PHILIPPE MURAY EXORCISMES SPIRITUELS III Mais ils ne continueront pas toujours,

PHILIPPE MURAY EXORCISMES SPIRITUELS III Mais ils ne continueront pas toujours, car leur folie devient évidente à tous. SAINT PAUL, Deuxième Epître à Timothée. Table des matières PHILIPPE MURAY EXORCISMES SPIRITUELS III PRÉFACE LA RIDICULISATION DU NOUVEAU MONDE SORTIE DE LA. LIBIDO, ENTRÉE DES ARTISTES PARC D’ABSTRACTIONS II ROMAN ANNÉE ZÉRO MALRAUX VERSUS CULTURE UART RENVERSANT DE MARCEL AYMÉ ET, EN TOUT, APERCEVOIR LA FIN··· L’OCCIDENT MEURT EN BERMUDA RENÉ GIRARD ET LA NOUVELLE COMÉDIE DES MÉPRISES ENFIN PROGUIDIS VINT LA GÉNÉRALISATION LYRIQUE PIVOT ET SON PEUPLE DÉCOUVERTE ROMANESQUE ET VÉRIFICATION THÉORIQUE III DANS LA NUIT DU NOUVEAU MONDE-MONSTRE I. LA POST-HISTOIRE II. LITTÉRATURE III. LA CRITIQUE IL N’Y A PLUS D’AUTRE CRIME QUE DE NE PAS ÊTRE ABSOLUMENT MODERNE CHRISTOPHER LASCH OU LE PARTI DE LA VIE POST COITUM, ANIMAL FESTIF EST REBELLE ET TAIS-TOl UNE SEULE SOLUTION, LA FESTIVISATION N’IMPORTE QUOI, N’IMPORTE OÙ, N’IMPORTE COMMENT GONZESSLAND LES CHIENNES DE LOI OUTRAGE AUX BONNES MEUFS UN SOIR, DANS UN TAXI, UNE MAIN D’HOMME SUR UNE CUISSE DE FEMME LES RAVAGES DE LA TOLERANCE LES NOUVEAUX CHAMPIONNATS DE LA CENSURE L’ESPACE FRANCE LA HAINE DU GÉNIE FRANÇAIS EST UNE LONGUE PATIENCE DU CONFORT INTELLCTUEL AUX INTELLECTUELS DE CONFORT LA PROSTERNATION DES CLERCS LE RÉEL EST REPORTÉ À UNE DATE ULTÉRIEURE ON DOIT TOUT ÉCRIRE MAIS PAS À N’IMPORTE QUI LÀ OÙ LE DÉBAT BLESSE LA CRITIQUE DU CIEL BILAN DE SANTÉ QUESTIONNAIRE LA FIN DES HARICOTS EST TERMINEE IV CINÉMA ET VOILÀ POURQUOI VOTRE FILM EST MUET BRÈVE HISTOIRE DU CINÉMA LES FILMS SE RAPPROCHENT DE LA VIE AU FUR ET À MESURE QUE CELLE-CI DISPARAÎT LE CINÉMA FRANÇAIS AU SERVICE DE L'ORDRE NOUVEAU LES FÉES SONT TÊTUES DÉSOBÉIR AU PARADIS ÉTERNITÉ DE LOUIS JOUVET TOUTE LA VÉRITÉ SUR INTERNET LOANA Ire V AU BONHEUR DES HOMMES LA CAGE AUX PHOBES LES JEUX DE L’AMOUR ET DU PRÉTOIRE CEUX QUI ONT DIT MERCI MOUNTAINPARK L’AVENIR TEL QU’ON LE PARLE HOURRAH SUR LE BAUDET CUPIDONPOINTCOM LA NUIT DES PORCS-VIVANTS PIQUE-NIQUE AU PAYS DES MERVEILLES LE MORAL DES MÉNAGES MONTE EN FLÈCHE LE PALAIS DES PUTES BIENVENUE À NOS AMIS LES SERBES FARINES JE VOUS HAIS LE PROFIL BAS DU TROISIÈME MILLÉNAIRE DE L’AUTRE CÔTÉ DU MOUROIR PHYSIOLOGIE DU PORTE-PLAINTES L’ACCUSEUR ACCUSÉ DES ANIMAUX DE MAUVAISE COMPAGNIE JETEZ LE BOBO AVEC VEAU DU BAIN ! « QUI C’EST QU’A ÉTÉ? » DU PASSÉ, TENONS TABLE OUVERTE LA SCIENCE DES RAVES CELESTES SENTENCES 11 SEPTEMBRE 2001 RESPECTEZ LA JOIE ! ÇA FAIT COMBIEN EN ZGLOUBS37 ? PARLONS FRANC LE MAÎTRE DU MONDE EST CONTENT NOUVELLES FRONTIERES LE FABULEUX DESTIN D'AMÉLIE JOSPIN RETOUR DE RÉEL ENCORE PLUS DE PLUS LA FRANCE D'EN DEÇA CLASSES LABORIEUSES, CLASSES BAIGNEUSES PRÉFACE Si ce livre qui s’intitule Exorcismes spirituels ///présentait des points com‐ muns avec d’autres Exorcismes spirituels, par exemple avec Exorcismes spiri‐ tuels I ou avec Exorcismes spirituels II, il ne porterait pas le titre d’Exorcismes spirituels III, mais sans doute celui & Exorcismes spirituels I, ou peut-être IL Or, force est de constater qu’il s’intitule bel et bien Exorcismes spirituels III. Le motif en est simple: c’est qu’il n’a rien à voir avec Exorcismes spirituels I et pas davantage avec Exorcismes spirituels II. D’où le fait qu’il arbore le chiffre III; lequel démontre qu’il n’est ni le premier ni le deuxième de la série des volumes intitulés Exorcismes spirituels, mais le troisième. Il ne saurait donc être confondu, sauf par distraction, avec l’un ou l’autre de ses prédécesseurs. Pour parler autrement, les Exorcismes spirituels se suivent mais ils ne se ressemblent pas. Moi non plus. En cela d’ailleurs, nous ne faisons, eux et moi, qu’accompagner le mou‐ vement du temps. Qui lui-même n’a de cesse de ne pas se ressembler. À l’époque des deux premiers Exorcismes, les conditions d’existence acceptées par presque tous n’avaient l’air que d’une caricature. Encore pouvait-on vaguement se souvenir qu’elles étaient la caricature de quelque chose, et retrouver dans son esprit, en faisant de gros efforts de mémoire, ce dont elles n’étaient déjà que la réplique outrée. Nous n’en sommes plus à ce stade. Entre les deux premiers Exorcismes et celui-ci, la situation s’est simplifiée de manière prodigieuse. La parodie qui court les rues désormais, et qui ne se distingue plus d’aucune réalité puisque l’on n’en croise plus nulle part le moindre échantillon, se retrouve au surplus garantie contre tout risque d’examen par une production éloges continue. Cette production se déploie de manière autonome, en quantité industrielle, et, prenant modèle sur le principe de précaution, anéantit sur son passage tout ce qui pourrait encore demeurer comme soupçon de concret ou comme résidu de réalité historique. Ce travail s’accomplit aussi bien sur le théâtre du « marché », où toutes les différenciations et toutes les singularités sont devenues des obstacles à liquider, que sur celui des « mœurs », où les anciens conditionnements, territoriaux ou sexuels, ne passent plus que pour des crispations lamentables sur le biologique, le géographique ou le normatif qui doivent être bannies à coups de nouveaux « droits » merveilleux afin que s’établisse dans sa gloire le royaume de l’indifférenciation onirique, et que ce royaume devienne officiellement ce que, pour une grande part, il est déjà dans les faits. L’industriel de l’éloge, tout en procédant à ses abattages massifs de vie concrète, prétend bien sûr que lui-même n’existe pas, et il met toute sa puissance au service de l’affirmation de son inexistence, qui va de pair avec la réaffirmation constante que la réalité historique, elle, existe toujours bel et bien. Ses forces du maintien de l’ordre, dans un univers sans références, se veulent invisibles en tant que milices de la louange. Elles ne cessent pourtant de s’exprimer, et une grande part de ce livre est consacrée à l’examen détaillé de leurs comportements et de leurs discours, tout aussi arrogants les uns que les autres, et d’autant plus conformes qu’ils revêtent les formes convenues de la contestation. L’industriel de l’éloge a ceci de remarquable qu’il ne chante que ce qui ne peut pas ne pas être et ce qui ne peut pas ne pas arriver. Il se reconnaît aussi à ce qu’il identifie l’inéluctable au Bien absolu, et à ce qu’il se met très en colère lorsque cet inéluctable est ressenti soudain par quelques-uns comme intolérable. On l’a vu donner le meilleur de lui-même récemment, et s’extasier du « succès de l’euro » à la façon d’un prêtre aztèque revendiquant comme une réussite personnelle que le soleil se soit en fin de compte levé, ce matin- là, à cinq heures trente-sept comme prévu. L’époque risible et impuissante, mais aussi très active, où nous nous enfonçons, n’est plus à même de recenser comme des triomphes que ce qui est de l’ordre du fatal. L’euro ne pouvant en aucun cas rater puisque, comme la mort dont il a le visage unanimiste, il avait été programmé implacablement et que nul, bien entendu, n’imaginait de se rebeller et de ne plus payer ses achats qu’en boutons de culotte et en coquillages, cette fatalité devait, comme toutes les autres, être contée à la façon d’une performance d’épopée, par dactyles ou spondées médiatiques et publicitaires. Quelques mois plus tard, ce fut sur ce même mode néo-homérique, mais cette fois-ci des plus sombres, que l’on accueillit le « séisme » du premier tour des élections présidentielles françaises1. Car nul n’imaginait non plus qu’une sorte de désaveu de l’impayable « succès » mentionné plus haut, et de bien d’autres choses encore si positivement considérées, narrées et imposées, s’exprimerait si vite et avec tant de noirceur, par des votes aussitôt identifiés comme populistes et criminels, mais providentiels également puisqu’ils ne rendaient que plus respectable ce qu’ils n’avaient pas même les moyens de repousser; et l’identifiaient dès lors à la « démocratie », à la « liberté », à la « citoyenneté » et à tant d’autres bonnes choses que ces votes paraissaient menacer mais qu’ils ne pouvaient que renforcer. Comme, sur un bien plus vaste théâtre, les attaques du 11 septembre n’avaient pu que renforcer à travers toute la planète la souveraineté qu’elles voulaient affaiblir, et rendre sacro-saint son programme de « mondialisation démocratique ». Dans ces deux cas, le ton général fut alors plutôt celui du thrène, qui est un chant de deuil ou de lamentation. Mais la ferveur la plus jubilante gouvernait bien sûr tout de même de telles démonstrations. Pour ne considérer que le « séisme » électoral français, cette jubilation ne tarda pas à s’exprimer avec une farouche candeur, par exemple dans cet article de Libération où l’on donnait la parole à un groupe de jeunes anti-lepénistes du faubourg Saint- Antoine, tous comme il se doit artistes, créateurs de mode, gens de communication, organisateurs de vide-greniers et de dîners de rue, dont l’un cassait enfin le morceau: le 1ermai, racontait-il, « on avait envie de chanter “Le Pen on t’aime”. Il nous a réveillés. On dormait, on s’ennuyait. Maintenant, tout le monde a le sourire ». Ainsi la nouvelle humanité, qui se prend pour la Belle au bois dormant, se trouve-t-elle providentiellement des princes charmants uploads/Litterature/ exorcismes-spirituels-iii-by-philippe-muray.pdf

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