Delf Violeau et Sogol Salehi 09/11/2021 Exposé : La miniature de David et ses m
Delf Violeau et Sogol Salehi 09/11/2021 Exposé : La miniature de David et ses musiciens dans la Bible d’Etienne Harding La bible d’Etienne harding fut rédigée au monastère de Cîteaux entre 1108 et 1111. C’est sous la direction de l’abbé éponyme qu’elle fut réalisée. Elle est composée de 4 volumes. L’ouvrage est remarquable pour plusieurs raisons. Tout d’abord le monitum situé à la fin du premier tome témoigne de l’importance qu’à l’ouvrage au sein de l’abbaye de Citeaux. Daté et signé, le court texte informe le lecteur des conditions de réalisation de l’ouvrage ainsi que de l’attention toute particulière portée à la fidélité du texte au livre d’origine tel qu’il a été mis à l’écrit par Saint Jérôme. En effet, l’ouvrage est le résultat d’une étude approfondie de plusieurs bibles écrites en latin mais aussi en hébreux. La réalisation d’un tel ouvrage fait écho à la volonté cistercienne de se rapprocher des fondements de la religion chrétienne. En effet, fondée en 1098 par l’abbé Robert de Molesme, l'abbaye Notre-Dame de Cîteaux se distingue par un rejet du mode de vie luxueux dans lequel vivent les moines de l’abbaye de Cluny. L’abbaye a pour objectif de suivre au plus près la règle bénédictine écrite par Benoît de Nursie au VIe siècle. Ainsi les moines cisterciens apportent une grande importance à l’isolement et rejettent les distractions afin de favoriser le recueillement. La Bible et son étude sont au centre de la vie monastique, c’est à partir de ce constat qu’Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux fit réaliser l’un des premiers ouvrages du scriptorium, une Bible enluminée rassemblant l’Ancien et le Nouveau Testament. Le second tome de la bible est orné de nombreuses miniatures effectuées au scriptorium de Cîteaux. On compte plusieurs miniatures en pleine page ainsi que de nombreuses lettrines. Parmi les images les plus marquantes on trouve David et ses musiciens. Situé au début du Livre des Psaumes, le verso du folio 13 représente David, trônant au centre de l’image et portant une harpe. A ses pieds se trouvent quatre musiciens. Le roi et ses musiciens sont encadrés par une muraille crénelée qui comporte quatre tours surplombant des portails. A droite, à gauche et en haut, des soldats vêtus de cottes de mailles défendent la muraille. Afin d’analyser cette miniature, elle sera comparée et rapprochée de l’idéal défendu par l’ordre cistercien. Dans une première partie nous verrons que l’image représente David en tant que souverain en usant d’une représentation très précise inspirée par l’art insulaire. Ensuite, la miniature sera étudiée en tant qu’exégèse biblique en montrant quel sens a été donné au texte de l’Ancien et du Nouveau Testament : une représentation de la Jérusalem Terrestre défendue par les moines qui suivent l’idéal cistercien. 1)a) David est le personnage qui prend la plus grande partie de la miniature. Dans cette miniature, il est représenté à la fin de sa vie. En effet, cette image fait suite au récit de la vie de David qui se trouve au recto du folio. De la lutte contre le lion à la fuite de David, le récit biblique est raconté sous forme de scènes divisées en 5 registres superposés. La miniature représente David en tant que roi. Il est vêtu d’un bliaud, une sorte de tunique, de couleur rouge aux manches amples. Son épaule gauche est recouverte par une cape bleue maintenue par un fibule. La doublure est une alternance de triangles bleu et gris et évoque la manière dont est représentée la fourrure “menu-vair” dans l’héraldique. Il a les cheveux longs et coiffés et porte une couronne. La harpe à 16 cordes qu’il tient dans sa main gauche évoque par sa forme les harpes anglaises. La variété des motifs qui ornent sa tenue et son trône accentue encore le prestige de David. Par ailleurs, son visage et la manière dont il se tient le font apparaître comme un roi puissant et calme. Tout dans son apparence évoque l’apparat des rois médiévaux. La représentation est fidèle à l’iconographie de David dans les livres enluminés du XIe siècle, elle rappelle entre autres la miniature présente dans le Psautier Saint Germain les prés réalisée par le moine Ingelard. b) En effet, la miniature de la bible d’etienne harding est frappante pour l’attention apportée aux détails. Le relief de la cape et du bliaud du souverain sont animés grâce à des touches de couleurs qui traduisent la pliure des tissus. Le groupe des musiciens, bien que plus petit, est lui aussi très détaillé. Positionné sur une seule ligne, le groupe est rythmé par la variété des positions, assis et debout, et par l’orientation des personnages. Les deux musiciens debout sur la gauche jouent d’un carillon à 8 cloches et d’un instrument à vent, sans doute une flûte. Les deux autres musiciens jouent de la gigue et d’un orgue roman à 16 tuyaux actionnés par 8 soupapes. Les notes du système anglais sont d’ailleurs annotées sur l’orgue. Les personnages sont vêtus de manières variées et encore une fois, une très grande importance est prêtée à l’animation des textiles. Un même soin est apporté aux soldats. Ils sont au nombre de 24 et sont répartis en 3 groupes. Il y a 14 soldats sur la tour en haut, et deux groupes de 5 à droite et à gauche. Ils sont vêtus de cottes de maille de couleur bleue ou verte en alternance et portent des casques coniques rouges ou blancs. La grande variété des armes, épées, haches, lances, arcs ou même fronde, rythme les groupes de soldats et créent une foule hétérogène. Par ailleurs, les armes ne sont pas les seuls accessoires des soldats, deux soldats au sommet des tours sont munis de cor et on distingue de nombreuses bannières parfois juste suggérées par leurs hampes. De plus, l'hétérogénéité de la foule est encore soulignée par les boucliers en forme d’écus français ornés d’umbo et décorés de manière très variée. Enfin une très grande attention est portée à la représentation des objets mais aussi à la manière dont les personnages s’en servent. Les positions des personnages sont si précises que les musiciens paraissent pris sur le vif, comme sur le point de se mettre à jouer. Il en va de même pour les soldats. En effet les arcs sont bandés, la flèche prête à être décochée et les armes sont brandies au-dessus de la tête. La volonté naturaliste des enlumineurs du scriptorium va jusqu’à représenter un soldat avec un doigt qui passe dans la lanière de la fronde qu’il fait tournoyer au-dessus de sa tête. Tous ces détails permettent de penser que les soldats semblent se tenir prêts à un combat pour défendre la cité. La diversité et le dynamisme de la foule rappelle la tapisserie de Bayeux. Brodée dans la deuxième moitié du XIe siècle, l'œuvre relate la conquête de l’Angleterre. c) La miniature de David apparaît dans le second volume de la Bible d’Etienne Harding qui fut le premier manuscrit enluminé du scriptorium de Cîteaux. Caractérisées par un dessin habile permis grâce à une observation méticuleuse de la nature, les miniatures de la Bible de Cîteaux évoquent le style insulaire. Les recherches menées par l’historienne de l’art Yolanta Zaluska en 1989 ont permis de déterminer les différents enlumineurs ayant officié au Scriptorium de Cîteaux. L’enlumineur ayant réalisé la miniature de David et ses musiciens est responsable de 8 miniatures ainsi que de 29 initiales qui ponctuent manuscrit. L’initiale B au recto du Folio 14 est décorée à la manière des lettrines de l’art insulaire, un enchevêtrement végétal qui se mêle à des figures zoomorphes. Par ailleurs, la forme de la harpe tenue par le roi et le système de notation musicale retranscrit sur l’orgue sont tous deux propres à la Grande-Bretagne. Selon l’étude menée récemment par Alessia Trivellone, l’enlumineur pourrait être l’abbé Etienne Harding lui-même. En effet, il a existé plusieurs abbés enlumineurs au cours de la période médiévale. Par ailleurs, les archives de l’Abbaye de Cîteaux ont permis de déterminer que lors de la réalisation du manuscrit, la communauté de moines s'élevait seulement à une vingtaine de personnes parmi lesquelles seul Etienne Harding était d’origine anglaise. Enfin, la richesse et la diversité des représentations en termes de composition, de teintes et de précision ne peut être que l'œuvre d’un homme cultivé, comme l’était l’abbé anglais. 2) a) La muraille est rabattue vers l’extérieur et sert d’encadrement à David et ses musiciens. Elle est composée de 4 murs crénelés en pierre. Chaque mur est entrecoupé d’un portail à double battant surmonté d’une tour. La rigueur géométrique de la muraille rappelle la miniature de la Jérusalem céleste qui figure dans le Beatus de Saint Sever datant lui aussi du XIe siècle. La représentation de la muraille suit d’ailleurs l’idéal chrétien de la Jérusalem céleste telle qu’elle est décrite dans l’antiphonaire de la Bible. “Vidi portam civitatis ad Orientem positam, et apostolorum nomina et agni super eam scripta ; et super muros eius angelorum custodia, alleluia. Vidi sanctam civitatem Ierusalem descendentem de celo, ornatam tamquam sponsam viro suo” => “J'ai uploads/Litterature/ expose-la-bible-de-saint-etienne-harding.pdf
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- Publié le Oct 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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