1 Les difficultés de lecture par le Professeur Jean-Paul Martinez, Ph. D I. PRÉ
1 Les difficultés de lecture par le Professeur Jean-Paul Martinez, Ph. D I. PRÉSENTATION DU THÈME L’apprentissage du langage écrit et les difficultés qui le caractérisent font l’objet de débats de société, parfois passionnels. En effet, cet apprentissage intéresse toutes les catégories sociales et professionnelles et les attentes sont de plus en plus exigeantes. Auparavant, on pouvait entrer sur le marché du travail sans maîtriser l’usage de l’écrit. Comme le soutenait Foucambert (1976), l’alphabétisation était la norme attendue au sortir souvent de l’école primaire, c’est à dire déchiffrer. A l’heure actuelle quelque soit le poste de travail, le niveau de qualification, il faut savoir lire et écrire et souvent rapidement. Mais le débat est aussi vif chez les chercheurs en langage écrit. Le consensus ne paraît pas établi et pour cela il faudra présenter les différentes conceptions de l’acte de lire et d’apprendre à lire reconnues comme crédibles et reposant sur des assises scientifiques. Toutefois, les méthodes de lecture les plus utilisées seront présentées même si elles ne s’appuient pas sur des résultats valides. Nous nous réservons le droit de les analyser et de les critiquer. En ce qui concerne les résultats de travaux de recherche, seuls seront mentionnés ceux qui reposent sur des critères scientifiques. Les responsables de ce thème s’adressent en premier lieu aux chercheurs, aux enseignants, aux étudiants et aux parents. Mais en dernière analyse cette mobilisation des énergies et compétences de ces interlocuteurs a pour objet d’aider les élèves en difficulté de lecture. Ainsi avant de reconnaître que c’est l’enfant qui est porteur du trouble comme dans les conceptions médicales, nous assurerons que la démonstration en est véritablement faite. Pendant plusieurs années, il était impossible de critiquer cette approche, tant elle faisait l’unanimité chez les orthopédagogues et les professeurs chercheurs du domaine. Toutes les questions d’actualité en orthopédagogie de la lecture seront traitées à notre initiative, celles de nos partenaires ou des usagers. Les termes importants se retrouveront dans un glossaire. En orthopédagogie, nous avons trop longtemps voulu régler les problèmes de lecture par les fameux «prérequis» psychomoteurs, à partir de recherches qui confondaient corrélation statistique et relation de cause à effet (Bobee et Martinez). Les chercheurs en lecture importants, jugés incontournables seront présentés, accompagnés d’une courte analyse de leurs travaux. Les revues importantes seront citées avec les articles retenus par l’équipe. Les grands événements, les formations, colloques et congrès nationaux et internationaux seront annoncés et analysés. Les associations nationales et internationales impliquées dans le domaine des difficultés de lecture auront droit à une courte présentation. On retrouvera les adresses des ministères de l’éducation des pays francophones. Toutes propositions visant à inclure d’autres informations seront reçues 2 Tout ce qui pourrait intéresser les professeurs chercheurs, les orthopédagogues, les enseignants dans le domaine des difficultés de lecture. Tout article sur l’apprentissage de la lecture et ses difficultés qui repose sur des critères jugés scientifiques selon les normes en usage sera accueilli dans ce thème. Cet avant-propos montre que la création de ce thème dans le cadre du site ASS répond à des besoins pédagogiques, scientifiques certes, mais aussi à des attentes des parents. Historique Une première brèche fut réalisée par un dossier dans la revue Québec Français en 1980, «Des orthopédagogues s’interrogent» (Van Grunderbeeck et Martinez) qui se traduisis par la remise en cause des fameux pré-requis à la lecture et le constat d’échec des méthodes de rééducation à tendance orthophonique. Une deuxième brèche fut celle commise par le livre de Fijalkow, «De mauvais lecteurs pourquoi?» (PUF,1986). Une étude magistrale à partir de trois cents travaux de recherche nord- américains et européens qui montraient que les différentes écoles de pensée, neurologique, instrumentale, affective, socioculturelle, reposaient leur argumentation sur des travaux hautement critiquables aux plans scientifique et méthodologique. Ces rappels sont importants car un retour aux thèses neurologiques est observable (Chiland 1988, 1990; Fijalkow, 1986; Galaburda, 1988). À l’heure actuelle, un débat important secoue les médecins, la communauté scientifique en éducation et le monde scolaire sur l’usage du toxicomanogène le Ritalin ou Ritaline comme remède aux difficultés d’apprentissage. Certaines études médicales recommandent pour les troubles de concentration sans hyperactivité, l’utilisation de ce médicament à effets secondaires parfois graves. Avant de cautionner, une telle orientation, nous ferons plusieurs analyses et vérifications. En ce qui concerne les difficultés de lecture, on observe des travaux de chercheurs qui s’appuient sur une analyse des difficultés de lecture où les mauvais lecteurs sont ceux qui utilisent par trop le contexte et éprouvent des difficultés de conscience phonologique (Lecoq, 1988; Morais et Alegria, 1987; Morais, 1993; Rieben, 1998; Sprenger Charolles, 1986, 1989; Siegel et Ryan, 1984). Et un autre groupe qui réfléchit sur les conditions, les processus et les stratégies requis dans l’acte de lire et son apprentissage.(Giasson 1990, 1993; Martinez, 1993, 1994, 1998; Tardif, 1994, Romainville, 1993; Van Grunderbeeck, 1994). Dans un premier temps, nous allons dans l’état des connaissances présenter la lecture et son apprentissage à partir de deux perspectives d’analyse. Ensuite nous aborderons la question controversée des difficultés de lecture et de la dyslexie. Ce texte est une première ébauche, une contribution au débat et à la nécessaire information. 3 II. ÉTAT D’AVANCEMENT DES CONNAISSANCES Nous proposerons préalablement une analyse de l’acte de lire et son apprentissage. Pour mieux cerner les conditions requises mais aussi pour saisir pourquoi le consensus n’existe pas en ce qui concerne les termes de dyslexie, difficultés ou troubles d’apprentissage de la lecture. Les différents chercheurs ou praticiens s’inscrivent dans deux conceptions de l’acte de lire et de son apprentissage : ! Il y a un temps pour apprendre à lire, il y a un temps pour lire (Martinez, 1994); ! Apprendre à lire c’est lire et lire c’est apprendre à lire Acte de lire - Il y a un temps pour apprendre à lire, il y a un temps pour lire. Distinctions importantes entre lecteur débutant et lecteur accompli (Martinez à paraître). MIALARET Lire c’est transformer un message écrit en message sonore... puis... de le comprendre. BOUQUET Lire c’est parcourir des yeux comme un projecteur s’arrêtant à faire sur les mots (lecteur accompli) mais cela est possible si le lecteur débutant connaît la correspondance phonème- graphème. DICTIONNAIRE Parcourir des yeux Prononcer à haute voix Identifier les lettres et les assembler BOREL Lire c’est rendre sonore un message porteur de sens. ESTIENNE Lire c’est d’abord avoir saisi que les signes visuels = graphies des lettres = son et MVT élémentaire du langage parlé. Conception strictement centrée sur le langage oral, dans ses aspects les plus élémentaires. AUTRES CHERCHEURS Sprenger Charolles (1989) Fayol (1990) (processus séquentiels) Zagar (1990) (processus séquentiels) LeCoq (1990) (processus séquentiels) Conscience phonologique BOURCIER Lire c’est comprendre (lecteur accompli) mais préalablement apprentissage du lecteur débutant de la correspondance phonème graphème. MOYEN-ÂGE Insistance sur l’aspect quasi unique de la lecture orale. Peu de lecture visuelle ou dite silencieuse, les conceptions ultérieures reposent sur cette définition (voir historique, Martinez, 1994). Lire, c’est prononcer ce que l’on voit en parlant et avec ses oreilles. On écoute les paroles que l’on prononce. Le mâchonnement répété des paroles divines. Sources bibliographiques : Mialaret, Bourcier, Fayol, Lecocq. Généralement, nous avons appris à lire dans une démarche dite en deux temps et pour cela il nous apparaît compliqué, voire inutile de concevoir que lire et apprendre à lire soit autre chose. Les études menées par Giasson et Martinez montrent que nous sommes inconsciemment dépendants de la manière dont nous avons appris à lire. Les travaux de Barr (1975) aux États-Unis montrent qu’une imprégnation cognitive, s’opère dès la première année et détermine notre profil de lecteur. En d’autres termes, le lecteur débutant peut répéter à satiété la stratégie qu’on lui a enseignée de façon répétitive en démarrage d’apprentissage. 4 LES COURANTS DE LECTURE ANALYTIQUE Reconnaître des mots, des phrases des syllabes et des lettres SYNTHÉTIQUE Relation Son/Signe J – et – e Fusion = Je (synthèse) Processus de lecture privilégié Reconnaissance Processus de lecture privilégié Identification Donner une réponse instantanée à un mot qui a déjà été identifié dans d’autres lectures Utiliser un moyen quelconque pour trouver la prononciation d’un mot (Giasson, 1991) NB: les méthodes dites mixtes sont en fait des méthodes syllabiques à départ global Ces travaux n’ont pas été démentis et au contraire plusieurs chercheurs abondent dans ce sens (Giasson,1983, 1990; Martinez, 1994; Stanovitch, 1989; Tardif, 1990). Quelle stratégie et processus cognitif utilisons-nous quand nous lisons? Sommes-nous capables d’expliciter notre démarche de lecture? Que faisons-nous en cas de difficulté, de panne? Répondre à ces questions impliquent que nous soyons placés dans des situations de lecture où cela se présente, sinon nous l’expliquerons de façon rationnelle sans prise avec notre véritable démarche stratégique de lecture. La lecture de textes d’étudiants sur l’acte de lire montre généralement que lire, c’est comprendre, mais comme un objectif et non un traitement des informations dès que l’apprentissage de la lecture démarre. On mélange encore les concepts de déchiffrage et décodage. La vision d’une lecture oralisante (schéma de lecture orale) domine sans pour autant avoir conscience que lire est une activité éminemment visuelle (Beaume, 1989; Martinez, uploads/Litterature/ difficult-elect.pdf
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- Publié le Fev 02, 2021
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