1 ÉTUDES GNOSTIQUES LES PHILOSOPHUMENA HISTOIRE DU LIVRE I En 1840, Mynoïdes My
1 ÉTUDES GNOSTIQUES LES PHILOSOPHUMENA HISTOIRE DU LIVRE I En 1840, Mynoïdes Mynas, grec érudit, reçut du ministre de l’Instruction publique, Abel Villemain, la mission d’explorer les manuscrits conservés ou enfouis dans les monastères de son pays. L’habile explorateur découvrît deux ans plus tard le précieux co- dex des Philosophumena et le déposa à la Bibliothèque Royale. Un Helléniste, M. Miller, étudia le manuscrit et le publia à Oxford, en 1851, sous le nom d’Origène. Cette attribution attira les observations de la critique. Le premier qui entra en lice fut M. Jacobi. Dans une série d’articles publiés à Berlin, du 21 juin au 29 juillet 1852, ce savant sembla désigner Hippolyte, évêque de Porto, martyr et docteur de l’Église romaine, comme auteur des Philosophumena, et cette opinion fut embrassée et propagée par Bunsen et le docteur Wordsworth, chanoine anglican de Westminster. Une troisième hypothèse soutenue dans Ecclesiastic and Theologian Review, désigna le prêtre romain Caius. En France, l’abbé Jallabert nomma Tertullien, mais son opinion, vivement combattue, tomba d’elle-même. En somme, on ignore le nom de l’auteur des Philosophumena. II Peu importe, du reste. L’importance de ce recueil réside dans les révélations qu’il renferme. Écrit par un orthodoxe naïf et fanatique, il n’en contient pas moins l’exposé des doctrines des grandes écoles gnostiques. Des points laissés dans l’ombre par Irénée, Épiphane et Clément d’Alexandrie sont éclaircis par ce livre étrange. Simon le Mage y apparaît dans tout l’éclat de la profonde et magnifique théorie. Les systèmes de Valentin et Basilide sont exposés avec un enchaînement merveilleux. On voit, en outre, quelle clarté le compilateur ennemi a jetée sur les dogmoi des Séthiens, des Péraïtes, des Naasséniens, de Noëtus, des Docètes, de Marcion, des Elchasaïtes, etc. Le manuscrit est en papier assez semblable à du parchemin. Sa forme est quadrangulaire. Il compte 137 feuillets. Un copiste du nom de Michel la transcrit au XIVe siècle sur un original disparu, Michel n’a transcrit que huit livres sur dix. Le manuscrit est tronqué au commencement. Il lui manque quatre feuillets. Nous nous proposons de faire connaître aux frères initiés et aux lecteurs de cette Revue, tout ce qui, dans les Philosophumena, a trait à la très sainte Gnose, sous toutes ses formes. 2 III Auparavant, donnons une idée matérielle de la division de l’ouvrage. Nous nous servons pour cet objet de la belle édition publiée en 1860, par l’abbé Patrice Cruice et imprimé par ordre de l’Empereur, à l’Imprimerie Impériale, format in-8, 49 pages de prolégomènes, 548 pages de texte et de tables. Le texte grec est accompagné d’une traduction latine, défectueuse quelquefois, barbare le plus souvent. Mais le texte est bien établi et les notes contiennent des variantes et des observations sagaces. Il faut se méfier des prolégomènes, dépourvus de liberté critique et entachés de préventions regrettables contre tout ce qui n’est pas absolument romain. M. Cruice avait publié, auparavant, en 1853, chez Périsse, des études sur les Philosopbumena. C’est particulièrement un ouvrage de controverse passionnée et d’apologétique bizarre sur les commencements de l’Église romaine et les accusations que l’auteur des Pbilosopbumena élève contre le pape Calliste, dont il fait un disciple de Noétus, de Cléomène et de Théodore. Il y a apparence que l’auteur inconnu, contemporain de ce pape, en savait plus que M. Cruice là-dessus. Mais passons. Cela ne sous regarde pas. IV Ceci posé, entrons en matière. Le premier livre (pages 1 à 52) contient la réfutation des hérésies. Les systèmes de Thaïes, Pythagore, Empédocle, Héraclite, Anaximandre, Anaximène, Anaxagore, Archélaüs, Parménide, Leucippe, Démocrite, Xénophane, Ecphantos, Hippon, Socrate, Platon, Aristote, des stoïciens, d’Épicure, des Académiques, des brahmanes, des Druides, d’Hésiode sont passés en revue, plus ou moins brièvement. On comprend que l’auteur donne la philosophie antique comme base à toutes les hérésies. Ce premier livre a révélé des fragments, jusqu’alors inconnus, des philosophes grecs, principalement des Idéalistes. Les deuxième et troisième livres manquent. Le quatrième livre (pages 53-136), expose les doctrines des astrologues, des mathématiciens, la divination par le visage, la magie, la divination par les astres, l’art, des nombres. Il est précieux à consulter, et je le recommande à notre frère Papus. Le cinquième livre (pages 138-241) nous conduit en pleine Gnose. Naasséniens, Pérates, Séthiens, Justin le Gnostique, nous y révèlent leurs systèmes. Le cinquième livre sera complètement analysé pour l’Initiation. V Le sixième livre (page 242-332) est consacré à nos maîtres Simon le Mage et Valentin. Il parle aussi des systèmes de Secundus, Ptolémée et Héracléon, de Markos et de Colarbase. Il va sans dire que ce livre nous arrêtera longuement. 3 Avec le septième livre (pages 333-395), nous aurons à parler de notre maître Basilide, de Satornilos, de Méandre, de notre maître Marcion, de Carpocrate, de Césinthe, des Ebionéens, de Théodote, de Cerdon, de Lucien le Gnostique et d’Apelles. Le huitième livre (pages 396-243) est consacré aux Docètes, à Monoïrnos, à Tatien, à Hermogène, à notre maître Montan et aux prophètes Priscella [sic] et Maximilla. Dans le livre neuvième (pages 424-483) sont exposées les doctrines de Noëtus, du pape Calliste, d’Elchasaùs. Enfin, le dixième (pages 474-524) est comme un résumé des réfutations de l’auteur. Réfutations d’une faiblesse véritablement enfantine. L’auteur des Philosophumena expose admirablement Gnose et la réfute très mal. L’exposition nous suffit. PREMIÈRE SECTION LA GNOSE OPHITE OU NAASSÉNIENNE I Le mot hébreu Naas, signifie serpent. Les gnostiques Naasséniem lui empruntèrent leur nom. Vulgairement, on les appelle les Ophites. L’auteur des Philosophumena prétend qu’ils se vantaient de connaître les PROFONDEURS. Leur doctrine en effet était profonde de symbolisme. Ils établissaient pour premier principe l’HOMME IDEAL et le fils de cet homme. Cet homme, type à la fois mâle et femelle, portait le nom mystique d’Adam. Un très beau fragment de leur hymne d’adoration nous a été conservé ; « De Toi vient le Père (la Paternité) ; par Toi est la Mère (la Maternité). Gloire à leurs noms immortels ! Père des Éons (ou plutôt : générateur des Éons !) Citoyen céleste ! Homme par essence (Homme au grand nom) ! ». Cet homme type devient triple. Il est intelligible, psychique, terrestre. Le connaître, c’est connaître le Divin. Les Naasséniens avaient un axiome fondamental : « Le commencement de la perfection, c’est de connaître l’HOMME. Connaître DIEU est la perfec- tion absolue ». II Or cet homme type, l’HOMME EN SOI, se manifeste dans Jésus, fils de l’Éon Miriam (Marie). Et la triple essence de cet homme type fit entendre sa triple parole par l’organe angélique du Seigneur. C’est pourquoi cette triple parole, ce Logos triple, créa trois égli- ses : l’Angélique, la Psychique, la Terrestre. À chacune de ces Églises, la Gnose donne un nom mystérieux : l’ELUE, L’APPELEE, la CAPTIVE, Les Naasséniens disaient tenir ces dogmes de Jacques, frère du Seigneur, par le canal de la femme apostolique, Marianne. Leur Adam symbolique renfermait en soi toute paternité. Que pensaient-ils de l’âme ? L’âme était triple comme l’Homme supérieur et comme l’Église. Cette triplicité ne rompait cependant pas son unité. Une par essence, triple par manifestation. L’âme est la cause de la création ; en effet, elle est la substance de tout ce qui vit. Elle renferme en soi le principe nutritif, comme âme 4 terrestre. Les pierres elles-mêmes, les minéraux ne s’accroissent que par l’âme ; et l’âme a pour lien entre les choses et elle, le DESIR, cet obscur besoin qui fait que les choses la demandent et qu’elle se répand dans les choses. Tout aime. Tout s’unit. Tout se meut par l’insatiable Désir. Tout ce qui est dans le ciel, dans la terre, au-dessous de la terre, est amoureux de l’âme et réclame ses embrassements féconds, son accouplement mystérieux et sublime. III C’est l’Aphrodite des Hellènes que le mystique Adonis presse sur sa poitrine nue, dans la fusion des germes, des idées et des forces. Attis émasculé figure la nature privée des joies ineffables de la connexion avec l’âme. Virgile a dit aussi dans un vers inspiré : Mens agitât molem et magno se corpore miscet. Ce mélange de l’âme et du monde, qu’il soit intellectuel ou terrestre, s’idéalise dans le Grand ANDROGYNE éternel, le MAS- FEMINA divin. Quand Isis cherche les parties sexuelles d’Osiris, elle représente le principe féminin séparé du principe mâle. Et le principe mâle, Osiris, a l’eau pour emblème, parce que l’eau est féconde et qu’elle figure le germe générateur, la semence. Isis fait sept voyages dans cette recherche, parce que les sept planètes roulent dans leurs sept sphères éthérées figurant l’universalité des choses. Isis tombe et se relève sept fois. L’Écriture dit : « Le Juste tombera sept fois et se relèvera sept fois ». Les Naasséniens honoraient les images des sexes. Le Lingo représentait pour eux le flambeau de la vie. Quelquefois, ils lui donnaient le nom d’Iadalbaoth ! le Démiurge, et le père du Cosmos. « Il a dans ses mains, chantaient-ils, une verge dorée, merveilleuse, douceur pour les regards et tirant les morts de leur sommeil ». Les morts sont ici les puissances féminines assoupies. IV L’Adam typique androgyne, mas-femina, a pour emblème l’Océan, abîme uploads/Litterature/ etudes-gnostiques-philosophumena-pdf.pdf
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- Publié le Mar 02, 2021
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