Olga Anokhina et François Rastier Texto ! Textes et Cultures, Vol. XX, n°3 (201

Olga Anokhina et François Rastier Texto ! Textes et Cultures, Vol. XX, n°3 (2015) 1 / 4 Annonce de parution Écrire en langues Littérature et plurilinguisme Olga ANOKHINA et François RASTIER (dir.) Paris, Éditions des Archives Contemporaines 126 pages - 17 × 24 cm ; 25€ ISBN 978-2-8130-0172-6 - juin 2015 Quatrième de couverture La notion de littérature nationale doit beaucoup aux nationalismes du XIXe siècle et sa validité reste d’autant plus douteuse que les langues de culture sont transnationales. Elles attirent des écrivains de toute nationalité, qui à bon droit rivalisent avec ceux qui écrivent dans leur langue maternelle. Par leur connaissance des langues comme par leurs traductions et autotraductions, ces écrivains plurilingues accèdent à l’espace de la littérature mondiale qu’ils contribuent à étendre. Dans la mesure où les œuvres publiées gardent rarement les traces de ce plurilinguisme, les manuscrits des écrivains plurilingues offrent un accès privilégié à leur véritable processus créatif et permettent d’appréhender empiriquement l’impact qu’exerce le plurilinguisme sur la créativité littéraire. Consacré à la création plus qu’à la critique, cet ouvrage entend mettre en débat l’esthétique, la linguistique et l’approche génétique des œuvres pour illustrer le plurilinguisme secret de toute littérature. Corée, Japon, Allemagne, Pérou, Argentine, Russie, Italie, Île Maurice, Antilles, Bulgarie, voici les principales destinations de ce voyage littéraire qui s'offre au lecteur. Olga Anokhina et François Rastier Texto ! Textes et Cultures, Vol. XX, n°3 (2015) 2 / 4 SOMMAIRE Olga ANOKHINA et François RASTIER Avant-propos François RASTIER Une introduction Ursula MOSER (Université d’Innsbruck, Autriche) Écrire « entre deux territoires, entre deux langues, […] entre deux mémoires » (A. Djebar). — Capital et défis du pluriel Birgit MERTZ-BAUMGARTNER (Université d’Innsbruck) Passages et ancrages en France. Dictionnaire des écrivains migrants (1981-2011). Une présentation. Olga ANOKHINA (ITEM, CNRS/ENS) Étudier les écrivains plurilingues grâce à l’approche génétique Dirk WEISSMANN (Université Paris-Est Créteil) La création translinguistique dans les relations littéraires franco-allemandes aujourd’hui Anne BAYARD-SAKAI (Centre d'Études Japonaises, INaLCO) La littérature japonaise et l'oblitération des frontières Christian ESTRADE (Université de Toulouse-le-Mirail) Copi romancier ou s'autotraduire en écrivant Samia KASSAB (Université des sciences humaines, Tunis) De Glissant à Chamoiseau : « écrire en présence de toutes les langues du monde » Marie VRINAT-NIKOLOV / Patrick MAURUS (CERLOM/INaLCO) Traduire le colinguisme à l’œuvre dans la littérature François RASTIER (INaLCO-ERTIM/CNRS) Primo Levi et la langue allemande Cécile JEST (Université de Cergy-Pontoise) Ananda Devi, une écrivaine mauricienne au cœur des langues Emilio SCIARRINO (Université Paris 3) Poésies plurilingues en Italie, de la genèse à la réception (Rosselli, Sanguineti) Olga Anokhina et François Rastier Texto ! Textes et Cultures, Vol. XX, n°3 (2015) 3 / 4 AVANT-PROPOS Art du langage, la littérature met à profit les ressources de toutes les langues. En 2006, le Groupe de Haut Niveau sur le Multilinguisme institué par la Commission Européenne a rendu un rapport insistant sur la nécessité de développer les recherches sur le multilinguisme et la créativité. Trois ans plus tard, une étude sur la Contribution du multilinguisme à la créativité réalisée pour la Direction générale Éducation et Culture de la Commission européenne a mis en lumière de nombreux domaines où le multilinguisme favorise la créativité et souligné l’importance d’initier les recherches –pour l’heure quasi inexistantes– sur l’impact du multilinguisme sur la créativité. Or, dans divers domaines scientifiques (psycholinguistique, sociolinguistique, sciences de l’éducation, neurolinguistique, etc.), le multilinguisme est appréhendé uniquement dans le domaine de l’oral. En revanche, ce livre entend précisément décrire l’impact du multilinguisme sur la créativité littéraire par l’étude de l’écriture multilingue d’écrivains qui pratiquent des langues de diverses familles linguistiques. En composant ce recueil, nous avons cherché à varier les auteurs, les angles d’analyse et les traditions littéraires en diverses contrées, du Japon à la Corée et du Pérou à l’Argentine, en passant par les Caraïbes. La comparaison de ces pratiques devra amener à la compréhension du phénomène multilingue dans l’écriture. Nous souhaiterions remercier les organismes de recherche qui ont contribué à l’organisation de la journée d’étude dont est issue la majorité de contributions de ce volume : l’Équipe de recherche Texte, informatique, multilinguisme (INaLCO), l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (UMR 8132 CNRS/ENS), le labex TransferS, le PSL, l’Observatoire européen du plurilinguisme, l’Institut Ferdinand de Saussure. Olga ANOKHINA et François RASTIER Olga Anokhina et François Rastier Texto ! Textes et Cultures, Vol. XX, n°3 (2015) 4 / 4 Une introduction François Rastier Il n’y a plus de langage, il n’y a plus que des langues. Jean-Luc Godard, Adieu au langage Les deux tiers des hommes parlent plus d’une langue chaque jour, mais en littérature le multilinguisme apparaît encore comme une curiosité voire une bizarrerie. Il est négligé, oblitéré : par exemple, la banque textuelle Frantext, référence majeure dans les études de langue et littérature françaises, ne transcrit pas les mots, expressions ou passages en langue étrangère contenus dans les œuvres, si bien que même l’accent alsacien du baron Nucingen se trouve expurgé du texte de Balzac. Depuis le début du XIXe siècle, les nationalismes européens ont certes privilégié l’idée d’une langue pure, homogène, mis à part quelques phénomènes de calque ou d’emprunt lexical ; et constitué des littératures nationales, linguistiquement « pures », susceptibles de servir de canon à la construction identitaire. Dans son illustre Esthétique de la réception, Hans-Robert Jauss affirmait encore que l'histoire littéraire doit « représenter, à travers l'histoire des produits de sa littérature, l'essence d'une entité nationale en quête d'elle-même » (1978, p. 23, je souligne). La validité de la notion de littérature nationale reste d’autant plus douteuse que les langues de culture sont transnationales. Elles attirent des écrivains de toute nationalité, qui à bon droit rivalisent pour enrichir leur corpus littéraire. Par leur connaissance des langues comme par leurs traductions et autotraductions, les écrivains accèdent en outre à l’espace de la littérature mondiale qu’ils contribuent à étendre. Ces évidences soulignent, par parenthèse, l’étroitesse de la notion de littérature française comme les ambiguïtés de l’étiquette francophone. En somme, les considérations touchant la nationalité de l’auteur sont secondaires, voire oiseuses, quand elles ne sont pas tout simplement anachroniques. Claudien, alexandrin de langue grecque, écrivit ses grandes œuvres en latin. Plus près de nous, Marguerite Yourcenar, belge vivant aux États-Unis, fut la première femme entrée à l’Académie française. Beckett eut la chance d’être irlandais et d’écrire aussi en anglais, sinon il aurait peut-être été relégué dans quelque oubliette francophone. Le Dictionnaire des écrivains migrants de langue française, présenté ici par Ursula Moser et Birgit Baumgartner, témoigne éloquemment de la diversité des parcours de vie et des projets esthétiques. [à suivre] uploads/Litterature/ ecrire-en-langues-litterature-et-plurilinguisme-annonce-de-parution-pdf.pdf

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