1 Les figures d’analogie La comparaison consiste à rapprocher deux objets dif
1 Les figures d’analogie La comparaison consiste à rapprocher deux objets différents ayant un point commun, à l’aide d’un outil comparatif. Elle (= comparé) est fraîche (= fondement de la comparaison) comme (= outil comparatif) une rose (= comparant). La métaphore est une sorte de comparaison implicite : l’outil comparatif est le plus souvent absent et il arrive que le comparé (comme dans manger son pain blanc) ou le comparant (comme dans ivre de bonheur) soit absent. Lorsqu’elle est longuement développée, on parle de métaphore filée. L’allégorie est la représentation imagée d’une idée abstraite, sous la forme d’un tableau concret. L’allégorie de la justice est ainsi une femme qui a les yeux bandés (elle est impartiale) et qui porte une balance (elle juge) et un glaive (elle punit). La personnification attribue à un animal, un objet ou une abstraction les propriétés d’un être humain. « Rome à ne vous plus voir m’a-t-elle condamnée ? » (Racine) 2 Les figures de substitution La périphrase remplace un mot par une expression complexe. Le compositeur des Noces de Figaro pour Mozart. La métonymie désigne un élément par un autre élément ayant une relation logique avec le premier. Un Zola, pour un roman écrit par Zola. La synecdoque est une forme particulière de la métonymie, fondée sur un rapport d’inclusion : on désigne le tout par la partie. « J’ignore le destin d’une tête si chère » (Racine). 3 Les figures d’opposition L’antithèse consiste à rapprocher deux mots opposés. « Je vous blâmais tantôt, je vous plains à présent » (Corneille). L’oxymore est un cas particulier de l’antithèse, qui relie des termes opposés dans une même expression. « Le soleil noir de la Mélancolie » (Nerval). Le chiasme place dans l’ordre inverse les termes de deux groupes syntaxiques identiques. « Après le dur labeur, le sommeil impossible » (Hugo). L’antiphrase fait comprendre le contraire de ce que l’on dit explicitement ; le plus souvent, elle est utilisée dans le registre ironique. Ne vous gênez pas ! 4 Les figures d’atténuation L’euphémisme nomme des réalités désagréables de manière neutre ou agréable. Demandeur d’emploi pour chômeur. La litote est un procédé par lequel on dit le moins pour faire entendre le plus. Cela ne sent pas la rose ! pour Cela sent très mauvais. 5 Les figures de construction Le parallélisme est un type de répétition qui affecte la syntaxe. « Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins » (Racine). L’ellipse omet un terme normalement nécessaire à la construction de la phrase, sans que la compréhension en soit gênée. « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués » (Camus). 6 Les figures d’insistance La gradation dispose les termes d’une énumération du plus faible au plus fort, ou du plus fort au plus faible. « Quand on m’aura jeté, vieux flacon désolé / Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé »(Baudelaire). L’hyperbole est une exagération par laquelle on amplifie une idée. Il est bête à pleurer. L’anaphore est la répétition d’un mot ou d’une expression en début de vers. « Rome, l’unique objet de mon ressentiment, / Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ! » (Corneille) L’énumération est une sorte de répétition où sont repris des termes proches par le sens. « Lorsque le genre humain de gland se contentait, / Âne, cheval, et mule, aux forêts habitait » (La Fontaine). Repérer et identifier des figures de style ne suffit pas : il faut aussi les interpréter et analyser l’effet qu’elles produisent sur le lecteur. Le registre d’un texte désigne l’ensemble des éléments que l’auteur met en jeu pour faire naître une émotion ou une réaction chez le lecteur. Le registre comique Il cherche à provoquer le rire du lecteur grâce à des procédés tels que l’ironie, la parodie, l’humour ou la caricature. Le registre tragique Il cherche à provoquer la terreur et la pitié du lecteur par le spectacle d’un destin voué à la mort ; il met en scène des personnages nobles aux prises avec des forces qui les dépassent, qu’il s’agisse de la fatalité ou de passions destructrices. Le registre pathétique Il cherche à provoquer la tristesse et la compassion du lecteur en décrivant les souffrances (pathos en grec) humaines. Il utilise pour cela des procédés tels que le champ lexical de la douleur et de la souffrance, les exclamations et interjections, les images violentes et les hyperboles. Le registre dramatique Il cherche à provoquer la surprise et l’intérêt du lecteur en instaurant une forme de suspens dans la narration ou la représentation d’événements : l’action se déroule sur un rythme très soutenu et multiplie les rebondissements. Le registre fantastique Il cherche à provoquer la peur et l’angoisse du lecteur en montrant l’intrusion d’un événement surnaturel dans un monde donné comme réel. Il repose sur l’hésitation du narrateur ou du personnage entre deux interprétations, l’une rationnelle et l’autre surnaturelle. Le registre épique Il cherche à provoquer l’admiration du lecteur en exaltant les exploits d’un héros, tout comme le genre antique de l’épopée narrait les hauts faits de personnage sublimes. Il utilise l’hyperbole, les gradations ou les superlatifs. Le registre lyrique Il cherche à provoquer l’émotion du lecteur en exprimant les sentiments et les états d’âme du locuteur. Il est donc marqué par l’omniprésence de la première personne et des champs lexicaux liés aux divers sentiments, mais il témoigne aussi d’une attention particulière à la musicalité des mots ; aussi est-il le plus souvent lié à la poésie. Le registre oratoire Il cherche à impressionner le lecteur pour le convaincre ou le persuader. Il se fonde sur différents procédés d’expression (emploi de la première personne, apostrophes, questions rhétoriques, répétitions, images marquantes, etc.) qui ont pour fonction d’accroître l’effet du discours sur le destinataire. Le registre didactique Il cherche à enseigner quelque chose au lecteur. Il se fonde sur un vocabulaire clair et précis, une structure rigoureuse soulignée par l’emploi de nombreux mots de liaison. Le registre épidictique Il cherche à provoquer l’admiration ou le mépris du lecteur par l’emploi des catégories de l’éloge et du blâme. Qu’il loue (éloge funèbre, ode, publicité) ou critique (réquisitoire, pamphlet, caricature), il vise à persuader le lecteur. Le registre polémique Il cherche à provoquer l’indignation du lecteur en dénonçant une situation ou une personne. Ce combat (polemos en grec) d’idées utilise l’hyperbole, un vocabulaire souvent péjoratif, des répétitions ou des questions rhétoriques. Le registre satirique Il cherche à provoquer le rire moqueur du lecteur par la dénonciation railleuse des défauts et des vices d’une époque, d’une classe sociale ou d’un individu. Il emploie pour cela l’ironie, le sarcasme ou l’invective. Pour déterminer le registre d’un texte, il faut donc identifier l’effet qu’il cherche à provoquer sur son lecteur et les procédés qu’il emploie à cet effet. Les outils de l’analyse littéraire jouent un rôle important dans l’explication de texte et le commentaire. Prenons par exemple ce célèbre extrait d’Au Bonheur des Dames. À l’intérieur, sous le flamboiement des becs de gaz, qui, brûlant dans le crépuscule, avaient éclairé les secousses suprêmes de la vente, c’était comme un champ de bataille encore chaud du massacre des tissus. Les vendeurs, harassés de fatigue, campaient parmi la débâcle de leurs casiers et de leurs comptoirs, que paraissait avoir saccagés le souffle furieux d’un ouragan. On longeait avec peine les galeries du rez-de-chaussée, obstruées par la débandade des chaises ; il fallait enjamber, à la ganterie, une barricade de cartons, entassés autour de Mignot ; aux lainages, on ne passait plus du tout, Liénard sommeillait au-dessus d’une mer de pièces, où des piles restées debout, à moitié détruites, semblaient des maisons dont un fleuve débordé charrie les ruines ; et, plus loin, le blanc avait neigé à terre, on butait contre des banquises de serviettes, on marchait sur les flocons légers des mouchoirs. Mêmes ravages en haut, dans les rayons de l’entresol : les fourrures jonchaient les parquets, les confections s’amoncelaient comme des capotes de soldats mis hors de combat, les dentelles et la lingerie, dépliées, froissées, jetées au hasard, faisaient songer à un peuple de femmes qui se serait déshabillé là, dans le désordre d’un coup de désir ; tandis que, en bas, au fond de la maison, le service du départ, en pleine activité, dégorgeait toujours les paquets dont il éclatait et qu’emportaient les voitures, dernier branle de la machine surchauffée. Mais, à la soie surtout, les clientes s’étaient ruées en masse ; là, elles avaient fait place nette ; on y passait librement, le hall restait nu, tout le colossal approvisionnement du Paris-Bonheur venait d’être déchiqueté, balayé, comme sous un vol de sauterelles dévorantes. (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des Dames, 1883) Le type de texte Il s’agit ici d’un texte descriptif : Zola transforme le décor de ce grand magasin en un véritable tableau, qu’il livre à la contemplation du lecteur. La valeur du temps verbal Pour cela, il utilise l’imparfait de description : par opposition au passé uploads/Litterature/ fiches-de-francais.pdf
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- Publié le Jan 12, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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