1 Année académique 2019/2020 Support pédagogique Cours de pulaar destiné à des
1 Année académique 2019/2020 Support pédagogique Cours de pulaar destiné à des apprenants locuteurs natifs de la langue (Ecrire, lire, comprendre) par Mamadou Ndiaye Professeur titulaire des universités Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Linguistique et Sciences du Langage Université Cheikh Anta Diop de Dakar 2 Plan du cours I. Introduction : généralités 1.1. Un brouillard à dissiper : un homme, une langue, plusieurs appellations 1.2. La langue des Peuls : les principaux grands groupes dialectaux en Afrique 1.3. La langue des Peuls au Sénégal : les dialectes, le nombre de locuteurs, la situation géographique II. Etude de la langue 2.1. L’alphabet : définition 2.2. L’alphabet pulaar a) au regard de l’alphabet français b) au regard des autres alphabets (arabe, wolof) 2.3. Le phénomène linguistique de la gémination a) la gémination des consonnes (simples et complexes) b) la durée d’émission des voyelles III. Le passage du pulaar oral au pulaar écrit : les principales sources de difficultés. 3.1. L’harmonie vocalique 3.2. L’assimilation consonantique 3.3. La métathèse IV. Présentation de quelques parties du décret n° 2005-988 du 25 Octobre 2005 4.1. Chapitre deuxième : la phonologie 4.2. Chapitre troisième : le nom et ses déterminants 4.3. Chapitre quatrième : les pronoms et les verbes 3 Références bibliographiques 1. Alain, A : La question peule, Karthala, Paris, 1981 2. Christiane, S : « Unité et diversité du monde peul », In Senri Ethnological studies, n° 35, National Museum of Ethnology, Osaka, 1993 3. Aboubacry Moussa, L : De l’origine égyptienne des Peuls, Présence africaine / Khépéra, Paris, 1994 4. Amadou Hampaté, B : Kaïdara, récit initiatique peul, Nouvelles éditions Ivoiriennes / Edicef, Abidjan, 1994 5. ARED, Taro 1 (livret de lecture 1), ARED, Dakar, 2009 4 I. Introduction : généralités 1.1. Un brouillard à dissiper Il y a autour de l’homme peul, une sorte de brouillard qu’il serait judicieux de dissiper tant qu’il s’agit de connaître l’homme dans la totalité de son histoire. En effet, plusieurs termes sont utilisés pour nommer cette personne. Or, chacune de ces appellations a une explication, une histoire. Ainsi, en zone francophone et plus précisément au Sénégal, on relève le terme peul. Il s’agit d’un terme usité par les Wolof qui, habitant avec cet homme bien avant l’arrivée du colonisateur français, l’ont appelé ainsi. Le colonisateur français s’en est emparé, l’a adopté et a appelé l’homme ainsi que sa langue, peul. Dès lors, le peul est un homme qui parle la langue peule. Puis, le même colonisateur français a voulu le distinguer des autres groupes ethniques selon la zone d’habitation. Alors, on a : - le peul du Fuuta (Tooro et Jaloŋ) - le peul du Maasina - le peul du Gaaɓu - le peul du Jeeri et du Waalo - le peul du Firdu Nb : Fuuta Tooro, Fuuta Jaloŋ, Maasina, Gaaɓu, Jeeri, Waalo, Firdu sont des aires géographiques habitées par les Peuls. A côté de ce terme d’origine wolof, il y en a un autre, à savoir Toucouleur. Ce terme est, lui aussi, utilisé d’abord par les Wolof avant d’être repris et adapté par les Français. Cependant, ce terme Toucouleur serait une déformation de Tekrour (ancien royaume qui s’étendait du Sénégal au Mali actuel, en passant par la Mauritanie). Alors, Tekrour serait devenu dans la bouche des Portugais Tekoror ou Tekoloro que les locuteurs wolof vont transformer en tëkolër puis Toukoulër, orthographié Toucouleur. 5 Enfin est apparu un 3ème terme : haalpulaar. Il s’agit d’un mot composé d’une racine verbale haal- (parler) et d’un substantif pulaar (langue pulaar). Ce terme a fédéré autour de lui la plupart des militants pour la promotion des langues africaines. Il signifie locuteur du pulaar et regroupe donc toutes les personnes qui parlent le pulaar, qu’elles soient peules ou autres. Il doit son développement et sa promotion à l’Association pour la Renaissance du pulaar (A.R.P) à la suite des nouvelles politiques linguistiques initiées par l’ancien président, Léopold Sédar, Senghor, dans les années 1970/80. Il faut noter, à ce niveau, que, comme le terme peul, la langue connaît, elle aussi, plusieurs dénominations. Par exemple on a : o peul voir plus haut o toucouleur o pulaar termes utilisés par les Peuls eux-mêmes pour désigner leur langue o fulfulde o fula terme surtout utilisé en zone mandé, par d’autres populations S’agissant maintenant, de la zone anglophone, on retrouve pratiquement la même situation. En effet, on y enregistre le terme fulani qui vient du Haousa et que le colonisateur anglais a adopté. Ce sont, en effet, les Haousa, cohabitants des Peuls, qui les appelaient ainsi, c’est-à-dire filawa (sg) et fulani (pl.). Le terme fulani a été appliqué aussi à la langue. Et, on parle de la langue fulani. Ex : That man is a Fulani ; he speaks fulani, traduit en français par : (Cet homme est un Fulani; il parle Fulani). Comme nous le voyons, l’essentiel de ces différentes dénominations est l’œuvre de groupes sociaux étrangers, il faut se tourner vers la communauté concernée 6 pour se rendre compte que, eux, ils se désignent autrement. En effet ils se disent pullo (sg), fulɓe (pl.). Leur langue est le pulaar. En parcourant l’espace pullophone, on rencontrera le terme fulfulde à partir duMali en allant vers le Niger, le Nigeria jusqu’au Tchad. Les linguistes distinguent les 2 zones pulaar et fulfulde à partir de la marque des verbes non conjugués (à l’infinitif). Pour la zone pulaar, ces verbes se terminent par -de et, pour la zone fulfulde, cette marque -de disparaît au profit de la marque -gol. Exemples : Yarde (boire) : zone pulaar Yargol (boire) : zone fulfulde 1.2. La langue des Peuls : les principaux grands groupes dialectaux en Afrique Classée dans la famille linguistique niger-congo et dans le groupe des langues ouest-atlantiques (sous-groupe des langues sénégalo-guinéennes), la langue des Peuls comprend 3 grands groupes dialectaux. Il s’agit du groupe pulaar, du groupe fulfulde occidental et du groupe fulfulde oriental. a) Le groupe dialectal pulaar est localisé en Mauritanie, au Sénégal, en Gambie, en Guinée Bissau, en République de Guinée, au Libéria, en Sierra Léone. Il est le groupe le mieux étudié. b) Le groupe dialectal du fulfulde occidental s’étend du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso, le Togo, le Bénin et la RCI. c) Le groupe dialectal du fulfulde oriental est, géographiquement, le plus étendu de ces groupes. En effet, il couvre toute la vallée du Niger, le Nigeria, le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad. Ces 3 grands groupes dialectaux rassemblent aujourd’hui près de 30 millions de locuteurs. Les pays où les Peuls sont recensés comme groupes ethniques sont la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Rép. De Guinée, la Guinée Bissau, la Sierra 7 Léone, le Libéria, le Ghana, la RCI, le Burkina Faso, le Mali, le Togo, le Bénin, le Niger, le Nigeria, le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad. 1.3. La langue des Peuls au Sénégal : dialectes, nombre de locuteurs, répartition géographique Le Sénégal est considéré comme un pays d’impact et de dispersion des vagues migratoires peules saharo-sahéliennes. C’est pourquoi, il a connu des mouvements internes selon des directions nord-sud et est-ouest. Ces mouvements internes ont amené les Peuls (25%) au contact des Wolof (43%), des Sereer (17%) et des Mandingues (7%), pour ne citer que les groupes démographiques les plus importants. Il a résulté de ces mouvements et de ces contacts une dialectisation progressive de la langue. C’est pourquoi, on dénombre aujourd’hui près de 16 dialectes significatifs du pulaar au Sénégal. Ainsi donc, le pulaar compterait environ 3,5 millions de locuteurs et est effectivement présent dans les 14 régions administratives du pays. 8 II. Etude de la langue 2.1. Définition de l’alphabet Les sons produits par l’Homme grâce à l’appareil phonatoire sont plus ou moins fidèlement reproduits par des systèmes graphiques conventionnels appelés alphabets. L’alphabet est donc un système graphique conventionnel qui reproduit les sons d’une langue donnée. De nos jours, les alphabets internationaux les plus connus sont l’alphabet de l’Association phonétique internationale (A.P.I) et celui de l’Institut africaine internationale (I.A.I). L’A.P.I a été créé en 1888 et utilise les signes graphiques empruntés au latin et au grec. Cet alphabet a intégré d’autres qui ont été expressément dessinés par des phonéticiens. Il s’agit des signes ʃ et ʒ (comme on peut le noter dans les transcriptions phonétiques suivantes) : [ʃəval] et [mãʒ]. Quant à l’I.A.I, il a surtout été développé par les pays anglophones, dans les années 1930. Cet alphabet comprend également des signes qui ne figuraient pas, à l’époque, sur le clavier des machines à écrire. Il s’agit essentiellement des signes ɓ, ɗ, ƴ et ŋ. 2.2. L’alphabet pulaar Il a été créé à partir de l’A.P.I et de l’I.A.I. Il utilise donc les signes de ces 2 alphabets. Il comprend 32 lettres (23 lettres consonantiques simples, 4 lettres consonantiques complexes et 5 voyelles). Nb : une lettre consonantique simple se note par un seul signe graphique. (Ex : t, d, n …). Une lettre consonantique complexe, elle, est représentée par 2 signes graphiques différents. (Ex : mb, nd, uploads/Litterature/ cours-pulaar.pdf
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- Publié le Oct 08, 2022
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