Georges Dossin Les archives épistolaires du palais de Mari In: Syria. Tome 19 f
Georges Dossin Les archives épistolaires du palais de Mari In: Syria. Tome 19 fascicule 2, 1938. pp. 105-126. Citer ce document / Cite this document : Dossin Georges. Les archives épistolaires du palais de Mari. In: Syria. Tome 19 fascicule 2, 1938. pp. 105-126. doi : 10.3406/syria.1938.4036 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1938_num_19_2_4036 BIBLIOTHEQUE ,' , r • IFAPO Cote: LES ARCHIVES ÉPISTOLAIRES DU PALAIS DE MARI (1) PAR GEORGES DOSSIN Depuis l'hiver 1933-1934, chaque année, M, André Parrot conduit à Tell Hariri, le site de l'ancienne Mari, des fouilles dont les résultats s'avèrent d'ores et déjà d'une grande importance pour notre connaissance de l'Orient ancien*2). Au cours de ses travaux, il a notamment dégagé un vasle palais demeuré dans un état de conservation remarquable. Les dimensions de cette construction sont telles qu'après la quatrième campagne de fouilles (hiver 1936-1937) le déblaiement complet n'a pu encore être achevé. A ce jour, près, de 230 chambres ou cours ont déjà été dénombrées, mais il semble qu'elles représentent 'seulement les deux tiers de la superficie totale du palais. M. Par- rot y a recueilli une riche moisson de documents intéressant l'histoire de l'art, l'archéologie et l'épigraphie ; cette dernière a été particulièrement favorisée. Il a retrouvé, en effet, dans différentes pièces, quantité de tablettes cunéi formes, dont il évalue actuellement le nombre à plus de 20.000 <3). La nature et l'âge de ces documents ont été établis par M. Thureau-Dangin, qui les soumit à un examen rapide et sûr(4). Les tablettes constituaient les archives du palais et comprenaient des textes de comptabilité, des contrats, des textes divinatoires et des lettres. Le type d'écriture permettait de les dater du temps de la première dynastie babylonienne (pi. XVI, 2 et 3), et la ment ion simultanée de Hammurapi et de Zimrilim, dernier roi de Mari, apportait une nouvelle précision à cette date. Les archives du Palais de Mari remont aient donc aux environs de ^000 avant J.-C. La publication en a été confiée à plusieurs assyriologues qui travaillent (*) M. A. Parrot a bien voulu pourvoir à (1938), p. 1 et ss. l'illustration du présent article ; je le remercie • (3) Cf. Comptes rendus de V Académie des vivement de son obligeance. Inscriptions, 1937, p. 227. l2) Cf. Syria, XVI (1935), p. lss. ; XVII (4) Cf. Revue d'assyriologie, XXXIII (1936), (1936),' p. 1 ss.; XVIII (1937), p. 54 ss. ; XIX p. 170 ss. Syria, XVIII. . 14 106 SYRIA actuellement à leur déchiffrement sous l'éminente direction de M. Thureau- Dangin. De toutes les chambres qui .ont livré. des tablettes, une place à part doit être faite à la chambre qui porte le n° 115 (fîg. 1 ; pli XIV; 1). C'est dans cette salle que fut retrouvée la plus riche collection de textes et cette collec tion se composait en majeure partie de lettres W. M. Charles-F. Jean et moi- même sommes occupés à leur déchiffrement. A la séance du 15 janvier 1937, Fig. 1. — Palais de Mari : la salle des archives (115). j'ai lu h l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres une communication sur les premiers résultats du travail ; on en trouvera un résumé dans les Comptes rendus, 1937, pp. 12-20 (2\ Je me propose de reprendre ici cette communic ation; mais en Tétayant des citations de texte nécessaires et en l'augmentant de faits nouveaux acquis depuis le. 15 janvier 1937 (3). (J) On y trouve également quelques textes de comptabilité. A mentionner aussi la copie d'une inscription historique, à la vérité, fort mutilée, de Samsi-Adad Ier et un rituel en langue accadienne. (2) Voir aussi G. Cojntknau, Revue gique, 4937, I, p. 169. (3) M. Charles-F. Jean m'a obligeamment communiqué une série de constatations qu'il a faites à propos de son lot et qui sont venues ou confirmer ou compléter mes données. Je lui en sais le meilleur gré. SYRIA, 1938. 1. Situation do la salle 115. De bas en haut : chambre a, couloir 114, salle 115. "2. Le « placard » oriental de la salle 115. Dans le fond e LES ARCHIVES ÉPISTOLAIRES DU PALAIS DE MARI 107 Le format etJes dimensions des tablettes sont très variables. Les plus petites, carrées, mesurent 3 cm. de côté et les plus grandes, rectangulaires, atteignent 15 cm. de longueur sur 10 cm. de largeur. La plupart des docu ments comportent de 20 à 30 lignes ; certains dépassaient la centaine. Il importe de remarquer que l'état de conservation des tablettes est en raison inverse de leurs dimensions, les plus petites étant demeurées intactes, les plus grandes ayant été endommagées ou mises en pièces (pL XV, 1 à 3). L'avenir dira si, parmi les nombreux fragments, il s'en trouve qui puissent être rap portés et reconstituer la tablette originale en tout ou en partie. Pour l'ins tant, il faut bien constater que les destructeurs du palais se sont acharnés à mettre en pièces les archives, qui paraissaient avoir été classées par « paniers » et par année (*>, et que, seules, les tablettes de petit format ont échappé à leurs coups. La littérature cunéiforme possède une importante collection de lettres de la première dynastie babylonienne qui sont en majeure partie des lettres privées. Elles ont été écrites souvent dans une cursive rapide et parfois relâchée et il n'est pas rare d'y relever des fautes telles que omissions de signes, de mots et même de lignes entières, dittographies, erreurs de signes, corrections. Rien de pareilvdans nos textes, qui sont, au contraire, d'une écriture nette et sûre; les fautes y sont rares. On se rend compte, en les déchiffrant, qu'ils ont été écrits par des scribes de chancellerie choisis parmi les meilleurs «-calâmes » du moment: Si les hommes et le temps ne les avaient endommag ées, certaines tablettes pourraient passer pour des modèles de calligraphie cunéiforme. Notons aussi que chaque scribe possède son type d'écriture personnel, sa « main », et que cet indice épigraphique interviendra éventuel lement lors d'un essai de regroupement des fragments. Le syllabaire cunéiforme utilisé dans les archives épistolaires de Mari ne s'écarte guère de celui des lettres de la première dynastie babylonienne. On rencontre seulement le signe BE employé avec la valeur ûs,Jn signe AB avec la l1) J'ai retrouvé, en effet, dans mon lot deux pisan (= GI PISAN) tup-pa-a-tim sa wa-ar-di petites tablettes, de forme carrée, percées à la sa Zi-im-ri-li-im « panier de lettres des ser- base de deux trous, qui avaient servi au pas- viteurs de Zimrilim » et, au revers, la men- sage du lien d'attache (pi. XV, 4 c). Elles tion du mois, du jour et de la 32e année de portent chacune sur la face la mention : Hammurapi : MU ugnim Ès-nun-na. 108 SYRIA valeur is, iz ou même is, le signe US avec la valeur wf, le signe PI avec les va leurs yi, yu et peut-être ya, comme dans le syllabaire des lettres d'El Amarna: La langue accadienne dans laquelle les lettres sont rédigées ne présente que de légères particularités dialectales (1). Le vocabulaire ne diffère pas essen tiellement de celui des lettres de la première dynastie babylonienne. C'est à peine si on y relève quelques mots de caractère sémitique occidental, tels que hasêrum « parc à moutons » (cf. hébreu "isn), hamqum « plaine, vallée », (cf. hébreu pay), almânum (3) « veuve » (cf. hébreu ]^)^)- Le mot sâbum « homme, soldat » apparaît souvent au génitif sing, sous la forme sa-ba-i-im, qui suppose un nominatif *sab'um (cf. hébreu n?ï). Dans les lettres de teneur politique, on rencontre fréquemment l'expression imêrhayari qatâlu(m). Les deux termes qui la composent sont absents du voca bulaire accadien, mais ils figurent l'un et l'autre dans le vocabulaire hébreu : le verbe qatâlu(m) correspond à biajD « tuer » et le substantif hayaru(m), que le déterminatif imêr(um) « âne » désigne comme un animal de l'espèce asine, n'est autre que l'hébreu ts « ânon » . Le terme hayaru(m) est le plus souvent écrit imêrha-a-ra-am (pi. imêrha-a-ri-i) avec ou sans déterminatif, mais la variante iméra-ia-ra-am en précise la lecture, et elle confirme en même temps le rap- prochement avec l'hébreu *r>y. L'expression imêrhayari qatâlu(m) « tuer les ànons » désigne le sacrifice qui accompagnait et consacrait les serments d'al liance, comme il ressort des deux passages suivants : (16) na-as-pa-ar-tam arwii-tam a-na Bi^na-Istar \ as-pu-ur ïBi-na-Vstar ki-im i-pu-ul \um-ma-a-mi it-ti Qar-ni-li-im \ imêrha-a-ra-amcq-tu-ulùinani4s ilânimes \ (20) a-na-ku a-jna Qar-ni-li-im ki-im aq-bi | um-ma a-na-ku-ma sum-ma a-na Zi-im- ri-li-im \ ù um-ma-na-ti-su tu-qâ-al-la-al \ a-na-ku a-na be-el a-wa-ti-ka a-ta-ar. « J'ai envoyé ce message à Bina-Istar. Bina-Istar m'a répondu comme il suit : « J'ai tué l'ânon avec Qarnilim et par le nom des dieux voici ce que j'ai a déclaré à Qarnilim : si tu pèches contre Zimrilim et ses armées, je me tour- ce nerai du côté de ton adversaire. » (l) Plusieurs d'entre elles. ont déjà été rele- études sémitiques, 1937, fasc. 3, p. 97 ss. ; vées par M. Thuueau-Dangin dans les notes Mélaphonie Vam > Vem dans les lettres uploads/Litterature/ dossin-1938-mari-archives.pdf
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- Publié le Nov 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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