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Inspection Pédagogique Régionale des Lettres-Académie de Créteil 17/09/2007 1 Réponses à quelques questions sur l’enseignement de la grammaire La circulaire 2007-013 publiée dans l’encart du B.O n° 3 du 18 janvier 2007 stipule qu’une heure trente hebdomadaire doit être consacrée à l’étude de la langue (grammaire, lexique, orthographe). Cet horaire vise à favoriser l’acquisition des connaissances et des compétences du socle commun dans le cadre des programmes actuellement en vigueur. L’Inspection Pédagogique Régionale de Lettres de l’académie de Créteil apporte ici des réponses aux questions qui se posent sur l’enseignement de la grammaire. Quelle place pour la grammaire dans le socle commun des connaissances et des compétences ? Si l’enseignement des Lettres contribue à la maîtrise des sept piliers du socle commun des connaissances et des compétences, l’étude de la langue, quant à elle, prend place dans le premier pilier, celui de « la maîtrise de la langue française » : « La langue française […] permet de communiquer à l’oral comme à l’écrit, dans diverses situations ;[…] « L’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire doit conduire les élèves à saisir que le respect des règles de l’expression française n’est pas contradictoire avec la liberté d’expression : il favorise au contraire une pensée précise ainsi qu’un raisonnement rigoureux et facilement compréhensible. L’élève doit maîtriser suffisamment les outils de la langue que sont le vocabulaire, la grammaire et l’orthographe pour pouvoir lire, comprendre et écrire des textes dans différents contextes. » Décloisonner : comment insérer la grammaire dans la séquence ? La grammaire étant au service de la compréhension et de l’expression, les séances de lecture, d’écriture et de langue convergent et se combinent à l’intérieur de la séquence pour aider l’élève à faire un travail donné, le plus souvent d’écriture, à acquérir les connaissances et les compétences nécessaires à son apprentissage. Programmes de 1985 : le décloisonnement est prévu à l’intérieur de la séance. Programmes actuels : le décloisonnement s’organise à l’intérieur de la séquence. Ce n’est pas au hasard de la rencontre des textes que l’on construit une progression grammaticale. On fait de la grammaire en fonction de la compréhension et de l’expression (ce que les programmes appellent « le discours »). Les textes, que l’on étudie en lecture pour leur sens, traversés par des formes de discours diverses, en portent les marques linguistiques, que l’on étudiera ensuite en séance de langue. Si raconter c’est situer les événements dans le temps, si décrire c’est nommer, qualifier et localiser, expliquer analyser un processus et le faire comprendre, argumenter défendre une thèse contre d’autres, on peut aisément déduire de ces définitions les matériaux de la grammaire de phrase et de la grammaire de texte dont les élèves auront besoin pour atteindre ces objectifs discursifs : les notions inhérentes à la description (par exemple le groupe nominal, les attributs du sujet et du complément d’objet), à la narration (par exemple la valeur des temps, les notions de narratologie), à l’explication ( par exemple la cause et la conséquence), à l’argumentation (par exemple la concession, les modalités). La grammaire doit enseigner aussi les notions constitutives de l’énoncé (le thème et le propos, la chaîne substitutive, le jeu des temps, les connexions) et de l’énonciation : la visée (énoncer pour quoi faire ?), la destination (pour qui ?). Inspection Pédagogique Régionale des Lettres-Académie de Créteil 17/09/2007 2 Un exemple de séance de grammaire en classe de sixième Prenons un exemple (qui ne sera en aucun cas un modèle) : on se fixe comme objectif de rendre les élèves capables de décrire en quelques lignes un personnage de récit mythologique au début de l’année de sixième. Il ne s’agit pas de leur apprendre à écrire un paragraphe descriptif (programme de la classe de cinquième), encore moins un véritable portrait (programme de la classe de quatrième), mais des notations descriptives (en grammaire, des expansions nominales et des attributs du sujet). La séquence visant à l’écriture de ces quelques lignes peut durer douze heures, soit dix séances ; en effet, une séance ne correspond pas nécessairement à une heure de cours. Elle peut précéder ou suivre la séquence de lecture de l’Odyssée d’Homère. De manière à intégrer avec pertinence les leçons de langue, on pourra insérer, par exemple, dans une séquence de deux semaines, une séance d’une heure la première semaine et une séance de deux heures la seconde ou encore deux séances de trois heures (1+2 heures) comme dans la proposition suivante : Séance 1 : une heure. Travail sur les représentations de la notion de « héros » chez les élèves. On consultera, après qu’ils auront répondu, le dictionnaire, ou tout autre usuel, pour étudier la polysémie de ce terme. Séances 2, 3, 4 et 5 : quatre heures. On n’étudiera pas les textes du point de vue linguistique mais pour leur intérêt culturel : une séance de lecture n’est pas une séance de langue, et l’élève a le droit d’interpréter, de rêver, de se passionner pour le sens. Séance 6 : une heure. Lexique (analyse sémique qui permette de discriminer les nuances entre les synonymes), Séance 7 : une heure. Orthographe sur les accords dans le groupe nominal. Séance 8 : deux heures. Grammaire sur l’attribut du sujet. Séance 9 : une heure. Ecriture en classe. Séance 10 : une heure. Correction du travail d’écriture. Texte 1 Le chien d’Ulysse Ulysse revient à Ithaque, déguisé en mendiant. Il est accompagné du porcher Eumée, qui ne l’a pas reconnu. Ils se dirigent tous deux vers le palais… Un chien était couché là. Il dressa la tête et les oreilles. C’était Argos, le chien d’Ulysse à l’âme courageuse. Il l’avait lui-même nourri, mais sans pouvoir en profiter : il était parti trop tôt pour la Sainte Ilion. Depuis le départ de son maître, il gisait négligé, devant la porte, sur un tas de fumier des mulets et des bœufs. Le chien Argos, couché là, était couvert de puces. Alors, quand il reconnut Ulysse qui se trouvait près de lui, il remua la queue et coucha les deux oreilles, mais il ne put ensuite venir plus près de son maître. Ce dernier, à sa vue, se détourna et essuya une larme en se cachant facilement d’Eumée. Puis rapidement il demanda : « Eumée, ce chien qui gît sur le fumier est tout à fait étonnant. Son corps est beau, mais je ne sais si sa vitesse à la course était aussi grande que sa beauté ou s’il était un de ces chiens nourris à table dont les maîtres prennent soin pour les montrer. » Et le porcher Eumée répondit : « Il est le chien d’un homme qui est mort au loin. Si tu le voyais tel qu’Ulysse le laissa en allant à Troie, tu admirerais sa rapidité et sa beauté. Dans les profondeurs de l’épaisse forêt, il pourchassait tous les animaux et il savait très bien retrouver leurs traces. Mais maintenant il est misérable : son maître a péri hors de sa patrie et les femmes, qui sont négligentes, ne prennent plus soin de lui. » Ayant ainsi parlé, il entra dans le palais. Quant à Argos, la sombre mort l’emporta dès qu’il eut revu Ulysse après vingt années. HOMÈRE, l'Odyssée, XVII, 290-327, traduction et adaptation de Marie-Laure LEPETIT. Inspection Pédagogique Régionale des Lettres-Académie de Créteil 17/09/2007 3 Texte 2 Hercule et le lion de Némée La nuit entière passa sans que le lion de Némée se montrât. Enfin, le fauve apparut. Sa crinière était encore tachée du sang de ses dernières victimes. Sans méfiance, l'animal pénétra dans son antre. Hercule attendit quelques instants puis se risqua à son tour dans la caverne. Brandissant sa massue, il hurla : – Eh bien, accepteras-tu enfin de me faire face ? L'écho répéta sa voix, et les pas du fauve qui s'éloignait. Bien sûr, il ne put s'échapper quand il comprit que sa seconde issue était bouchée, le monstre grogna, fit demi-tour et vit que son adversaire lui bloquait la sortie. Il se précipita sur lui ! Hercule lui asséna sur le crâne un coup formidable auquel aucun être vivant n'aurait pu résister. Le fauve parut à peine étourdi : il recula pour revenir aussitôt à la charge. Une nouvelle fois, Hercule le frappa à la tête, si violemment que la massue lui échappa des mains. Comme le fauve s'apprêtait à fuir, Hercule comprit qu'il n'avait pas le choix : ce serait un combat au corps à corps ! Au moment où l'animal le frôlait pour quitter la caverne, Hercule se jeta sur lui et enserra sa gorge entre ses bras. Le monstre rugit en se débattant; Hercule accentua encore sa pression en évitant les crocs qui cherchaient à le mordre. Les adversaires roulèrent dans la poussière, parmi les ossements entassés à l'entrée de la grotte. Bientôt, les mouvements du fauve se firent saccadés et de moins en moins violents ; ses yeux violets se ternirent et sa tête se fit plus lourde. Quand Hercule écarta les bras, le corps du monstre s'effondra à terre, sans vie. uploads/Litterature/ enseignement-grammaire-ipr.pdf
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- Publié le Mar 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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