wie zB. im Schema des Oedipus-Komplexes). Le schéma culturel 2 peut vaincre/forcer (siegen) l’expérience individuelle. Les contradictions entre le schéma culturel et l’expérience individuelle semblent livrer le matériel pour les conflits infantiles. Le savoir instinctuel serait le noyau de l’inconscient. Le refoulement serait le retour à une telle étape instinctuelle et l’homme paierait par sa capacité à former une névrose ses avancées et nouvelles acquisitions culturelles. Les traumas infantiles approvisionneraient ce noyau inconscient et le préserveraient de la disparition (Aufzehrung). Ce qui tracasse Freud à ce moment -là, c’est l’importance à donner aux facteurs constitutionnels et phylogénétiques. Le conflit avec Jung portait sur l’importance du recours au matériel phylogénétique, là où le matériel de l’expérience propre du patient fait défaut. Adler formulait sa théorie de la contestation virile en 1910, néanmoins, le refoulement prend-il forcément le parti de la virilité ? Est-ce que l’ »Urszene » et l’ »Urphantasie » peuvent- elles être d’origine héréditaire, ou bien de l’acquis, et si oui, un acquis individuel ou collectif ? A. Des grands cas, l’homme au loup est le dernier (écrit en 1914 et édité en 1918). Ce jeune russe de 23 ans arrive chez Freud en 1910. L’écriture du cas semble étrangement forcée : à lire « l’homme aux rats », en comparaison, on rencontre un clinicien assez sûr de lui, à bonne distance, alors que la lecture de l’analyste de l’homme aux loups donne l’impression d’un manque de recul, d’une marche forcée, d’un embarras. Freud nous dit qu’il limite le matériel à la névrose infantile contenue dans le récit de l’adulte. Il laisse donc de côté tout ce qui touche à l’évolution ultérieure. De plus, il doit travestir les données du cas suffisamment pour qu’il ne soit pas reconnaissable dans la société viennoise de 1914. Freud retient le manuscrit encore pendant 4 ans avant de le publier. Ce jeune homme a donc 23 ans et dit qu’il s’est effondré psychiquement à 18 ans lors d’une maladie infectieuse sexuellement transmissible, une gonorrhée. Depuis, il n’est plus capable de gérer son existence. (Dans « Analyse avec fin et sans fin », Freud dit comment ce jeune homme s’est présenté pour la première fois chez lui : accompagné d’un soignant sur une civière.) Dans ses antécédents, Freud relève un trouble névrotique grave qui débute peu avant ses 4 ans par une hystérie d’angoisse (une phobie d’animal), qui se transforme ensuite en névrose obsessionnelle à thème religieux. Cette névrose obsessionnelle dure jusqu’à ses 10 ou 8 ans, selon les versions (un rajout ultérieur). Freud pense avoir à faire à une névrose obsessionnelle dont l’évolution va vers une guérison défectueuse (Defektheilung), vers un état déficitaire résiduel. Son père serait atteint d’une « Bipolarité », sa mère souffre facilement de maux du bas-ventre. Il a une sœur, de 2 ans son aînée, qui est vive, douée et précocement affreuse (schlimm). Dans l’enfance, il est proche de son père, mais se trouve distancé par sa sœur, qui semble être la préférée du père à la sortie de l’enfance. 3 Son père disparaît au sanatorium pour quelques mois, ce dont Freud ne s’émeut pas. L’enfant est amené à l’hôpital où il retrouve son père amaigri et visiblement diminué. Pour sa nurse, une vieille femme du peuple sans éducation scolaire, mais d’une tendresse inépuisable pour lui, il est le remplaçant d’un fils trop tôt disparu. L’enfant est sage, mais semble transformé au retour d’un séjour des parents en ville. Il était devenu irritable, susceptible, emporté, pouvant se mettre en colère et crier comme un sauvage. Il avait passé l’été avec une nouvelle gouvernante anglaise, une folle, insupportable et alcoolique. La grand-mère de l’enfant pense que l’enfant a pris parti dans les conflits entre la gouvernante et la nounou. La gouvernante est remerciée, mais l’enfant ne va pas mieux pour autant (p. 136). Il a 5 ans. L’enfant souffre d’une angoisse que sa sœur sait exploiter pour le torturer : Dans un livre d’images, l’enfant était effrayé par la vue de l’image d’un loup debout sur ses pattes arrières et marchant debout. Quand l’enfant voyait ces images, il hurlait et craignait que le loup viendrait le dévorer. Freud conclut à une névrose obsessionnelle infantile, d’autant plus que l’enfant développe des rituels du coucher : il priait, embrassait des images saintes, se signait et avait en même temps des idées blasphématoires comme « Dieu-cochon », « Dieu-merde ». Il développe des rituels conjuratoires quand il croise des mendiants, des invalides, des vieillards. Soit il inspire bruyamment, soit il expire bruyamment à leur rencontre. III. Le patient se souvient de jeux sexuels avec sa sœur. Sa sœur saisit son zizi et dit que la nounou fait pareil avec le jardinier : « elle le met/retourne sur la tête (sie stellt ihn auf den Kopf) et lui touche le zizi ». Cela a du avoir lieu avant l’arrivée de la gouvernante, vers 3 ans et demi. (p.140) Il raconte qu’il passait à l’action, qu’il attaquait sa sœur. La gouvernante avait appelé la nounou « sorcière » et rentrait ainsi dans les pas de la sœur. La névrose l’inhibe intellectuellement, alors que sa sœur est une brillante élève. Il commence à jouer avec son membre viril devant la nounou. Elle lui dit que cela ne se fait pas et que les garçons qui se touchent le zizi reçoivent à la place une plaie (Wunde)(p.144). Il s’oblige à arrêter. Il observe sa sœur et la copine de sa sœur quand elles vont au pot. Il se dit que ce n’est pas une « plaie » qu’elles ont, mais un « popotin de devant » (vordere Popo). Freud pense que l’inhibition de l’onanisme fait que la vie sexuelle débutante de l’enfant régresse à une phase antérieure prégénitale, la phase sadique-anale. A ce moment, il arrive que l’enfant maltraite de petits animaux, il peut avoir des fantasmes masochistes, comme être frappé sur le pénis par son père. Le père devient son objet libidinal dans un courant passif de la phase sadique-anale. Une position active en opposition au père serait plus difficile à tenir. L’enfant cherche à provoquer la punition, à calmer ainsi sa culpabilité et à satisfaire sa tendance sexuelle masochiste (p.147). 4 Peu avant ses 4 ans, l’angoisse s’ajoute aux « troubles du caractère », suite à un rêve : « La fenêtre s’ouvre, 6 ou7 loups blancs sur les branches du noyer, des loups avec des queues de renard, immobiles, silencieux, le uploads/Litterature/ est-ce-que-la-jouissance-feminine-primaire-existe-l-x27-homme-entre-rat-et-loup.pdf

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