FRANÇOIS RASTIER ESSAIS DE SÉMIOTIQUE DISCURSIVE UNIVERS SÉMIOTIQUES collection
FRANÇOIS RASTIER ESSAIS DE SÉMIOTIQUE DISCURSIVE UNIVERS SÉMIOTIQUES collection dirigée par A.-J. Greimas SOURCE DES TEXTES « La signification dans les poèmes de Mallarmé» est un texte inédit. « L'ambiguïté du récit : la double lecture du Dom Juan de Molière» a été publié dans Semiotica III, 4, 1971, éditions Mouton, sous le titre « Les niveaux d'ambiguïté des structures narratives» (pp. 289-342). « Théorie du récit et Épistémologie » a été publié par la revue l'Homme, revue française d'anthropologie XI, cahier l, 1971, éditions Mouton, École Pratique des Hautes Études, sous le titre « Situation du récit dans une typologie du discours» (pp. 68-82). « Un concept dans le discours des études littéraires» est extrait de Littérature 7, consacré au « Discours sur l'école des textes », 1972, éditions Larousse (pp. 87- 107). « L'analyse des récits et l'idéologie littéraire» est extrait de Studi Urbinati di storia,filosofia e letteratura, anno XLV, nouvelle série B, n08 1-2, t. III consacré à Studi in onore di Leone Traverso, 1971, Presse de l'Università degli studi, Urbino (pp. 1244-1258). L'auteur et l'éditeur remercient bien vivement les revues et leurs directeurs pour les avoir autorisés à reproduire ces textes. PRINTED IN FRANCE 1 IMPRIMÉ EN FRANCE Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © MAISON MAME, 1973. ISBN 2-250-00571-0 SOMMAIRE / INTRODUCTION. . . • • • . • . • . . • • 7 1. La signification dans les poèmes de Mallarmé. 1. Les codes sensoriels. . . ... 13 2. Les classes sémiologiques . 43 3. Bibliographie. . . . 87 II. Problèmes du récit. 1. L'ambiguité du récit: La double lecture du « Dom Juan» de Molière. . . . . . . . . . . . . .. 91 2. Théorie du récit et épistémologie : Situation du récit dans une typologie des discours. . . . .. 163 III. Littérature et Idéologie. 1. Un concept dans le discours des études littéraires. 185 2. L'analyse structurale des récits et l'idéologie litté- raire. . 207 INDEX. • • . • • . . . • . • . • . • . . . • . • •• 222 INTRODUCTION - Beauty then is a relation? - 1 suppose it is G. M. HOPKINs. Si l'imagination de Mallarmé semble un objet d'étude pri- vilégié, une analyse linguistique de son œuvre reste utile dans la mesure où les relations entre les objets imaginaires sont de nature linguistique. Cette évidence, qu'un poème est d'abord un objet de langage, indique assez que la science du langage serait particulière- ment propre à en rendre compte. On se limitera ici à l'analyse du contenu, et l'on négligera les caractères de l'expression qui peuvent paraître porteurs de signi- fication : les traits phonétiques et prosodiques, par exemple. Pour étudier le contenu, il faut d'abord le diviser. L'opinion a souvent cours que le contenu d'une œuvre poétique est un mystère où les élus seuls parviennent. Mais si l'on accepte d'y distinguer des parties et de constituer des procédures pour les étudier, on s'aper- cevra peut-être que ce mystère n'est dft qu'à une méthode inadé- quate. A. Le projet à l'étude. Pour tracer le projet de cette étude, on utilisera d'abord deux distinctions proposées 1 par M. A.-J. Greimas. Si l'on admet l'exis- 1. La sémantique est encore au stade des hypothèses. On a choisi pour guide la Sémantique structurale de M. A.-J. Greimas. En même temps, on a renoncé à signaler les plus bénins parmi les emprunts qu'on lui a faits. 7 ESSAIS DE SÉMIOTIQUE DISCURSIVE tence d'unités de signification minimales appelés sèmes ou éléments différentiels, et qui se définissent réciproquement (comme « haut» n'a de sens que par rapport à « bas »), on est amené à distinguer d'une part les sèmes qui constituent les radicaux, par exemple le sème « extrémité» dans « tête» : on les appelle sèmes nucléaires; d'autre part les sèmes qui permettent les effets de sens, par exemple les sèmes « inanimé» ou « animé» pour « tête »), selon qu'il s'agit de « la tête d'épingle » ou de « la tête du professeur » : ces unités sont appelées classèmes. Les sèmes nucléaires constituent le niveau sémiologique du langage; et les classèmes définissent son niveau classématique. Ces deux niveaux ont deux modes d'existence, l'immanence et la manifestation : quand les niveaux sont combinés 1, ils cons- tituent la manifestation, ici, en simplifiant, les poèmes de Mallarmé, à la fois grammaire et lexique. La manifestation implique des struc- tures sémiologiques et classématiques distinctes qui articulent la signification et constituent ce qu'on propose d'appeler l'univers immanent de la signification. L'analyse du conteI).u permettra de construire d'après les poèmes de Mallarmé les structures sémiolo- giques et classématiques, c'est-à-dire, en gros, de constituer un lexique et une grammaire. , On se limitera ici à l'étude du niveau sémiologique. S'il est convenablement décrit, on pourrait ensuite chercher des variations concomitantes des unités sémiologiques et des unités classéma- tiques; ceci d'après l'hypothèse que dans les textes' connotés, l'or- ganisation grammaticale n'est pas indépendante' des' contenus qu'elle articule. En somme, on voudrait faciliter l'étude des rela- tions entre la grammaire et le lexique dans les poèmes de Mallarmé. Le choix du niveau sémiologique nous cond~t à d'autres 1. La combinaison d'au moins un sème nucléaire et d'au moins un classème constitue un sémème. Par exemple, dans « la tête du professeur », le sémème « tête» serait composé en partie au moins, d'un sème nucléaire « extrémité» et d'un classème « animé ». Rappelons que les sèmes nucléaires d'un sémème s'organisent pour constituer sa figure nucléaire. Nous signalons par des guillemets les unités (lexèmes, etc.), appartenant au langage décrit; et par des italiques entre· guillemets les unités appartenant au langage descriptif (sèmes, sémèmes, etc.). 8 INTRODUCTION décisions': on peut diviser les énoncés d'un texte en deux inven- taires,. selon que leur prédicat comporte le classème « statisme » ou le classème « dynamisme »; dans le premier cas, l'énoncé est qualificatif (Il a les yeux bleus, par exemple), dans le second, il est diffonctionnel (Il ira à Limoges). Le premier inventaire permet de construire un modèle qualificatif: c'est ce que nous tenterons de faire. La décision de ne décrire que le niveau sémiologique nous y conduit, car il semble impossible de construire un modèle fonctionnel sans décrire en même temps le niveau classématique, au moins en partie. D'autre part, le discours poétique est à la fois pratique et mythique, c'est-à-dire que son isotopie est assurée par les termes complexes de catégories classématiques (voir A.-J. Greimas, op. cit., p. 92 et sq.) : « flamme» peut désigner en même temps une émotion et des gaz en ignition. Le plus simple serait de choisir une seule isotopie à décrire: mais on ne décrirait alors qu'une partie du contenu. Nous chercherons donc à décrire simultanément les deux isotopies, les deux dimensions du contenu (cosmologique et noologique). D'ailleurs, nous ne devrions même pas nous interroger là-dessus, car l'isotopie du discours est assurée uniquement par des classèmes. L'univers immanent de la signification ayant une existence purement métalinguistique, il faudra vérifier les modèles obtenus en observant s'ils rendent compte d'autres textes que ceux qui ont permis de les construire. La démarche suivie sera donc tour à tour inductive et déductive. Enfin, on ne manquera pas de signaler les plus graves lacunes des procédures choisies. B. Les textes étudiés. K. S. Saumjan remarquait qu'un travail linguistique qui n'emploierait pas les méthodes du structuralisme serait métaphy- sique car il décrirait des signes isolés de leurs relations. Cela implique qu'une étude structurale d'un texte littéraire devrait, 9 8SSAIS DE SÉMIOTIQUE DISCURSIVE par le jeu des relations, rendre compte de l'œuvre tout entière. n faut donc choisir un niveau privilégié, le décrire le plus complète- ment possible, et indiquer le moyen d'étendre l'analyse aux autres niveaux. On peut aussi choisir des textes très limités, car, si la description est efficace, un phénomène de «( saturation » apparaîtra bientôt, et l'on ne trouvera plus d'éléments nouveaux. Cela permettrait de construire des modèles qui serviront à interpréter des textes plus étendus. On n'étudiera donc ici que les poèmes de Mallarmé parus après dix-huit cent soixante-six. Les textes choisis ne doivent pas seulement être représentatifs, c'est-à-dire suffisamment étendus, il faut aussi qu'ils soient homo- gènes entre eux. On ne le saura vraiment que si une seule descrip- tion permet de rendre compte de ces textes parus dans un intervalle de trente ans. 1 LA SIGNIFICATION DANS LES POÈMES DE MALLARMÉ 1 LES CODES SENSORIELS 1.1. Les procédures de constitution. 1.1.1. Les articulations élémentaires. La profondeur donnée à l'analyse pourra être définie si l'on trace les divisions qui organisent le niveau sémiologique. A. Les axes. Considérons l'opposition binaire « noir » vs « blanc » : la couleur est le dénominateur commun, ou axe de ces deux termes. On voit qu'un axe distingue et résume une classe de significations. On a choisi d'étudier d'abord des axes qui groupent le voca- bulaire des sens uploads/Litterature/ essais-de-semiotique-discursive-rastier-pdf.pdf
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- Publié le Sep 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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