27/07/15 9:47 AM Du texte avant le texte.Formes génétiques et marques énonciati

27/07/15 9:47 AM Du texte avant le texte.Formes génétiques et marques énonciatives de pré-visions textualisantes | ITEM Page 1 of 25 http://www.item.ens.fr/index.php?id=441378 ITEM Site officiel de l'Institut des textes & manuscrits modernes Du texte avant le texte. Formes génétiques et marques énonciatives de pré-visions textualisantes —Irène Fenoglio, Table des matières Pré-voir l’écriture d’un texte en l’écrivant I – Projet architectural : pré-vision d’un à écrire. II- La recherche du titre : un cadrage signifiant. III – Pré-vision d’un quoi écrire : le matériau narratif. Préparation du thème Antériorité du contenu Les noms Noms et chronologie IV- Pré-vision d’un comment écrire Supports théoriques et anticipation d’une difficulté d’écriture IV – Ecrire le texte à son insu Evénement scriptural récupéré en fiction Lapsus et événement d’énonciation inscrit jusque dans le texte final Conclusion Bibliographie Notes Pour citer cette page La contradiction est bien entre l’écriture et l’œuvre (le Texte, lui, est un mot magnanime : il ne fait pas acception de cette différence). Je jouis continûment, sans fin, sans terme, de l'écriture comme d'une production perpétuelle, d'une dispersion inconditionnelle, d'une énergie de séduction qu'aucune défense légale du sujet que je jette sur la page ne peut plus arrêter. Mais dans notre société mercantile, il faut bien arriver à une "oeuvre" : il faut construire, c’est-à-dire terminer une marchandise. Pendant que j’écris, l’écriture est de la sorte à tout instant aplatie, banalisée, culpabilisée par l’œuvre à laquelle il lui faut bien concourir. Comment écrire, à travers tous les pièges que me tend l’image collective de l’œuvre ? — Eh bien aveuglément. A chaque instant du travail, perdu affolé et poussé, je ne puis que me dire le mot qui termine le Huit-clos de Sartre : continuons. Roland Barthes, « De l’écriture à l’oeuvre" in Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil, 1975, 139. 27/07/15 9:47 AM Du texte avant le texte.Formes génétiques et marques énonciatives de pré-visions textualisantes | ITEM Page 2 of 25 http://www.item.ens.fr/index.php?id=441378 Pré-voir l’écriture d’un texte en l’écrivant Cette étude s’inscrit dans une perspective de génétique textuelle, le cadre est celui de l’ordonnancement, dans le temps, des différentes étapes du processus d’écriture. Tout y sera examiné dans l’optique chronologique d’une écriture en élaboration. La génétique du texte repose, en effet, sur l’hypothèse que toute oeuvre s’élabore dans une diachronie variable selon les auteurs et les textes et qui peut être plus ou moins définie a posteriori. L’avant-texte1, espace de travail du généticien, donne à voir les différentes étapes du travail d’écriture, les différentes versions par lesquelles un texte, finalement arrêté, est "passé". Un avant-texte est ainsi un ensemble hybride de verbal textuel, de signes graphiques divers, de semiosis complexe qui constitue l’espace privilégié où, sur la matérialité des "brouillons", les traces de l’élaboration scripturale sont observables. Une rapide mise au point de ce que l’on doit entendre par "manuscrits" et par "brouillon" doit être faite ici. Le manuscrit, terme générique désigne le support sur lequel est arrêté une série de métamorphoses : hésitations, reprises, repentirs, etc… Ces métamorphoses sont le fruit d’un travail psychique, cognitif et gestuel de la part de l’écrivant qui laisse des traces matérialisées graphiques de ce travail sur le manuscrit. Le brouillon est le manuscrit considéré en tant qu’ébauche d’un texte "fini" à venir. Lorsqu ce terme est employé, une perspective génétique est alors adoptée, que la personne qui l’emploie le veuille ou le sache ou non. Le brouillon est l’autre nom du manuscrit lorsque celui-ci est pris dans une démarche attentive à un processus de textualisation. Concevoir, préparer, planifier, prévenir, anticiper, prévoir… comment désigner cette opération par laquelle un texte peut être initié, lancé, projeté avant que n’advienne sa production finale, avant qu’il ne soit autonome et vive sa propre vie… de texte ? C’est à l’observation de certains éléments qui caractérisent ce phénomène de pré-vision que voudrait contribuer cette étude. La planification consisterait à prévenir le jet scriptural. Prévenir serait le contrôler, le structurer, l’architecturer. Planifier a une fonction d’encadrement mais aussi de contrôle. Or, peu d’adeptes de l’écriture de création s’y astreignent. En revanche, pré-voir un texte à venir est inhérent à l’activité d’écriture, quelle que soit la forme que cette pré-vision prenne, quel que soit son espace d’expression. Ainsi, le terme "prévoir" apparaît bien comme générique de tout ce qui se passe avant le texte. Sa composante morphologique l’explicite : pré, projeter un texte à l’horizon et continuer d’en appréhender la venue, voir, voir quelque chose du texte que l’on se propose d’écrire, et, dans le sens le plus pragmatique, ne pas le lâcher du regard, ne pas lâcher du regard, tout en l’écrivant, ce qu’il devient. Prévoir l’écriture d’un texte serait, tout à la fois, l’écrire, le lire, le reprendre, le relire, le réécrire et ce de façon continue jusqu’à la production stabilisée finale. Si l’on exclut de notre observation ce qui se passe "dans la tête" de l’écrivant, faute de compétence et d’outils qui nous le permettraient, nous nous en tenons au matériau observable constitué de signes graphiques inscrits sur un support. Ces signes graphiques comportent pour l’essentiel du verbal et même si le verbal est accompagné ou encadré de non verbal : tableau, schéma, dessin, organisation des blancs de mise en page, ils s’inscrivent dans du discours hors duquel ils ne pourraient être appréhendables. Il est clair, dans cette perspective, que notre objet d’observation n’est pas le fait d’écrire, mais écrire un texte, processus qui fait qu’à partir d’un moment donné et d’un lieu sur support, des signes graphiques s’organisent peu à peu pour aboutir, dans un plus tard extrêmement variable, à un texte stabilisé. Le texte dit "final" — de fait stabilisé — est le texte publié ou offert à publication, autrement dit offert au public, autrement dit encore, sorti de l’intimité du geste continué d’écriture. 27/07/15 9:47 AM Du texte avant le texte.Formes génétiques et marques énonciatives de pré-visions textualisantes | ITEM Page 3 of 25 http://www.item.ens.fr/index.php?id=441378 L’objectif paraît simple et pourtant… Lorsqu’on a l’habitude d’observer un certain nombre de manuscrits de divers écrivains, on s’aperçoit que s’il y a toujours du texte avant le texte, cet "avant-texte" prend de multiples formes dont il est bien difficile de typologiser la présentation. La fameuse distinction entre « écriture à programme » et « écriture à processus »2, si elle est heuristique, outre l’ambiguïté sur le terme "processus" qui caractérise toute élaboration textuelle quelle que soit sa "technique", n’est pas toujours applicable dans l’analyse d’un corpus. L’écriture dite « à programme » s’organise selon un programme de préparation ; elle a pour type Zola dont à peu près toutes les œuvres ont été écrites avec une préparation identique. L’écriture dite « à processus » qui s’y oppose se passerait d’étapes préparatoires et entrerait immédiatement, c’est-à-dire sans médiation préalable, dans la chair vive d’un texte se constituant par prolifération ; le type en est Proust. Cependant, hors de ces types caractérisés d’écriture, il se trouve que la plupart du temps, le texte s’écrit tout en se "préparant" et se pré-voit tout en continuant de s’écrire. Il y a, certes, des frontières plus ou moins visibles entre différentes étapes de pré-vision du texte mais jamais de frontière étanche avec le texte en devenir. Il reste donc à décrire les différentes formes de porosité et leur marque énonciative. Lorsqu’on est un généticien linguiste et que l’on cherche à saisir les différentes formes énonciatives dans lesquelles s’inscrivent les différentes pré-visions, préparations, planifications de l’écriture d’un texte, on retombe immanquablement sur les multiples aspects de la dimension "méta" mais on rencontre aussi des signes graphiques marques d’opérations (rature, substitution directe au traitement de texte) qui sont à interpréter dans leur économie énonciative. C’est à cette tâche que cette étude s’atèle, à partir d’exemples de divers auteurs. Cette étude est limitée : si elle s’appuie sur plusieurs exemples de divers auteurs, les exemples restent cependant restreints. Par ailleurs, dans la dimension de cet article il était impossible d’examiner l’ensemble de l’avant-texte évoqué, chaque fois, par des extraits partiels. Elle donne néanmoins un aperçu de formes répertoriables. Pour tenter de voir la façon dont se présente cette conception de l’écrire en train de se faire nous adopterons quatre point de vue : La projection d’un à écrire, la prévision d’un quoi écrire, l’élaboration d’un comment écrire, enfin l’écrire comme produisant, à son insu, son propre objet. I – Projet architectural : pré-vision d’un à écrire. Qu’écrire ? Comment un écrivain anticipe le "tout" à venir. Comment anticipe-t-il l’ensemble pour en concevoir la réalisation ? Au cours d’une réflexion intitulée « Ecriture et griffonnage »3 Bernard Pingaud remarque : « La vision de l’œuvre comme objet, comme un tout fermé sur lui-même est une vision de lecteur. “C’est toujours à partir du tout que le lecteur comprend chaque phrase, chaque cadence du récit, chaque suspension des événements ” écrit Merleau-Ponty. Lorsqu’on se place du point de vue de l’auteur, celui qui fabrique l’œuvre, la perspective apparaît quelque peu différente. J’écris un roman. J’espère qu’il formera un tout. Mais ce tout n’existe pas encore, c’est un futur qui se uploads/Litterature/ fenoglio-du-texte-avant-le-texte 1 .pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager