UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE « CONCEPTS ET LANGAGE » ____
UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE « CONCEPTS ET LANGAGE » __________ THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS IV Discipline : PHILOSOPHIE Présentée et soutenue publiquement par Elisabete THAMER le 13 décembre 2008 LOGOLOGIE ET PARLÊTRE : SUR LES RAPPORTS ENTRE PSYCHANALYSE ET SOPHISTIQUE DANS L’ŒUVRE DE JACQUES LACAN Directeur de thèse : Madame le Professeur Barbara Cassin JURY Messieurs les Professeurs Alain Badiou Claudio Oliveira Alain Vanier Francis Wolff 2 RÉSUMÉ Cette thèse discute les rapports entre psychanalyse et sophistique dans l’œuvre de Jacques Lacan. Le point de départ est la définition freudienne qui dit que l’inconscient « ne connaît pas la contradiction » et celle de Lacan qui pose que « l’inconscient est structuré comme un langage. » La première partie se consacre à examiner le rapport de la psychanalyse avec le « principe de non-contradiction » posé par Aristote dans le livre « Gamma » de la Métaphysique et prétend démontrer comment la théorie lacanienne du « non-rapport sexuel » constitue, pour la psychanalyse, une relecture de la non-contradiction aristotélicienne. Cette relecture se base également sur la position des sophistes à l’égard de ce principe et des références de Lacan à ces derniers. La deuxième partie est consacrée à l’examen du métier psychanalytique, afin de vérifier si cette pratique, exclusivement langagière, se rapprocherait de l’exercice logologique des sophistes. Y sont discutés les théories de l’interprétation et de l’acte psychanalytiques, du temps logique et du paiement. Cela a pour objectif de cerner les points de convergence et d’écart entre psychanalyse et sophistique. Mots-clés : psychanalyse, sophistique, principe de non-contradiction, logologie, parlêtre, « non-rapport sexuel » Abstract Logology and speaking-being: on the relations between psychoanalysis and sophistic in the work of Jacques Lacan The dissertation deals with the relations between sophistic and psychoanalytic approaches in Jacques Lacan’s work. The discussion’s starting point is the Freudian concept which maintains that the unconscious « does not know contradiction » and Lacan’s idea that the « unconscious is structured like a language ». This first part is devoted to examining the relationship between psychoanalysis and the « principle of non-contradiction » identified by Aristotle in Metaphysics, book ‘Gamma’. It is concerned with demonstrating that Lacan’s theory that « there is no sexual relation » constitutes for psychoanalysis a re-reading of Aristotelian non-contradiction. Such a reinterpretation is based on the sophist’s position with respect to this principle as well as on Lacan’s references to them. The dissertation’s second part is devoted to an examination of the psychoanalytic praxis in order to verify if this exclusively language-oriented practice could be regarded as having affinities with the sophist’s logological exercise. This part discusses theories of the psychoanalytic interpretation and act, logical time and payment. These inquiries aim to distinguish the points of convergence and divergence between psychoanalysis and sophistic. Keywords: psychoanalysis, sophistic, principle of non-contradiction, logology, « speaking-being » [parlêtre], « there is no sexual relation » 3 À Rodolpho Conrado Thamer in memoriam 4 Remerciements À Barbara Cassin, pour l’accueil enthousiaste, la liberté intellectuelle, le zèle et le soutien constant et généreux, toute notre gratitude. À Carmen Lucia Magalhães Paes, maître pour toujours, nous devons le sujet de cette thèse. À Claudio Oliveira, pour ses leçons sur le Parménide et nos chemins croisés entre psychanalyse et philosophie. À Paulo Vidal, pour ce qui est resté oublié derrière ce qui se dira dans ce qui s’entendra ici. Aux nombreux amis qu’au Brésil, en Allemagne, en Belgique et en France nous ont soutenu pendant toutes ces années. Leur amitié nous a été fondamentale et ils sauront s’y reconnaître. À Jarbas Barsanti, José Antônio Piras, Eva Hammerbacher, Marli Pires, Renate Wachsmuth et Roberto Regueira, qui nous aidèrent à préparer notre installation en France. À Alexandre Costa, Ana Abril, Anne-Marie Vuillemenot, Clarice Gatto, Cléa Quaresma, Dunja Hersak, Eliane Schermann, Fabio Gorodski (et Vera), Inês Carneiro, Jaume Farré, João Pamplona, Lélia Dias (et Ernest), Luciana Soares Santoprete (et Roberto), la famille Pastre, Pedro Caldas, Ricardo Maia, Rodrigo Guerizoli (et Olga) et Vera Ribeiro, pour leur amitié et soutien. À Philippe Hunt, pour sa lecture attentive et amicale. À Nicole Girodolle, dont les échanges, la rigueur, le dévouement infatigable (et l’humour !) pour rendre ce texte compréhensible, ont été pour nous d’une valeur inestimable. Qu’elle soit ici vivement remerciée. À CAPES, pour le financement de nos recherches. À Graça Pamplona, Isabel Ribeiro, Maria Sueli Peres et Cristiano Ventura pour le partage et leur amitié, depuis très longtemps. À Colette Soler. À Déa, Raquel et Livia, pour tout… depuis toujours… 5 TABLE DES MATIÈRES 1. Introduction. Avertissement à la lecture d’une thèse insoutenable. 11 PREMIERE PARTIE Pour une relecture du principe de non-contradiction en psychanalyse 2. En guise de préambule : comment peut-on parler de la sophistique ? 21 2.1. Quelques considérations sur le mot « inconscient » 24 3. L’inconscient freudien 27 3.1. Quelques considérations sur la « sorcière » métapsychologie 28 3.2. L’article « L’inconscient » 31 3.2.1. L’absence de contradiction (Widerspruchslosigkeit) 33 3.2.2. Le processus primaire (Primärvorgang) 36 3.2.3. L’atemporalité (Zeitlosigkeit) 39 3.2.4. Le remplacement de la réalité extérieure par la réalité psychique (Ersetzung der äußeren Realität durch die psychische) 43 3.3. Du sens dans le non-sens : l’aristotélisme freudien 44 4. L’inconscient lacanien 47 4.1. « L’inconscient est structuré comme un langage » 49 4.2. Psychanalyse et rhétorique 51 4.2.1. La métaphore : quelques éléments historiques 53 4.2.2. La paire métaphore et métonymie 58 4.2.3. La métaphore chez Lacan 61 4.2.4. La métonymie dans l’Antiquité 64 4.2.5. La métonymie chez Lacan 67 4.2.6. L’antériorité de la métonymie par rapport à la métaphore 68 4.3. Le parlêtre : le gorgianisme de Lacan 71 6 4.3.1. D’un manque original au langage 72 4.3.2. L’asthénie du logos : le pas ontologique de Platon 75 4.3.2.1. La tessiture du logos platonicien 76 4.3.2.2. Cratyle : sur la justesse de la nomination 77 4.3.2.3. Du nom comme organon 78 4.3.2.4. La texture du logos 79 4.3.2.5. Du logos comme condition de la philosophie 80 4.3.2.6. Philosophie et logos : une aporie motrice 84 4.4. Aristote et la hontologie 86 4.4.1. Aristote et les logoi rhétorique et poétique 88 5. « Non-rapport » sexuel et hontologie 90 5.1. Hontologie : « Die Bedeutung des Phallus » 90 5.2. « La décision du sens » : Gamma et la signification phallique 97 5.3. « Il n’y a pas de rapport sexuel » : le problème de la copule 99 5.3.1. Addendum : Le Nom-du-père 102 6. La question de l’Un chez Lacan 107 6.1. La question de l’exception 108 6.2. L’identification et l’impossibilité de la tautologie 109 6.3. Le « trait unaire » (ein einziger Zug) 112 6.4. Le pensêtre 114 6.5. Y a d’l’Un : Lacan et le Parménide 116 6.5.1. Le réel et l’Un 118 6.5.2. « Le tout est un » (hen einai to pan) 119 6.5.3. Les hypothèses du Parménide 121 7. Logique : la science du réel 127 7.1. Du réel comme impossible 131 7.2. Des modalités lacaniennes 137 7.3. La construction des formules de la sexuation 142 7.4. « Les non-dupes errent » : non-rapport et écriture 144 7 7.4.1. Vers « la différence absolue » 149 DEUXIÈME PARTIE Du métier du psychanalyste 1. L’interprétation : la deixis du psychanalyste 161 1.1. L’interprétation en psychanalyse 162 1.1.2. L’interprète et l’interprétable 163 1.2. La structure de la parole et le persuasif 165 1.3. Les variantes de l’interprétation chez Lacan 171 1.3.1. Les lieux (topoi) de l’interprétation chez Lacan 175 1.3.1.1. Ponctuation 176 1.3.1.2. Coupure 178 1.3.1.3. Allusion et silence 179 1.3.1.4. Entre citation et énigme 181 1.3.1.5. Équivoque 183 a. Homophonie 184 b. Grammaire 184 c. Logique 185 1.4. L’interprétation-équivoque et les Réfutations sophistiques 187 1.4.1. Les réfutations qui tiennent au discours (para ten lexin) 188 1.4.2. L’ambiguïté de l’ambiguïté : homonymie et équivoque 191 2. La prestation (epideixis) sophistique 193 2.1. Le sujet supposé savoir 198 2.2. L’elenkhos sophistique 200 3. Qu’est-ce que l’interprétation psychanalytique ? 202 4. La syllogistique du psychanalysant 204 4.1. L’interprétation psychanalytique est-elle une réfutation ? 207 4.2. À quoi sert l’interprétation équivoque ? 208 4.3. « L’étourdit » et l’interprétation : « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » 212 8 4.4. L’apophantique et l’ab-sens du rapport sexuel 218 5. L’acte psychanalytique 221 5.1. Le nouveau cogito lacanien 224 5.1.1. Pensêtre : entre Descartes et Parménide 226 5.2. Retour à l’acte psychanalytique 227 5.2.1. Aliénation et séparation 229 5.3. L’acte psychanalytique : un performatif ? 234 5.3.1. Les performatifs austiniens : How to do Things with Words ? 234 6. Excursus : cogito et performatif 239 7. Y a-t-il du performatif en psychanalyse ? 241 6. Le temps en psychanalyse 248 6.1. L’atemporalité de l’inconscient et l’indestructibilité du désir 250 6.2. Le temps logique : le petit sophisme de Lacan 253 6.3. Sur le sophisme tout court 255 6.3.1. Le sophisme chez Freud : der Sinn im Unsinn 257 6.3.2. Le nouveau sophisme lacanien : « mon petit sophisme personnel » uploads/Litterature/ elisabete-thamer-logologie-et-parletre-pdf.pdf
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- Publié le Jul 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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