1 DEIXIS ET ANAPHORE EN GRAMMAIRE WOLOF MOMAR CISSE* In all the studies on wolo

1 DEIXIS ET ANAPHORE EN GRAMMAIRE WOLOF MOMAR CISSE* In all the studies on wolof, determinants are part of the larger category of definites and indefinites. the latter approach which is set in the old tradition of descriptive grammar, is actually very important, but it also reduces to silence an aspect which is not less important, that is to say, the referential function of language: the mechanisms of the communication situation management and its founding coordinates (me, here, now). my intention in the following article is to fill the gap in extending the subject of study to substitutes (personal pronouns). Dans le discours, la plupart des substantifs sont accompagnés d’un ou plusieurs morphèmes qui en préci- sent la valeur d’emploi. Dans la conception structuraliste stricte, ces morphèmes-satellites ont pour fonction essentielle d’actualiser le substantif en en marquant le caractère défini ou indéfini. Tous les actualisateurs du substantif sont ainsi rangés dans ces deux catégories (défini et indéfini). C’est ce type de catégorisation que l’on retrouve également dans La détermination nominale en wolof de A. N. Seck (1977 : 18), étude qui se veut syntactique et référentielle. Les substituts du groupe nominal, plus connus sous le nom de pronom, partagent ce sort avec les actuali- sateurs. Eux-aussi sont souvent décrits et analysés indépendamment de leur énonciation. Ce mode de présenta- tion morphologique (ou plus exactement taxinomique), qui a l’avantage de proposer l’ensemble des formes de la détermination, a la particularité de ne pas tenir compte de l’activité discursive et de sa clé de voûte, la triade moi- ici-maintenant. Et pourtant, il n’existe pas d’énonciation qui ne soit liée, d’une façon ou d’une autre, à un contexte com- prenant, en sus de la situation de communication et des conditions générales de la production/réception des énoncés, ces éléments * Maître-Assistant, Département de linguistique générale et des langues négro-africaines, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal. de ladite triade qui constituent des points de référence par rapport auxquels les référents sont identifiés. On note par exemple en wolof, l’importance, dans tous les lieux de la détermination, des axes sémantiques suivants : - proximité / éloignement de l’énonciateur ; - proximité / éloignement de l’énonciataire. En témoigne la répartition des démonstratifs wolof selon l’axe proximité/ éloignement du dénoté par rapport au locuteur (jëlal téere bii « prends ce livre près de moi »), ou par rapport à l’allocutaire (jox ma téere boobu « donne-moi ce livre près de toi »). Il devient dès lors important, pour une étude du système nominal wolof, de s’intéresser à ces différents modes de repérage qui relèvent de la deixis. On comprend, par ce terme, l’identification d’un référent au moyen d’expressions linguistiques qui renvoient aux éléments constitutifs du cadre énonciatif. La deixis couvre ainsi l’ensemble des références spatio-temporelles qui permettent au locuteur d’organiser l’espace discursif. Constatons, cependant, que tous les faits énonciatifs ne fonctionnent pas comme indices de l’inscription dans l’énoncé de l’un et/ou l’autre des paramètres du cadre énonciatif. C’est le cas de l’anaphore qui, en tant que procédé d’identification fondé sur l’identité référentielle à l’intérieur d’un discours, est synonyme certes de représentation, mais d’une représentation qui renvoie à un contexte antérieur. Nous allons, dans le cadre de cet article, concentrer notre réflexion sur la façon dont le locuteur wolof assume la langue par son acte d’énonciation. Il s’agira plus explicitement de voir comment le sujet (à l’encodage et/ou au décodage) utilise les mécanismes de la référence relative à la situation de communication (deixis) et celle rattachée au contexte linguistique (anaphore). 1. LA DEIXIS EN WOLOF Comme dans toutes les langues, on distingue trois types de deixis en wolof : la deixis personnelle, la deixis spatiale et la deixis temporelle. 1.1. La deixis personnelle Elle sert à identifier les rôles spécifiques des participants à l’acte d’énonciation. En wolof, elle se mani- feste à travers des pronoms personnels et des déterminants. 1.1.1. Les pronoms personnels * Les pronoms personnels sujet et / ou complément Grâce à la deixis, on sait que les pronoms personnels sujets ma (je) et nga (tu), bien que sémantisés (ma et nga fournissent toujours la même information à savoir respectivement le sujet d’énonciation et son allocutaire) avant toute actualisation discursive, n’ont pas de référence virtuelle. Celle-ci varie d’une énonciation à l’autre. On ne peut connaître le référent de ma et de nga indépendamment des emplois qui en sont faits : est ma (je) celui qui en use dans un énoncé déterminé ; est nga (tu) celui que le ma constitue comme allocutaire. Ils sont alors des déictiques. Notons que, pour assumer la fonction de complément, nga devient la. Il ressort de ces remarques que ma fonde, dans l’interaction, les relations entre les personnes de l’instance de discours, et partant la subjectivité dans le langage. Le ma constitue la personne subjective à laquelle renvoie le signifiant, et nga la personne non subjective qui a toujours besoin d’un ma pour exister à la faveur d’une corrélation de subjectivité. Bi ma noppee nga génn quand je nar. terminer tu nar. sortir C’est quand j’ai terminé que tu es sorti. 3 Dans cet énoncé, ma ne renvoie pas à un concept dénotatif. L’énonciateur de l’énoncé se l’est approprié pour se poser, le temps d’une énonciation, comme sujet. Il en est de même de nga qui doit son existence à ma qui a choisi librement de l’insérer dans l’énoncé et d’en faire un protagoniste. Na la jox xaalis bi oblig. 2 sg. donner argent le Qu’il te donne l’argent Ici aussi, la (te) est constitué allocutaire par l’énonciateur. Il est à noter que le rôle de ma (se poser en énonciateur et constituer nga, la comme allocutaires) peut aussi être tenu par nu (nous) à l’endroit de nga (tu), ngeen (vous sujet) ou leen (vous complément). nu ngi leen di ñaan ngeen déglu nous prés. vous inac. prier vous écouter Nous vous prions d’écouter nu (sujet et complément), ngeen (sujet) et leen (complément) ne renvoient pas à un concept dénotatif. Leur référence est liée à cet acte individuel dénonciation. * Les pronoms personnels toniques Parmi les déictiques personnels, il faut ajouter les pronoms qui, bien que se combinant avec la marque du focus du sujet, ne sont pas liés au verbe. Il s’agit des pronoms toniques (ou pronoms disjoints) man, yaw (pour le singulier), nun, yeen (pour le pluriel) qui fonctionnent comme des nominaux lexématiques. man maa (moi, je)… man se combine avec la marque de l’emphatique du sujet au singulier, maa nun noo (nous, nous)… nun se combine avec la marque de l’emphatique du sujet au pluriel, noo yaw yaa (toi, tu)… yaw se combine avec la marque de l’emphatique du sujet au singulier, yaa yéen yéena (vous, vous)… yéen se combine avec la marque de l’emphatique du sujet au pluriel, yéena. Le nun (nous) et le yeen (vous) marquent toujours le pluriel en wolof. nun est un ensemble constitué par le locuteur et une ou plusieurs autres personnes : nun (nous) = man (moi) + yaw (toi) man (moi) + moom (lui / elle) man (moi) + ñoom (eux / elles)) man (moi) + yaw (toi) + moom (lui) + ñoom (eux) Il en est ainsi de yeen qui peut être glosé de la manière suivante : yeen (vous) = yaw (toi) + moom (lui / elle) yaw (toi) + ñoom (eux / elles) yaw (toi) + moom (lui / elle) + ñoom (eux / elles) Il est important de signaler que la langue ne fait pas de différence entre ces différents nous et vous. Ils témoignent cependant de l’indispensable prise en compte de l’acte d’énonciation (et de ses différentes implications) dans l’interprétation d’un énoncé les contenant. 1.1.2. Les possessifs (ou personnels associés) * Déterminants Entrent dans cette grande catégorie des déictiques personnels, les déterminants possessifs dont le lien avec les pronoms toniques apparaît clairement dans les gloses suivantes : sama téere (mon livre) = le téere (livre) de moi sa téere (ton livre) = le téere de toi sunu téere (notre livre) = le téere de nous sunuy téere (nos livres) = les téere de nous seen téere (votre livre) = le téere de vous seeni téere (vos livres) = les téere de vous. Comme les déictiques personnels, sama (mon, ma), sa (ton, ta), sunu (notre, nos) et seen (votre, vos) sont des éléments pragmatiques n’existant que dans la situation de discours au cours de laquelle ils sont émis. * Pronoms sama bos le mien / la mienne sa bos le tien / la tienne sunu bos le nôtre / la nôtre seen bos le vôtre / la vôtre. samay yos les miens / les miennes say yos les tiens / les tiennes sunuy yos les nôtres seeni yos les vôtres. La nature éminemment déictique de ces pronoms possessifs apparaît dans les gloses suivantes où l’on note leur combinaison avec les pronoms toniques (moi, toi, nous, vous) : sama bos le bos de moi sa bos le bos de toi sunu bos le bos de nous seen bos le bos de vous. uploads/Litterature/ deixis-anaphore-en-grammaire-wolof 1 .pdf

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