Exposé Versailles Le 5 octobre 1789, lors d’une des journées les plus marquante

Exposé Versailles Le 5 octobre 1789, lors d’une des journées les plus marquantes de la Révolution Française, une foule d’hommes et de femmes sont aux portes du château de Versailles, scandant en cœur « À Paris, à Paris ! » à l’intention de la famille royale afin qu’elle s’établisse dans la capitale. En effet, la demeure des rois, symbole ultime de la monarchie absolue, représente, à ce moment de l’Histoire, une page du passé qu’il vaut mieux tourner. Certains révolutionnaires, comme Charles Delacroix, sont même favorables à la destruction du château, ayant pour volonté une véritable rupture avec toute incarnation de l’Ancien Régime. Cette représentation du monument est toujours ancrée dans l’imaginaire populaire puisque souvent, quand nous pensons à Versailles et son rôle avec le politique, nous pensons à la monarchie et non pas à tout ce qui a suivi. Selon cette logique assez réductrice, Versailles ne vaudrait d’être étudié que pour ce qu’il a apporté à l’histoire française dans la limite chronologique de la monarchie. Or, nous verrons dans cet exposé comment le site de Versailles accompagne la vie politique française depuis le XIXème siècle. Nous étudierons dans un premier temps l’établissement sous Louis-Philippe d’un musée au service de son pouvoir, puis dans un second temps qu’aussi paradoxale que cela puisse paraître, Versailles est devenu « le temple du théâtre républicain ». Enfin, nous verrons que le château apparait comme un haut lieu de la politique internationale. Après la Révolution Française, le château de Versailles devient un véritable musée : en effet, Louis-Philippe n’est pas le premier à avoir cette idée de faire du bâtiment une vitrine d’exposition : en 1796 il devient un musée central des arts et, un an plus tard un musée spécial de l’École française. Cependant, l’usage qu’en fera Louis-Philippe est tout à fait politique et au service de son pouvoir, plus particulièrement de son image, de sa représentation auprès des Français. Pour Louis-Philippe, le musée, inauguré en juin 1837 dans un contexte postrévolutionnaire, dédié « à toutes les gloires de la France » devait contribuer symboliquement à la réconciliation des partisans des différents régimes qui s’étaient succédé depuis 1789. Cette volonté réside notamment dans le projet d’une galerie des Batailles, encore ouverte au public aujourd’hui, où se succèdent des tableaux illustrant des gloires militaires de l’histoire de France, de la prise de Constantinople par les Croisés à la bataille de Valmy, le but étant de glorifier les hauts faits de l’histoire nationale pour réunir tout les Français autour de cette histoire commune et d’en partager une fierté. Il s’agit là de réaménager la mémoire au vu d’une réconciliation nationale. Selon Victor Hugo, Versailles n’est plus seulement le symbole de Louis XIV, de la monarchie, mais le symbole de l’histoire de France dans son entièreté et affirme que le succès de ce projet est d’en « avoir fait un monument national d’un monument monarchique ». Le lieu fait donc usage d’outil politique. En effet, selon l’historien Fabien Opperman, le patrimoine contribue à l’essence, à ce qui fait nation et ce qui fait qu’on la reconnaît, de l’extérieur, en tant que telle. Plus une nation possède de traces reconnues de son passé, plus elle semble inscrite dans le temps long, dans la stabilité. Ensuite, issu de la branche moins importante et moins prestigieuse qu’est celle d’Orléans et en ayant parfaitement connaissance du sort de son prédécesseur Charles X, chassé du pouvoir, Louis-Philippe tente également par ce geste d’ancrer sa légitimité auprès des Français : en effet, il se revendique être l’héritier et le continuateur de l’histoire glorieuse nationale et se place comme le représentant de cette histoire auprès de son peuple. Versailles devient ainsi un lieu non plus de vie officielle mais de souvenir et de transmission, agissant au profit du politique. Alors que Louis-Philippe, avec le musée de Versailles, insistait sur la mission pédagogique de transmission du passé aux générations futures, les décennies suivantes le transforment en un lieu d’histoire présente, destinée à n’être ni louée ni glorifiée, mais simplement vécue dans l’enceinte du château. En effet, Versailles va devenir, après la Commune de Paris, une incarnation de la politique à nouveau, « un temple de théâtre républicain » selon Fabien Oppermann. La bibliographie versaillaise est abondante, de même que celle sur la vie politique républicaine. Mais peu d’ouvrages font le lien entre les deux, comme si évoquer le rôle de l’ancienne demeure royale dans la vie publique française revenait à nier celui, culturel et touristique, joué par le monument. Il n’en est rien. En effet, l’usage de Versailles par les hautes autorités de l’État joue en faveur de sa médiatisation et de son aura. Plus qu’en étant inscrit sur une liste spécifique, comme celle du patrimoine de l’Unesco, c’est comme lieu de l’action politique que Versailles prend sa stature de palais national. En effet, les acteurs de la vie républicaine française, présidents, ministres, parlementaires, chefs d'Etat en visite, ont contribué à écrire l'histoire contemporaine du domaine au fil des siècles ,ce qui peut paraître paradoxale, étant donné de l’histoire et du symbolique du lieu. Est ce que faire un symbole de la monarchie celui de la République n’est pas contradictoire ? C’est une question qui se pose toujours aujourd’hui, nous pouvons le voir avec cette caricature datant de 85 par un caricaturiste du Canard Enchaîné avec la représentation des deux régimes côte à côte. Mais si la Troisième République est née à Versailles, c’est avant tout parce que les députés élus en février 1871, alors que la France est toujours en guerre contre la Prusse et que l’ensemble des pouvoirs publics sont réfugiés à Bordeaux, n’ont pas souhaité revenir directement à Paris après la signature des préliminaires de paix. Bordeaux était excentrée, il fallait donc revenir au plus près de la capitale, mais pas dans Paris même, où l’agitation était grandissante. Adolph Thiers, le premier président qui utilisera le château, affirme même : « Il fallait aller à Versailles et même de là, tâcher de rester maître de Paris ». L’Assemblée nationale vient donc à Versailles, et est rejointe par le gouvernement lorsque la Commune éclate. Il n’y a donc pas de projet politique d’installation ; ce sont les événements de 1871 qui ont imposé ce choix. Mais on a cette impression de paradoxe, car la situation va s’éterniser : si le gouvernement rentre dès la fin du printemps 1871 à Paris, le parlement, lui, reste au château jusqu’en 1879. De 1871 à 1875, l’unique assemblée, l’Assemblée nationale, siège dans l’Opéra Gabriel, puis, lorsqu’une seconde assemblée, le Sénat, est créée à côté de la Chambre des députés, on construit pour cette dernière une salle des séances immense, au cœur de l’aile du Midi. Si paradoxe on doit chercher, c’est le fait que la dernière construction au sein du château de Versailles est destinée à faire vivre les institutions de la République. La salle immense du Congrès sert ensuite à l’élection des présidents de la Troisième et de la Quatrième République, comme elle sert, depuis 1958, à la réunion du congrès du parlement pour réviser la Constitution ou, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, pour entendre le Président de la République comme par exemple en 2015 après les attentats de Paris avec François Hollande ou encore l’annonce du plan quinquennal d’Emmanuel Macron en 2017. Il y a, dans ces usages, une continuité de la forme républicaine de 1871 à nos jours, qui inscrit ses pas dans le château des rois de France. Tout cela contribue à renouer avec une dimension du lieu niée depuis la Révolution française, celle de gouvernement et de représentation. Toujours dans une logique de représentation du pouvoir, Versailles n’est pas seulement un outil à la politique intérieure, mais apparaît comme un véritable haut lieu de la diplomatie et ce, depuis le XIXème siècle. Dès 1855, la Galerie des Glaces accueille, volontairement ou non de nombreux chefs étrangers : c’est tout d’abord le cas avec un dîner entre Napoléon III et la reine Victoria : quarante ans après Waterloo, la visite officielle de la reine, présente en France dans le cadre de l'Exposition universelle de Paris, est le signe tangible qu'une page de l'histoire des relations franco-anglaises a été tournée : l'Angleterre n'est plus l'ennemi héréditaire, c'est l'Entente cordiale entre les deux nations. Puis, c’est dans cette même galerie, miroir du pouvoir, qu’est proclamé l’unification de l’Allemagne en 1871 et le IIe Reich de l’Empereur Guillaume Ier, suite à la défaite française et à la capture de Napoléon III à Sedan. L’objectif affiché est clair : humilier la France dans le lieu symbolique de sa puissance. Versailles est ici un outil au service d’une politique étrangère, au détriment de la France, pour la première fois. L’humiliation est totale, et ensuite, le traité de Versailles près d’un demi-siècle plus tard, en sera la vengeance, entre d’autres raisons du choix de ce lieu. La signature du traité, en présence de 27 délégations représentant 32 puissances confère à ce lieu un rayonnement à une échelle plus grande, internationale en même temps d’être un véritable fardeau uploads/Litterature/ expose-versailles.pdf

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