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1 Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans autorisation. Baccalauréat Pondichéry Session 2019 Épreuve Anticipée : Français Série ES/S Durée de l’épreuve : 4 heures PROPOSITION DE CORRIGÉ 2 Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans autorisation. QUESTION DE CORPUS Comment la folie de Néron, Caligula et Bérenger 1er se manifeste-t-elle dans ces scènes ? 1) L’insistance sur la raison Caligula le signale : « Je ne suis pas fou. » Le Roi qui ne se résout pas à mourir, réclame dans son agonie en une exhortation ternaire et comme s’il était question d’expérience : « Apprenez- moi l’indifférence, apprenez-moi la sérénité, apprenez-moi la résignation. » Quant au discours de Néron, il est très organisé : il installe le décor, les jeux d’opposition, suit une trame chronologique des événements, alors qu’il raconte l’horreur de l’enlèvement de Junie. 2) La rupture des limites physiques Néron parle de lui à la 3ème personne du singulier, comme d’un étranger, d’un autre (le latin alius a aussi donné le mot « aliéné ») : « Néron est amoureux ». Au-delà de ses limites corporelles, Caligula cherche à avoir la lune : « Je voulais la lune ». Et il en parle comme d’une possession possible : « C’est une des choses que je n’ai pas. » Tandis que le Roi de Ionesco invoque le soleil : « O soleil, aide-moi soleil » ; puis dialogue avec l’astre : « Soleil, me regretteras-tu ? » jusqu’à être familier avec lui en le personnifiant : « Petit soleil, bon soleil, défends-moi ». 3) La confusion rêve-réalité Ramener l’inaccessible à des dimensions humaines est un signe d’une confusion entre le rêve et la réalité, que l’on retrouve chez Néron lorsqu’il se retire seul loin de Junie et l’imagine : « Je croyais lui parler ». Pour Caligula les événements sont flous : « Je crois me souvenir, il est vrai, qu’il y a quelques jours, une femme que j’aimais est morte. » Pour le Roi, la vie qui s’échappe et la fiction se confondent : « Je ne fais que de la littérature.» 4) Le bouleversement desnormes Néron s’étonne que Junie ne consente pas à l’aimer (« regarde les honneurs comme une ignominie ») alors qu’il est capable de l’enlever pour l’obliger à y consentir. Et il renverse la norme en se passant de sommeil : « Mes yeux sans se fermer ont attendu le jour. » Caligula décide lui aussi de ne plus dormir : « Si je dors, qui me donnera la lune ? » Le Roi enfin refuse l’abandon du corps et de la conscience dans le sommeil éternel de la mort : « Aide-moi soleil, chasse l’ombre, empêche la nuit. » COMMENTAIRE DE TEXTE Commentaire de Le Roi se meurt, Eugène Ionesco, 1962. Comment, par la mort du Roi, Ionesco questionne-t-il le pouvoir de la littérature ? I – Un roi 3 Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans autorisation. A) Le personnage principal Le roi est le personnage premier du royaume, c’est aussi ici le personnage principal : annoncé par le titre, il n’apparaît pas seul mais entouré d’un médecin, de deux femmes, d’une infirmière, et d’un garde. Le médecin s’adresse à lui (« Alors, Sire, qu’est-ce que vous attendez ? »), mais les autres personnages en scène qui s’expriment parlent de lui à la 3ème personne comme on parle d’un roi à qui on ne s’adresse pas directement. B) Des habitudes de roi Le roi montre qu’il a l’habitude d’être servi : au-delà de la présence de cet entourage, ses prises de parole expriment une exhortation à l’aide de ceux-là même qui l’entourent : « Entrez en moi, vous autres ». Il multiplie les ordres : « Apprenez », « Aidez » et les questions : « Comment cela s’est-il passé ? » Cette attitude montre qu’il ne sait pas vivre la solitude que la mort lui impose, qu’il n’en a pas l’habitude. Il se montre dans la faiblesse de quelqu’un qui a le pouvoir de donner des ordres, mais ce pouvoir est montré dans son ambiguïté puisque, dès qu’il ne peut plus se faire obéir, il se retrouve affaibli et désemparé. II – Un mourant A) La perte du corps Le roi sent son corps lui échapper, les pieds d’abord (« Mes pieds commencent à refroidir »), puis les yeux (« leur lumière défaillante », « que je voie »). Le champ lexical s’étend à la « peau », au « corps » tout entier. B) La perte de l’esprit Mais il perd aussi peu à peu raison et esprit, et la folie le gagne dans cette même transformation : il invoque le soleil, qu’il tutoie : « O soleil, aide-moi soleil », qu’il implore, et supplie : « Dessèche et tue le monde entier ». Il va jusqu’à souhaiter la mort des autres, pourvu que lui seul survive : « le monde entier », « que tous meurent pourvu que je vive éternellement ». Ses ordres deviennent démesurés et irréalisables, il sent que son pouvoir lui échappe aussi. III – L’indicible A) Une métamorphose Le roi passe progressivement d’un état à un autre : d’abord par le corps car il s’agit d’une métamorphose en cours dont on perçoit la dynamique inéluctable : « mes pieds commencent à refroidir ». Puis c’est l’esprit qui le voit glisser progressivement de l’autre côté puisqu’après avoir imploré sa cour («Qu’on ne les empêche pas de pleurer »), ce sont les morts qu’il supplie et questionne : « Aidez-moi à franchir la porte que vous avez franchie », « Qui vous a soutenus ? Qui vous a entraînés, vous a poussés ? » B) Ecrire pour ne pas mourir Et finalement, la personne glisse aussi peu à peu du statut de roi à celui de personnage de roi : il fustige l’impuissance des mots qui l’empêchent de dire exactement ce qu’il ressent : « Je veux dire que je meurs, je n’arrive pas à le dire, je ne fais que de la littérature ». Mais ensuite, il s’objective et se comprend personnage, notamment par le biais de Marguerite : « Ils sont tous des étrangers… », à quoi Marguerite répond : « C’est cela, la littérature ». La littérature est ambivalente : « Elle me remplit, elle me vide ». Et il finit par réaliser le pressentiment de sa folie naissante : « Je peux vivre dans l’immensité transparente du vide », comme un personnage dans la fiction. 4 Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans autorisation. DISSERTATION Le personnage de théâtre doit-il toujours être un personnage hors normes ? I- Le personnage de théâtre est par essence un personnage hors normes A) Dès l’origine Le théâtre grec antique d’où vient le théâtre occidental présente des personnages hors de la norme admise, parce qu’ils sont issus de lignées liées aux dieux et que leur destin y est lié : ainsi en est-il d’Œdipe de Sophocle dans la pièce Oedipus rex. Les personnages sont illustres et présentent des actions qui doivent chez le spectateur déclencher, selon Aristote, terreur et pitié par le phénomène de la catharsis : ils se doivent donc d’être hors de la norme. B) La situation l’exige Ensuite, la règle des trois unités,inspirée d’Aristote et remise au goût du jour par Nicolas Boileau au XVIIIe siècle, oblige à concentrer l’action en un lieu et un seul jour, si bien que les personnages sont amenés à vivre de manière extrême beaucoup de choses en peu de temps et en un seul lieu : ainsi en est-il d’Hamlet de Shakespeare ou d’Antigone d’Anouilh, pièces où les personnages existent de manière anormalement intense. Et la situation exceptionnelle réclame un personnage qui le soit aussi : ainsi Phèdre de Racine qui est victime de la malédiction de Vénus et se retrouve encombrée d’une passion gênante pour son beau-fils. C) Un caractère dominant Enfin, demeure une constante : le personnage de théâtre se doit de représenter un caractère dominant, et trouve son intérêt dans son exception : ainsi Le Misanthrope ou L’Avare de Molière proposent-ils un personnage qui est l’incarnation d’un caractère particulier, d’une figure. Au XXe siècle, on peut citer Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, qui met en scène un tueur en série, tout autant que Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce où dans un autre registre le personnage de Louis fonctionne parce qu’il sort de la norme familiale. II – Mais le personnage de théâtre peut aussi rester dans les normes A) Par son humanité Le personnage de théâtre ressent des émotions qui sont humaines, et ainsi restent attendues, cohérentes, et connues : par exemple, dans la pièce Britannicusde Racine, Néron ressent de l’amour pour une jeune fille, et en souffre d’autant plus qu’elle lui est indifférente, situation doublement ordinaire. Dans la même pièce, Agrippine souffre de l’abandon d’une mère par son fils ingrat et qu’elle sent lui échapper. Junie a peur de Néron qu’elle finit par réussir à fuir. Ces uploads/Litterature/ francais-anticipee-bac-pondichery-es-s.pdf

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