Une société du sacré ? Désacralisations et re-sacralisations dans la société co
Une société du sacré ? Désacralisations et re-sacralisations dans la société contemporaine Sous la direction de Georges Bertin et Céline Bryon-Portet 2014 | vol. 19 2 Esprit Critique. Revue internationale francophone de Sciences sociales. Une société du sacré ? Désacralisations et re-sacralisations dans la société contemporaine Direction : Georges Bertin et Céline Bryon-Portet « Si les dieux chacun à leur heure sortent du temple et deviennent profanes nous voyons par contre des choses humaines, mais sociales, la patrie, la propriété, le travail, la personne humaine y entrer l'une après l'autre ». Henri Hubert et Marcel Mauss, Introduction à l’analyse de quelques phénomènes religieux, 1909. 3 SOMMAIRE Editorial - Une société du sacré ? Désacralisations et re-sacralisations dans la société contemporaine _________________________________________________________________ 5 Numéro coordonné par Georges Bertin et Céline Bryon-Portet Actualité du Sacré _______________________________________________________________ 7 Georges Bertin, CNAM des Pays de la Loire L'ensauvagement du sacré _______________________________________________________ 18 Denis Jeffrey, Université Laval à Québec La reconfiguration légendaire_____________________________________________________ 28 Jean Bruno Renard. Université de Montpellier Eléments pour une philosophie du vivre ensemble ____________________________________ 38 René Barbier, Université Paris 8 ISSM et CIRPP LA SOUVERAINE DE L'AUTRE MONDE EN QUETE DE SON REGISSEUR désir, mues et métamorphoses vénériennes aux portes du Paradis de la reine de Sibylle d’Antoine de La Sale (XV° siècle) ____ 51 Pascal Duplessis, Société de Mythologie Française Le sacré maçonnique et ses paradoxes _____________________________________________ 71 Céline Bryon-Portet, Université de Toulouse L'approche sociologique complexe dans l'étude des phénomènes de désignation collective (sacralisation, stigmatisation) ____________________________________________________ 81 Annie Cathelin, Université de Perpignan La passion amoureuse comme expérience moderne du sacré de transgression : une interrogation sur le lien social actuel __________________________________________________________ 93 Anne Hélias, Université de Pau Laïcisation de la Langue internationale dite "Esperanto" et rejaillissement diffus de ferveur enthousiaste liée à "l'idée interne" _______________________________________________ 106 Christian Lavarenne La mode, cette religion _________________________________________________________ 117 Françoise Piot-Tricoire, Université d’Angers Le retour du dieu danseur _______________________________________________________ 122 France Schott-Billmann 4 Le clown : quel (con) sacré ? _____________________________________________________ 131 Delphine Cezard «Pop occultisme» Une tentative underground de ré enchantement _____________________ 142 Stéphane François, chercheur associé, GSRL, CNRS « Déchristianisation et re-sacralisation du Graal au cinéma » _________________________ 150 Justine Breton, Université de Picardie Jules Verne – Amiens Des médiums dans les médias ou les nouveaux médiateurs du sacré ____________________ 159 Sébastien Poulain, Université Bordeaux 3 Michel de Montaigne La méridienne de Landeleau. Calendrier celtique et rites contemporains. ________________ 169 Yves Chetcuti, Centre de Recherches sur l'Imaginaire, Grenoble Ponctuations sacrées le long des chemins ordinaires. Croix et calvaires : des carrefours avec la civilisation ? __________________________________________________________________ 183 Christophe Baticle, Université de Picardie Jules Verne, Amiens. La littérature populaire comme résistance à la désacralisation du monde, les « prospecteurs de l’ombre » ____________________________________________________________________ 209 Lauric Guillaud, Université d’Angers, CERLI Notes de lecture _______________________________________________________________ 220 Le sacré, cet obscur objet du désir ? Albin Michel, 180p. – 2009 _____________________________ 220 Hollier Denis. Le Collège de sociologie. Paris, Gallimard/Idées. 1979 __________________________ 221 Ont participé à ce numéro_______________________________________________________ 224 5 Editorial Une société du sacré ? Désacralisations et re-sacralisations dans la société contemporaine Numéro coordonné par Georges Bertin et Céline Bryon-Portet « Si les dieux chacun à leur heure sortent du temple et deviennent profanes nous voyons par contre des choses humaines, mais sociales, la patrie, la propriété, le travail, la personne humaine y entrer l'une après l'autre ». Henri Hubert et Marcel Mauss, « Introduction à l’analyse de quelques phénomènes religieux », 1909. Selon certains chercheurs, l’avènement de la modernité aurait signé un recul des formes symboliques et du sacré, discrédités par une approche conceptuelle, une démarche logique et cartésienne. Le « logos » aurait ainsi définitivement chassé le « muthos » de nos sociétés prétendues rationalistes et matérialistes, et nos existences seraient prises dans un inexorable mouvement de désacralisation, dont la fameuse « mort de Dieu » annoncée par Friedrich Nietzsche serait illustrative en ce qu’elle exprimerait, au-delà du déclin de l’entité divine, la faillite des idéologies transcendantes. De fait, nombre de figures, d’objets, de pratiques et d’institutions que l’on considérait jadis avec un mélange de respect, de crainte et de fascination, sont aujourd’hui banalisés, voire parfois frappés du sceau de la dérision. Ainsi en est-il des figures politiques, qui après avoir été révérées en tant que manifestations sensibles d’un corps immortel – divin ou souverain – en la personne du roi (Marc Bloch, Les Rois Thaumaturges, Ernst Kantorowicz, Les Deux corps du roi…), puis après avoir bénéficié d’une certaine considération jusqu’à la fin du XXe siècle, se sont trouvées quotidiennement raillées par les comiques, ravalées au rang de marionnettes et ridiculisées, comme dans le Bebête Show et les Guignols de l’info. Dans une certaine mesure, la famille, le mariage, la religion, ont également perdu une part de leur sacralité. Mais ne faut-il pas considérer à l’inverse, comme le fait une tradition sociologique dont le Collège de Sociologie fut un précurseur dans les années 1930, que le sacré s’actualise de façon constante, qu’il est matrice de communication entre les êtres et participe de la formation d’êtres nouveaux ? Ce qui se manifestait dans les sacrifices et les fêtes, notamment, ne se déplace-t-il ou mute-t-il pas, innervant maintenant de manière inattendue des domaines aussi divers que le septième art et les échanges numériques ? D’anciennes figures du sacré resurgissent ainsi sous une autre forme (la chevalerie en est un bon exemple), de nouvelles sacralités apparaissent. La nation, le progrès, la science, ont tour à tour été érigés en véritables mythes des temps modernes. Quant à cette ère que d’aucuns qualifient de postmoderne, elle paraît bien drainer son lot 6 d’icônes et de figures vénérables (Marylin Monroe, James Dean, Lady Di…), et renouer, plus profondément, avec un religieux diffus, exprimant une quête de sens : Nouvel Âge, sectes millénaristes, spiritualités laïques, nébuleuses mystico-ésotériques en tous genres ne cessent de se développer et de dessiner les contours d’un sacré certes protéiforme, mais résolument prégnant à l’aube du XXIe siècle (ainsi que l’ont souligné des sociologues comme Françoise Champion et Danièle Hervieu-Léger), car participant de la refondation du lien social, tout en sachant bien qu’il peut être également le lieu du retour des dieux les plus violents. Entre l’expansion des figures du sacré à l’ère numérique et sa contraction dans des groupuscules ou communautés électives, ce numéro de la revue Esprit critique se propose d’étudier ce double processus de désacralisation et de re-sacralisation, d’en expliquer les causes, d’en souligner les ambiguïtés, d’en définir les modes d’expression diversifiés. Il s’interroge sur les raisons de cette profonde plasticité du sacré, de sa permanence derrière d’incessantes reconfigurations, et s’efforce de comprendre ce que traduisent ses mutations actuelles. Pour cela, nous avons a tenu à privilégier une approche pluridisciplinaire. Après en avoir observé les mises en forme que révèlent l’anthropologie culturelle ou l’histoire dans le croisement d’essais théoriques et d’études de cas, nous avons souhaité voir explorés des champs aussi variés que les médias et le cinéma, la littérature et la mode, les organisations religieuses ou parareligieuses et les folklores, pour mettre au jour les représentations collectives qui structurent aujourd’hui l’espace toujours actuel et toujours renaissant du sacré en ce qu’il interroge profondément la nature humaine. C.B-P et G.B. 7 Actualité du Sacré Georges Bertin, CNAM des Pays de la Loire Résumé. Le sacré peut être lieu d’application de la mystique la plus élevée en même que nous l’appréhendons dans nombre de nos expériences du quotidien, ce qui en fait l’actualité à jamais renouvelée. Passant en revue ses définitions dans une perspective plurielle, nous en tentons le repérage dans diverses formations sociales. Mots clefs : sacré, quotidien, mythe, expérience, rites. « La sociologie sacrée peut être considérée comme l’étude non seulement des institutions religieuses mais de l’ensemble du mouvement communiel de la société ». Georges Bataille, 1937. "Le sacré est ce qui donne la vie et ce qui la ravit1". Cette phrase de Roger Caillois indique toute la dimension du sacré. Phénomène à la fois existentiel et surnaturel, il justifie d’une expérience liée au quotidien comme il est lieu de la mystique la plus élevée. Dans le même temps, il est pour chacun expérience quotidienne s’actualisant dans de nombreuses formes figures qui intéressent nos vies et leur donnent souvent sens. Définitions. Le vocabulaire du sacré est révélateur. Dans les sociétés indo-européennes, il désigne une force exubérante qui devient le signe du divin (héros), est encore un acte qui institue une séparation (agios). Le latin sacer vient souligner cette ambivalence en désignant ce qui signe le surhumain vénérable, objet de fascination, et le met à l’écart par une souillure qui suscite l’effroi. L’hébreu distingue qodesh (manifestation différenciée de Dieu) et qadosh (ce qui est séparé, distinct des autres, et se rapporte à Dieu lui-même. Emile Durkheim2 pensait que la distinction profane /sacré était le trait distinctif de la pensée religieuse ; de ce qui distinguait les choses sacrées des choses profanes, que leur place dans la hiérarchie des êtres supérieurs en dignité et en pouvoir déterminait des « choses sacrées » de tous degrés, leur altérité absolue, le contraste universel et ses formes visibles. Pour uploads/Litterature/ desacralisations-et-resacralisations-dans-la-societe-contemporaine.pdf
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- Publié le Oct 03, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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