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Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 1998 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 04/28/2020 10:43 a.m. Québec français L’étranger en classe de langue Michel Gagnon La lecture d’oeuvres littéraires Number 109, Spring 1998 URI: https://id.erudit.org/iderudit/56341ac See table of contents Publisher(s) Les Publications Québec français ISSN 0316-2052 (print) 1923-5119 (digital) Explore this journal Cite this document Gagnon, M. (1998). L’étranger en classe de langue. Québec français, (109), 55–58. L a démarche pédagogique présentée ici touche à quatre ha-biletés langagières : l'oral, l'écrit, l'écoute et la lecture ; créées à partir du roman L'étranger d'Albert Camus, ces activités ont été mises en pratique sur une période de trois ans auprès de groupes enrichis de cinquième secon- daire, en français langue seconde. Pourquoi bâtir des activités autour d'un roman vieux de cinquante-six ans, alors que nous sommes si bien entourés d'une « littérature jeunesse » qui ferait parfaitement l'affaire ? Pour trois raisons : d'une part, le vocabulaire \ y est simple, tout comme la struc- * £ ture de phrase ; d'autre part, la T compréhension du récit ne se heurte à aucune grande difficulté m ( aucun véritable retour en arrière, l'instance narrative reste la même) ; ensuite, la facilité relative d'accès au récit ouvre la voie à une plus grande exploitation des nombreux thèmes de ce roman. Chacun sait que L'étranger, roman d'une grande richesse, peut être exploité de maintes façons ; le prix Nobel qu'a reçu Camus pour son œuvre et les deux millions d'exemplaires vendus depuis sa parution en 1942 semblent le confirmer. Très peu de romans réunissent ces qualités ; de plus, l'expérience démontre une cons- tante : il se trouve toujours, dans chaque groupe, des étudiants qui sont intéressés par ce roman et qui ainsi le découvrent. Apprentissages visés Outre la compréhension de texte et la communication orale, je cherche aussi à développer chez les étudiants la capacité de se questionner sur le sens d'un roman, et d'approfondir le texte par l'échange. Durée des activités Il faut prévoir de trois à quatre semaines pour mener à bien toutes les cinq activités ainsi que les périodes de lecture et d'aide à la compré- hension qui constituent cette séquence. Toute- fois, les activités se font à l'intérieur de pério- des de cinquante minutes. QUÉBECFRANÇAIS PRINTEMPS 1998 NUMÉRO 109 5 5 Mise en situation Pour apporter de l'information sur l'auteur, sur l'œuvre et sur la place de L'étranger dans la littérature française, on peut se référer à la plus récente édition de L'étranger dans la collection Folio Plus ; un dossier assez bien fait accom- pagne le texte intégral. Une mise en situation est impor- tante, car le cadre référentiel de ce roman est assez loin des préoccupations des élèves, bien que ses thèmes soient uni- versels : la justice, l'amitié, etc. PREMIÈRE ACTIVITÉ : les personnages Durée : cinquante minutes Quand la lecture des quatre premiers chapitres est termi- née, c'est à dire après deux périodes de lecture ou deux soirées de devoirs, on aborde les personnages du roman. À ce stade-ci de la lecture, dix personnages sont entrés en scène, dont trois principaux : Meursault, Marie Cardona, Raymond Sintès, Salamano, Céleste, Emmanuel, Thomas Pérez, le directeur de l'asile, le concierge, le patron de Meursault. Le but de cette activité consiste à brosser un portrait des personnages et de prévoir ce qui va leur arriver, en se basant sur ce que quatre chapitres nous en ont fait connaî- tre. Cette activité offre la possibilité de communiquer ora- lement, d'échanger avec les autres, de partager avec les autres équipes de la classe les réponses trouvées et, aussi, d'écouter. Consignes A. Choisir un personnage à partir de la liste ; B. Brosser un portrait de ce personnage sur le plan physique et moral ; C. Anticiper sur ce qui pourrait lui arriver dans la suite du roman ; D. Partager avec les autres de la classe. À ce moment-ci, j'ai recours à l'équipe de deux ou trois ; puisque nous sommes en apprentissage de la langue seconde, j'insiste sur la nécessité d'échanger en français durant la discussion. Dix à quinze minutes sont largement suffisantes pour en arriver à une réponse adéquate. En plé- nière, les étudiants partagent ce qu'ils ont trouvé avec les autres. De plus, cette activité procure une meilleure connaissance des personnages ; la bonne compréhension de la suite du roman peut en dépendre. Évaluation Afin déjuger la participation des étudiants et leur fréquence d'utilisation de la langue cible, j'ai recours à une grille d'éva- luation où je note sur 10 points l'effort déployé à utiliser la langue enseignée. En plus de créer une occasion de com- munication orale, je permets une appropriation du contenu ; par exemple, en discutant de tel ou tel personnage, l'étu- diant A peut apprendre de l'étudiant B une information pas- sée inaperçue jusque-là. Grille d'évaluation s'exprime presque toujours en français s'exprime souvent en français s'exprime assez souvent en français s'exprime quelque fois en français s'exprime rarement en français DEUXIEME ACTIVITE Les thèmes (première partie du roman) Durée : une période de cinquante minutes Encore sous forme de discussion-plénière, cette activité permettra de reconnaître les thèmes de la première partie du roman ; je me suis limité à la première partie pour res- pecter le rythme de lecture des étudiants. On peut, bien sûr, faire la même activité avec les thèmes de la deuxième partie. Mise en situation Pour démarrer cette activité de communication orale et de compréhension de lecture, il faut préciser ce qu'on entend par thème. Il faut aussi préciser comment reconnaître un thème dans une lecture. Par exemple, dans L'étranger, il est question d'amitié ; ce thème se retrouve dans certaines conversations entre Meursault et Raymond Sintès. Durant l'explication de l'activité, je demande à un étudiant de résumer oralement le contenu d'une de ces conversations, de façon informelle ; je tente ensuite, avec le groupe, de trouver l'idée qui se dégage de la conversation en les ques- tionnant. Consignes A. Se placer en équipes de deux ; B. Trouver trois thèmes dans la première partie du roman ; C. Donner deux exemples pour chacun ; D. Revenir en plénière. La discussion se déroule de la même façon que dans la première activité ; on peut utiliser la même grille d'éva- luation. 5 6 OUÉBEC FRANÇAIS PRINTEMPS 1998 NUMÉRO 109 TROISIEME ACTIVITE Comment expliquer le meurtre ? Durée : une période de cinquante minutes Cette activité a pour but d'explorer plus avant le person- nage de Meursault et aussi de tenter d'expliquer les condi- tions entourant le meurtre qui se produit au sixième chapi- tre. Dans ce chapitre, les références au soleil, à la mer et à la chaleur écrasante sont très nombreuses ; la lumière omni- présente semble donner des indices sur la personnalité de Meursault. De plus, l'effet combiné de la lumière du soleil, de la chaleur et de la mer a en quelque sorte poussé Meur- sault à commettre son crime ; en effet, la relecture des der- niers paragraphes du sixième chapitre indique que la mer et le soleil (mer + soleil = Meursault ') hantent le personnage principal. Or, dans ce même chapitre 6, on compte plus de vingt-cinq références au soleil, à la mer et à la chaleur ; pour un si petit nombre de pages, voilà quelque chose de significatif qu' il ne faut pas ignorer, car cela peut permet- tre une meilleure compréhension du roman et aussi une façon différente d'aborder la lecture d'une œuvre littéraire. Le fait que Camus ait mis autant de références au soleil est en effet assez significatif ; tout d'abord, le reflet du soleil sur la lame du couteau de sa victime peut expliquer que le coup de revolver soit parti ; la confusion, l'étourdissement que ressentait Meursault à ce moment-là nous rappellent la confusion qu'il éprouvait au début du roman dans la salle où était exposée sa mère décédée. Depuis le début du roman, Camus nous dit de Meursault qu'il est sensible à la lumière trop forte. Aussi, ces références si nombreuses à une lumière aveuglante peuvent expliquer davantage le per- sonnage de Meursault, car ce n'est que sous un éclairage sombre qu'il sort de son indifférence ; en effet, la première partie se déroule en grande partie à l'extérieur alors que la deuxième partie ne se déroule qu'à l'intérieur. Or, c'est sous l'influence, voire le joug du soleil et de la lumière qu'il est le plus indifférent à ce qui l'entoure. La demande en mariage de Marie, avec qui il fait beaucoup d'activités extérieures, le laisse assez froid. Par contre, son entretien avec l'aumônier, en deuxième partie alors qu'il est dans sa uploads/Litterature/ fle-etranger-pdf.pdf

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