qalqalah ɳo 3 2/4 2017 — 06 pp. 51 / 55 ͢ fr Introduction ͢ en Introduction Lot
qalqalah ɳo 3 2/4 2017 — 06 pp. 51 / 55 ͢ fr Introduction ͢ en Introduction Lotte Arndt p. 58 ͢ fr L'histoire de grand-mère ͢ en Grandma's Story Trinh T. Minh-ha à suivre | next contribution : Hikaru Fujii & Che Kyongfa, qalqalah ɳo 3 3/4 2017 — 09 50 qalqalah ɳo 3 2/4 — paris 2017 - 06 Éditrice associée | Guest Editor Lotte Arndt Conception éditoriale | Editors Virginie Bobin, Mélanie Bouteloup, Victorine Grataloup, Léna Monnier, Élodie Royer, Émilie Villez Introduction de | by Lotte Arndt traduite par | translated by Virginie Bobin fr ‣ en Texte de | Text by Trinh T. Minh-ha traduit par | translated by Elsa Boyer en ‣ fr Relectures | Proofreading Trinh T. Minh-ha en, David Le en, Gauthier Lesturgie fr Conception graphique | Graphic design Guillaume Ettlinger & Jérôme Valton qalqalah, un reader ɳo 3 2/4 paris 2017 fr Signifiant « un mouvement du langage, une vibration phonétique, un rebond ou un écho », Qalqalah est le nom d’une héroïne polyglotte — inventée par la commissaire et critique Sarah Rifky — qui perd graduellement la mémoire dans un futur pas si lointain, où les notions de langage, d’art ou d’économie telles qu’on les connaît aujourd’hui se sont effondrées sans bruit. Elle apparaît dans deux textes de Sarah Rifky publiés dans Qalqalah 1 & 2. en Meaning “a movement of language, a phonetic vibration, a rebound or echo”, Qalqalah is the name of a polyglot heroine — invented by curator and writer Sarah Rifky — who gradually loses her memory in a not- so-distant future where notions of language, art and economy as we know them today have collapsed. This heroine appears in two of Sarah Rifky’s texts published in Qalqalah 1 & 2. Qalqalah est coédité par | is jointly published by Bétonsalon – Centre d’art et de recherche | Center for Art and Research avec | with Villa Vassilieff et | and KADIST. 51 introduction fr Nous tenons à remercier Trinh T. Minh-ha pour sa contribution et son soutien ; Jean-Paul Bourdier pour les images ici reproduites ; la Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH) et en particulier la chaire Global South(s), Françoise Vergès et Gwenaëlle Lieppe ; Indiana University Press et Stephen Williams pour avoir accordé à Qalqalah, en tant que publication non-commerciale, l’autorisation de reproduire le texte anglais (originellement publié dans Woman, Native, Other. Writing Postcoloniality and Feminism, Bloomington, Indiana, Indiana University Press, 1989) et de le traduire vers le français. en We would like to thank Trinh T. Min-ha for her contribution and support; Jean-Paul Bourdier for the images reproduced here; Collège d'études mondiales (FMSH), notably the Global South(s) Chair, Françoise Vergès and Gwenaëlle Lieppe; Indiana University Press and Stephen Williams for granting Qalqalah, as a non-commercial publication, with the permission to reproduce and translate into French the English text originally published in Woman, Native, Other. Writing Postcoloniality and Feminism, Bloomington, Indiana, Indiana University Press, 1989. 52 qalqalah ɳo 3 2/4 — paris 2017 - 06 « À peine vingt ans ont suffi pour que deux millions de personnes se définissent elles-mêmes comme sous-développées. Je n’ai pas l’intention de parler sur. Juste de parler à proximité de.» Dans les premières phrases de son film Reassemblage, qui remet radicalement en question le genre du cinéma ethnographique, la réalisatrice et auteure Trinh T. Minh-ha interroge le pouvoir du récit dans l’auto- représentation d’un groupe ou d’un individu, et énonce son approche artistique : parler à proximité de comme un moyen de s’écarter d’un savoir sur, pour mieux entrer en résonnance avec les personnes et les contextes représentés à l’image. Le film, tourné au Sénégal et sorti en 1982, ne cesse de dissocier images, son et texte et crée une narration cinématographique qui résiste à toute stabilité sémantique, significations figées ou relations de domination et de subordination entre ses éléments. L’ordre bouleversé des images et des sons, une voix qui interroge sans expliquer viennent ainsi ébranler le discours dominant qui oppose tradition arriérée et modernité salvatrice, ainsi que l’idée de développement comme caractéristique normative et naturalisée d’un groupe restreint de sociétés occidentales que le monde entier serait sommé d’atteindre. Dans ses films comme dans ses écrits, Trinh T. Minh-ha ouvre de riches espaces de résonnance qui se soustraient à la lotte arndt fr intro‐ duction 53 1 Trinh T. Minh-ha, Woman, Native, Other, 1989, p.1. 2 Trinh T. Minh-ha en conversation avec Annamaria Morelli : « The Undone Interval », in Iain Chambers et Lidia Curti (eds.), The Postcolonial Question. Common Skies, Divided Horizons, Londres et New York, Routledge, 1998, p. 8. 3 Ibid. 4 Trinh T. Minh-ha en conversation avec Annamaria Morelli, op. cit, p. 13. introduction centralisation des récits. Elle situe ses travaux dans une perspective résolument féministe et postcoloniale, tout en s’attachant à maintenir leurs formes ouvertes, pour qu’ils puissent s’adresser à différents groupes, dans des contextes changeants. Elle se joue des assignations catégoriques qu’elle conteste et investit des espaces où les appartenances rassurantes – les lignes de séparation entre inclusion et exclusion, partage et réserve, ouverture et retrait – se déplacent constamment. Comme elle l’écrit dans l’introduction de son livre fondateur, Woman, Native, Other : « Ceci est un monde dans lequel je me déplace sans avoir été invitée, profane sur une terre sacrée, ni moi ni mienne, mais moi malgré tout. »1 Son travail investit un « lieu de subjectivité non- unitaire, polyphonique »2 qui prend en compte le fait que le pouvoir traverse les sujets, qu’il y a un « Lui-en-moi ».3 De cette manière, Minh-ha va bien au-delà de procédés purement sémiotiques, et relie son travail artistique aux luttes sociales en cours, notamment celles des féministes et des femmes de couleur, sans jamais prendre les catégories identitaires pour acquises. Composant sans cesse avec des contextes géographiques, politiques et culturels différents, ainsi que l’ajustement des positionnements, ses écrits et ses films sont ancrés dans le corps en tant que « lieu de particularité et de spécificité ; en même temps qu’un lieu marqué par des contradictions historiques ».4 Tout en prenant la singularité de l’expérience incarnée comme un point de départ situé, elle compose des histoires au féminin [her-stories] qui interrogent constamment le potentiel transformateur du langage, du rythme et de la résonnance : écrire le corps rend possible le déplacement de ses contours ; le souffle d’un texte, l’enchainement syncopé des images ont le pouvoir de décaler les assignations contraignantes et de transcender les formes canoniques de représentation. 54 qalqalah ɳo 3 2/4 — paris 2017 - 06 Dans ce numéro de Qalqalah, nous rééditons le dernier chapitre du livre de Trinh T. Minh-ha Woman, Native, Other (1989), aujourd’hui un classique, ici traduit pour la première fois en français. Intitulé Grandma’s Story, ce texte dense et poétique résonne intimement avec les questionnements qui irriguent les contributions de cette année – en interrogeant le lien entre narration et incarnation, en cherchant des modes de transmission qui divergent de l’autorité de l’Histoire comme récit dominant et en proposant un langage poétique pour une pensée théorique qui dépasse la division entre théorie et pratique. Alors que les films de Minh-ha ont été montrés dans différents contextes en France au cours des dix dernières années5, ses textes n’avaient jamais été traduits en français jusqu’à présent. La publication bilingue de Grandma’s Story est réalisée en collaboration avec Françoise Vergès et la chaire Global South(s) de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme, qui a invité Trinh T. Minh-ha à Paris en mars 2017 pour une série de conférences et de projections de ses films. La traduction d’Elsa Boyer a été élaborée en étroite collaboration avec Trinh T. Minh-ha, que nous souhaitons remercier chaleureusement pour ses commentaires avisés et son engagement inépuisable. 5 Notamment « Le rêve de l’artiste et du spectateur ». Volet 2. Trinh T. Minh-ha et Theresa Hak Kyung Cha, 23 octobre – 9 novembre 2008, Jeu de Paume, organisé par Elvan Zabunyan. 55 introduction “Scarcely twenty years were enough to make two billion people define themselves as underdeveloped. I do not intend to talk about. Just speak near by.” In the first spoken lines of her film Reassemblage, which radically questions the genre of ethnographic cinema, the filmmaker and writer Trinh T. Minh-ha addresses the power of narration for the creation of a group’s or an individual’s self-perception and announces her artistic approach: to “speak nearby” as a mode of departing from knowledge about, in favor of resonating with the imaged people and contexts. The film, shot in Senegal and released in 1982, continuously dissociates images, sound, and text and creates a cinematographic narration that resists semantic stability, fixed meanings and relations of domination and subordination between its elements. The dominant and naturalized discourse of a clear division between backward tradition and salvific modernity as much as the idea of development as an achievement of a restricted group of Western societies normatively imposed worldwide as the mandatory goal, is shaken by the film’s troubled order of images, and a voice that interrogates uploads/Litterature/ qalqalah3-2-4-final-print.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 03, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 14.6452MB