HUME et la naissance du libéralisme économique Collection Analyse et Raisons AU
HUME et la naissance du libéralisme économique Collection Analyse et Raisons AUBIER MONTAIGNE Si vous souhaitez être tenu au courant de nos publications, I il vous suffit d’envoyer vos nom et adresse aux Editions Aubier Montaigne 13, Quai de Conti 73006 Paris © Editions Aubier Montaigne, Paris, 1979 ISBN 2-7007-0156-9 ABREVIATIONS ET PRINCIPALES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES G. G. : David H ume, The Philosophical Works, edited by T. H. Green and T. H. Grose, 4 vol., reprint of the new edition London 1882, Darmstadt, Scientia Verlag Aalen, 1964. Tetters : The Letters of David Hume, edited by J. Y. T. Greig, 2 vol., Clarendon Press, Oxford University Press, 1932 ; réim pression, 1969. New Letters : New Letters of David Hume, edited by R. Kli- bansky and E. C. Mossner, Clarendon Press, Oxford University Press, 1954 ; réimpression, 1969. THN : A Treatise of Human Nature {Traité de la nature humaine, trad. A. Leroy (citée L), 2 vol., Paris, Aubier, 1946). Abstract : An Abstract of a Treatise of Human Nature {Abrégé du Traité de la nature humaine, trad. D. Deleule (citée D), Paris, Aubier, coll. bilingue, 1971). IHU : An Inquiry concerning Human Understanding {Enquête sur Ventendement humain, trad. A. Leroy (citée L), Paris, Aubier, 1947). IPM : An Inquiry concerning the Principles of Morals {Enquête sur les principes de la morale, trad. A. Leroy (citée L), Paris, Aubier, 1947). HNR : The Natural History of Religion {L'histoire naturelle de la religion, et autres essais sur la religion — « Superstition et enthousiasme », « De l'immortalité de Pâme », « Du sui cide » — , trad. M. Malherbe (citée M), Paris, Vrin, 1971). DNR : Dialogues concerning Natural Religion {Dialogues sur la religion naturelle, trad. M. David (citée D), rééd. J.-J. Pauvert, 1964). Autres traductions utilisées : H ume, Essais esthétiques, trad. R. Bouveresse (citée B), 2 vol., Paris, Vrin, 1973 et 1974 (1. Art et Société : « Pourquoi 7 écrire des Essais ? », « De l’éloquence », « Du raffinement dans les arts », « De la naissance et du progrès des arts et des scien ces ». 2. Art et Psychologie : « De la délicatesse du goût et de la passion », « De la simplicité et du raffinement dans l’art d’écrire », « De la norme du goût », « De la tragédie »). H ume, Lettre à un ami (A Letter from a Gentleman to his friend in Edinburgh — 1745), trad. D. Deleule (citée D), édition bilingue, « Annales littéraires de l’Université de Besançon », Paris, Les Belles Lettres, 1977. H ume, Histoire d'Angleterre, nlle éd. revue et corrigée par M. Campenon, Paris, Rolland éd., 1830, 10 vol. 8 « Des droits qui ne posséderaient aucune influence et dont il ne serait jamais fait usage ne seraient nullement des droits ». (A dissertation on the passions, II, 9 ; G. G., 4, p. 151, n. 1). AVANT-PROPOS Hume inscrit à l’ouverture des Political Discourses de 1752 un bref manifeste méthodologique qui constitue à la fois une mise en garde contre les lectures empreintes de préjugés et un plaidoyer pour l’exercice de la réflexion philosophique à laquelle devrait aspirer tout homme d’Etat : « On peut diviser le gros de l’espèce humaine en deux classes : les penseurs superficiels, qui n’approchent pas la vérité, et les penseurs abstrus, qui vont au-delà. La dernière classe est de loin la plus rare, et, ajouterai-je, de beaucoup la plus utile et la plus précieuse. Au moins, ceux qui en font partie suggèrent-ils des idées et soulèvent-ils des difficultés, qu’ils manquent peut-être d’habilité à traquer, mais qui peuvent susciter de belles découvertes, quand elles sont reprises par des hommes qui ont une manière plus juste de raisonner. Au pis aller, ce qu’ils avancent est peu commun, et s’il en coûte quelque peine pour le comprendre, on a cependant le plaisir d’entendre du neuf. On apprécie peu un auteur qui ne dit que ce qu’on peut apprendre par une conversation de café. Tous ceux dont la pensée est superficielle sont portés à dénoncer ceux-là mêmes dont le jugement est solide comme des penseurs abstrus, comme des métaphysiciens, comme des gens qui compliquent tout à plaisir 1 ; ils n’admettront jamais la justesse de ce qui dépasse leurs faibles conceptions. Il est certaines circonstances, je le reconnais, où un raffinement extraordinaire produit une forte présomption de fausseté, et où l’on doit ne se fier en matière de raisonnement qu’au naturel et à l’aisé. Lorsqu’un homme délibère sur ce qu’il doit faire dans une circonstance particulière, et qu’il tire des plans sur la politique, le commerce, l’économie ou sur quelque autre affaire vitale, il ne doit jamais pousser ses arguments jusqu’à la subtilité ni lier ensemble une trop longue chaîne de déductions. Quelque chose se produira nécessairement qui déconcertera son raisonnement, d’où s’ensuivra un événement différent de ce qu’il attendait. Mais quand nous raisonnons sur des sujets généraux, nous pouvons affirmer sans crainte de nous tromper que nos spéculations ne seront jamais trop subtiles, pourvu qu’elles soient justes, et que la différence entre un homme ordinaire et un homme de génie dépend principalement de l’aspect superficiel ou de la profondeur des principes sur lesquels ils se fondent. Les raisonnements généraux paraissent embrouillés uni quement parce qu’ils sont généraux ; il n’est pas facile au gros de l’humanité de distinguer, au milieu d’un grand nombre de points particuliers, la circonstance commune sur laquelle tout le monde 11 s'accorde, ou de l'extraire, pure et sans mélange, des autres circons tances superflues. Pour la plupart des hommes, tout jugement ou toute conclusion est particulier. Ils ne peuvent étendre leur vue jusqu’à ces propositions universelles qui embrassent un nombre infini de cas individuels et renferment toute une science dans un seul théorème. Leur regard est troublé par une perspective aussi vaste ; et les conclusions qui en sont tirées, même exprimées clairement, leur semblent embrouillées et obscures. Mais quelque embrouillés qu’ils puissent paraître, il est certain que les principes généraux, s’ih sont justes et vigoureux, doivent toujours prévaloir dans le cours général des choses, même s’ils peuvent faillir dans des cas particuliers ; or c’est la principale affaire des philosophes de considérer le cours général des choses. J ’ajouterai que c’est aussi la principale affaire des hommes politiques, surtout dans le gouvernement intérieur de l’Etat où le bien public, qui est ou devrait être leur objet, dépend du concours d’une multitude de causes, et non pas, comme dans la politique étrangère, des accidents, des aléas, ou des caprices de quelques personnes. Voilà donc ce qui fait la différence entre les délibérations particulières et les raisonnements généraux, et pourquoi la subtilité et le raffinement conviennent beaucoup plus à ceux-ci qu’à celles-là. J ’ai cru que cette introduction était nécessaire avant les discours qui vont suivre sur le commerce, Vargent, Vintérêt, la balance du commerce, etc.2, car on y rencontrera peut-être quelques principes peu communs, qui pourront sembler trop raffinés et trop subtils pour des sujets aussi triviaux. Si ces principes sont faux, qu’on les rejette ; mais que nul ne les reçoive avec prévention, simplement parce qu’ils sont hors du sentier battu » 3. « Quelques principes peu communs » : en un style qui n’est pas simple précaution, Hume annonce l’originalité du recueil — et même y insiste, puisque tout ce qui précède peut, en première lecture, être perçu comme la légitimation de l’intru sion du « peu commun » dans le royaume du « trivial ». Ces prin cipes, « raffinés » et « subtils », participeront d’un certain regard porté sur les questions économiques. Ce regard sera philosophique, ce qui signifie qu’il s’intéressera au trivial comme à quelque chose qui relève des raisonnements généraux et non des délibérations particulières : le trivial promu à la dignité de « sujet général », voilà l’originalité revendiquée. Que les auteurs aient coutume d’affirmer la nouveauté de leur entreprise — et Hume ne s’en est pas privé4 — ne représente certainement pas une raison suffisante pour que l’on refuse de créditer le sérieux de leur ambition. Aussi la présente recherche n’aura-t-elle d’autre objet que d’examiner les conditions de cette conversion du regard philosophique sur les questions écono miques. Conditions, cela s’entend de deux façons : les raisons pour lesquelles la conversion est exigée — la manière dont elle s’effectue ; en d’autres termes : qu’est-ce qui devait engager le philosophe à regarder autrement les phénomènes économiques ? \Quels étaient les instruments conceptuels requis pour ce nouveau type d’accommodation ? Questions que l’on peut encore décom poser : qui étaient ces penseurs superficiels engagés dans les cir constances particulières ? en quoi le raisonnement général leur fchappait-il ? quel était l’objet de leurs préoccupations dans le Champ économique ? A quel nouvel « objet » leur discours était-il devenu inadéquat pour que soit proclamée la nécessité d’un autre regard ? en quoi ce nouvel « objet » requérait-il l’inter vention-modèle du philosophe ? L ’ouvrage, de fait, connut le succès, et dès la première édition. uploads/Litterature/ deleule-didier-hume-et-la-naissance-du-liberalisme-economique.pdf
Documents similaires










-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 17.0444MB