IFOMENE – DU de médiateur – promotion 2015 Nom et Prénom : Gilles Sterba E-mail

IFOMENE – DU de médiateur – promotion 2015 Nom et Prénom : Gilles Sterba E-mail : gilles.sterba@wanadoo.fr Auteur : Yasmina Reza Titre : ART Date : 1994 Edition : Magnart Données sur l’auteur Yasmina Reza, née en 1959, est une femme de lettre et metteur en scène souvent récompensée par des prix allant de celui de l’Académie Française, aux Molières (1987 et 1995) pour son théâtre, au César de la meilleure adaptation pour une collaboration avec Roman Polansky. Certainement influencée par le vaste éventail de cultures entremêlées (russe, iranienne, hongroise, française, …) qui l’ont façonnée, son œuvre porte un regard caustique et analytique sur ses contemporains. L’étude approfondie de son œuvre, alors qu’elle est parfois injustement cataloguée comme un auteur offrant au public un théâtre de boulevard contemporain et bourgeois, amène à découvrir sous l’apparence de la comédie, une réflexion complexe sur les comportements, les faiblesses et les inquiétudes de ses personnages,. Elle met principalement en scène des protagonistes dont la vie est empreinte d’une aisance bourgeoise tout en révélant leurs tourments métaphysiques, essentiellement la relation de l’homme avec ses semblables et sa place dans la société. Alice Bouchetard a consacré un ouvrage au théâtre de Yasmina Reza, qu’elle a intitulé « Le masque et le miroir », considérant que l’auteur de « ART » lève le masque que nous arborons habituellement pour nous tendre le miroir de nos contradictions et nos inquiétudes. Données sur l’ouvrage Serge, dermatologue aisé, achète pour son plaisir, à un prix exorbitant aux yeux de son ami Marc, une œuvre picturale dont la particularité est d’être blanche, entièrement monochrome. Cet acte, anodin en soi, va révéler des rancœurs et des non dits entre ces deux amis de quinze ans. Yvan, le troisième « mousquetaire » de leur trio inséparable, n’a pas d’a priori sur cette acquisition et va tenter de se poser en médiateur et devra lutter pour préserver son indépendance face à ses deux amis. Chacun, au fil des scènes, va se révéler soit partie, soit arbitre de cette relation triangulaire. L’objet de leur discorde, le tableau, sera finalement « immolé » sur l’autel de leur amitié, avant qu’ils ne décident collègialement à le restaurer … 1 Contexte intellectuel ou historique ou… Jouée pour la première fois le 28 octobre 1994, à la comédie des Champs Élysées, Art a immédiatement connu un succès, tant de la critique que populaire, qui se confirma ensuite par une carrière internationale. La structure dépouillée de la pièce et l’absence de ressorts et de situations dramatiques pesants laissent toute la place à (la) l’intimité du public avec les personnages. Une langue, maniée avec subtilité et humour, conduit de même à un attachement bienveillant pour leurs tourments relationnels et affectifs. Il n’est pas exclu, bien que rien ne le prouve dans les propos de l’auteur, que l’apparition, dans les années précédant l’écriture de “Art” des classes sociètales dites Bo-bo, bourgeois-bohème, et gauche caviar, n’ait influencé Yasmina Reza. Plan de l’ouvrage La pièce se déroule dans trois appartements aux proportions et à l’agencement identiques, où seuls changent les tableaux aux murs, allant de l’abstraction totale de l’Antrios, le tableau blanc sur blanc chez Serge, à une « croûte » navrante chez Yvan, visiblement peu(t) préoccupé par l’esthétique, en passant par un paysage de Carcassonne révélant une conception plus figurative de l’art chez Marc. Au cours de 17 scènes, les conflits vont se révéler successivement entre les trois sommets du triangle affectif, atteindre leur paroxysme parfois jusqu’à une apparente rupture pour se diluer ensuite dans le dialogue retrouvé. Thèses majeures + concepts nouveaux Les relations affectives, si solides qu’elles soient, masquent des tensions, des jalousies, de mauvaises ondes, que même une certaine aisance et l’habileté intellectuelle et émotionnelle ne parviennent pas à enterrer totalement. Un événement anodin peut à tout moment les exacerber. L’altérité est complexe à 2 gérer et peut engendrer des débordements qui se révèlent nécessaires afin de retrouver un lien épuré et renforcé. Nouvelles définitions originales et intéressantes À l’époque de l’écriture de la pièce, la nécessité d’approcher les différends de façon(s) alternative(s) commençait à voir sérieusement le jour en France. Ce « marivaudage » plaisant (dans le sens « comédie de mœurs) mais néanmoins profond, peut refléter les prémices de cette prise de conscience progressive en utilisant de manière induite, naturelle et non didactique, les travaux des sociologues et comportementalistes du milieu du 20 eme siècle. Citations (de 1 à 3 lignes) Page 19 « Que Serge ait acheté ce tableau, me dépasse, m’inquiète et provoque en moi une angoisse infinie » Page 19 « Yvan est un garçon tolérant ce qui en matière de relation humaine est le pire défaut » Page 24 « Yvan – Dès l’instant qu’il n’y a pas de préjudice pour autrui…. Marc- Mais il y a un préjudice pour autrui ! Moi je suis perturbé mon vieux, perturbé et même blessé, de voir Serge que j’aime, se laisser plumer par snobisme et ne plus avoir un gramme de discernement » Page 35 « Marc le voit blanc parce qu’il s’est enferré dans l’idée qu’il était blanc » Page 58 « Si moi je suis moi parce que je suis moi, et si tu es toi parce que tu es toi, je suis moi et tu es toi ! Si en revanche je suis moi parce que tu es toi et tu es moi parce que je suis moi, alors je ne suis pas moi et tu n’es pas toi. » 3 Page 68 « Si Yvan n’était pas l’être spongieux qu’il est devenu, il me soutiendrait » Page 69 « A la longue il faut croire que cette (sorte d’) affection se tarit … sur le tard tu prends ton autonomie… ….. Et je hais cette autonomie, la violence de cette autonomie. Tu m’abandonnes. Je suis trahi. Tu es un traître pour moi » Page 71 « Serge - Apprends à aimer les gens pour eux même Marc. Marc - Ça veut dire quoi, pour eux- mêmes ?! Serge - Pour ce qu’ils sont. Marc- Mais qu’est-ce qu’ils sont ? Qu’est-ce qu’ils sont ? En-dehors de l’espoir que je place en eux. » Page 76 « Ne me dis pas, calme-toi ! Je n’ai aucune raison de me calmer, si tu veux me rendre fou, dis-moi calme- toi ! Calme-toi est la pire des chose que l’on peut dire à quelqu’un qui a perdu son calme » Page 80 « En réalité je ne supporte plus aucun discours rationnel, tout ce qui a fait ce monde, tout ce qui a été beau et grand dans ce monde n’est jamais né d’un discours rationnel. » Page 80 « Après que Serge ait démontré à Marc, par un acte de pure démence, qu’il tenait plus à lui qu’à son tableau, nous sommes allés dîner chez Émile. Chez Émile, Serge et Marc ont pris la décision de reconstruire une relation anéantie par les événements et les mots. » 4 Choix d’une citation (p.3) et réflexion personnelle libre Page 24 « C’est curieux que tu ne voies pas l’essentiel dans cette histoire. Tu ne perçois que l’extérieur. Tu ne voies pas ce qui est grave » Pendant cette heure et demi passée avec les trois compères, le spectateur voit éclore une succession de différends dont l’origine est volontairement réduite à son expression la plus minimaliste : une toile blanche. Une fois ce postulat posé, l’auteur peut ainsi développer à son gré le véritable sujet de sa pièce, l’amitié ou plus généralement les relations affectives et leur gestion complexe. À l’instar des sujets traités en médiation, cette toile blanche, parfaitement neutre, n’est que le catalyseur de ce qui génère les dissensions. Non seulement Marc reproche à Serge son manque de discernement en matière d’investissement, mais tous deux se retournent vers Yvan, coupable de ne pas prendre parti pour un sujet qui ne le concerne pas outre mesure. Puis les alliances se créent, Serge et Yvan contre Marc, lui reprochant sa possessivité, Marc et Yvan s’unissent dans une critique acerbe de l’inconséquence de Serge. La triangulation évolue constamment. Intéressons-nous à la relation Marc – Serge. N’ayant aucune communauté de biens avec Marc, on peut considérer que Serge a toute latitude pour dépenser son argent comme il l’entend. Marc en est conscient et bien qu’il lui reproche cette dépense considérable et injustifiée à son sens, il ne s’y attarde pas et il élude très rapidement quand Serge lui démontre que non seulement il n’a pas « jeté l’argent par les fenêtres » mais qu’au contraire il a fait un investissement, puisque l’une de ses connaissances lui propose de racheter son tableau avec une plus-value. Alors Marc l’attaque sur les qualités artistiques de l’œuvre, en dénigrant au passage le travail de l’artiste, qu’il considère comme un escroc. Comme toutes les discussions portant sur l’appréciation esthétique, c’est un échange stérile et sans fin, car il n’y a évidemment pas de vérité en la matière. Tous deux se tournent vers Yvan, dont l’avis tierce devrait faire pencher la balance d’un coté ou uploads/Litterature/ fiche-de-lecture-art.pdf

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