Scholae Adriani de Buck Memoriae Dicatae Nederlands Instituut voor het Nabije O

Scholae Adriani de Buck Memoriae Dicatae Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten Leiden 1969 L'Humour dans la Littérature et dans l'Art de l'Ancienne Égypte par B. Van De Walle • 4 SCHOLAE ADRIAN! DE BUCK MEMORIAE DICATAE Editae ab A. A. KAMPMAN et A. KLASENS IV L'HUMOUR DANS LA LITTÉRATURE ET DANS L'ART DE L'ANCIENNE ÉGYPTE L'HUMOUR DANS LA LITTÉRATURE ET DANS L'ART DE L'ANCIENNE ÉGYPTE PAR B. VAN DE WALLE Professeur à l'Université de Liège LEI DEN NEDERLANDS INSTITUUT VOOR HET NABIJE OOSTEN 1969 Copyright 1969 by Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten Noordeindsplein 4-6, Leiden Ali rights reserved, including the right to translate or to reproduce this book or parts thereoj in any form PRINTED IN THE NETHERLANDS TABLE DE MATIÈRES INTRODUCTION • • . • . . . . . • • • • l. PROCÉDÉS LITTÉRAIRES À EFFET COMIQUE Réflexions plaisantes . Proverbes ............ . II. ŒUVRES LITTÉRAIRES PRÉSENTANT UN CÔTÉ HUMORISTIQUE Les enseignements Les contes humoristiques . . . . . . . . . III. LES CARICATURES ET LES HISTOIRES D'ANIMAUX Les histoires d'animaux .. . La parodie ........ . Le thème du monde renversé . Les fables CoNCLUSION . 1 3 5 8 II • II 13 . 16 17 18 19 19 21 INTRODUCTION Dans le tableau que les Egyptiens ont tracé de l'homme idéal, les traits dominants sont la modération, la retenue, la maîtrise de soi, mis en opposition avec la démesure, l'excitation et la colère, qui sont le propre de l'Insensé. L'homme sage et pondéré est désigné comme le << Silencieux >>, tandis que l'homme déréglé et mal élevé est qualifié de <<Bouillant>> 1). Cet idéal humain, prôné par les moralistes de toutes les époques, trouve son ex- pression dans les figurations que les Egyptiens nous ont laissées des personnages de qualité. Dans les statues aussi bien que dans les bas-reliefs, les fonctionnaires, les prêtres et les dignitaires de tout grade ne se départissent pour ainsi dire jamais de certaines attitudes dignes et protocolaires (nous dirions ,hiératiques"), et les traits de leurs visages expriment toujours une gravité imperturbable, que vient à peine tempérer, dans les œuvres les plus délicates, un imperceptible sourire plein de distinction. Il en va de même dans la littérature: d'une manière générale, les œuvres égyptiennes se maintiennent dans un mode plutôt grave, même lorsqu'elles relèvent d'un genre profane, tel que la biographie, le conte littéraire ou la sagesse. S'il existe en égyptien de nombreux termes pour exprimer la satisfaction, la joie, l'exultation et des concepts analogues, nous n'en connaissons qu'un seul qui rende l'idée de <<rire>>, le mot sbt, dont d'ailleurs les textes ne font qu'un usage limi '2) te . N'empêche que les Egyptiens ont eu le sens de l'humour et l'ont manifesté aussi bien dans leur littérature que dans leurs œuvres plastiques. Il suffit d'examiner d'un peu près l'un ou l'autre tableau décorant une chapelle funéraire pour y découvrir, même lorsque le sujet est de nature plutôt sérieuse, des détails qui prouvent que l'Egyptien ne se refusait pas de voir les côtés plaisants de la vie. Ces traits humoristiques que l'on découvre dès l'Ancien Empire dans les bas-reliefs des mastabas, se rencontreront en nombre encore accru dans les productions de la peinture plus enjouée du Moyen et surtout du Nouvel Empire: ils contribuent à donner une touche savoureuse et originale à des scènes déjà si attrayantes par leur sain réalisme. 1) H. Brunner, Altiigyptische Erziehung, Wiesbaden, 1957, p. uz; cf. P. Humbert, Recherches sur les sources égyptiennes de la littérature sapientiale d'Israël, Neuchâtel, 1929, p. 168; H. Duesberg, Les scribes inspirés, Paris, s.d. [1939,] t. I, pp. II3-II9; G. Lanczkowski, Reden und Schweigen im iigyptischen Verstiindnis, dans O. Firchow, Jigyptologische Studien (Mélanges Grapow), Berlin, 1955, pp. !86-196. 2) Comme me le fait remarquer M. Klasens, il existe également un mot rire (littéralement << montrer les dents>>); mais ce mot n'est attesté qu'exceptionnellement (WB I 64,5). 2 L'HUMOUR DE L'ANCIENNE ÉGYPTE Tantôt les artistes relèvent d'un élément plaisant tel thème conventionnel, en plaçant, par exemple, sous le siège du maître de la tombe un groupe d'êtres familiers (généralement le nain, le singe et le chien)3), figurés dans les poses les plus désin- voltes, et en établissant ainsi un contraste, manifestement voulu, entre l'attitude compassée du grand personnage et les cabrioles que font les animaux installés sous son siège. D'autres fois les peintres imprimeront à toute la scène un caractère plaisant ou franchement comique, en inultipliant les épisodes les plus inattendus qui seront de nature à amuser le spectateur. Cette tendance au pittoresque, dont on relève des exemples dès l'époque des pyramides, se manifestera surtout dans l'art plus libre et plus << mondain )} de la fin de la XVIIIe Dynastie. Dans le présent exposé, nous ne pouvons prétendre à épuiser un tel sujet, qui mériterait à lui seul une étude approfondie 4). Notre dessein est avant tout de relever les traits d'humour qui émaillent les textes égyptiens, tout en notant, quand l'occasion s'en présente, les liens qu'on peut établir entre ceux-ci et les documents figurés. Dans cette perspective, nous étudierons d'abord les procédés littéraires dont se sont servis les anciens Egyptiens pour obtenir un effet comique; nous passerons ensuite en revue les écrits où le sens de l'humour se manifeste davantage et présenterons pour finir certaines œuvres figurées dont le sujet permet d'induire l'existence d'histoires amusantes dont se délectaient les Egyptiens. 3) J. Vandier d'Abbadie, Les singes familiers dans l'ancienne Egypte, dans Revue d'Egyptologie, t. XVI (1964), pp. 147-167; t. XVII (1965), pp. 177-188; t. XVIII (1966), pp. 143-201. 4) Le sujet que nous traitons ici nous a été suggéré par deux articles de J. Ca part: Le paysage et les scènes de genre dans l'art égyptien (Conférences du Musée des Beaux-Arts 1940-1941), Bruxelles, Publication du Patrimoine des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique; et Humor en wijsheid in het oude Egypte, dans Radiobode (Amsterdam), Kerstnummer 1939, pp. 21-25. Signalons aussi l'article de William A. Ward, Humor from the Tombs, paru dans le n° de mai-juin 1968 (pp. 31-33) de l' Aramco W orld Magazine. Ces articles de vulgarisation ne donnent évide=ent que des vues très générales. I. PROCÉDÉS LITTÉRAIRES A EFFET COMIQUE Toutes les langues et toutes les littératures font usage de certains procédés qui ont comme but de relever le discours et de lui donner du piquant. L'artifice le plus commun, qui semble d'ailleurs répondre à un réflexe du langage, est le calembour, que Victor Hugo définissait un peu sévèrement comme << la fiente de l'esprit qui vole>>. Les Egyptiens avaient constamment le calembour sur les lèvres et leurs écrits, même les plus anciens, nous en ont conservé de nombreux exemples 5). Comme l'a très bien montré S. Morenz 6), le jeu de mots a dû avoir à l'origine une signification magique, en vertu du principe que l'expression verbale d'une chose participe en quelque sorte de la réalité de celle-ci: l'assonance répond pour les Egyptiens, comme pour les primitifs, à une affinité réelle. C'est d'ailleurs par une association mentale et verbale du même genre que s'ex- plique le fonctionnement du système hiéroglyphique, où les signes, qui primitive- ment servaient à désigner un objet et, par voie de conséquence, le nom de cet objet, voyaient leur emploi étendu à des mots homophones: ainsi il leur semblait tout naturel de voir dans le signe ~' aussi bien le signe désignant le scarabée (!Jpr) que celui exprimant le mot !Jpr, << devenir >> et ses dérivés; ou dans le signe~ (la dafila acuta) aussi bien l'expression du mot s3, <<canard>> que celle du mot s3, <<fils>> (accompagnant même souvent l'hiéroglyphe du trait 1, comme s'il s'agissait d'un signe figuratif). Ce sont en somme là des rébus fixés par l'usage et qui n'exigeaient aucun effort de déchiffrement du lecteur. Mais, spéculant sur le principe d'homophonie, les hiérogrammates s'enhardirent parfois à faire intervenir dans l'expression d'un mot, qui avait déjà pris une orthographe plus ou moins canonique, un hiéroglyphe figuratif inattendu, impli- quant un rapport homophonique plus subtil. En voici un exemple, emprunté aux mastabas d'Ancien Empire 7): au lieu d'écrire le mot rmw << poissons >>, de la 5) C. E. Sander-Hansen, Die phonetischen Wortspiele des iiltesten Âgyptischen, dans Acta Orientalia, t. XX (1946), pp. 1-22; cf. O. Firchow, Grundzüge der Stilistik in den altiigyptischen Pyramiden- texten, Berlin, 1953, pp. 215, 223, 227. 6) S. Morenz, Wortspiele in Âgypten, dans Festschrift Johannes Jahn, Leipzig, 1957, pp. 23-32. 7) Voir les exemples réunis par H. Goedicke, Eine Variante des Hirtenliedes, dans WZKM LIV (1957), pp. 46-50 (cf. P. Seibert, Die Charakteristik, Wiesbaden, 1967, pp. 57-59, pl. 1); autre exemple dans N. de G. Davies, The Tomhs of Deir el Gebrawi, Londres, t. II, 1902, pl. V. Dans un passage du livre Kmjt se rencontre un rapprochement manifestement intentionnel des deux mots (G. Posener, Catalogue des ostraca hiératiques littéraires de Deir el Medineh, t. II, fasc. 1, Le Caire, 1951, pl. IX). Des spéculations du même genre donneront naissance à la cryptographie, comme le montre dès l'Ancien Empire l'exemple uploads/Litterature/ de-walle-lhumour-dans-la-litterature-et-dans-l-x27-art-de-l-x27-ancienne-egypte.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager