L'effraie La nuit est une grande cité endormie où le vent souffle... Il est ven
L'effraie La nuit est une grande cité endormie où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin. Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis, le vent secoue le noisetier. Vient cet appel qui se rapproche et se retire, on jurerait une lueur fuyant à travers bois, ou bien les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers. (Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que l'oiseau nommé l’effraie qui nous appelle au fond de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur est celle de la pourriture au petit jour, déjà sous notre peau si chaude perce l’os, tandis que sombrent les étoiles au coin des rues. (L'Effraie, éd. Gallimard, 1953) INTRODUCTION contextualisation (vers la problématique) poème : TTT > problème (reprise TTT) plan : le plan du texte nous permet de répondre au problème. DEVELOPPEMENT I. ouverture : annonce de la première idée développée, en réponse à la Les siècles passent et les poètes, toujours, craignent la mort, et désirent faire œuvre immortelle. L'oeuvre de Philippe Jaccottet, comme il le dit lui-même dans son discours en Remerciement pour le prix Rambert, est toujours une tentative de peindre le monde si merveilleusement qu'elle serait à même de détourner l'homme de sa peur de la mort. Il n'en est pas autrement dans l'Effraie, sombre recueil que Jaccottet fit publier en 1953. Mais sur son seuil, dans le poème qui donne son nom à ce recueil, il s'agit d'abord de rappeler sa présence angoissante. Le poète y relate en effet l'expérience d'une nuit de veille, qu'un événement – le cri d'une chouette effraie, l'appel de la mort – vient effroyablement perturber. Qu'est-ce qui rend la relation de cette expérience nocturne particulièrement angoissante ? Les premiers vers posent le cadre : on y voit le poète, dans la solitude de la nuit, attentif à l'apparition de l'extérieur fantastique dans son intérieur serein. Alors peut surgir l'écoute d'un appel, mystérieux, et effroyable. A la fin du poème, si le poète a résolu l'énigme, il sent maintenant, par cette expérience, l'invasion de la mort dans son monde familier. * * * Le poème s'ouvre sur un lieu ambigu, paradoxal, critique : une nuit comme toutes les autres nuits, et en même temps une nuit particulière, celle que vit le poète, éveillé dans sa chambre, comme un moment fatidique, qui inspire problématique : le premier mouvement du texte. Premier argument : lieu étrange parce que paradoxal 2e argument :le vent : presque invisible, presque silencieux demande l'attention. 3e argument : un moment critique. Transition : intérêt de passer de la première partie à la deuxième partie (sans oublier la problématique) Conclusion l'attention. En effet, ces premiers vers forment un passage paradoxal du plus lointain à la plus grande intimité. Le début du premier vers ne pourrait pas être plus abstrait : le verbe «être » au présent du vérité général introduit une définition. Mais si c'est une définition de la nuit qui est proposée, elle prend tout de suite une couleur paradoxalement subjective, puisqu'elle est une métaphore, et que même cette métaphore nous introduira dans un lieu particulier. Au deuxième vers, le passé composé « est venu », temps forcément inscrit dans une énonciation, tranche avec le premier vers. Des indices de l'énonciation apparaissent en effet, et opèrent un mouvement de rapprochement : « de loin jusqu'à/ à l'asile de ce lit ». De l'universel de la définition à l'intimité du lit, le renversement, en deux alexandrins et demi, est complet. Alors peuvent apparaître, à la fois tout proches et dans l'immensité, les deux sujets : le poète, objet de ce mouvement mystérieux - c'est « on » qui l'a mené ici, sur « ces bords infinis » oxymoriques – et son amante, « tu », objet endormi, comme toute la ville, du regard du poète. Comment a pu s'opérer ce passage paradoxal ? Le vent est le médiateur. Element physique qui entraîne le lecteur dans ce monde sensible, seul élément mobile, il est aussi invisible, à peine audible. Les points de suspension, au milieu du deuxième vers, prolongent, silencieusement, son mouvement sonore – celui que mime l'hémistiche « où le vent souffle... », avec ses fricatives [v] et [f] et sa sonorité sourde [u]. Il demande une extrême attention du lecteur, entraîne une extrême attention du poète. La proposition « le vent secoue le noisetier » montre à la fois que le poète regarde à l'extérieur, vers la nature, et qu'il observe le mouvements des choses. L'attention est légitimée aussi par le caractère critique du moment. L'article féminin dans l'expression « la minuit de juin » nous rappelle à l'étymologie du nom : mi-nuit, c'est la moitié de la nuit. « Juin », mois du solstice d'été, où la nuit est la plus courte, redouble l'heure fatale. Les deux termes fusionnent, d'ailleurs, par les sonorités extrêmement proches. La dislocation particulièrement nette des alexandrins de ces premiers vers, trouble encore, s'il en était besoin l'impression du moment, et ralentit le rythme pour accroître notre attention à l'appel. Le lecteur et le poète sont prêts. Le lieu, le moment, l'étrangeté, l'attention, sont là, l'appel dans la nuit peut être entendu – compris ? - dans toute son étrangeté. II. L'appel mystérieux dans la nuit. 1. Un appel de plus en plus inssaisissable 2. Présence de la mort 3. Danger de délire romantique (la parenthèse) Transition : le poète se ressaisit. Mais l'appel de l'effraie a laissé des traces : la mort a envahi le monde du poète. III. L'appel de l'effraie : présence de la mort au-delà 1. Le poète se ressaisit : les choses sont nommées (réelles, donc), mais elles restent inquiétantes (encore plus : pas un simple effroi imaginaire) 2. Fin de l'expérience : empreinte de l'effraie (de la mort) sur le monde quotidien. Conclusion (en un seul paragraphe, comme l'introduction, d'ailleurs) : - étapes d'une expérience terrifiante et réelle - L'effraie, c'est le poète aussi, messager de la mort (c'est le premier poème du recueil). uploads/Litterature/ l-x27-effraie-commentaire.pdf
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- Publié le Jan 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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