École doctorale 138 Lettres, Langues, Spectacles Études Romanes, Centre de rech

École doctorale 138 Lettres, Langues, Spectacles Études Romanes, Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines Doctorat Langues, littératures et civilisations romanes : espagnol THÈSE présentée et soutenue par Amélie DJONDO Le 21 novembre 2016 Femmes de pouvoir et pouvoir des femmes dans le théâtre du Siècle d’Or : Le personnage de la reine transgressive et criminelle Directeur de thèse : Monsieur le Professeur Christophe COUDERC Membres du Jury : M. Christophe COUDERC, Professeur à l’Université de Paris Nanterre M. Juan Carlos GARROT ZAMBRANA, Professeur à l’Université de Tours-François Rabelais, Rapporteur du Jury Mme Françoise GILBERT, Professeur à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès, Rapporteur du Jury Mme Isabel IBAÑEZ, Professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, Présidente du Jury de Thèse Mme Marie-Eugénie KAUFMANT, Professeur à l’Université de Caen-Normandie 1 REMERCIEMENTS Je souhaite avant tout exprimer mes plus vifs remerciements à mon directeur de thèse, le Professeur Christophe Couderc, pour son aide dévouée à tout instant, ses nombreuses corrections et ses précieux conseils sans lesquels cette recherche n’aurait pu aboutir. Je lui suis profondément reconnaissante pour sa disponibilité, son écoute et sa patience. J’exprime ma gratitude à Madame la Professeur Maria Aranda qui m’a transmis sa passion pour le théâtre du Siècle d’Or ainsi qu’à mes collègues du département d’espagnol de l’Université du Maine pour leurs encouragements. Je remercie également la Société des Hispanistes Français ainsi que la Casa de Velázquez pour leur contribution financière à ce projet de recherche. Un grand merci à Adeline Léandre qui a toujours cru en moi et qui m’a apporté une aide inconditionnelle. Je remercie particulièrement mes chers collègues de lettres, Gaëlle Touchet et Johnny Lafresnaye qui m’ont aidée ainsi que Chrystelle et Rob Brown, Alix de Saint Loup, Christine Diguer, Cécilia et Serge Djondo, Charlotte Guillon, Marion Labourey et mon amie Maître Magalie Minaud pour les relectures et corrections. Merci à la Docteure Ana Zúñiga Lacruz de l’Université de Navarre pour ses conseils et ses prêts. Je tiens à remercier mes chefs d’établissement, Messieurs Mahalin, Manceau et Montori qui, successivement, m’ont permis de concilier mon métier d’enseignante et ce travail de recherche. Enfin, un grand merci à mon mari Flavien, ma mère, mes beaux-parents et toutes mes amies qui n’ont eu de cesse de me soutenir moralement et de faire preuve de patience tout au long de ces cinq années. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION ............................................................................................... 5 1. Une réhabilitation nécessaire du personnage de la reine sur la scène espagnole du Siècle d’Or ...................................................................................................... 6 2. Présentation du corpus ................................................................................... 14 3. Trois axes principaux de réflexion : théorique, théâtral et psycho-juridique 21 PREMIÈRE PARTIE : REPRESENTATIONS ET RÉALITÉS DU PERSONNAGE DE LA REINE ........................................................................ 25 CHAPITRE I : FIGURE(S) DE LA REINE DANS L’ESPAGNE DU XVIIe SIECLE ............................................................................................. 26 1. Ambiguité du droit féminin : discours et réalités ........................................... 26 2. La reine en littérature : jeux et enjeux idéologiques ...................................... 44 3. La reine-roi au théâtre : hyperactivité et transgression ................................. 60 CHAPITRE II : FEMMES HORS NORMES SUR SCÈNE : LA FASCINATION DE L’AUTRE FÉMININ ................................................ 81 1. Les néo-amazones sur scène : un anti-conformisme utopique ....................... 81 2. La reine transgressive : pour une réflexion sur la violence féminine ........... 101 3. Peur de la femme, peur de l’actrice ? ........................................................... 116 DEUXIÈME PARTIE : CRISES DE LA REINE : NORMES ET TRANSGRESSIONS DE LA NORME ................................... 138 CHAPITRE I : LA REINE AU CENTRE D’UN MONDE À L’ENVERS .... 139 1. Accéder aux sommets du pouvoir : les opportunités publiques et privées .. 139 2. Exercer le pouvoir : intrigues et secrets à la cours des reines ....................... 164 CHAPITRE II : VIOLENCES, TYRANNIES ET FÉMINITÉS ...................... 186 1. Les reines victimes de la tyrannie masculine ............................................... 186 2. Les reines coupables de la tyrannie féminine .............................................. 216 3. La tyrannie féminine à l’œuvre .................................................................... 224 CHAPITRE III : LES JEUX DE PERVERSITÉ FÉMININE ......................... 247 1. La reine dans le monde labyrinthique .......................................................... 247 2. Métamporphoses et tromperies métathéâtrales ............................................ 275 TROISIÈME PARTIE : CRIMES ET CHÂTIMENTS : LE MAL AU FÉMININ ................................................................................................... 306 3 CHAPITRE I : MANIFESTATIONS CRIMINELLES ................................... 307 1. Crimes de reines ........................................................................................... 307 2. Crimes de femmes : suspicions et passages à l’acte des mauvaises mères ... 365 CHAPITRE II : LES JUGEMENTS DES DÉVIANCES................................. 397 1. Identification des dégradations psychologiques .......................................... 397 2. Voix et perceptions de la folie féminine ...................................................... 421 3. Faites entrer la reine accusée : le processus judiciaire ................................. 448 CONCLUSION .................................................................................................................. 483 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 491 ANNEXES ........................................................................................................................... 534 TABLE DES MATIÈRES .............................................................................................. 560 4 ROSAURA : ¿Qué es reina? TEODOSIA: Mujer del rey. ROSAURA : ¿También da aquesta la ley con que viven donde reina? TEODOSIA: No, Rosaura. ROSAURA: Pues ¿qué hace? ¿De qué sirve? TEODOSIA: De dar reyes para que den esas leyes, porque desta otro rey nace, y de aquel otro y ansí se ve el gobierno aumentado. ROSAURA : Ser reina voy deseando1. 1 Vega, Lope de, El animal de Hungría, in Comedias de Lope de Vega. Parte I, éd. Alberto Blecua y Guillermo Serés, Lleida, Editorial Milenio, 2007, Acte II, vv. 2668-2677. 5 INTRODUCTION 6 1. Une réhabilitation nécessaire du personnage de la reine sur la scène espagnole du Siècle d’Or 1.1 Vers des typologies nouvelles du personnage de la reine La lecture de pièces de théâtre du Siècle d’Or, au cours des années de recherches de Master et de préparation aux concours de l’enseignement, a été pour nous l’occasion de découvrir un large éventail de personnages parmi lesquels les figures féminines ne sont pas en reste. Le personnage dans la comedia est surtout « fictionnel […] parce qu’il est subordonné à l’action » et il « constitue un élément clé de la dramaturgie ». Réunis, ils « sont avant tout au service de l’action : ils agissent […] »2 et les personnages de la dama et de la criada créés par les poètes apportent aux intrigues une touche féminine des plus plaisantes. Les femmes apparaissant dans la littérature comme le reflet d'une société espagnole misogyne où la femme n'est pas l’égale de l’homme, sont systématiquement reléguées au rang de génitrices dans toutes les strates sociales. Toutefois, au théâtre, le personnage féminin se révèle d'une complexité certaine : tour à tour esclave, sainte, prostituée, amante, tentatrice, sorcière, noble, guerrière, la femme tente de s'approprier une scène où la lutte face aux hommes est toujours plus intense. Car il s’agit bien d'un combat permanent entrepris contre les hommes, le pouvoir et le monde, afin d'exister en tant qu’individu. Les dramaturges de la fin du XVIe et du XVIIe siècle ne se sont pas bornés à réduire la femme à des archétypes propres à un imaginaire collectif opposant la femme idéale, soumise, chaste et vertueuse à la femme de mauvaise réputation, tentatrice et hystérique ; une représentation schématique de l’opposition entre la vierge Marie et Ève, première grande tentatrice de l’humanité. Ingénieux et originaux, les auteurs ont complexifié l'élaboration des personnages jusqu’à en faire des représentations à la fois particulières et uniques. Melveena McKendrick a été la première à proposer dans les années 1970 un travail novateur et essentiel qui décrit et classifie le personnage de la mujer varonil dans le théâtre de l'âge classique3 : elle fait la distinction entre les guerrières, les meneuses, les chasseresses ou les brigandes. Si certains critiques ont analysé de plus près les personnages foncièrement transgressifs qui subvertissent les normes imposées au genre féminin, il est cependant étonnant qu'il ne s'agisse que d’études ponctuelles qui ne prennent pas en compte la 2 Couderc, Christophe, Le théâtre espagnol du Siècle d’Or (1580-1680), Paris, Presses universitaires de France, 2007, p. 272-273. 3 McKendrick, Meelvena, Woman and society in the Spanish Drama of The Golden Age. A study of the mujer varonil, Cambridge, Cambridge University Press, 1974. 7 dimension du pouvoir politique. Il nous a semblé essentiel de rapprocher le personnage de la femme virile du pouvoir féminin d’une part parce que l’Espagne est marquée dès la fin du XVIe siècle par une profonde remise en question de la monarchie et de ses figures, du roi et du favori essentiellement4, et d’autre part, parce que le XVe siècle a été bouleversé par la reine Isabelle de Castille, première souveraine moderne d’une lignée de reines ambitieuses et rebelles dans l’Europe entière. Suivront d’autres figures politiques telles que Marie de Hongrie, Catherine de Médicis, Christine de Suède ou Marguerite d’Autriche. Le théâtre, politique, didactique et moralisateur, s’est emparé du thème de l’exercice du pouvoir, questionnant le modèle de bon gouverneur incarné par le roi lui-même et ses favoris : « cómo ha de ser el buen rey / y cómo ha de ser el privado »5. Allant plus loin que les modèles typiques de l’ars gubernandi, le théâtre espagnol dans son ensemble propose une réflexion sur le pouvoir, sa conservation et ses limites. La problématique de l’autorité attribuée à une femme se trouve donc totalement ancrée dans la mentalité de l’époque qui s'interroge sur les personnes aptes à détenir un pouvoir royal. A partir de uploads/Litterature/ femme-et-scenographie.pdf

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