Éditions Druide 1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040 Montréal (Québec) H3A 2G

Éditions Druide 1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040 Montréal (Québec) H3A 2G4 www.editionsdruide.com RELIEFS Collection dirigée par Anne-Marie Villeneuve DE LA MÊME AUTEURE Le journal de ma vie, guide d’écriture, Druide, 2018. « Roseline », dans Aimer, encore et toujours, recueil de nouvelles sous la dir. de Claire Bergeron, Druide, 2016. « Le journal et ses correspondances », dans Une incorrigible passion, recueil de textes inédits sous la dir. de Jo Ann Champagne, Fides, 2016. Pauline et moi, récit, Druide, 2015. Camille la jonquille, album jeunesse, Dominique et compagnie, 2014. Écrire, la mouvance de mes jours, essai, Éditions Trois-­ Pistoles, 2014. Les sœurs du Cap, roman, Hurtubise, 2013. Juliette et Roméo, album jeunesse, Hurtubise, 2010. La promeneuse du Cap, roman, Hurtubise, 2010. Souvenirs d’amour : journal de mes vingt ans, récit, Hurtubise, 2009. Ulysse et Pénélope, album jeunesse, Hurtubise, 2008. L’angélus de mon voisin sonne l’heure de l’amour, roman, Hurtubise, 2007. Les mots de mon père, correspondances, Hurtubise, 2005. L’actrice, roman, Hurtubise, 2004. Cap-­ au-­ Renard, roman, Hurtubise, 2002. L’enchantée : récit d’une quête, roman, Québec Amérique, 2001. Portal en chansons, recueil de poésie, Les Écrits des Forges ; Le Temps des cerises, 2001. Jeanne Janvier, roman, Libre Expression, 1981. Où en est le miroir ?, pièce de théâtre en collaboration avec Marie-­ Louise Dion, Remue-­ ménage, 1979. S E U LE S C E S F E M M E S Q U E J ’A I M E Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Portal, Louise, auteure Seules : ces femmes que j’aime / Louise Portal. (Reliefs) ISBN 978-­ 2-­ 89711-­ 457-­ 2 I. Titre. II. Collection : Reliefs. PS8581.O745S48 2019 C843’.54 C2018-­ 942647-­ 0 PS9581.O745S48 2019 Direction littéraire : Anne-­ Marie Villeneuve Édition : Luc Roberge et Anne-­ Marie Villeneuve Assistance à l’édition : Elisanne Crevier Révision linguistique : Lyne Roy et Isabelle Chartrand-Delorme Assistance à la révision linguistique : Antidote 10 Maquette intérieure : Anne Tremblay Mise en pages et versions numériques : Studio C1C4 Conception graphique et illustration de la couverture : Anne Tremblay Photographies de l’auteure : Maxyme G. Delisle Diffusion : Druide informatique Les Éditions Druide remercient le Conseil des arts du Canada et la SODEC de leur soutien. Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC. Ce projet a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada. ISBN PAPIER : 978-­ 2-­ 89711-­ 457-­ 2 ISBN EPUB : 978-­ 2-­ 89711-­ 458-­ 9 ISBN PDF : 978-­ 2-­ 89711-­ 459-­ 6 Éditions Druide inc. 1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040 Montréal (Québec) H3A 2G4 Téléphone : 514-484-4998 Dépôt légal : 1er trimestre 2019 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada Il est interdit de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Tous droits de traduction, de repro­ duction et d’adaptation réservés. © 2019 Éditions Druide inc. www.éditionsdruide.com Louise Portal S EULES C E S F E M M E S Q U E J ’A I M E Fiction À ces femmes que j’aime Dont l’aptitude au bonheur Tient à leur résilience. 11 Seules. Ces femmes que j’aime. Je les connais depuis longtemps. Les unes sont demeurées d’éternelles amoureuses. L’élan du cœur jamais essoufflé ou fatigué d’espérer vivre un amour, le noble et grand amour pour lequel on se prépare sans vaciller. Certaines d’entre elles y ont renoncé. Telles des ailes étiolées, l’espoir s’est dissipé au fil des déceptions amoureuses, des attentes vaines. D’autres ont abandonné, par choix ou par certaines circonstances de vie. Dans ma génération, beaucoup de femmes vivent seules. Elles le sont souvent depuis plusieurs années. Dès la 12 quarantaine même. J’ai voulu témoigner de leurs par­ cours, car plusieurs parmi elles sont parvenues à bien davantage qu’apprivoiser la solitude : elles en ont fait une joie, elles ont développé leur créativité et continué d’AIMER sous d’autres formes que celle du couple. Sources d’inspiration, elles offrent le meilleur d’elles-­ mêmes, assumant pleinement ce qu’elles sont. Dans la joie et pour le bonheur de ceux qui les entourent. Chaque portrait m’a été inspiré par une femme que j’aime et qui est ou a été proche de moi, à une certaine époque. Je dis « inspiré », car j’ai pris la liberté, dans l’écriture, de laisser ma plume imaginer certains aspects de leur vie. J’ai quelque peu romancé leur profil et leur histoire. Je ne voulais pas nécessairement tracer des portraits fidèles. Je désirais également préserver leur identité. L’important, pour moi, était de leur rendre hommage à toutes. J’imagine que chacune saura se reconnaître et lira ce portrait comme un cadeau de tendresse de ma part. 13 Amies de longue date, elles forment, dans ma vie, un éventail coloré de femmes libres et aimantes. Toutes aspirent à vivre pleinement et à vieillir sereinement. Elles sont des battantes et méritent que je vous les présente. En souhaitant que leurs parcours puissent inspirer d’autres femmes, des femmes de toutes les générations. Car elles sont nombreuses à vivre seules. À trente ans, quarante ans, cinquante ans, soixante ans et plus. La majorité de celles qui, tout comme moi, font partie de l’époque des baby-­ boomers ont eu, pour modèles, des mères et des épouses au foyer qui n’ont pu réali­ ser leurs rêves d’expression, d’expansion. Nous, leurs filles, avons porté le flambeau de la libération des femmes afin de prendre le large, voir le monde, endos­ ser notre rôle de citoyenne, de femme professionnelle sans renoncer à nous épanouir amoureusement et à vivre la maternité. L’amour libre nous a permis de connaître bon nombre de relations et de séparations. Moments de passion, de grâce et aussi de désillusions. Certaines d’entre nous 14 ont eu des enfants ; d’autres non, sans pour autant se sentir incomplètes ou incompétentes. Heureusement, nous avions mis au rancart, depuis belle lurette, les injonctions de l’Église qui avait tant sermonné nos aïeules à accoucher d’une lourde ribambelle d’enfants, à se sacrifier pour la famille et se taire. Notre corps ne servirait plus uniquement à devenir un nid à couver, mais une terre d’exploration pour l’amour, le désir, la création. Mes amies sont des artistes, des gestionnaires, des soignantes, des retraitées et des femmes âgées. Leurs différents profils sont ici rassemblés pour esquisser le portrait de cette femme nord-­ américaine qui avance seule, forte et fragile, dans la traversée de sa mission de vie. ❦ 1 Seule… en réflexion ❦ 17 Marie, dans sa jeunesse, fut une grande amoureuse. Des amours de longue durée comme des amants de passage sont venus goûter à cette belle courtisane au teint pâle, au regard langoureux, qui savait y faire pour accueillir le cœur et le corps des hommes. Elle a aimé passionnément. Toujours et tout au long de sa vie. Capable de tout chambarder dans son quotidien pour répondre à l’appel du désir. Le sien et celui de l’autre. Je l’ai parfois vue partir en croisade pour sau­ ver l’être aimé, le délivrer de son mal. Je l’ai observée, d’autres fois, se mentir pour croire à la liaison éphé­ mère qui se présentait, un homme mendiant un peu d’attention qu’elle accueillait dans son lit d’émeraude. 18 Cette femme possédait la mystérieuse beauté d’une geisha. Sa maison offrait un royaume de douceur et de sensualité. Sa connaissance de l’espèce masculine la rendait experte dans l’art de faire l’amour. À une certaine époque, j’ai partagé sa maison. Certaines nuits, je l’entendais gémir de plaisir et je me demandais comment elle pouvait s’abandonner ainsi, en toute volupté, dans les bras d’inconnus qui n’avaient de cesse de revenir en visiteurs nocturnes, pour s’abreuver à cette femme dont la source du plaisir semblait intarissable. Elle était parée d’une longue chevelure parfumée à la lavande, telle la Marie-­ Madeleine qu’elle avait déjà incar­ née, dans la première tranche de sa vie artistique. Elle avait été une actrice, reconnue et aimée. Puis, doucement, au fil des années, dans ce métier difficile et souvent ingrat, Marie avait dû renoncer à attendre les rôles qui ne venaient plus. Armée de courage et de détermination, elle était revenue à ses premières amours, la musique. Elle avait commencé à œuvrer auprès d’artistes en art lyrique et y avait rencontré rapidement un nouveau bonheur, un bel enthousiasme à sa réalisation. 19 C’est bien connu : chanter ouvre le cœur ! Il ne tarderait pas à lui faire signe, cet amour qui se taisait depuis quelques années. Il se présenta, au début de sa cinquantaine, dans l’aura irrésistible d’un pianiste. Un homme au visage racé, aux mains ensorceleuses, avec ce regard envoûtant qui la fit tressaillir dès le premier instant. En avait-­ il le don ou l’habitude ? Ou était-­ ce, pour lui aussi, une révélation ? Elle se défendit bien de pencher vers le coup de foudre. Elle avait passé l’âge de trébucher, pensait-­ elle, sur ces passions foudroyantes, toujours gage de fin annoncée. Non, il s’agissait plutôt d’une rencontre exceptionnelle qui s’inscrivait, croyait-­ elle, comme celle de l’âme sœur. Le musicien uploads/Litterature/ seules-louise-portal.pdf

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