La Bible face à l’Histoire. Giovanni BARLUET janvier 2006 Avant toute chose, pr
La Bible face à l’Histoire. Giovanni BARLUET janvier 2006 Avant toute chose, précisons que ce qui suit est basé sur le magazine « L’Express », numéro 2841. La Bible est considérée comme un livre sacré, à valeur historique, ne révélant que vérités absolues. Et malheureusement, beaucoup prennent pour « paroles d’Evangile » tout ce qui y est écrit ! La Bible n’a pas été écrite d’un trait, l’étymologie du mot même, le grec biblia, LES livres fait référence à un pluriel, précisant qu’elle est composée de divers textes, de divers auteurs inconnus, le choix définitif des pièces rassemblées dans la Bible juive n’ayant été établi qu’au premier siècle avant JC. Ce qui est sûr aujourd’hui c’est que le contenu de ce livre n’a pas toute la valeur historique que lui prêtent les orthodoxes juifs, les traditionalistes catholiques, ou les fondamentalistes évangéliques, même si ces derniers ont réussi à imposer leur vision créationniste et à permettre l’enseignement parallèle de la Genèse et de la théorie de l’évolution des espèce de Darwin dans les écoles du Kansas, avec l’aval du président Bush, la Bible reste l’approche d’une divinité parmi une myriade, en somme si pas une hypothèse de réflexion, au moins une fiction. Mais ces légendes résistent-elles face aux dernières découvertes archéologiques ? D’après la Bible, les descendants de Jacob, petit fils d’Abraham qui deviendra Israël, demeurent 400 longues années en Egypte en tant qu’esclaves de Pharaon, pour bâtir entre autres choses Pitom. Nous sommes alors aux alentours de -1300, la Torah, le Pentateuque des Chrétiens, les cinq premiers livres de leur Bible, composé de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le Livre des Nombres et le Deutéronome, raconte la naissance du peuple d’Israël. Moïse, nouveau-né est sauvé des eaux par la fille même de Pharaon qui l’adopte, et l’élève en Egyptien. Suite au meurtre d’un Egyptien qui rouait de coups un esclave Hébreux devant lui, Moïse s’enfuit pour devenir berger dans le Sinaï, suivra l’épisode du buisson ardant, avant de retourner en Egypte pour sauver son peuple. Le Deutéronome, dernier des cinq livres de la Torah, voit Moïse mourir dans la région de Moab, à l’orée du Pays de Canaan, la Terre Promise, l’actuelle Palestine, car pour une billevesée, le « Grand Dieu Bon », lui a interdit de rentrer sur la Terre Promise. Des générations de fidèles ont pris les écritures au pied de la lettre, persuadés que Yahvé avait confié à Moïse la mission de mettre par écrit les clauses de l’Alliance conclue entre lui et le peuple d’Israël, et qu’après avoir libéré son peuple du joug des Egyptiens et l’avoir conduit jusqu’à la Terre Promise, Moïse a retranscrit mot pour mot le verbe divin, jusqu’à anticiper sa propre nécrologie ! Fort…à moins bien sûr qu’il ne soit pas l’auteur de la Torah ? Mais combien même, pourquoi l’histoire, la vraie, n’a t elle pas conservé de traces de cet élu Hébreux qui, avec l’aide d’un dieu d’une ineffable bonté, fit s’abattre des plaies horribles sur tout un pays et qui a libéré des milliers d’esclaves ? Les Egyptiens ne savaient peut-être pas écrire pour témoigner des horreurs subies ou même admettre une si grande et impressionnante défaite due à des facteurs supranaturels qui auraient quand même dus suscités la curiosité des scribes, non? D’après la Bible 600 000 Hébreux en armes franchissent la Mer Rouge, dont Moïse a ouvert les flots, talonnés de prés par l’armée égyptienne, une des plus puissantes du moment. 600 000 hommes, ce qui porte à environ deux millions de personnes le nombres des fuyards d’une une Egypte qui, on le sait, ne comptait pas plus de 3,5 millions de personnes à cette époque, étonnant ! Au Mont Sinaï, Moïse scelle l’alliance de son peuple avec Yahvé, avant d’errer tous ensembles pendant quarante ans dans le désert, notamment à Cades Barnea. Précisons quand même que Pitom n’existait tout simplement pas encore au XIII° siècle avant JC. Ajoutons qu’aucune archive égyptienne ne fait mention de la présence juive, de l’exode ou des plaies, pas de preuves archéologiques ou épigraphiques. Plusieurs centaines de milliers de personnes, pour ne dire des millions d’après la Bible, ont stationné au pied du Mont Sinaï, et bien que les techniques actuelles permettent déceler le simple passage de bergers, pas un seul tesson de cruche retrouvé sur les lieux malgré les années de fouilles effectuées sur la zone! La fuite de l’Egypte vers la Palestine reste d’ailleurs peu vraisemblable. A cette époque, le Pays de Canaan est sous la coupe des Egyptiens. Fuir l’Egypte pour la Palestine a « autant de sens que fuir Moscou pour Varsovie au temps du stalinisme » souligne Françoise Briquel-Chatonnet, directrice de recherche au CNRS, dans les cahiers de l’Histoire en 2001. Les hypothèses concernant une rédaction d’un « pseudo exode » parlent du roi historique celui-là, nommé Josias, roi de Juda qui rêvait de réunifier au VIII° siècle avant JC, le Royaume de Juda au Sud, et celui du Nord, perdu, Israël alors sous domination de l’autre grand empire du moment l’Assyrie. Celle-ci étant en proie a des tensions internes, les forces armées sont concentrées aux alentours de Babylone. Mais l’Egypte, elle, est toujours là, et rêve de conquête, obstacle au rêve hégémonique de Josias. Sentant son heure venue, Josias sort de sa manche un « Livre de la Loi », découvert par hasard qui prévoit un seul lieu de culte, sa ville Jérusalem, autour d’un seul dieu et d’une seule loi. Il savait qu’en édictant une loi, autoritaire et fascisante, par lui-même cela ne passerait pas, alors qu’ainsi il lui serait plus simple de tout contrôler. C’est lui le législateur qui se veut le « libérateur » de son peuple : il leur donne cette fable, véritable propagande pour leur faire croire que ce petit peuple peut se soulever devant cet immense empire d’alors qu’est l’Egypte, s’il est guidé par un homme épaulé par dieu et la loi, un Moïse : lui. Josias semble être donc l’instigateur de ce récit de propagande qu’est le mythe de Moïse et de l’exode. Les exégètes s’accordent aujourd’hui pour dire que le Pentateuque, la Torah donc, date de l’exil des Hébreux à…Babylone, l’actuelle Irak, entre -587 et -532 environ, plus tôt d’ailleurs, les populations de l’ancien Israël n’étaient pas alphabétisées. Nous sommes donc loin des -1300 supposés ou un Moïse auteur de la Torah aurait existé. Ce serait vraisemblablement durant cet exil sur les bords de l’Euphrate que ce peuple déraciné a entamé la rédaction de sa grande geste nationale et religieuse autour de ce dieu unique, l’agrémentant au passage des mythes babyloniens, sumériens revisités bien entendus pour être plus conformes à leurs canons, je vous renvoie aux parallèles avec les mythes sumériens. Certains mêmes, peu suivis il est vrai, comme le linguiste Yaaqov Kupitz, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, prétendent que la Torah aurait été rédigée plus récemment, vers -230, décelant de fortes influences grecques dans les textes, comme l’épisode du duel de David et Goliath (Samuel XVII) rappelant celui relaté dans « L’Odyssée », de Pâris et de Ménélas, la description même de l’armement du géant philistin, peuple venu de la mer Egée et dont le nom donnera celui de la Palestine, rappelle l’équipement d’un soldat grec; la monnaie utilisée par Jacob même dans la Genèse pour acheter un terrain à Sichem (Gen XXXIII, 19), la qsitah dérivé du Grec kisté n’existait pas avant l’arrivée des Hellènes, et personne ne relève ces incohérences ! Mais, continuons, les Hébreux sont arrivés au Pays de Canaan, nous sommes aux alentours de -1230, la conquête de la Terre Promise est entreprise et relatée dans le Livre de Josué qui décrit les Hébreux comme un vaillant peuple en armes qui déjà vient quand même déjà d’oublier le premier commandement encore tout frais: « Tu ne tueras Point ». Ce livre nous raconte des combats sanguinaires, menés par des chefs de guerre féroces, des victoires époustouflantes, voilà la grande geste nationale juive en marche ! A Jéricho, les murs s’effondrent au son des shofar, trompettes faites de cornes de béliers. A Gabaon, Josué obtient de Yahvé qu’il suspende la course du Soleil, le temps de passer tout le monde au fil de l’épée ! La Terre Promise conquise par des massacres cautionnés, appuyés, aidés par ce dieu si bon et merveilleux, les 12 tribus d’Israël se réunissent à Sichem sous l’instigation de Josué pour fonder la première confédération juive. Seulement, d’après les archéologues de Tel-Aviv, Israël Finkelstein et Asher Silberman, vers le XIII°siècle avant JC, période supposée de cette conquête par les armées de Josué, la multitude de cités états de Palestine est fermement tenue par les garnisons égyptiennes. A cette époque même, Jéricho n’est qu’un bourg sans muraille, et une seule stèle de cette époque attribuée au Pharaon Meren Ptah mentionne le peuple Hébreux en ces termes : « Israël est anéantie et n’a plus de semence ». En lieu et place donc d’une confédération puissante unie autour d’un dieu unique qui a conquis par la force, la ruse et uploads/Litterature/ la-bible-face-a-l-x27-histoire.pdf
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- Publié le Aoû 01, 2022
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