Corrigé du devoir de seconde 15 1) Son poème préféré1 ; justifier. 2) Dégager e
Corrigé du devoir de seconde 15 1) Son poème préféré1 ; justifier. 2) Dégager et justifier les mouvements du poème d’Aubigné. Poème préféré Même si Ronsard et son sonnet tortueux plaisent beaucoup à mon intellect, même si je sais la force de l’adynaton pratiqué par Labé (son sonnet est l’un des plus fameux de la Renaissance), j’ai une préférence pour le sonnet de Sponde, peut-être déjà parce que la trajectoire houleuse de ce poète qui a suivi un roi improbable (Henri IV), a dû abjurer sa foi protestante et a fini honni de tous côtés (décevant les protestants et rebutant les catholiques) me touche davantage. Le sonnet « Je sens dedans mon âme une guerre civile » est tout de suite frappant, l’image de la guerre intestine faisant écho au contexte des sanglantes guerres de religion mobilisant tout de suite notre imagination. J’aime la morale inattendue de ce poème qui en ses 14 vers de sonnet, c’est-à-dire en peu de temps, retourne sur lui-même et surprend aussi par la modernité du conseil donné au lecteur : savoir perdre au début pour gagner ensuite. Si le premier quatrain est nettement empli de violence et de gravité et font le tableau d’un conflit intérieur douloureux, entre raison et amour (des hyperboles, des allitérations pour faire sentir le choc de la confrontation), la suite est plus subtile : le poète, contre toute attente, ne cède pas à un amour pourtant intense et insistant (le feu de la passion, par le jeu des sonorités, gagne tout le vers 10) ; c’est le camp de la raison qu’il choisit, ce qui peut sembler paradoxal pour un poète volontiers enclin à l’épanchement de soi. Le vers 11 redouble d’effets, en jouant lui-aussi sur les sonorités, et répond à l’allitération en [f] servant l’amour par une allitération en [r] servant la raison (« rebours », « raison, » renforce, « martyre », v.11) mais, pour qu’on prenne le bon parti, en plus marqué encore : non plus deux termes qui se font écho (« flambeau » rappelant les « ardeurs » du début du vers) mais bien six sonorités identiques, de sorte que la « raison » fait résonner son [r] de façon quasi incessante dans le vers. La stratégie argumentative qui se sert des possibilités sonores du poème est très au point. J’ai souri aussi à la fin en songeant que ce poète fou d’amour favorise autant la raison et se valorise en fin de sonnet par des images classiques (romaines) ; on avait déjà cette posture avec Ronsard dans le poème n°2. Ce que Sponde apporte, c’est une façon originale de se valoriser ; le poète sait ce qu’il perd à court terme en ne cédant pas à l’amour (y résister relève d’un « martyre ») mais, comme du temps des saints soldats-martyrs dans l’Antiquité tardive, le gain dans la postérité est en vérité immense : le prestige du poète qui aura su différer l’amour n’en sera que plus admiré. Accepter de ne pas aimer rendra encore plus aimable : ce calcul vraiment retors a retenu mon attention. Il m’a fait réfléchir à la condition et à l’art du poète (plus dominant, ne serait-ce que dans son art, que dominé finalement, c’es-à-dire faussement victime et réellement maître du jeu). J’imagine que cette façon de savoir perdre d’abord pour mieux gagner ensuite m’a séduite. 1 Entre Louise Labé (sonnet 8), Ronsard (extrait du Second livre pour Hélène) et Sponde (sonnet 17 des Sonnets d’amour). Exercice 2. Aubigné Mouvements • v.1-6 Contexte de départ, exposition des dommages, caractérisation de l’infraction, témoignage de la requérante. - Lexique judiciaire (jusqu’au vers 8, en vérité) - Dureté du choix de deux quatrains sur deux rimes seulement => automaticité des sonorités, ton grave - Prise à témoin (le lecteur éprouve d’autant plus de compassion pour le poète) : tableau choquant • V7-10 Mise en accusation de la belle dédaigneuse, déposition de la mise en cause qui cherchant à se dédouaner, à son tour accuse l’Amour. - « toi » à l’hémistiche - Insistance sur le droit : dérivés de « jus » (injures/justice/juge) en deux vers - Virulence de l’exclamative vers 10 • v. 11-14 Réquisitoire contre la destinataire. Redoublement de la virulence. Déclaration de culpabilité. - Impératif du vers 11 « n’accuse point », - Une seule et même phrase qui déborde du premier au second tercet : enjambement = surenchère dans la rancœur ; - Propos tranché « tes yeux…, tes regards… » parallélisme de construction - Redondance du [k] « coups/Cupidons » et une sorte de concaténation consonantique « fournis/mèches/flammèches » Moralité Malgré la tentative de diversion, le poète, qui ne se laisse pas dévier, redouble de véhémence à l’égard de la belle. Malgré la forme assez traditionnelle (le tribunal d’amour, comme dit en note de bas de page) et les images traditionnelles (Arc, flèche en jouant sur le prénom de la muse, Diane), le poème est quand même une charge très violente. Le poème aura été l’occasion pour la victime (le poète mal aimé) de se retourner contre la coupable et de recouvrer forces et moyens. Le dépit amoureux aura, paradoxalement, permis au poème de retrouver toute sa vigueur : c’est là toute la vertu du poème élégiaque, ce qui explique la place prépondérante de l’amour dans toutes ses traductions mythologiques (Amour, Vénus, Cupidons) à partir du vers 8 : autant l’amour est plutôt utile au poète, autant l’amour malheureux est toujours nécessaire au poète élégiaque. uploads/Litterature/ corrige-du-devoir-de-seconde-15.pdf
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- Publié le Jan 08, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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