Commentaire Louise LABE, Sonnets, « Je vis, je meurs...» Introduction Louise La
Commentaire Louise LABE, Sonnets, « Je vis, je meurs...» Introduction Louise Labé est une poétesse du 16e en plein humanisme (mouvement littéraire, siècle), elle est célèbre pour sa poésie lyrique et pratique le plus souvent l'art du sonnet. On rappelle que le sonnet est une forme fixe (quel que soit le pays, quelle que soit l'époque, quel que soit l'auteur, quel que soit le sujet développé) i.e. invariante. Ici, le fameux poème « Je vis, je meurs... » semble exalter une poésie de l'extrême. Nous allons successivement / on va étudier / il s'agira d'étudier l'aspect II/ hyperbolique innocent ? III/ Intime mais universel ? I/ Contrasté, contradictoire (à relier avec une vision exhaustive de l'humain) ? (3 grandes parties, 2 sous-parties chaque fois) = 6 sous-parties en tout commencer par le simple, finir par le moins évident I/ Une poésie instable ? (le jeu des contradictions) Nous allons d'abord analyser la dimension contradictoire du poème. La contradiction semble évidente et saute aux yeux du lecteur : dès le vers liminaire, « je vis, je meurs », l'opposition -d'autant plus brutale qu'elle repose sur des verbes monosyllabiques- marque le lecteur. La contradiction marque tout le poème: en clôture du sonnet, «heur » s'oppose presque trop schématiquement (même radical) à « malheur ». Le système d'opposition s'exerce grâce au préfixe à valeur privative « mal - » (qui annule le honneur : mal-heur). Tout le champ lexical du bien-être (« joie » x2, « bien », «heur ») trouve son contrepoids dans le champ lexical adverse (« peine », « douleur », « malheur ») de façon à former une image assez manichéenne (radicale) du monde. II/ Le lecteur est également surpris, en lisant le sonnet, par sa dimension excessive, peut-être improbable. Une série d'hyperboles traverse le sonnet : « je meurs » (elle ne meurt pas réellement à chaque déception amoureuse!), « maint grief », « à jamais », « inconstamment », « haut ». Cette accumulation d'affirmations radicales pose problème : cela ne banalise-t-il pas le sentiment que de le rendre perpétuellement terrible ? Ou bien faut-il prendre ces affirmations au pied de la lettre ? (Et croire que la situation est insoluble). Le simple fait que l'auteure utilise la forme maîtrisée, calibrée du sonnet en 14 vers, démontre par l'exemple que le drame incommensurable est en fait très bien apprivoisé. Le lecteur déduit que tout ce qui est dit relève plutôt de l'exagération. La poétesse fournit au fil du sonnet des phrases de plus en plus étirées : deux phrases à la première strophe mais une phrase pour chaque strophe suivante : l'expression de la douleur ne rechigne pas à s'étirer, et prendre son temps. Parler de ce qui fait souffrir fait paradoxalement du bien. III/ On peut enfin se poser la question suivante : ce sonnet est-il spontané et enfantin ou bien travaillé et philosophique ? En apparence, le sonnet semble présenter quelques défauts : les répétitions (« recyclage » du radical « dure », reprise du terme « je vis »/ « la vie », simple duplication de « joie » v. 4 et v. 12). On peut s'étonner du balisage soutenu en début de strophes, à l'aide de connecteurs (chrono-)logiques insistants : « tout à un coup », « ainsi » , « puis » : le lecteur est particulièrement guidé et le texte prend alors une tournure très pédagogique, presque naïve. A l'inverse, d'autres indices montrent la maîtrise de la forme par la poétesse (d'où on déduit la maîtrise sur les sentiments également) : l'usage de la ponctuation est raisonné, développant une esthétique de la rupture par l'emploi de virgules et points-virgules. Ex. : « Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; » . Le vers liminaire est un décasyllabe coupé en deux (4-6) à la césure. Dans le décasyllabe la césure centrale est déjà forcément à un point de déséquilibre (4 ou 6 mais jamais 5) : rien de tel pour signifier le désordre émotionnel que de jouer sur le déséquilibre métrique. La poétesse marque les pauses et ménage des ruptures internes au vers. Même chose pour son recours à la disposition en sonnet : quatorze vers qui signifient la fulgurance et la brutalité de la passion amoureuse, et qui même temps en relativisent la portée puisque il suffit de quatorze vers pour apprivoiser une douleur aussi grande soit-elle. Conclusion [bilan] Le fameux sonnet n°8 justifie sa notoriété par ses effets de contrastes puissants, son art de l'hyperbole mais aussi par son ambiguïté et son rapport original à la douleur. [ouverture] Louise Labé fascine depuis des siècles notamment parce qu'elle incarne une littérature féminine, considérée souvent comme minorée : les femmes-écrivains ou écrivaines (auteur-e) se compteraient sur les doigts de deux mains, surtout en poésie. On a en tête la poésie symboliste de Marceline Desbordes-Valmore au 19e s. ou encore à Vénus Khoury-Ghata et Andrée Chédid au 20e -21e s. A l'époque, Louise LABE est à la poésie, le mystère incarnée dans les arts par une autre figure féminine, au sourire ambigu, la Mona Lisa, emblème pictural de la Renaissance. * * * POINT METHODE : TROUSSE A OUTILS EN VUE DU COMMENTAIRE • FORME , Physionomie , longueur du texte (macro échelle) • figures de style • ponctuation • longueur des phrases (micro échelle), longueur des mots (nano-échelle) • formation des mots préfixe, suffixes, connotations et valeurs • formation du vers, métrique • connexions • place des occurrences (l'emplacement des phénomènes) • champ lexical On pourrait utiliser aussi : • je / tu : énonciation (système de communauté) • grammaire (modes verbaux, valeurs de temps) • sonorités (allitérations, assonances, échos, rimes uploads/Litterature/ explication-louise-labe-sonnet-8.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 31, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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