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francparler-oif.org L’étude de textes : une entrée par les questions par Ousmane Sow Fall RESSOURCES PÉDAGOGIQUES L’ETUDE DE TEXTES : UNE ENTREE PAR LES QUESTIONS Ousmane Sow Fall, formateur à la Fastef (ex-ENS), Ucad de Dakar « Qui, en écoutant les discours du Général de Gaulle, n’a été frappé de sa prédilection marquée pour les groupes de trois noms, de trois verbes, de trois propositions ? De cette cadence qu’il affectionne, j’ai noté cet exemple, un peu oratoire, qui ne manque pas d’allure : Voici la mer toujours mobile, voici le ciel toujours changeant et voilà le granit de Bretagne qui, lui, ne change jamais. » René Georgin, Comment s’exprimer en français ? Paris, Les Editions sociales françaises, 1969. La lecture méthodique et plus particulièrement le SLIPEC1, on le sait, sont les voies obligées, au Sénégal, de l’enseignement officiel du texte littéraire. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, on découvre que ces deux démarches sont en fait les deux revers stylistiques d’une même médaille. En effet, l’interprétation dynamique des parties du discours prépare sûrement la mise à plat du texte par le questionnement ciblé et systématique. Et si l’exercice est bien conduit, c’est bien plus à la forme interrogative qu’à la forme affirmative que le professeur doit s’exprimer, dans les deux cas. Dès lors, un premier entraînement à l’approche des textes peut s’effectuer, en partant des questions canoniques d’identification (du sujet et de l’objet) et en passant par la manifestation cohérente des circonstances de la création et de la production. Ce qui, pour un professeur débutant, peut être d’une aide appréciable à l’heure fatidique de l’explication de texte. Mots-clés : lire – questionner – champ lexical - champ sémantique – poésie – textes. I - Le dispositif L’application stricte des instructions officielles peut favoriser un choix judicieux des textes d’études dont le balisage efficace s’opérera au moyen d’un questionnement simple et en connaissance de cause. 1 – Le choix du texte On veillera, dans toute la mesure du possible, à respecter les recommandations en vigueur dans les programmes officiels : « On donnera notamment la priorité aux textes vivants, dialogués, émouvants ou qui donnent à réfléchir et dont l’étude débouchera sur la déclamation, la récitation, les jeux de rôle et la production d’autres écrits. »2 Ces mêmes programmes n’ont pas manqué, auparavant, de prodiguer les conseils d’usage : « Le professeur a toute latitude pour choisir l’approche, la méthode qui semble la mieux adaptée, la plus efficace pour atteindre ses objectifs. Il évitera, pour cela, d’être l’esclave d’une seule démarche ou de s’enticher d’une innovation dont il ne maîtrise pas les procédures de mise en œuvre. »3 1 Acronyme désignant une démarche mise en œuvre pour l’explication de texte et dont les étapes sont ainsi présentées : S = situation du texte ; L = lecture ; I = Idée générale ; P = Plan ; E = explication détaillée et C = conclusion du texte. 2 cf. Les programmes de français au Collège 2010, ME / Igen, Dakar –, p.41 (cf. site igen. sn) 3 Ibid, p. 41. francparler-oif.org L’étude de textes : une entrée par les questions par Ousmane Sow Fall Dans la pratique, le texte d’étude sera plutôt court, « pour être un document précis et limité permettant une analyse fine »4 dans l’horaire officiellement prescrit. 2 – La démarche préconisée L’aire textuelle, ainsi prédéfinie, permettra de mener une observation en règle du texte, qui en souligne les occurrences pour mieux en manifester les récurrences signifiantes. Pour ce faire, un balisage orienté et sélectif sera effectué, en posant les questions communes : - qui, de qui s’agit-il ? - quoi, de quoi s’agit-il ? - où cela se passe-t-il ? - quand cela s’est-il passé ? - comment cela ? - pourquoi (pour quoi) cela ? Pour chacune de ces questions, on procédera, crayon en main, aux relevés d’indices pertinents. Il s’agit en fait d’identifier les champs lexicaux ou sémantiques dont les réseaux constituent le tissu dense et bigarré du texte5. En dévidant ainsi l’écheveau du texte, il sera possible d’en manifester les fils conducteurs dont l’enchevêtrement complexe des nœuds est la marque de fabrique des connexions structurelles. 3 - Esquisse d’un cadre de collecte et d’analyse Le texte est donc examiné sous toutes ses coutures, pour ainsi dire. Et par delà la lecture linéaire, on prospectera en tout endroit prometteur de la page pour y déceler, à chaque fois que de besoin, les gisements de sens utiles à construire la réponse souhaitée. « En effet, les indices des preuves peuvent être disséminés en des endroits variés du texte que seul un balayage permanent permet de mettre à jour.6 » Un tableau en trois colonnes – sur le modèle ci-après - servira à recueillir et à organiser les informations obtenues, en des points précis, pour leur commentaire efficace : Questions Informations Indices et commentaires Les questions posées seront alors renseignées par des informations stabilisées à partir des indices pertinents prélevés du texte. L’analyse d’un texte poétique va servir d’exemple de démonstration. 4 Michelle Blachère, La préparation de la lecture expliquée – Le balisage du texte, Echanges n° 5, octobre 1983, in Les cahiers d’Echanges I, Lecture expliquée, p. 12 5 Rappelons, au passage, que le mot texte vient du latin textus, tissu, trame. 6 O. Sow Fall, Du Slipec vers la lecture méthodique. Histoire d’une innovation pédagogique manquée, Liens, Ens n° 9, déc 2005, p. francparler-oif.org L’étude de textes : une entrée par les questions par Ousmane Sow Fall II - Etude d’un cas : un poème de Senghor 1 – Préalables À l’aide du paratexte, on fera établir une présentation succincte du poème. Cette présentation doit, en l’occurrence, « se réduire à ce qui est à la fois nécessaire et suffisant. »7 2 – La mise en oeuvre La lecture du texte sera d’abord magistrale. Pour diverses raisons : - la première lecture doit être celle du professeur : « un texte bien lu est à moitié expliqué » ; - c’est aussi le moment de l’exposé des consignes et le temps bref des échanges de clarification avec la classe. Les élèves liront, à la suite du maître, en deux phases complémentaires : a) une lecture individuelle silencieuse, dans un temps strictement limité8 ; b) une lecture d’exploitation pour répondre, individuellement ou en groupes, aux consignes d’intervention ; c) cette lecture se fera crayon en main, contrairement aux pratiques habituelles de classe ; et les résultats obtenus seront consignés dans les cahiers d’exercices (ou de brouillon) apprêtés pour l’occasion. d) et, selon le temps disponible, on pourrait faire travailler la classe en deux temps : - d’abord, toute la classe répondra, par exemple, aux deux premières questions (qui et quoi) : ce sera une sorte d’entraînement général à la collecte de l’information à traiter et à partager ; - ensuite, les autres questions pourront être réparties entre des sous-groupes organisés par le maître, selon des critères définis : des plénières de synthèse permettront aux représentants des groupes de communiquer les résultats de cette « pêche … à la ligne »9. 3 – Le texte On pourrait, au besoin, et notamment pour une première expérimentation, « améliorer » la présentation du texte : - en numérotant les lignes ; - en l’accompagnant d’illustrations pertinentes ; - en mettant en évidence la structure cachée du poème, par exemple. (Pour riti) Ma sœur, ces mains de nuit sur mes paupières ? Devine la musique de l’Enigme. Oh ! ce n’est pas la bête brute qu’est le Buffle, pas les pattes sourdes du pachyderme Pas le rire des bracelets aux chevilles de la servante lente Pas les pilons encore lourds de sommeil, pas le rythme des routes en corvée Ah ! le balafong de ses pieds et le gazouillis des oiseaux de lait ! Les cordes hautes des koras, la musique subtile de ses hanches ! C’est la mélodie du blanc Méhari, la démarche royale de l’Autruche. Et tu as reconnu ta Dame, la musique qui fait mes mains tes paupières si transparentes. J’ai nommé la fille d’Arfang de Siga. Léopold Sédar Senghor, Chants pour Signare, Nocturnes, Poèmes, Seuil, Points, Paris, 1973. 7 Michelle Blachère, ibid, p.3. 8 C’est bien le contexte de lecture personnelle qui l’impose : ce ne sera pas indispensable dans le cas du Slipec, par exemple. 9 L’ordre des questions n’est donc pas ici prioritaire. C’est seulement au moment des synthèses globales qu’on se préoccupera de l’intégration des ressources collectées selon les activités de lecture retenues. francparler-oif.org L’étude de textes : une entrée par les questions par Ousmane Sow Fall III - – Les résultats obtenus : présentation et commentaires Un tableau à trois entrées permettra donc d’opérer dans un premier temps le décodage des unités de sens qui ouvriront par la suite les portes des structures profondes du texte (encodage).10 Question Informations Indices et commentaires Qui ? - le poète Ma sœur, mes paupières (1ères pers. du possessif), je - une femme noire sœur, ces mains de nuit (cf. ces mains de lumière = uploads/Litterature/ fiche-pdagogique-ousmane-fall.pdf

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