Devoir de littérature du XVIe siècle Salim Zghal – M1 Plan de la dissertation I

Devoir de littérature du XVIe siècle Salim Zghal – M1 Plan de la dissertation I. L’Hécatombe à Diane : des poèmes d’amour, de désespoir, de sang et de mort 1. L’Hécatombe à Diane : des poèmes d’amour 2. L’Hécatombe à Diane : des poèmes de désespoir 3. L’Hécatombe à Diane : des poèmes de sang 4. L’Hécatombe à Diane : des poèmes de mort II. Reprise des procédés et des thèmes propres à la tradition poétique 1. Les reprises formelles 2. Les reprises rhétorico-thématiques a. La reprise de « situations » (de l’itinéraire amoureux) b. Les topoi de la conjunctio oppositorum c. Les topoi injonctifs (de l’appel) d. Les topoi propres à l’image de la dame e. Les topoi de l’amour furieux f. Les topoi de la nature g. Les références mythologiques et historiques III. L’innovation albinéenne 1. Les aspects contradictoires de certains des topoi repris 2. Les associations inattendues (à l’albinéenne) de cesdits topoi 1 Devoir de littérature du XVIe siècle Salim Zghal – M1 Rédaction L’Hécatombe à Diane est un ensemble de sonnets écrits et offerts de la main d’Agrippa d’Aubigné à son amour intemporel, Diane Salviati. S’inscrivant dans la veine lyrique et amoureuse, alors en vogue, de la poésie de la deuxième moitié et de la fin du XVIe siècle, l’Hécatombe est le premier des trois « chapitres » qui composent Le Printemps, œuvre de jeunesse d’Aubigné, dont l’écho se fera entendre par la suite dans l’œuvre albinéenne par excellence : Les Tragiques. De cette dernière se trouvent déjà, dans l’Hécatombe, les prémices et les couleurs même. En fait, bien que se plaçant sous l’étendard du lyrisme amoureux, cette œuvre de jeunesse ne peut être uniquement réduite à cette perspective-là. Plus précisément, « l’Hécatombe à Diane sont des poèmes de désespoir, de sang, d’amour et de mort, où l’auteur reprend des procédés et des thèmes communs à ses prédécesseurs, mais il en souligne les aspects contradictoires, les heurtant dans des associations inattendues. » C’est ce dernier point de vue que l’on se propose d’expliquer dans ce qui va suivre. L’étude se fera en trois temps : dans une première partie, il sera question de justifier que l’Hécatombe à Diane sont bel et bien des poèmes de désespoir, de sang, d’amour et de mort » ; une deuxième partie sera consacrée à l’étude des procédés et des thèmes communs aux prédécesseurs d’Aubigné, figurant dans son œuvre ; une troisième et dernière partie expliquera comment s’opère l’innovation albinéenne dans l’Hécatombe à travers l’insistance sur les aspects contradictoires de certains de ces procédés et de ces thèmes, notamment par le biais d’associations inattendues qu’en fait le poète. L’Hécatombe à Diane sont d’abord et avant tout des poèmes d’amour, écrits – comme leur nom le suggère – pour une personne, Diane Salviati, et dénotant de l’amour que lui voue Agrippa d’Aubigné, tombé sous son charme depuis leur rencontre, en juin 1571. Le titre place d’emblée l’ensemble sous l’étendard du lyrisme amoureux. Le poète y exprime ses sentiments ainsi que l’intention première de son écrit : « brusler d’amour » (S. XII, v. 12) pour Diane, et ce, par l’écriture. Cette intention, il la spécifie davantage, et en personne, dans Sa vie à ses enfants, où il explique que « cet amour luy mit en teste la poësie françoise ». Pour lui, « l’amour surmonte tout » (S. XIII, v. 14) et est à la fois moyen et finalité, ce qui légitime bien le fait que la femme dont il s’est épris soit, à elle seule, placée au centre de son ouvrage. Le sonnet XX témoigne plus explicitement de l’envie de chanter l’amour et du projet commun de le transformer en véritable hymne sous le signe du partage mutuel : « Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux : J’en seray laboureur, vous dame et gardienne. Vous donnerez le champ, je fourniray de peine, 2 Devoir de littérature du XVIe siècle Salim Zghal – M1 Afin que son honneur soit commun à nous deux. Les fleurs dont ce parterre esjouira nos yeux Seront verds florissants, leurs subjects sont la graine […] » (S. XX, vv. 1-6) Ce « jardin fructueux », c’est l’Hécatombe à Diane, inspiré par la femme du même nom. En effet, c’est elle qui en fournit le « champ », le terrain où Aubigné bâtira son atelier de poésie, c’est-à-dire qu’elle en est à la fois l’instigatrice et l’inspiratrice. Sans champ adéquat à portée de main, le poète-laboureur n’est pas à même de cultiver la terre de sa poésie pour y faire pousser des « fleurs », des poèmes « verds florissants ». Sans amour pour Diane, pas d’Hécatombe à Diane. C’est là une relation de cause à effet qui lie inévitablement le poète à sa muse, l’amant à sa bien-aimée. Aussi n’est-il pas surprenant de découvrir que certains sonnets répondent parfaitement à la définition première de l’amour, qui rime essentiellement avec l’union. Dans le sonnet XXXV, par exemple, le poète et sa dame ne font qu’un, ils « chant[ent] d’une main muette » (v. 7), commune, « de liaison bien faicte » (v. 3) et « [leurs] doigtz sont enlassez » (v. 14). Aubigné associe même Diane à « [s]on cœur second » (S. LVII, v. 2). Mais si l’on peut dire des poèmes de l’Hécatombe à Diane que ce sont des poèmes d’amour, qui mettent en scène un amant « […] discourant à sa dame / Son amour, sa constance et sa volante flamme » (S. LXIX, vv. 2-3), cela n’entraîne pas obligatoirement une réciprocité amoureuse. En effet, des poèmes d’amour sont simplement censés parler d’amour. Certes, Aubigné aime Diane et le dit haut et fort, mais cette dernière perçoit très souvent leur relation différemment. L’amour mutuel est souvent relégué au plan du passé et est associé à un simple souvenir perdu. Le présent, quant à lui, témoigne de l’univocité de l’amour que la bien- aimée ne partage plus et à l’inconstance amoureuse vis-à-vis du poète : tantôt « l’amour [l]e veut aider » (S. VII, v. 3), tantôt l’« amour […] [l]e tue » (S. XI, v. 9). Nonobstant cette ambivalence, et quel que soit le ton sur lequel est énoncé chaque sonnet, il apparaît bien que l’Hécatombe à Diane est un ensemble de poèmes d’amour, dont le paroxysme est atteint « au tribunal d’amour » (S. C, v. 1), au tout dernier sonnet. Cependant, qui parle d’ambivalence amoureuse, parle également de répercussions sur le sujet lyrique, à savoir le poète. L’univocité de l’amour entraîne très souvent le désespoir de l’amant. Le tout premier sonnet de l’Hécatombe à Diane précise cela et met l’accent sur la détresse qui sillonne les autres poèmes, détresse dont le naufrage amoureux n’est que la première manifestation explicite. En effet, en amour, le désespoir est lié à la perte d’espérance, à l’abandon. Aubigné, se rendant compte de l’impossibilité de la réciprocité de l’amour qu’il désire tant, prend conscience de la futilité des « espoirs menteurs » (S. III, v. 6) et des « attentes sans fruict » (ibid., v. 11), qui le font espérer en vain. Le poète oscille entre espoir et désespoir, sa bien-aimée lui fait « perd[re] son espérance, et puis la renouvelle » (S. X, v. 4), comme c’est le cas dans le sonnet XVIII : « Qui pourroit esperer en ayant affronté 3 Devoir de littérature du XVIe siècle Salim Zghal – M1 Cest œil imperieux, ceste celeste face ? Mais qui n’espereroit voyant sa douce grace Affriandé du miel d’une telle beauté ? Qui pourrait esperer que rien severité De ce visage armé d’une agréable audace, Et qui n’esperera de pouvoir trouer place En un lieu qui merite un labeur indompté ? Je ne puis esperer sçachant mon impuissance, J’espere et fay chemin d’une folle esperance […] » (S. XVIII, vv. 1-10) La figure de Diane est donc duelle, et la femme tant convoitée est présentée comme trompeuse et manipulatrice, « changeant en désespoir [tout] ce qui fait espérer » (S. LXXXIX, v. 4). Mais si espoir et désespoir alternent parfois, c’est ce dernier qui domine en général. En effet, Aubigné sait que « l’espoir des vaincus est de n’esperer point » (S. XVIII, v. 14), c’est-à-dire qu’il s’est finalement résolu à accepter le sort qui lui est réservé et à vivre dans une situation a priori irréversiblement désespérante et désespérée. Le désespoir est associé à la fatalité, à laquelle se dérober semble être chose impossible. Il mobilise au moins deux instances : l’amant et la bien-aimée. La première instance fait face à l’incapacité de plaire à la deuxième, « sourde à [s]on oraison » (S. XXXIII, v. 13), et qui – quant à elle – n’hésite pas à manifester son indifférence. Le désespoir, causé par le souvenir d’un passé heureux et marqué par l’entente, engendre frustration, malheur, souffrance et larmes. À ce propos, le poète lui-même, « crevant de desespoir le fiel de [s]es douleurs » (S. LVIII, v. 8) admet que « rien n’est le destructeur de [s]a pauvre esperance / que le passé uploads/Litterature/ dm-litt-du-xvie-s-l-x27-hecatombe-a-diane.pdf

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