26 Introduction La production de l’élève est une des finalités de l’enseignemen
26 Introduction La production de l’élève est une des finalités de l’enseignement, qui est une application des connaissances acquises mais aussi permet à l’enseignant d’évaluer les apprenants. Dans le domaine de la littérature, cette évaluation peut se réaliser, par exemple au niveau secondaire, grâce à des exercices comme le résumé, le commentaire de texte (suivi ou composé) ou encore la dissertation. Ces exercices pratiques font appel, chez le sujet apprenant, à la capacité productrice, au sens de la logique, à la cohérence dans l’analyse, à la rigueur ou encore à la correction dans l’expression. Autant de qualités qui permettent d’asseoir une argumentation bien ficelée avec un agencement adéquat des idées organisées dans un devoir cohérent. Toutefois, l’expérience a montré que les élèves, même au niveau secondaire, ont du mal à construire des productions élaborées dans une argumentation bien conduite. La raison évoquée n’est pas, le plus souvent, le déficit d’arguments ou encore la complexité des sujets mais relève le plus souvent de difficultés dans l’organisation des idées. C’est pourquoi, ce présent travail cherche à fournir aux élèves, de manière pratique, les outils d’analyse qui, nous l’espérons, permettront de remédier aux maladresses récurrentes dans les différents exercices littéraires. Des cours, il a été question d’aborder la méthode en partant de productions d’élèves corrigées dans le cadre d’un mémoire de fin de formation. Ainsi, à la suite des cours nous avons proposé des esquisses qui sont des corrigés de travaux d’un nombre d’élèves sélectionnés selon le niveau et les types d’exercices traités. 26 PREMIERE PARTIE Esthétique des genres 26 CHAPITRE PREMIER La poésie Introduction La poésie est une combinaison pertinente d’un sens profond et d’une forme spécifique. A la différence des autres genres littéraires, la poésie épuise toutes les ressources du langage en réussissant l’alliage difficile du contenu intelligible et de l’aspect régi par des règles. Du Grec « poiesis1 » et du latin « poesis », la poésie renvoie à la création qui signifie susciter, donner naissance, etc. Une faculté qui n’est pas ordinaire car nécessitant la conjugaison du rythme, de l’esthétique pour réaliser un jeu sur le langage. Il ne s’agit, pas bien sûr, d’un langage commun aux hommes, mais de celui destiné aux initiés et qui suscite l’admiration du lecteur. Réfléchir sur un tel genre, c’est donc répondre à ces questions suivantes : - D’où vient la poésie ? - Peut-on comprendre un poème ? - A quoi sert un poème ? I- Origines de l’inspiration en poésie La source poétique fait débat. Cela tient au fait que les sources de l’inspiration ou la genèse du génie est à l’origine de plusieurs controverses. Pour certains, la poésie est d’origine divine, pour d’autres, elle naît du cœur car la moi est le siège de la création. 1- La poésie, un don divin Selon le philosophe grec Platon2 : « Ce n’est pas un effet de l’art, mais bien parce qu’un dieu est en eux que les poètes créent. » Cette conviction souligne toute la perception de la poésie à l’époque antique. En effet, dans la mythologie grecque la poésie serait née à la suite de la victoire de Zeus sur les Titans. Les neuf filles d’Apollon, appelées aussi muses composèrent des vers pour chanter la gloire du 1 2 26 dieu suprême des Grecs. Cette faculté de création est donc une particularité de ces muses qu’elles offrent à tout être illuminé. Ainsi, devient poète tout homme visité par la muse inspiratrice qui insuffle le génie. Cela apparaît à travers les propos du poète romain Julius Ovidius Naso, dit Ovide3. Poète adulé, à Rome, accusé de corrompre les mœurs, il devient un proscrit aux yeux du roi César Auguste4. Exilé de Rome à Tomes, en terre barbare, il explique la pauvreté de ses vers dans deux textes majeurs, Les tristes et Les Pontiques en déclarant : « La muse m’a quitté… » Il est clair donc que pour les mentalités de la civilisation grecque et romaine, la poésie est l’affaire des dieux. Ces derniers insufflent à l’homme ordinaire ou à tout créateur, la magie de la créativité. Joseph Joubert affirme dans cette logique, dans son œuvre intitulée, Les pensées : « Dieu ne voulant pas départir les Grecs de la vérité, leur donna la poésie » En d’autres termes, le génie poétique est de nature divine. Cette conception antique traverse l’époque médiévale. Au sortir de cette époque, jusqu’aux premières heures du classicisme, la poésie garde tout son caractère mythique et mystérieux. Pour des auteurs comme Ronsard5, Du Bellay6, ou encore Clément Marot7, le génie poétique naît de « l’enthousiasme » ». Il s’agit d’une sorte d’état second durant lequel l’homme ordinaire entre dans une phase d’illumination où, le génie et l’inspiration le visitent pour faire de lui un illuminé. C’est un bref instant au sortir duquel l’inspiration vient à l’auteur, qui s’impose un devoir de mettre en texte ses idées de cet instant d’élévation. D’ailleurs, même Descartes8, au rationalisme exacerbé, concède cette part de divinité à la poésie lorsqu’il déclare : « J’aimais fort l’éloquence, j’étais amoureux de la poésie, mais je pensais que l’une et l’autre étaient des dons de l’esprit plutôt que des fruits de l’étude. » En d’autres termes, le génie ne naît pas du 3 4 5 6 7 8 26 labeur, mais d’une disposition particulière que le Seigneur offre à l’homme. Ainsi, toute poésie est l’expression d’un don. Au 19ème siècle, cette vision de la poésie se perpétue notamment dans l’art romantique. En effet, selon, les poètes comme Victor Hugo9, la poésie n’est pas un projet individuel, ou un choix personnel, mais une disposition que seul Dieu insuffle au poète génie. Dans cette logique, le langage poétique est celui d’un prophète choisi dans la masse, dont la plume est porteuse d’un message divin assimilable à une prophétie qu’il a un devoir de cristalliser à travers la magie de l’écriture. Ainsi, le poète n’est qu’un simple traducteur comme le suggère d’ailleurs Victor Hugo en ces mots : « Le poète est un prophète, un mage, un écho sonore. » En d’autres termes, le poète est dépositaire de la lumière divine qu’il se charge d’apporter aux hommes grâce à la magie de la créativité. Il ne s’agit pas de cette forme de création gratuite, mais d’un procédé de transcription d’une lumière qui émane d’un dieu parlant du présent et du futur. Hugo ajoutera, toujours dans la même perspective : « Les pieds ici bas, Les yeux ailleurs : Dieu lui parle à voix basse » En clair, c’est seulement lorsque l’homme accède à l’ascèse des idées qui est le summum de la connaissance qu’il devient poète. Ce regard est un don comme l’affirme si bien Alphonse de Lamartine : « La poésie est une harpe intérieure, c’est la seule langue qui parle à Dieu » Poésie diverse. 2- La poésie vient du cœur Selon de nombreux penseurs, le cœur est le siège de la créativité. Le génie du poète puise, dans sa création, de l’ensemble de ses sentiments rencontrés et vécus dans sa vie. Cela évidemment, dans la mise en texte des perceptions des désirs ou bien des sensations les plus naturelles. Une telle conviction se lit à travers les propos de Victor Hugo qui souligne, dès le début des Contemplations : « Ma poésie est la mémoire d’une âme » Autrement dit, le vers est l’illustration parfaite de la vie intérieure transcrite. Cette façon d’appréhender la poésie renouvelle le principe premier du 9 26 romantisme : l’expression du lyrisme personnel. Une vérité érigée en idéologie qu’Alfred de Musset10 exprime dans une formule inépuisable du point de vue du sens : « Frappe-toi le cœur, c’est là que se trouve le génie ». Cela veut dire que la magie de la création trouve son siège dans le cœur humain. Si l’on s’en tient à Georges Lecomte, dans son ouvrage intitulé Ma traversée, l’écrivain français s’inscrit dans la perspective du mouvement romantique et définit la poésie comme telle : « La poésie est une inspiration à la fois naïve et subtile, toute en nuance des plus délicates vibrations, des nerfs, des plus fugitifs soupirs du cœur. » Une définition qui met en évidence la sensibilité ; mais aussi rappelle le point de vue d’Henri Bergson11 dans son ouvrage titré le Rire : « Toute poésie exprime un état d’âme. » C’est pourquoi, la poésie est souvent la mise en formule des sentiments comme l’amour, la solitude, le chagrin, le deuil, l’amertume, la joie, la passion confessée en forme versifiée. La tonalité des auteurs, le sens dans les textes sont à rechercher dans leurs vies personnelles. Alphonse de Lamartine12, poète romantique du 19ème siècle pense : « Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie au Parnasse et qui ai donné à ce qu’on nommait la muse, au lieu d’une lyre à sept cordes de convention, mais les fibres du cœur de l’homme. » Somme toute, il est vrai que la poésie est de source divine, même s’il faut aussi admettre son caractère lyrique. Toutefois, la question réelle uploads/Litterature/ fascicule-terminale 1 .pdf
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- Publié le Mar 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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