Corrigé DST 1 type Bac sur l’objet d’étude La poésie A) Le commentaire de texte

Corrigé DST 1 type Bac sur l’objet d’étude La poésie A) Le commentaire de texte C’est un corrigé de professeur, donc je n’attendais pas tout ça de votre part ! Mais cela vous permet d’avoir des pistes de réflexion et de correction de votre propre devoir. Il s’agit d’un plan détaillé, sans introduction, sans conclusion (parfois, les lignes des vers n’apparaissent pas car je n’ai pas eu le temps de les remettre). Problématiques possibles : 1) opposer le passé et le présent ; 2) la célébration originale de cette gare alors même qu’elle semble inutile. 3) le caractère pictural, sensible, du poème, selon l’expression latine ut pictura poesis (la poésie ressemble à la peinture) 4) renouvellement du thème romantique de la mélancolie ressentie devant la contemplation d’un paysage J’ai choisi la problématique suivante : En quoi ce poème met-il en place une véritable transfiguration du monde ? I) Une gare à la retraite  a) Une gare à l’abandon : -Le titre d’abord nous invite à considérer un lieu privé de sa fonction initiale : c’est le sens qu’on peut déceler dans la polysémie de l’adjectif « ancienne » qui signifie tout à la fois «vieux » et « qui n’exerce plus sa fonction ». En outre, les deux premiers vers du poème exposent brièvement, dans une phrase non verbale, l’histoire professionnelle du lieu, depuis son activité « cosmopolite » à sa retraite. L’énumération ternaire « la dernière expression du ternaire (vers 2) rend pleinement compte du nouvel état de la gare : « retirée des affaires », elle goûte un repos bien mérité. L’image est reprise au vers 17, grâce au verbe «reposes» et est matérialisée par le nouvel espace attribué à la gare : les trains « passent loin », et elle est maintenant «un peu en retrait de la voie» et de la vie agitée et mouvementée des hommes à laquelle elle a longtemps participé. - Le poème est un parcours dans la gare « désaffectée ». On la découvre d’abord dans son ensemble, « vieille et rose » ; puis le tableau se précise : une marquise « inutile » puisque les passagers ont disparu, un quai « vide » et « silencieux », des salles d’attente interdites dont l’aspect et les volets « craqu [elés] » disent le délabrement et l’abandon. Cette image culmine aux vers 20 et 21 ; face à la grâce de la nature aux « doigts légers », les vers font entendre, par les allitérations en [r] (rails, rouges, rugueux, rouille) la dégradation d’un métal maltraité par le temps. b) De l’activité au repos Le poème déploie une série d’oppositions qui exprime ce glissement de l’activité au repos : - L’ensemble du poème joue d’abord sur l’opposition entre le passé, dynamique, et le présent, contemplatif, de la gare. Cette opposition se manifeste dans les jeux entre les adverbes et locutions adverbiales de temps : « à présent » (v.1), « désormais » (v. 17), qui contrastent avec « autrefois » (v. 7). Les temps verbaux, opposant le passé (« balayait », v. 7, « as vu », v. 12) à un présent qui progressivement prend possession du texte, jusqu’au vers ultime, (« tu étends » v.6, « tu reposes » v.17, « laissent » v. 26) renforcent l’idée d’un temps révolu, qui même s’il en reste une mémoire – conformément à la valeur du passé composé – s’enfonce dans un oubli progressif. Cette opposition structure le poème, qui est en effet divisé en deux temps, construits sur le même modèle : d’abord l’évocation du temps passé (vers 1 et vers 12 à 16), puis la bascule vers le présent et la rupture qu’il représente, soulignée par l’emplacement symbolique des adverbes (en fin du vers 1 ou au début du vers 17), enfin un long développement sur le temps présent (vers 3 à 11 et 17 à 26). L’augmentation du nombre de vers consacré au temps de l’inactivité participe de l’insistance voulue par le poète à exprimer le caractère irrémédiable du temps. - Le monde de l’activité se traduisait par le mouvement et le bruit ; la gare était traversée par des « grands express », c’est-à-dire des trains internationaux, dont la rapidité puissante résonnait partout : l’air s’agitait, « tourbillonnant » (v.8), « balayait » (v.7) le quai. Même des trains plus modestes apportaient leur contribution à cette vie turbulente, en « ébranl [ant] » (v.23) la gare. Or, cette tornade s’est métamorphosée en un souffle presque imperceptible : le vent est tout au plus une « brise » (v.18) ou un « chatouillement » (v.19). Larbaud insiste sur cette légèreté nouvelle : il personnifie le vent qui ne fait qu’effleurer de ses « doigts légers » l’herbe des rails. Plus aucun mouvement ne bouleverse ce lieu qui n’est plus qu’immobilité, et qui « repose » et « étend » ses quais comme des membres inertes. - Le mouvement était aussi celui des voyageurs, dont le nombre est suggéré en creux par la vacuité et le silence actuels du lieu. Les deux notions de silence et de vide apparaissent comme complémentaires à l’observation des vers 6 à 9 : le quai est d’abord « vide », placé en fin de vers et le fait que la phrase est interrompue par une parenthèse, puis le mot « quai» est repris, cette fois-ci avec la caractérisation de « silencieux », qui apparaît comme un synonyme de l’adjectif précédent. La parenthèse renforce l’écart entre passé et présent : ce qu’a été la gare est une parenthèse dans le temps comme dans la phrase, elle est encadrée et absorbée par les références au présent, dont la dernière se prolonge encore par l’utilisation des points de suspension (aposiopèse). - La gare était un espace sans cesse fréquenté ; dans les vers 12-13, Larbaud a recours à plusieurs procédés d’amplification : le rythme ternaire oratoire (adieux, départs, retours) et l’anaphore de l’adverbe de quantité « tant » chargent le lieu d’une intensité qu’il n’a plus, de même que le mouvement imprimé aux vers semble mimer les tours de roue comme le rythme cardiaque de la gare. Mais aujourd’hui, la gare est précisément l’inverse, un lieu où l’on ne retourne plus et elle n’est plus que traversée fugacement par des lézards, dessinant un « éclair froid » sur les pierres, ou par le vent - La gare était un symbole de l’ouverture au monde. Il ne reste plus rien de cette ouverture ; au contraire, les portes des salles d’attente sont « toujours fermées », mais le poème développe longuement ce que pouvait représenter le voyage en train au début du XXe siècle. Le premier vers, par une amplification, identifie la nature profonde de la gare : «voyageuse », « cosmopolite ». Le second mouvement du poème développe cette idée ; la gare était une « double porte » ouverte sur le monde : si l’adjectif « double » suggère le mouvement des trains se croisant sur les voies, il invite aussi à voir dans la gare le lieu par excellence d’une double découverte du monde, réelle et symbolique. En effet, la gare permet de toucher « l’immensité », les confins d’une « Terre » encore élargie par l’enjambement des vers 14 à 15. Mais cette extension géographique se charge d’une valeur symbolique : découvrir le monde, c’est découvrir le bonheur ; l’adjectif « charmante » conserve ici son sens originel : la Terre enchante parce qu’elle permet d’atteindre – et c’est donc ce que la gare rendait possible – l’absolu. La découverte du monde acquiert ici une dimension mystique, le voyage devenant initiatique, préfiguration d’un bonheur de l’ordre de la révélation. La « joie de Dieu » constitue la promesse de la félicité offerte par le voyage, et les deux adjectifs « inattendue, éblouissante » peuvent à ce titre rappeler le bouleversement de Paul sur le chemin de Damas. L’exaltation, la fièvre ont disparu : la gare n’est plus que l’ombre abandonnée de ce qu’elle a été. Mais, par la grâce qu’elle conserve, la nostalgie qu’elle éveille, elle garde le pouvoir d’enchanter. II) Une belle endormie  a) Le poème est une célébration de cette vieille dame qu’est la gare de Cahors. - De nombreux éléments dans le poème contribuent à faire de la gare une vieille dame pleine d’un charme suranné. Les deux termes qui la dépeignent d’abord sont traditionnellement appliqués aux êtres humains, de même que l’expression « retirée des affaires » : seul le début du vers 2 (et le titre) indiquent que le poème évoque une gare. L’adresse à la seconde personne participe également de cette humanisation et de la proximité teintée de tendresse entre le locuteur et le lieu. Par touches successives, le lieu est féminisé : le doublet « vieille et rose » ne renvoie pas seulement à l’âge et aux matériaux de construction de la gare, mais suggère une femme âgée, quoiqu’encore éclatante ; la marquise est un élément architectural, mais il évoque une image féminine que les vers suivants uploads/Litterature/ corrige-dst-1-2022.pdf

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