ndredi 26 mars 2010 5 26 /03 /2010 01:35 Aspects ésotériques de la sourate al-I
ndredi 26 mars 2010 5 26 /03 /2010 01:35 Aspects ésotériques de la sourate al-Ikhlâs : Huwa (1/5) Envisagé sous un autre aspect, qul introduit la réponse à la question posée. Cheikh Mustafâ, dans sa traduction annotée du Commentaire ésotérique de Qâchânî sur les trois sourates finales (1), décrit les circonstances qui ont amené les révélations de la sourate al-Ikhlâs : « Cette sourate aurait été révélée à la Mekke à propos de la demande suivante que les polythéistes firent à l’Envoyé d’Allâh – sur lui Paix !- : Unsub la-nâ rabba- ka, ce qui peut se traduire,littéralement, par « Donne-nous la généalogie de ton Seigneur » (expression se rattachant au style de la science généalogique, très développée chez les Arabes), ou plus simplement « Dis-nous quel est ton Seigneur » ; on rapporte encore que la question avait été posée aussi, soit par les Quraychites de La Mekke, soit par les Juifs de Médine, sous la forme : Sif la-nâ rabba-ka = « Décris-nous (qualifie) ton Seigneur ». La réponse donnée, dans les deux cas, affirme l’Unité absolue de l’Essence et de l’Unicité de la Divinité, tout en niant les idées de « devenir » et de « dépendance » impliquées par l’idée de « généalogie » ». (1) Cf. Etudes Traditionnelles, 1969, p.159 et s. Cette dernière remarque s’applique plus directement au verset 3 : lam yalid wa lam yûlad (Il n’engendre pas et n’est pas engendré) ; mais elle concerne en réalité l’ensemble de la sourate. Néanmoins, les trois mots qui suivent le commandement initial impliquent l’idée d’une certaine « procession » apparente dans l’ordre principiel : le premier (Huwa) se rapporte à l’Essence, le second (Allâh) au Nom, et le troisième (ahad) à l’Attribut d’unité, considéré comme la qualification métaphysique par excellence. Cela dit, ce qui frappe dès l’abord, c’est l’absence totale de commune mesure entre la question posée et la réponse révélée par Dieu : on demande à Muhammad de décrire son Seigneur, et le nom divin ar-Rabb n’intervient même pas dans la réponse ; la Divinité elle-même n’est pas évoquée par sa fonction, mais uniquement au moyen de son nom. En réalité, les termes mentionnés dans le premier verset se rapportent tous au Principe suprême : Allâh est ici le nom de l’Essence, tandis que ahad évoque le tawhîd essentiel, non celui de la Divinité, et encore moins celui des professions de foi et des théologies. Que dire alors de Huwa ? Faut-il rappeler ce terme : le « pronom de l’Essence » et, en ce cas, comment faut-il l’entendre ? Ibn Arabî écrit sur ce sujet (1) : (1) Futûhât, chap.272. « Les juifs ont dit à Muhammad : « Donne-nous la généalogie de ton Seigneur ». A partir de là, les linguistes pourraient imaginer que le pronom huwa se rapporte au « seigneur » mentionné par les juifs. Sache donc qu’il n’en est rien, car l’Essence d’Allâh le Très-Haut ne peut être connue par Sa créature. C’est pour cela qu’il a dit : Huwa Allah Ahad. Dans l’ensemble de la sourate Il n’a rien dit qui se rapporte à la créature ; bien au contraire, le texte montre que celle-ci est totalement exclue : (Allâh) a nié que la connaissance que l’on peut avoir de Lui découle des êtres créés, car Il a dit : « Il n’est pas engendré » ; Il a nié aussi que la Réalité actuelle des êtres créés découle de Lui, comme certains le prétendent, et cela sous quelque rapport que ce soit, car Il a dit : « Il n’engendre pas » ; enfin, Il a nié qu’il y ait une ressemblance quelconque entre Son Unité et celle de tout (autre) un, car Il a dit : « Et nul un n’est égal à Lui ». Il a affirmé que Son Unité n’appartenait à nul autre ; Il a affirmé Sa samadiyya, qui est un attribut de transcendance et de non-conditionnement. Par là, le pronom (Huwa) ne pouvait se rapporter au Seigneur mentionné par les juifs, et déterminé par une créature dans la parole qu’ils avaient adressée à Muhammad : « Donne-nous la généalogie de ton Seigneur » ; d’autant plus qu’ils faisaient porter la détermination sur lui et non sur eux (1). Lorsqu’il énonça – sur lui la grâce et la paix ! – la « généalogie » demandée q’après ce qui lui fut révélé, il n’établit aucune détermination, ni par rapport à lui, ni par rapport à eux ; il mentionna uniquement ce qui revenait à Sa majesté souveraine. Dans la parole : Huwa Allâh, le pronom ne peut donc se rapporter à Celui qui avait été mentionné (2). » (1) Ce qui sous-entendait une inconvenance : « Ton Seigneur n’est pas le nôtre » ! (2) Par les juifs ; mais le contexte invite aussi à comprendre que c’est Allâh qui se rapporte à Huwa, et non l’inverse. Il convient de souligner le caractère inattendu et non logiquement nécessaire de ce premier mot de la réponse du Très-Haut. Il s’agit d’un bel exemple de l’inimitabilité du Coran, qui illustre tout ce qui a été dit plus haut au sujet de l’excellence et de l’universalité de l’expression divine. A force de répéter sans cesse la sourate al-Ikhlâs et d’affirmer sa fonction caractéristique, la plupart des musulmans perdent de vue l’étrangeté de sa formulation. Pourtant, en dépit de sa simplicité apparente, elle ne peut être expliquée que par un recours à la science ésotérique car, ainsi que le Cheikh al-Akbar en fait la remarque (1), le pronom précède ici le nom auquel il se rapporte et qu’il est censé représenter, contrairement à la règle grammaticale habituelle qui n’admet d’exception que dans le domaine de la poésie, auquel le Coran n’appartient évidemment pas. La plupart des Attestations coraniques de l’Unité apparaissent sous la forme : lâ ilâha illa Huwa (pas de Dieu si ce n’est Lui) avec un antécédent qui est « Allâh » ou « la Divinité » ; par exemple dans le Verset de l’Escabeau : Allâh, lâ ilâha illa Huwaal-Hayy al-Qayyûm (Allâh, pas de Dieu si ce n’est Lui, le Vivant, l’Immuable) (Cor.2.255). (1) Ibid. (Charles-André Gilis – Tawhîd et Ikhlâs, aspects ésotériques – Chap. III : Le Tawhîd dans la sourate al-ikhlâs, p.111-1114) Aspects ésotériques de la sourate al-Ikhlâs : Huwa (2/5) D’autre part, selon le même enseignement, le Nom de Majesté « Allâh » comprend véritablement six lettres : alif, lâm, lâm, alif, hâ, wâw dont quatre sont visibles dans l’écriture (alif, lâm, lâm, alif allongé, hâ) et quatre sont perceptibles dans la prononciation (alif, lâm, alif, hâ). La seule lettre qui n’apparaît ni dans l’écriture ni dans la prononciation est le wâw qui symbolise la perfection et, initiatiquement l’Homme Parfait (al-insân al-kâmil). Pour Ibn Arabî, ce wâw caché, couplé avec le hâ final, est celui de Huwa dans la prononciation et de la huwiyya (ipséité) dans l’écriture : la lettre hâ, qui est la plus intérieure de toutes, représente l’intériorité et le mystère, tandis que le wâw, qui est la plus extérieure, représente la perfection manifestée. Celle-ci est occultée dans le nom Allâh, tout d’abord parce que ce nom désigne la Divinité pour la communauté tout entière et n’est pas réservée à une Elite initiatique ; mais surtout parce qu’il exprime le mystère de l’Essence divine qui est hors d’atteinte, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut pas être « réalisée » métaphysiquement. La parole : laysa warâ’ Allâhi marmâ (il n’y a, au-delà d’Allâh, nulle cible que l’on puisse atteindre) ne signifie nullement que le nom Allâh constitue la Connaissance suprême, mais plutôt que celle-ci n’est pas un but que l’on puisse atteindre, une limite finale à laquelle il serait possible de parvenir au terme d’un cheminement : telle est la raison véritable pour laquelle Huwa n’est pas apparent dans le nom Allâh, où il est simplement suggéré par le hâ final. Cela étant, il est d’autant plus remarquable que Huwa apparaisse visiblement comme le premier mot de la réponse divine inspirée au Prophète. Le paradoxe de ce Huwa est qu’il figure en tête d’une sourate connue de tous les musulmans, et qui est considérée comme l’expression par excellence de la profession de foi islamique, alors que ce qui ainsi mis en exergue n’est rien mois que le secret de l’Essence divine et le mystère de la réalisation suprême. Les ignorants censeurs du tasawwuf seraient bien avisés d’y prendre garde ! La signification métaphysique de ce Huwa est liée à la fonction du pronom de la troisième personne dans la grammaire arabe, qui est désignée au moyen du terme al-ghâ’ib, littéralement : « l’absent », alors que la première personne est appelée al-mutakallim (celle qui parle) et la deuxième personne : al-mutakallam (celle à qui la parole s’adresse). Ces deux derniers termes sont complémentaires et se rapportent au Verbe proféré qui implique la présence de quelqu’un qui parle et celle d’un interlocuteur. En revanche, al-ghâ’ib se rapporte à l’état « silencieux » du Verbe, antérieur à la uploads/Litterature/ esoterie-el-ikhlas.pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1291MB